Encore les villages disparus : dépeuplement et repeuplement autour d Aix-en-Provence (XIVe-XVIe siècle) - article ; n°6 ; vol.28, pg 1463-1483
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Encore les villages disparus : dépeuplement et repeuplement autour d'Aix-en-Provence (XIVe-XVIe siècle) - article ; n°6 ; vol.28, pg 1463-1483

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 6 - Pages 1463-1483
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Noël Coulet
Encore les villages disparus : dépeuplement et repeuplement
autour d'Aix-en-Provence (XIVe-XVIe siècle)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 6, 1973. pp. 1463-1483.
Citer ce document / Cite this document :
Coulet Noël. Encore les villages disparus : dépeuplement et repeuplement autour d'Aix-en-Provence (XIVe-XVIe siècle). In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 6, 1973. pp. 1463-1483.
doi : 10.3406/ahess.1973.293436
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_6_293436LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
Encore les villages disparus :
dépeuplement et repeuplement
autour d'Aix-en-Provence (xive-xvie siècle)
La parution du recueil Villages désertés et histoire économique 1 n'a pas mis
un terme aux recherches sur ce thème. Ce bilan provisoire. les relance plutôt,
en les enrichissant d'éléments de comparaison, d'exemples et de suggestions.
Il renouvelle surtout la problématique elle-même. Dans la mesure où l'étude
du cas français met en évidence l'originalité dans l'Europe du bas Moyen Age
d'un pays où « le réseau des paroisses tient bon », le cœur de la question cesse
d'être l'épisode de désertion. C'est la phase de restauration qui devrait retenir
davantage l'attention des chercheurs, la reconstitution de ce tissu ancien
de l'habitat. « C'est l'ampleur et la rapidité de la reconstruction qu'il faut
expliquer, même si c'est un paradoxe dans une étude portant sur des destruc
tions et des disparitions. » C'est la leçon même que tiraient J.-M. Pesez et
E. Le Roy Ladurie de leur vue d'ensemble des abandons de village dans la
France médiévale 2.
C'est dans cette perspective que l'on aborde ici l'étude d'un groupe de
villages désertés provençaux, dont on s'est efforcé de suivre le destin après
leur abandon et jusque vers le milieu du xvie siècle. Conduite en marge d'un
travail en cours sur la ville d'Aix au bas Moyen Age, cette recherche se ci
rconscrit à un cadre très réduit : une dizaine de villages situés dans un rayon
de quinze kilomètres autour de cette cité, et qui tous ont « disparu » entre le
début du xive siècle et le milieu du siècle suivant : Saint-Canadet, Saint- Jean-
de-la-Sale, Puyricard, Venelles, Vauvenargues, Saint-Marc, Le Sambuc, Le
Tholonet, Châteauneuf-le-Rouge, Rousset et Meyreuil. Étude de microh
istoire donc, et qui porte de surcroît sur un type très particulier de villages
désertés : les localités situées dans l'aire d'influence des villes et soumises à leur
rayonnement et à leur attraction. Mais précisément — pour reprendre ici les
remarques de méthode que Georges Duby formule au début du гесиеД publié
par le Centre de Recherches Historiques — qui s'intéresse à l'histoire des
1. Villages désertés et histoire économique, XIe-XVIIIe siècle, Paris, 1965.
2. J.-M. Pesez et E. Le Roy Ladurie, « Le cas français : vue d'ensemble », dans
Villages désertés, op. cit., p. 184.
1463 DOMAINES DE L'HISTOIRE LES
villages désertés doit « regarder de fort près les dates, la topographie, et plus
encore les hommes, leurs migrations et leur répartition dans le terroir » 3.
