E. Dumas Recherches expérimentales sur la joie et la tristesse - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 532-546
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E. Dumas Recherches expérimentales sur la joie et la tristesse - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 532-546

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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 532-546
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 9
Langue Français
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Extrait

Alfred Binet
E. Dumas Recherches expérimentales sur la joie et la tristesse
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 532-546.
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Binet Alfred. E. Dumas Recherches expérimentales sur la joie et la tristesse. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 532-
546.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1917ANALYSES 532
croissance, à la santé, au développement de l'énergie et aux
actions utiles à l'organisme ; tandis que la douleur est une
diminution de vitalité, liée à la destruction, à la dissolution et
aux actions nuisibles. Carus oppose à cette vue, dont l'origine
est fort ancienne, l'existence d'états morbides qui produisent
du plaisir ; par exemple, la mort est accompagnée parfois du
même bien-être que l'invasion du sommeil; au contraire, des
états de croissance (par exemple l'éruption des dents) sont
accompagnés de vives douleurs. La théorie que Carus propose
de substituer à la précédente est celle-ci : les excitations du
monde extérieur laissent une trace dans la substance vivante,
et de cette trace naît une structure ; toutes les nou
velles qui vont sur les anciennes traces, qui fortifient les
anciennes structures sont agréables ; toutes celles qui tendent
à détruire les anciennes traces sont accompagnées de malaise
et de douleur. Plaisir et douleur sont donc des états tout
relatifs, qui dépendent des habitudes prises et des besoins déri
vant de ces habitudes. L'existence de plaisirs pathologiques
n'est plus un problème, puisque ce sont des plaisirs qui pro
viennent d'habitudes pathologiques. Nous croyons cette théorie
plus précise et plus satisfaisante que celle qui relie si vague
ment le plaisir et la douleur à des augmentations et diminutions
de vitalité.
A. Binet.
E. DUMAS. — Recherches expérimentales sur la joie et la tristesse.
— Rev. philosophique, juin et juillet 1896.
M. G. Dumas, qui a déjà étudié les rapports entre l'état émot
ionnel et l'état organique dans la mélancolie et adopté la théorie
de Lange-James sur le mécanisme des émotions, nous donne
aujourd'hui une nouvelle étude sur cette question des sent
iments et des émotions; il a cherché à connaître les conditions
physiologiques de la joie et de la tristesse. Nous sommes très
heureux que d'autres expérimentateurs que nous traitent ces
mêmes questions, parce qu'elles sont très importantes et tfès
difficiles, parce qu'un expérimentateur isolé ne peut guère
espérer les résoudre complètement et que le concours de plu
sieurs recherches permettra un contrôle des résultats. Ici, la
comparaison de nos résultats avec ceux de Dumas sera d'estant
plus instructive que nous n'avons ni employé les mêmes
méthodes ni expérimenté sur les mêmes genres de sujets. Nos ÉMOTIONS 533
méthodes ont consisté essentiellement dans l'emploi des pléthys-
mographes, etc., mais notre préoccupation constante a été de
recueillir la forme du pouls capillaire, et nous avons pensé que
cette forme était dans bien des cas tout à fait significative;
nos sujets ont été d'abord nous-mêmes, puis des élèves du
laboratoire, des amis, des collègues, des enfants d'école, en un
mot ce qu'on est convenu d'appeler des sujets normaux. Ces
sujets présentent des avantages et des inconvénients. L'avan
tage, c'est qu'on les a sous la main, on les manie facilement, ils
s'analysent correctement, on peut laisser les appareils en place
avant, pendant et après l'expérience, de manière à multiplier
les points de comparaison. L'inconvénient, c'est que les phéno
mènes émotionnels qu'on peut provoquer chez les sujets nor
maux sont toujours légers et parfois un peu artificiels. La joie,
