Environnement et développement rural - article ; n°130 ; vol.33, pg 295-310
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Description

Tiers-Monde - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 130 - Pages 295-310
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Dufumier
Environnement et développement rural
In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 295-310.
Citer ce document / Cite this document :
Dufumier Marc. Environnement et développement rural. In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 295-310.
doi : 10.3406/tiers.1992.4690
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1992_num_33_130_4690ENVIRONNEMENT
ET DÉVELOPPEMENT RURAL1
par Marc Dufumier*
La prise en compte des problèmes relatifs à la gestion des ressources
naturelles et à la préservation des équilibres écologiques apparaît aujour
d'hui comme une dimension essentielle des actions à entreprendre en
matière de développement rural. Nombreux sont les gouvernements qui
ont perçu désormais les dangers que peuvent provoquer certains systèmes
de production agricole sur l'environnement écologique de leur pays. La
multiplication récente des « ministères de l'Environnement » sous toutes
les latitudes ne vise pas seulement à prévenir et corriger les effets néfastes
d'une croissance urbaine et industrielle souvent anarchique. Elle répond
aussi très fréquemment aux besoins d'enrayer les mécanismes de dégradat
ion des écosystèmes qui se manifestent dans les campagnes.
I — TENIR COMPTE DES SAVOIR-FAIRE PAYSANS
La dégradation de l'environnement écologique n'est cependant pas
une évolution inéluctable, et de nombreuses sociétés paysannes ont déjà
manifesté concrètement une aptitude à exploiter durablement les écosys
tèmes tout en préservant leurs potentialités. Il nous faut reconnaître que
les paysans disposent déjà souvent d'un très grand savoir-faire en
matière de gestion conservatoire des eaux et des sols.
Ainsi en est-il, par exemple, dans plusieurs sociétés soudano-sahé-
liennes où les agriculteurs ont su intégrer des arbres fourragers dans
1. Ce texte est un extrait de la synthèse rédigée à l'issue de la rencontre organisée à Ouagadou
gou par l'Ecole internationale de Bordeaux en juillet 1990 sur le thème de l'environnement et du dé
veloppement rural. Il n'engage que son auteur.
• Professeur à l'Institut national agronomique Paris-Grignon et président de I'iram.
Revue Tiers Monde, t. XXXIII, n° 130, Avril-Juin 1992 296 Marc Dufumier
leurs systèmes de production et mettre en œuvre des formes originales
d'association agriculture-élevage leur permettant de pratiquer l'agricul
ture chaque année sur les parcelles régulièrement fertilisées. Les soles
cultivées sont alors très souvent complantées $ Acacia Albida dont les
feuilles, abondantes en saison sèche, constituent un fourrage riche en
protéines pour les animaux en vaine pâture, tombent en début de saison
des pluies, alimentent ainsi le sol en matière organique, et n'occasion
nent pas d'ombrage aux plantes cultivées (mil, niébé, arachide...). La
viabilité du système suppose cependant que le parc arboré ne soit pas
surpâturé en saison sèche, de façon à permettre la repousse des jeunes
plants dont la croissance aérienne est souvent très lente au cours des
premières années.
Les jardins boisés que l'on observe fréquemment aux abords des
habitations dans plusieurs régions de l'Afrique tropicale humide repré
sentent, eux aussi, des systèmes relativement protecteurs des sols, avec
une superposition dans le même espace de différents étages de végéta
tion. Ces « jardins de case » associent très souvent, en leur sein, des
arbres, des arbustes et des tubercules, destinés à fournir les fruits et des
denrées nécessaires à l'alimentation humaine (arbres à pain, bananiers,
papayers, arrow-root, etc.), mais peuvent aussi intégrer certaines
cultures de rente (caféiers, agrumes...). Les « jardins créoles » que l'on
rencontre aux Antilles sont de même nature et bénéficient aussi parfois
des déjections de certains animaux. Le problème est que ces jardins, exi
geants en travail, n'ont généralement qu'une surface limitée, et côtoient
des champs beaucoup moins protégés des agents érosifs.