Un premier temps de cette recherche a permis de proposer une chronologie
et un essai d'interprétation de ces abandons. On se bornera ici à résumer, à
grands traits, les résultats obtenus 4. En s'efforçant de dater avec précision les
étapes de l'émigration, on parvient à nuancer quelque peu l'aspect de massivité
uniforme du phénomène de la désertion, tel qu'il peut résulter d'un regard
rapide jeté sur la carte des abandons de village dans cette région 5. On peut
en effet discerner trois types de comportement démographique. Deux de ces
localités, Saint-Marc et Le Sambuc, sont déjà des habitats détruits au début
du xive, avant même que les difficultés et les troubles du bas Moyen Age
n'aient fait sentir leurs effets en Provence. Un second ensemble, le plus nomb
reux, s'efface progressivement au cours du XIVe siècle, conformément aux
modèles démographiques les plus classiques 6. La courbe de leur peuplement,
déjà orientée à la baisse dès le premier quart du siècle, se creuse nettement
autour de la décennie 1340-1350 ; son déclin s'accélère ensuite et la désertion
est irrémédiablement acquise au tournant du xive au xve siècle. Les guerres
ont joué ici un rôle essentiel. Ces implantations humaines devenues trop
fragiles n'ont pas résisté à la répétition des épisodes militaires. Enfin un tro
isième groupe de villages — Meyreuil, Venelles, Vauvenargues — passe ce cap
de la fin du xive siècle, partout ailleurs funeste, et survit jusqu'aux alentours
de 1450. Ils stagnent dans une grande médiocrité démographique durant tout
ce demi-siècle, avant de disparaître de la liste des communautés affouagées.
Que deviennent ces villages après leur abandon ? Cette question aussi
appelle plusieurs réponses 7. Car un village c'est, tout à la fois, une structure
d'habitat, un terroir, une communauté avec ses institutions et un ensemble
d'hommes qui vivent en ce lieu, exploitent ces terres et se regroupent dans
ces institutions 8.
La population qui a fui ces localités s'est redistribuée dans tout le pays
3. G. Duby, « Démographie et villages désertés », ibid., p. 24 : « depuis quelques
années les historiens ont entrepris de dénombrer les familles paysannes. Il faut les convier
à observer également, et de très près, leurs migrations et leur répartition dans le terroir ».
4. Ils ont été présentés et discutés en avril et mai 1968 au séminaire d'histoire des
mentalités et structures sociales du Moyen Age, à la Faculté des Lettres d'Aix. On en
trouvera un exposé moins sommaire dans N. Coulet, « La survie des communautés
d'habitants des villages disparus : l'exemple d'Aix et du pays d'Aix aux xrve et xve siècles »,
dans Villes de l'Europe méditerranéenne et de l'Europe occidentale du Moyen Age au XIXe,
Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, n° 9-10, 1969, pp. 81-86.
5. Publiée par E. Baratier, G. Duby et E. Hildesheimer, Atlas Historique de
Provence, Comtat, Orange, Nice, Monaco, Paris, 1969, n° 101. Il convient d'ajouter aux
villages qui figurent sur cette carte le nom de Vauvenargues dont le dépeuplement est
attesté dans la seconde moitié du xve siècle (cf. Archives Départementales des Bouches-
du-Rhône, В 2Oi, f° 244 et I G 105, fos 139 ss.) et La Barben, cf. infra, note 68.
6. Cf. E. Baratier, La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle, Paris, 1961.
7. « Qui se préoccupe de repérer les villages désertés doit en premier lieu opérer parmi
les noms de lieu un tri sévère, et d'abord se demander qu'est-ce qu'un village ? » (G. Duby,
art. cité, p. 23).
8. Ce deuxième moment de notre recherche a fait l'objet de communication au Congrès
de Nice cité supra. On y trouvera un exposé plus détaillé et des références plus abondantes.
1464 N. COULET VILLAGES DISPARUS EN PROVENCE
d'Aix. Mais la majorité des familles est venue chercher refuge dans la capitale
même. On ne dispose pour Г affirmer d'aucun document récapitulatif du
peuplement de la ville. Mais Г examen des minutes notariales et des registres
de reconnaissances des principales seigneuries ecclésiastiques (Archevêché,
Chapitre, Dominicaines, Hospitaliers) autorise des conclusions dignes d'une
certaine confiance. Tous les anciens habitants de Saint- Jean-de-la-Sale, de
Puyricard, du Tholonet et de Venelles paraissent s'être établis à Aix. Ailleurs,
la population s'est répartie entre Aix et d'autres localités voisines : Puyloubier
pour les gens de Vauvenargues et de Saint- Antonin, Peynier pour les habitants
de Rousset et quelques autres familles de Saint-Antonin, Gardanne pour les
hommes de Meyreuil. Mais la proportion des émigrés qui est allée dans ces
bourgs et ces villages est nettement plus faible que celle qui s'est installée
à Aix. Seul Saint-Canadet fait exception, dont les habitants ont presque
uniquement renforcé la population du

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents