Dollarisation et hétérodoxie en Amérique latine - article ; n°109 ; vol.28, pg 53-78
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Dollarisation et hétérodoxie en Amérique latine - article ; n°109 ; vol.28, pg 53-78

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Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 53-78
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Salama
Dollarisation et hétérodoxie en Amérique latine
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 53-78.
Citer ce document / Cite this document :
Salama Pierre. Dollarisation et hétérodoxie en Amérique latine. In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 53-78.
doi : 10.3406/tiers.1987.4483
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_109_4483DOLLARISATION ET HÉTÉRODOXIE
EN AMÉRIQUE LATINE
par Pierre Salama*
Une double évolution caractérise l'économie d'endettement latino-
américaine. La première concerne les conditions de financement de
la dette extérieure, la seconde l'apparition de nouvelles politiques éco
nomiques qualifiées d'hétérodoxes.
Les marchés financiers internationaux connaissent des évolutions
sensibles. Les crédits bancaires consortiaux, dont bénéficiaient les
emprunteurs latino-américains, sont très sensiblement réduits. L'émis
sion d'obligations internationales connaît un grand essor, mais les
pays sous-développés n'en bénéficient quasiment pas1. Les flux des
capitaux suivent d'autres orientations, privilégiant les Etats-Unis, et
le transfert au Centre s'est développé2.
La dollarisation a pris une importance nouvelle. Elle se définit par
la substitution des monnaies (fuite de capitaux) et par le rôle nouveau
joué par des titres indexés au cours du dollar comme unité de compte
à la place de la monnaie locale. La première se nomme dollarisation au
sens strict. La seconde, dollarisation au sens large. Toutes deux affectent
profondément la souveraineté monétaire du pays qui s'est affaiblie ces
dix dernières années. De nouvelles politiques économiques sont donc
apparues en Argentine et au Brésil qui ont pour objectifs de réduire
très sensiblement l'inflation en imposant le gel des prix et la désin-
dexation généralisée, d'initier la réindustrialisation dans un cas et de
poursuivre la croissance dans l'autre.
* Professeur à Paris XIII, directeur du greitd.
1. Banque des Règlements internationaux, 57e rapport, Bâle, 9 juin 1986, voir p. 98, 109,
142 et suiv. Sur les nouveaux produits financiers, voir l'article de H. de la Bruslerie, Les
marchés financiers internationaux et l'évolution de l'activité bancaire, in H. Bourguinat et
J. Mistral, La crise de l'endettement international, acte II, Ed. Economica, 1986.
2. Banque mondiale, Debt and developing world 19S4 ; voir également J. Ramos, Stabiliza
tion and ajustement policies in the southern cone 1974-1983, CEPAL, n° 25, avril 1985.
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n« 109, Janvier-Mars 1987 PIERRE SALAMA 54
Ces objectifs sont très ambitieux. La difficulté est cependant ailleurs :
ils doivent être atteints en même temps qu'est assuré un service minimal
de la dette extérieure. Deux questions se posent alors : la poursuite
du service de la dette constitue-t-elle une difficulté majeure d'atteindre
les objectifs fixés ? La dollarisation, au sens strict et au sens large,
peut-elle être durablement freinée si ne sont pas prises également des
mesures d'accompagnement plus hétérodoxes que celles qui sont envi
sagées par les plans d'ajustement : moratoire partiel, temporaire, modif
ication sensible de la distribution des revenus ?
L'objet de cet article est d'apporter des éléments de réponse à ces
questions. La fuite de capitaux a profondément aggravé l'endettement (I).
La relation politiques économiques - dollarisation n'est cependant pas
suffisante pour expliquer ce phénomène à elle seule (II). Le contexte
extérieur s'est sensiblement modifié et a conduit à un alourdissement du
service de la dette lequel, en retour, a provoqué une aggravation de
l'endettement. Les structures économiques, les régimes d'accumulation,
différents selon les pays et selon les moments, ont également leur part
de responsabilité (Ш). L'étude de l'ensemble de ces facteurs permet
d'apporter des réponses, selon les pays, aux questions posées (IV).
