Du surnaturel dans les contes slovaques : les êtres doués de pouvoirs surnaturels - article ; n°3 ; vol.2, pg 256-271
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Du surnaturel dans les contes slovaques : les êtres doués de pouvoirs surnaturels - article ; n°3 ; vol.2, pg 256-271

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue des études slaves - Année 1922 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 256-271
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jií Polívka
Du surnaturel dans les contes slovaques : les êtres doués de
pouvoirs surnaturels
In: Revue des études slaves, Tome 2, fascicule 3-4, 1922. pp. 256-271.
Citer ce document / Cite this document :
Polívka Jiří. Du surnaturel dans les contes slovaques : les êtres doués de pouvoirs surnaturels. In: Revue des études slaves,
Tome 2, fascicule 3-4, 1922. pp. 256-271.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1922_num_2_3_7260DU SURNATUREL
DANS LES CONTES SLOVAQUES
LES ÊTRES DOUÉS
DE POUVOIRS SURNATURELS,
PAR
JIŘÍ POLÍVKA.
C'est une place intermédiaire entre les êtres surnaturels et les
hommes doués de pouvoirs surhumains qu'occupent la ježibaba,
la striga et autres personnages analogues. Actuellement, d'ailleurs,
la ježibaba et la striga sont aussi proches que possible l'une de
l'autre. La tradition populaire slovaque n'a conservé que quelques
débris seulement de leur substance mythologique ancienne qui
était peut-être distincte à l'origine pour la ježibaba et pour la striga.
Ces deux êtres apparaissent maintenant comme confondus en un
seul et à peu près identiques; ils perdent même souvent entièr
ement leur caractère mythologique : la ježibaba devient une simple
femme courroucée et méchante. On trouve là le dernier vestige de
la substance étymologique de ce nom, attestée notamment par le
mot polonais jeza (cf. Berneker, Etymol. Wôrterbuch, I, p. 268).
Il arrive même que la ježibaba perde jusqu'à ce caractère et soit
présentée comme un être bon, secourable aux braves gens. La bo
sorka, au contraire, donl le nom avait originellement le sens de
«sorcière» (čarodejnice^) ou de «magicienne» (kuželnice), prend
souvent dans la tradition populaire le rôle de la ježibaba et de la
striga. Il semble que ces représentations différentes d'êtres du
moins actuellement presque pareils, sinon même identiques, puis
sent être localisées dans des régions déterminées.
Kollár, dans ses Ndrodnie zpicvanky, signale la ježibaba comme
connue dans les cornitats de Hont, de Gemer et de Liptov, où
Revue des Eludes slaves , tome II, 1922 , fasc. 3-і. SURNATUREL DANS LES CONTES SLOVAQUES. 257 DU
elle est appelée jenžibaba, ježibaba; il la signale aussi dans une
partie du comitat de Turec. Le nom en apparaît sous des formes
variables et, ce qui est particulièrement intéressant, souvent avec
des traces de sons nasaux; il en est déjà ainsi dans de vieilles
inscriptions remontant jusqu'aux années До du siècle passé.
La forme jendźibaba se trouve dans les comitats de Spiš et de
Saryš. La forme jendžibaba est plus fréquente : elle figure notam
ment dans un conte du recueil Květy (i 8U5, pp. 229-230); elle
est attestée aussi à Spiš et à Saryš. On rencontre jenžibaba et, dans
des notations plus récenles, à Spiš, endiibnba; on a enfin à
Zemplin, en territoire de population petite-russienne, hyndzibaba.
Dans un dicton de Hont (Kollár, Ndrodnie zpievanky, I, 1 2, n° 16a)
on lit la forme jenžibaba, et de même dans des contes de Liptov et
de Tekov.
La nasale de ce nom, si largement répandu dans le peuple sl
ovaque, est vraiment frappante, et cela d'autant plus qu'il n'est pas
connu sous une forme analogue même dans les dialectes polonais
voisins. Sans doute trouve-t-on en slovaque quelques polonismes
évidents, comme par exemple gemba « la lèvre», et l'on pense aus
sitôt a chercher dans ces formes du mot ježibaba une trace d'in-
fluence polonaise. Mais on ne connaît en polonais que les formes
jedza-baba eljedza, au sens de « femme très méchante », et jedzona
Ou jedza-baba, jagababa « espèce de sorcière » (Karłowicz, Słownik
gwar polskich, II, p. 267). Le mot correspond au vieux tchèque
jëzë lamia, au russe яга, d'après le slave commun *çga. Les formes
slovaques se distinguent par leur fort caractère palatal : jendzi et
jendzi; l'on peut supposer que la nasale y a été conservée sous une
influence rflagyare, comme par exemple en slovaque oriental et en
carpatho-russe, dans serenèa, du slave commun *mretja par l'inte
rmédiaire du magyar szerencse; mais le mot jendžibaba n'est pas, que
nous sachions, connu en magyar.