par exemple, ne se provoque pas à volonté chez un adulte.
M. G. Dumas a expérimenté presque exclusivement sur des
aliénés, dans les services de M. Jofl'roy, à l'hospice Sainte-
Anne; il ne s'est point attaché à telle ou telle forme de vésa-
nie; il en a passé en revue un assez grand nombre, cherchant
avant tout les malades qui présentaient des états de joie ou de
tristesse très accentués. Il a certainement eu l'occasion d'étudier
des états plus intenses et plus durables que les nôtres, mais les
comparaisons avec l'état normal, sauf dans quelques cas parti
culiers, lui étaient interdites. Quant aux méthodes employées,
elles ont été bien différentes des nôtres, quoique nous eussions
en somme les mêmes instruments; il n'a pas cherché avec pré
cision la forme du pouls capillaire, que l'appareil de Hallion et
Comte donne avec tant de netteté; le pléthysmographe ne lui
a guère servi qu'à constater brièvement s'il y a ou non un pouls
capillaire dans la main, et si le système vaso-constricteur est
paralysé ou non. Les quelques tracés qu'il publie (p. 583) sont
en effet trop mauvais pour indiquer autre chose. En revanche,
il a eu recours d'une manière continue au sphygmomètre de
Bloch, petit instrument à ressort avec lequel on écrase la
radiale jusqu'à ce que le doigt cesse de percevoir le pouls : la
pression nécessaire à l'écrasement mesure la tension artérielle.
Cet instrument 1 , auquel on peut adresser la critique qu'il fait
1 II a été inventé par Bloch, dont on a un peu perdu de vue la paternité.
Voir sa revendication dans les Bulletins de la Société de Biologie,
11 juillet 1896, p. 745. Nous savons, par communication orale, qu'un
physiologiste a récemment cherché à éprouver cet instrument chez le
chien, en prenant la tension artérielle d'une patte avec le manomètre et 534 ANALYSES
intervenir une appréciation subjective du doigt, un peu sujette
à caution lorsqu'il s'agit d'apprécier de petites différences de
tension ; la question est de savoir si, lorsque les sont
très fortes, comme dans les cas étudiés par l'auteur, cet incon
vénient est bien compensé par l'avantage de mesurer en
grammes la tension artérielle. Nous sommes obligés de faire
sur ce point les réserves les plus expresses.
Le travail de E. Dumas se divise en deux parties, la pre
mière consacrée à la joie, la seconde à. la tristesse.
Pour éclairer d'avance notre analyse, rappelons ce que
l'auteur appelle les lois de Marey. Quand il y a vaso-dilatation
des artérioles, le cœur bat plus vite, et la tension artérielle
diminue ; quand il y a vaso-constriction, la
augmente, et le cœur se ralentit. Ce sont là des modifications
circulatoires de cause périphérique. Lorsque la modification est
de cause centrale, vient du cœur, on peut avoir des associations
différentes de l'accélération du cœur et de la tension artérielle ;
ainsi, quand le cœur est excité, il bat plus vite et la tension
artérielle augmente. Dumas se sert souvent de ces lois.
La Joie. — D'après la théorie de Lange1, la joie serait
caractérisée par une vaso-dilatation périphérique active; il faut
entendre par là que le phénomène primitif de la joie serait un
élargissement des petites artérioles du corps, élargissement dû
soit à une paralysie des nerfs vaso-constricteurs, soit à une
excitation des nerfs vaso-dilatateurs. Par suite de cet élargi
ssement des vaisseaux périphériques, on doit avoir dans la joie
un abaissement de la pression du sang, mesurable au sphygmom
ètre; en outre, d'après les observations de Marey, quand la
pression du sang diminue, le cœur s'accélère, il précipite ses
battements, et ceux-ci deviennent moins vigoureux.
C'est là, paraît-il, une simplification un peu artificielle du
phénomène; en réalité, il existerait deux formes très distinctes
de circulation, en rapport avec la joie.
celle de l'autre patte avec le sphygmomètre ; non seulement les résultats
indiqués étaient différents, mais encore, ce qui est plus grave, quand on
provoquait chez l'animal en expérience des changements de tension arté
rielle, les indications des deux appareils ne concordaient nullement. Que
doit-on penser alors des travaux qui ont été faits avec ce sphygmomètre?
Ceux qui s'en servent devraient bien le vérifie

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