La reproduction des écosystèmes cultivés est assurée aussi parfois
par l'entretien d'un maillage plus ou moins serré de haies vives dont les
fonctions peuvent être multiples : délimitation du parcellaire, mise en
défens des champs cultivés et canalisation du bétail, production diversi
fiée (bois d'œuvre, bois de chauffe, fruits, fourrage...), brise- vent, filtra
tion et ralentissement des eaux de ruissellement, remontée d'éléments
minéraux puisés dans les sols en profondeur, apports organiques, etc.
Le bocage bamibéké, au Cameroun, est certainement l'un des exemples
les plus connus d'une telle pratique dont les effets sur la gestion conser
vatoire des eaux et des sols ne sont plus à démontrer.
Les paysans manifestent aussi parfois de réelles aptitudes pour récu
pérer des terres devenues infertiles. La méthode du Zaï pratiquée par les
Mossi du Yatenga (Burkina Faso) en est une illustration : le paysan
creuse à la houe des petits trous de 10 cm de profondeur dans les sols
compactés ou cuirassés, et y dépose un peu de « poudrette » en prove
nance des parcs à bestiaux. Ces matières organiques attirent les termites Environnement et développement rural 297
qui creusent alors des galeries pour parvenir jusqu'aux trous et tapissent
ensuite ces dernières de leur excreta. L'ensemble favorise ensuite la
pénétration des racines et l'infiltration de l'eau en profondeur. Un léger
paillage en surface peut avoir des effets relativement semblables, en favo
risant la remontée des termites en surface, tandis que le sol est relativ
ement protégé du choc des pluies.
On aurait donc tort de croire que les paysanneries sont peu sou
cieuses des problèmes d'environnement, et l'histoire de nombreux pro
jets montre qu'elles savent au contraire les surmonter chaque fois
qu'elles peuvent avoir accès aux moyens qui leur sont nécessaires. Ces
moyens leur font malheureusement souvent défaut, du fait de leur pau
vreté croissante et de leur faible capacité d'épargne, dans les économies
du Tiers Monde durement concurrencées par les pays industrialisés à
forte productivité.
La participation active des paysans déjà souvent très appauvris sup
pose que les interventions destinées à gérer et protéger l'environnement
à moyen et long termes puissent être mises en œuvre sans porter préju
dice à leurs besoins de produire et dégager des revenus à court terme.
Cela suppose donc que les agriculteurs et les éleveurs aient accès aux
moyens de production nécessaires pour qu'ils puissent assurer à la fois
une rentabilité suffisante des exploitations et le maintien des potential
ités écologiques de leur environnement. La question se pose de savoir
comment intégrer davantage les préoccupations relatives à l'environne
ment rural dans les projets de développement agricole, en prenant en
compte les intérêts des diverses catégories de paysans et les moyens dont
elles peuvent disposer pour les satisfaire. L'enjeu est de pouvoir parvenir
à de nouveaux équilibres agro-sylvo-pastoraux qui fassent l'objet de
véritables consensus entre catégories sociales (agriculteurs, éleveurs,
bûcherons...) aux intérêts pourtant parfois contradictoires.
II — ACQUIS ET INSUFFISANCES
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Au cours des vingt dernières années, la recherche scientifique a consi
dérablement progressé dans la compréhension du fonctionnement des
écosystèmes cultivés ou pâturés et dans la mise au point de techniques
susceptibles de limiter ou d'enrayer leur dégradation.
Les mécanismes concrets de l'érosion des sols sont mieux connus
qu'autrefois, et les scientifiques s'accordent aujourd'hui à souligner 298 Marc Dufumier
l'importance du couvert végétal pour lutter contre ses diverses formes,
hydriques ou éoliennes. De même est reconnu le rôle des différentes
formes de matière organique sur la stabilité structurale des sols. Nomb
reux sont désonnais les auteurs qui privilégient les techniques biologi
ques de conservation des eaux et des sols (bandes enherbées, haies vives,
paillage, cultu

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