Épistémologiste de la géographie
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UNIVERSITE DE COCODY Année académique 2008-2009 UFR/SHS INSTITUT DE GEOGRAPHIE TROPICALE LICENCE / MAÎTRISE DE GEOGRAPHIE UV 301A / 401A COURS D’EPISTEMOLOGIE DE LA GEOGRAPHIE Prof : Jérôme ALOKO - N’GUESSAN 1 EPISTEMOLOGIE ET HISTOIRE DE LA GEOGRAPHIE NIVEAUX : LICENCE (UV 301-A) – MAITRISE (UV 401-A) Prof. ALOKO-NGUESSAN Jérôme …………………………………………………………………………………………. PLAN DE COURS INTRODUCTION DEFINITIONS I.- LA GEOGRAPHIE ANTIQUE : LA GEOGRAPHIE UNE SCIENCE ANCIENNE II. LES PREMISSES D’UNE GEOGRAPHIE MODERNE III. LES PREMISSES ET L’EMERGENCE DE LA NOUVELLE GEOGRAPHIE IV. ESPACE ECOLOGIQUE VERSUS ESPACE GEOGRAPHIQUE V. ESPACE GEOGRAPHIQUE, UNE CONSTRUCTION DE L’HISTOIRE, DE LA CULTURE VI. LA SCIENCE GEOGRAPHIQUE ? QU EST-CE ? POUR QUOI FAIRE ? VII L’OBJET DE LA GEOGRAPHIE VIII. LES METHODES DE LA GEOGRAPHIE - les théories - les modèles - les lois - le déterminisme - le structuralisme - l’analyse systémique - la méthode empirique ou inductive - la méthode hypothético-déductive ou théorique - la cartographie - les S.I.G. 2 INTRODUCTION La géographie donne rarement l’occasion de longs développements en matière d’épistémologie. Avant 1980, le thème avait à peine été abordé. Depuis, la nécessaire réflexion épistémologique a trouvé sa place dans la discipline géographique. Mais à quoi répond ce besoin ?

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Publié le 14 juin 2013
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EPISTEMOLOGIE ET HISTOIRE DE LA GEOGRAPHIE NIVEAUX : LICENCE (UV 301-A) – MAITRISE (UV 401-A) Prof. ALOKO-NGUESSAN Jérôme  ………………………………………………………………………………………….  PLAN DE COURS   INTRODUCTION  DEFINITIONS  I.- LA GEOGRAPHIE ANTIQUE : LA GEOGRAPHIE UNE SCIENCE ANCIENNE  II. LES PREMISSES D’UNE GEOGRAPHIE MODERNE  III. LES PREMISSES ET L’EMERGENCE DE LA NOUVELLE GEOGRAPHIE  IV. ESPACE ECOLOGIQUE VERSUS ESPACE GEOGRAPHIQUE  V. ESPACE GEOGRAPHIQUE, UNE CONSTRUCTION DE L’HISTOIRE, DE LA CULTURE  VI. LA SCIENCE GEOGRAPHIQUE ? QU EST-CE ? POUR QUOI FAIRE ?  VII L’OBJET DE LA GEOGRAPHIE  VIII. LES METHODES DE LA GEOGRAPHIE  les théories -- les modèles  - les lois - le déterminisme - le structuralisme - l’analyse systémique  - la méthode empirique ou inductive - la méthode hypothético-déductive ou théorique - la cartographie - les S.I.G.
 
 
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INTRODUCTION  La géographie donne rarement l’occasion de longs développements en matière d’épistémologie. Avant 1980, le thème avait à peine été abordé. Depuis, la nécessaire réflexion épistémologique a trouvé sa place dans la discipline géographique. Mais à quoi répond ce besoin ? Elle part de cette question : La géographie est-elle une science ? Cette question apparaissait déjà dans la première « Géographie Universelle (1810) écrite par Malte-Brun.  C’est qu’une science géographique suppose : - des méthodes et des techniques éprouvées, - une présentation de sa problématique, - des hypothèses testables, un choix de concepts destinés à rendre intelligible le phénomène étudié, -- la confrontation de ces concepts avec d’autres concepts pour expliquer la cohérence  de la démarche géographique - l’élaboration de modèles et de théories géographiques - le test de ces modèles et théories pour construire un champ d’explication de la  discipline géographique.  La géographie qui revendique la description de l’espace et plus encore, se veut « une science de l’organisation de l’espace et des pratiques spatiales humaines » ne pouvait pas ignorer ses préoccupations.  Dans la géographie contemporaine, les dates essentielles se regroupent en cinq périodes : - depuis l’aube des temps - autour des années 1800 - entre 1918 et 1940 - entre 1945 et 1975 - après 1975  Définitions  L’épistémologie  L’épistémologie ne signifie pas histoire ; en revanche, l’épistémologie d’une discipline ancienne comme la géographie se construit autour de l’histoire de la discipline géographique.  L’Epistémologie, du grec épistèmê « science » et logos « étude » est « l’étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée. On peut en déduire que c’est la théorie des sciences ; elle vise trois objectifs :  ∙ Un objectif de connaissance de la pensée dominante, c’est-à-dire la recherche des  problématiques majeures Un objectif méthodologique pour faire saisir les modalités d’acquisition et  d’organisation des connaissances qui seront utilisées ∙ Un objectif de mise en lumière des démarches privilégiées pour l’organisation de la  pensée scientifique, allant de la collecte des données aux procédures de contrôle des  résultats.  
 
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 La géographie donne encore rarement l’occasion de longs développements en matière d’épistémologie. Avant les années 1980, le thème avait été à peine abordé en langue française. Depuis peu la nécessaire réflexion épistémologique a trouvé sa place.  Quelques ouvrages fondateurs marquent cette évolution :  ∙ Les concepts de la géographie humaine (A Bailly, 1984) ; ∙ Les composantes et concepts de la géographie physique (M Derruau, 1996) ∙ Les problématiques de la géographie J.-B Racine, H. Reymond, 1981). ∙ Les éléments d’épistémologie en géographie, 1996 dans la Revue L’espace géographique ; Qu’est-ce que la géographie J. Scheibling 1994 ∙ Eléments d’épistémologie de la géographie A. Bailly & R. Ferras, 1997.  Ces divers ouvrages traitent :  - les rapports entre l’homme et la terre  - les moyens et les méthodes de la connaissance géographique - les nouveaux aspects de la discipline - la nouveauté des approches et des résultats - l’utilité des nouvelles démarches - la géographie quantitative - la simulation informatique - les connaissances géographiques - la chorématique (chorème R. Brunet, du grec khorê : lieu, espace particulier) - l’espace géographique  - l’objet de la géographie comme corps de savoir spécifique dans le monde scientifique - la définition de la géographie - l’examen des concepts les plus opératoires - le domaine de la géographie avec ses marges et ses limites - les emprunts et les échanges avec les disciplines voisines - le discours géographique revu à travers les textes fondateurs - l’histoire de la géographie en grandes étapes - les changements de paradigmes   La Géographie  La Géographie est définie comme la science ayant pour objet l’étude des phénomènes physiques, biologiques, humains, localisés à la surface du globe terrestre, et spécialement, l’étude de leur répartition, des forces qui les gouvernent, et de leurs relations réciproques. C’est aussi la réalité physique biologique, humaine qui fait l’objet d’étude de la science géographique. Etude de l’organisation de l’espace et des pratiques spatiales qui en résultent.  La géographie est une science d’observation, de recherche d’explication et de tentative d’analyse. La géographie est science de la différence et de l’unité appréhendées dans les limites imposées par la nature ou héritées des constructions de l’histoire. En tant que science, elle a un objet d’observation et ses moyes d’observation disponible pour l’étudier.  
 
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L’Histoire  A ce stade de notre propos, comment définir l’histoire :  1. étymologie « récits de faits mémorables »connaissance ou relation des événements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité (d’un groupe social, d’une activité humaine), qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire ; les événements ou les faits ainsi relatés.  2. La partie des connaissances humaines, reposant sur l’observation et la description des faits, et dont l’acquisition met en jeu la mémoire, opposée à la philosophie, à la science.  3. récits d’actions, d’événements réels ou imaginaires.  Comment peut-on faire une synthèse de ce long processus de construction de ce couple homme / espace dans le temps ? Comment restituer la place de l’histoire dans cette construction ?   I- LA GEOGRAPHIE ANTIQUE : LA GEOGRAPHIE, UNE SCIENCE ANCIENNE  En fait, la géographie a d’antiques origines, grecques, latines, chinoises, arabes : A l’ origine, ce sont des descriptions à but militaire, ou économique ainsi que l’inventaire des richesses en ressources humaines ou minérales. Ce sont les explorations et les conquêtes qui rythment cette évolution ; la transcription du voyage est triple, mathématique, à travers le calage des coordonnées, celles-ci s’accompagnent d’un effort de restitutions cartographiques même sommaires de ces lieu visités ; enfin les récits et les écrits.  Dans l’ensemble, la géographie antique s’oriente vers les voyages, récits, cartes, mesures, découvertes, l’essentiel de ce qui permet de connaître le bassin méditerranéen.  Hérodote (-Vè JC géographe et historien) ; Pythéas (-IVè J.C, géographe et astronome) ;Erastosthène d’Alexandrie (-IIIè J.C. géographe et mathématicien) ; Hipparque (-IIè J.C. astronome et géographe) ; Strabon (+Iè siècle ) ; Ptolémée (+IIès. Historien et explorateur) jalonnent cette histoire et contribuent à l’enrichissement de la discipline géographique en gestation.  Le moyen-âge est celui des redécouvertes, des savoirs transmis ; le monde médiéval est surtout arabe avec l’appui technique de la boussole. La fin du moyen- âge s’accompagne de la découverte de nouveaux mondes en Afrique, en Asie…  De l ‘antiquité à l’époque moderne, l’histoire de la géographie se déroule sans discontinuité majeure. Magellan, Guillaume de Rubrouck, Marco Polo, Ibn Khaldoum et Ibn Batuta, Ptolémée, Christophe Colomb, Bougainville, La Pérouse Cook, Numa Broc. La connaissance du globe est extensive : ses mers, ses océans, ses continents, ses reliefs et ses climat, sa faune animale ou humaine.  Jusqu’au XIXè siècle, la géographie comporte toujours le double visage acquis dès l’Antiquité, cette alliance de la connaissance astronomique et physique du globe et de la description des pays explorés et des peuples qui les habitent.
 