I
La mesure des fuites de capitaux n'est pas aisée. Différentes approches
d'évaluation sont possibles; nous allons les examiner ci-dessous.
i. On peut se référer aux statistiques publiées par le fmi et par le
Bulletin du Trésor américain. Ces institutions enregistrent le montant
des dépôts effectués par des non-résidents, à l'exclusion des banques et
des officiels, auprès des banques à l'étranger3. En sep
tembre 1985, les dépôts effectués dans les banques étrangères étaient
évalués à 8,2 milliards de dollars pour l'Argentine (dont 4,1 dans des
banques us), 8,5 pour le Brésil (dont 1,7 dans les banques us), 15,3 pour
le Mexique (dont 11,1 dans les banques us), 12,6 pour le Venezuela (dont
7,1 dans des banques us)4.
3. Ces données surestiment le montant des fuites de capitaux car elles incluent les dépôts
à l'étranger des entreprises publiques, d'une part. Elles sous-estiment fortement ces fuites
d'autre part : elles ne tiennent pas compte des placements non identifiés et surtout elles
n'incluent pas l'ensemble des effets libellés en devises, des dépôts et des détentions indivi
duelles en devises, resté dans les pays et qui n'a donc pas été placé dans les banques à l'étranger.
4. World Financial Market, avril-mai 1986. Les capitaux en fuite ne sont pas allés seulement
aux Etats-Unis et dans les banques us. L'Uruguay a servi par exemple de sanctuaire aux capi- DOLLARISATION ET HÉTÉRODOXIE EN AMÉRIQUE LATINE 55
Tableau i. — Dépôts des « non-banques »
à l'intérieur et à ^extérieur de leur pays
(en milliards de dollars)
Argentine Brésil Mexique
A . В В/А A В В/А A В B/A
1981 13% 24,3 6,7 28% 47,7 3,9 8% 7O,5 9,4
8 - 32 - 1982 8,2 7,1 87 - 49>6 32,2 4 i lOA
- - 94 - 35.1 8,i 36,8 8,4 34 1983 7,9 23 12,7 Illustration non autorisée à la diffusion - - - 8,2 21 31 7.6 1984 7,7 38,4 45 ,4 14,3 99 - - - 7.1 8,2 22 35,8 1985 Í1) ii5 38.7 8,5 15,3 43
Septembre. (1)
A : dépôts dans le système bancaire national. Il s'agit des dépôts à vue à terme, plus les
certificats de dépôt en monnaie locale convertis en dollars au taux de change en vigueur
à la fin de l'année.
В : dans les banques à l'étranger.
« Non-banque » correspond approximativement aux « agents non financiers ».
Source : World Financial Market, avril 1986.
On peut rapporter ces fuites de capitaux aux dépôts des non-banques
auprès de leur système financier national (tableau i).
Ce tableau montre que le ratio évolue très fortement de 1981 à
1985 (il est approximativement multiplié par trois ou par quatre selon
les pays). On constate que cette évolution se fait en grande partie au
cours des années 1982 et 1983. Les dépôts auprès du système bancaire
national baissent très fortement en Argentine et au Mexique, les dépôts
à l'étranger augmentent peu, le ratio croît alors très sensiblement. Il
faudra attendre 1983 pour qu'il croisse fortement au Brésil, en raison
essentiellement d'un doublement des dépôts à l'étranger.
Ces chiffres et ces ratios révèlent l'ampleur de la fuite des capitaux.
Ils la minorent cependant pour la plupart des pays. Ils sont inférieurs
à ce qu'est la substitution des monnaies. Celle-ci, ou dollarisation au
sens strict, comprend en effet, outre ces dépôts à l'étranger, l'ensemble
des devises et des effets libellés en devises détenu à l'intérieur du pays.
Tels quels, ces chiffres suggèrent cependant que la responsabilité des
fuites de capitaux dans l'augmentation de la dette extérieure est très
taux argentins. Le montant des dépôts effectués par les Argentins y aurait atteint 1 milliard
de dollars selon Ramirez Rojas, Currency substitution in Argentina, Mexico and Uruguay,
Staff Papers FMI, 1986, p. 645. 6 PIERRE SALAMA 5
importante au Mexique, au Venezuela, en Argentine et qu'elle est assez
faible au Brésil. Cette conclusion est corroborée par le tableau 2 dans
lequel on tente de mesurer l'impact de ces fuites en supposant d'abord
qu'en leur absence la dette et le paiement des intérêts auraient été réduits
et qu'ensuite les autres flux de capitaux (investissements directs, balance

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