On trouve d'autre part, une fois, et cela dans le comitat de
Saryš, la forme jažibaba. La forme jaza apparaît dans les parlers
petit-russes de Galicie : c'est une sorte de serpent mythique (rodzaj
іти mitycznej, d'après Karłowicz, op. cit., II, p. 2Д1), serpent que
n'ont jamais vu aucun homme ni aucune femme; il se transforme
tous les sept ans en serpent ailé à sept têtes (Zbiór wiadom. antrop. ,
II, p. 181, n° 10, p. 183, n° 11). La même forme jaza peut,
signifier également «serpenteau» (Hrinčenko, Slovar, s. v.), et,
en général, « méchante vieille » : to jazia z pekla rodom [Nomys,
n° 00). Ukrajin, prykazky) p. 58, 2y 258 JIŘÍ POLÍVKA.
La forme ordinaire est cependant sans aucun doute celle de ježi
baba, aussi bien dans de vieux recueils manuscrits des années ko
que dans les recueils imprimés de Rimavský, de Božena Němcová ,
de Skulléty-Dobšinský. Elle est surtout répandue dans les comitats
de Gemer, de Spiš et de Saryš. Elle est plus rare dans la Slovaquie
centrale, dans les comitats de Zvolen et de Liptov, et elle est tout
à fait isolée à l'ouest, dans le comitat de Trenčín, et à l'est, dans
le comitat de Zemplín.
Dans un récit inspiré du thème des « frères jumeaux », la ježi
baba, dans une forêt enchantée, se plaint d'avoir froid, bien que
couverte de soixante-dix-sept pelisses. Dans un récit petit-russe du
comitat de Zemplín, la hynzibaba est belle-mère de trois mrkáni
(dragons) que le héros tue. Ses paupières, pour bien voir le héros,
se soulèvent à l'aide d'une fourche de fer. Elle poursuit ensuite le
héros, et elle ouvre la gueule pour manger six chevaux et trois
hommes. Près d'une forge, elle est trompée par le héros, faite
prisonnière et changée en jument. Dans un récit du comilat
ďUžhorod, cette hynzibaba a auprès d'elle le Soleil et la Lune.
Quand Popelvdr a enlevé à la ježibaba son cheval, son oiseau
et sa fille aux cheveux d'or, elle se transforme en un monstre à
vingt-quatre têtes: ces têtes ouvrent des gueules formidables,
tirent la langue, montrent les dents, lancent des jets de vapeur
ardente. Quand Popelvdr lui a donné les derniers coups avec
l'aide de son Ukoś (cheval surnaturel) qui s'est transformé en un
dragon à douze têtes, et lorsqu'elle n'a plus que quatre têtes, elle
se change en une grenouille, en un serpent, en divers autres
monstres, mais le héros et le tdíoš-šurkan (« le cheval-dragon ») ne
cessent de frapper, qu'ils n'aient abattu sa dernière tête.
Las ježibaby mangent les hommes, et elles ont plusieurs têtes.
Dans une version d'un récit relatif aux jezinky (« fées des forêts ») ,
la première ježibaba a sept tètes, la deuxième neuf, et leur mère
douze. Il est question dans un autre récil d'une vieille ježibaba
aveugle qui mange des hommes; le héros décapite avec son aide
d'autres ježibaby à trois, six et neuf têtes, et il reçoit de celles-ci
un onguent grâce auquel il rend la vue à la vieille ježibaba. Les
ježibaby aident le héros; elles lui donnent chacune une baguette
pour qu'il puisse conquérir une beauté. L'une d'elles cuit dans neuf
marmites neuf têtes humaines; l'autre, des bras et des jambes; la
troisième, neuf cœurs humains dans le sang.
De même que dans le thème « des frères jumeaux », tel qu'il est
traité dons l'Europe occidentale, la ježibaba, dans une forêt en- DD SURNATUREL DANS LES CONTES SLOVAQUES. 259
chantée, pétrifie à ľaide de sa baguette les bêtes du héros et le
héros lui-même, mais le frère cadet de celui-ci la contraint à lui
rendre la vie. Dans une autre version, le héros, qui est le plus
jeune des frères, se rend au château de la ježibaba pour ranimer ses
deux frères aînés et libérer les princesses prisonnières. Il allume
un four d'où sort un grand nombre de scarabées qu'il repousse
à mesure dans le four; puis il sort un dragon [šarkan); c'est la
ježibaba elle-même : il la fait déchirer par ses bêtes. Ensui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents