Église et société au Brésil : le rôle des communautés ecclésiales de base et des pastorales populaires - article ; n°123 ; vol.31, pg 585-600
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Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 123 - Pages 585-600
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Luis Alberto Gomes de Souza
Henryane de Chaponay
Église et société au Brésil : le rôle des communautés ecclésiales
de base et des pastorales populaires
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°123. pp. 585-600.
Citer ce document / Cite this document :
Alberto Gomes de Souza Luis, de Chaponay Henryane. Église et société au Brésil : le rôle des communautés ecclésiales de
base et des pastorales populaires. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°123. pp. 585-600.
doi : 10.3406/tiers.1990.3938
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_123_3938ÉGLISE ET SOCIÉTÉ
AU BRÉSIL :
LE RÔLE
DES COMMUNAUTÉS ECCLÉSIALES DE BASE
ET DES PASTORALES POPULAIRES
par Luis Alberto Gomes de Souza*
et Henryane de Chaponay**
INTRODUCTION
Longtemps les sciences sociales ont cru qu'avec la modernisation
un inévitable processus de sécularisation était en marche, repoussant
le fait religieux vers la périphérie des transformations sociales. Or voici
que, dans une modernité en crise, le monde du sacré est présent un peu
partout et avec une signification politique et sociale grandissante1.
Dans cet article nous nous proposons d'étudier la relation entre
l'expérience religieuse de l'Eglise catholique et la réalité sociale brési
lienne dans les dernières années. Si l'Eglise catholique par sa position
hégémonique en est l'objet central, il faut cependant souligner le rôle
actif de courants progressistes dans les Eglises protestantes historiques et
leur convergence et contribution dans l'engagement social et la réflexion
théologique. Depuis les années 1960 le Brésil représente probablement une
des situations les plus fertiles pour bien saisir l'importance du phénomène
religieux contemporain. La réalité est plus ou moins similaire dans
d'autres pays de l'Amérique latine, mais, circonscrite à l'étude d'un seul
* Professeur à l'Université fédérale de Rio de Janeiro, conseiller des Pastorales de l'Eglise
catholique au Brésil.
** Centre d'Etude du Développement en Amérique latine.
1. L. A. G. de Souza, Secularizaçào em déclin io e potencialidade transformadora do
sagrado. Religiào e movimentos sociais na emergência do homem planetáriu, Rev. Síntese,
Belo Horizonte, n° 37, mai-août 1986.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n» 123, Juillet-Septembre 1990 586 Luis Alberto Gomes de Souza et Henryane de Chaponay
cas, permet de mieux approfondir l'analyse. D'ailleurs, sous certains
aspects, le Brésil a eu un rôle pionnier dans la région en ce qui concerne la
relation Eglise-société2.
C'est bien de ce rapport complexe et contradictoire entre religion,
pouvoir et société qu'il s'agit, car l'Eglise est à la fois un corps social
et une institution dont les ramifications pénètrent tous les secteurs de la
société. A la fois pouvoir institutionnel et peuple rassemblé, elle est
traversée par les différents courants de pensée, imprégnée de culture et
créatrice de culture, sans cesse tiraillée entre des tendances très diverses :
des plus conservatrices aux plus engagées dans la transformation sociale.
Deux éléments sont à relever dans le cas du Brésil :
— l'importance de l'évolution du contexte politico-économique, qui fait
que pendant vingt ans de dictature militaire l'Eglise est pratiquement le
seul espace ouvert à une participation sociale. Pendant ce temps,
la modernisation accélérée transforme profondément le pays, mais à
un énorme coût social qui accentue les contradictions internes;
— l'existence dans la société brésilienne d'un trait culturel non négligeable,
lejeitinho, qui tient du pragmatisme, de l'intelligence du moment et de la
créativité face aux situations pratiquement closes. C'est sans doute ce qui
a renforcé la capacité d'innover de l'Eglise brésilienne.
II - UN PEU D'HISTOIRE
II est impossible de comprendre les transformations sociales et politiques
au Brésil dans les dernières décennies sans une référence à la présence directe
ou indirecte de l'Eglise catholique.
Vers la moitié des années 50 s'accélère le processus de l'industrialisation
capitaliste, même si celle-ci est concentrée dans le secteur urbain et dans
certaines régions du pays. Mais l'espoir d'une croissance économique surgit
un peu partout. Dans le cas du Nord-Est, c'est à partir d'une suggestion
des évêques que le président Juscelino Kubitschek crée la Surintendance pour
le Développement du Nord-Est (sudene). Et cela est une caractéristique
de la réalité brésilienne pendant ces années : l'Eglise se fait présente
surtout en tant que pouvoir ecclésiastique et non à travers des forces
politiques d'inspiration catholique, comme c'était le cas de la Démocratie
chrétienne au Chili.
2. Voir Pablo Richard, Mort des chrétiens et naissance de l'Eglise, Paris, Centre Lebret, 1978. et société au Brésil 587 Eglise
En 1952 fut créée la Conférence nationale des Evêques brésiliens (cnbb),
qui deviendra l'interlocuteur religieux privilégié de l'Etat. Mais l'Eglise
disposait aussi d'un mouvement officiel de ses fidèles, l'Action catholique
spécialisée, dont l'aumônier général était aussi le fondateur de la cnbb,
Helder Câmara, bientôt évêque auxiliaire de Rio de Janeiro3. A l'intérieur
de l'Action catholique se produit une fermentation d'idées et de pratiques qui
seront décisives dans les années à venir, surtout dans la Jeunesse universi
taire catholique (juc). Le prêtre péruvien Gustavo Gutierrez, qui, le premier,
a écrit sur la théologie de la libération, a dit que les intuitions de celle-ci
sont nées au Brésil, à la juc, vers I9604. Il s'agissait, à l'occasion, de rendre
les jeunes militants catholiques présents dans leurs milieux de vie et,
bientôt, dans la vie sociale plus vaste.
De 1960 à 1964, années d'intense fermentation politique et idéologique,
non seulement les évêques font des déclarations en faveur des réformes
sociales, face à un développement inégal et concentré, mais aussi des mili
tants chrétiens deviennent actifs dans les activités de syndicalisation rurale
et, surtout, d'éducation populaire. C'est le début du travail de Paulo Freire,
du Mouvement d'Education de Base (meb), créé par la cnbb, avec l'appui
financier du Gouvernement, du Mouvement de Culture populaire à Recife,
des Centres populaires de Culture, des associations d'étudiants. Il y a
même une radicalisation idéologique et plusieurs de ces militants catho
liques se déclarent socialistes, ce qui produira bientôt des chocs avec une
partie de la hiérarchie ecclésiastique5. Il faut dire que, dans un premier
moment, l'initiative est dans les mains des étudiants universitaires et de
jeunes professionnels issus surtout des classes moyennes, et les secteurs
populaires qui s'organisent (syndicats, ligues paysannes) sont dirigés plutôt
par des activistes qui viennent du dehors. En ce qui concerne les chrétiens,
tout cela se passait dans une Eglise encore bien traditionnelle, qui commenç
ait à peine, sous Jean XXIII, la préparation du Concile Vatican II.
L'année 1964 fut un moment de rupture dans tout ce processus
sociopolitique. Quelques auteurs parlent de la fin d'un pacte social popul
iste et du commencement d'un pacte autoritaire sous l'égide militaire,
qui restera au pouvoir pendant une vingtaine d'années. Le modèle
économique s'ouvre de plus en plus aux capitaux internationaux. Il y a une
3. Il est intéressant de noter que P. Helder Câmara a bien profité de l'expérience d'un mou
vement de fidèles laïcs pour bâtir une structure épiscopale.
4. Voir L. A. G. de Souza, Les étudiants chrétiens et la politique au Brésil, Paris, Institut
des Hautes Etudes de l'Amérique latine, 1979, vol. I, p. 1.
5. Un mouvement politique, Açâo Popular, a été créé en dehors des cadres de l'Eglise.
Voir E. de Kadt, Catholic radicals in Brasil, Londres, Oxford Univ. Press ; Thomas Sanders,
Catholicism and development : the catholic left in Brasil, in K. Silvert (éd.). Churches and
States, New York, American Univ.

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