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En ce moment–là, on peut dire que la l’explorationdu monde s’achève, la nomenclature des lieux est presque complète, la définition des coordonnées est acquise pour chaque lieu. Estce pour autant la fin de la géographie ?   II- LES PREMISSES DE LA GEOGRAPHIE MODERNE  L’apport de la philosophie allemande  Au contraire, une nouvelle ère commence pour une géographie renouvelée par son enracinement dans la philosophie des Lumières et dans la philosophie allemande. Les deux plus grands représentants de cette philosophie KANT (1724-1804) et HEGEL (1770-1831) se sont intéressés à la géographie. La relation entre les conditions climatiques et la répartition des races à la surface du globe de même que le temps, l’espace, les hommes, leur histoire sont au centre de leurs réflexions « Géographie physique » (KANT, 1757)  Les géographes allemands du XIXè siècle Alexander   Von Humboldt (1769-11859) est souvent considéré comme le vrai fondateur de la géographie moderne ; en réalité il est entre les deux géographies : celle des explorateurs et celle qui, au delà de la description, cherche l’explication des phénomènes recensés. Karl RITTER (1779-1859) est un pédagogue de la géographie. Son oeuvre maîtresse, La géographie dans ses rapports avec la nature et l’histoire de l’humanité. Il recherche dans les rapports des hommes à leur milieu, les causes des inégalités du progrès de la civilisation.  Friedrich RATZEL (1844-1904, fondateur de l’oecologie, cette science qui étudie «les mutuelles relations de tous les organismes vivants dans un seul et même lieu, leur adaptation au milieu qui les environne». Considéré comme l’initiateur de la géographie environnementaliste, il s’intéresse aussi à la géographie historique qui se préoccupe de l’histoire des Etats et de la géopolitique .  On retrouve un fond commun chez tous ces géographes allemands. Ils sont tous naturalistes ; ils s’intéressent à l’homme parce qu’il est un être de la nature. Le rapport de la nature et de l’homme est à sens unique : de la nature vers l’homme et jamais l’inverse. Comme dit RITTER, l’objet de la géographie est d’étudier «l’influence fatale de la nature». Le déterminisme est absolu. La diversité du monde provient de la diversité des milieux et, plus que les sociétés, ce sont les races, mode de différenciation des hommes, qui expriment la pluralité des destins des peuples.   L’école française de géographie  Elle est héritière de la géographie allemande. C’est VIDAL DE LA BLACHE qui l’inaugure. Certes le terrain avait été défriché par quelques précurseurs.  Malte-BRUN (1810-1820 : publie la Géographie universelle, faisant le point des connaissances du monde.  Elisée Reclus (1830-1905) ; pour lui, la terre et l’homme sont liés par une solidarité harmonieuse. Sa formule « la terre constitue le corps de l’humanité et l’homme, à son tour, est
 
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l’âme de la terre ». Il, publie une « Géographie Universelle » en 19 volumes (de 1875 à1794) dans laquelle il allie description du paysage et recherche d’explications. Histoire, conditions naturelles sont également évoquées pour caractériser les régions décrites.  Emile Levasseur (1828-1911), historie devenu géographe par l’histoire économique.  Vidal de la Blache (1845-1918), c’est le premier géographe universitaire français, mais de formation d’historien. « La géographie, n’est pas la science des hommes, elle est celle des lieux.»  Après des travaux de géographie historique sur Hérode, d’Attique, Ptolémée, et Marco Polo, il commence à réfléchir sur les rapports entre la nature et l’homme. En s’inspirant de Humboldt, Ritter et Haeckel. Pour lui, la géographie fait partie des sciences de la nature. Il ne nie pas à la géographie d’étudier l’homme, mais l’homme doit être analysé sous ses rapports et sous l’influence du milieu physique. Il introduit la notion de « genre de vie », pour rendre compte des rapports de l’homme à son milieu dans des sociétés enclines à la reproduction ou pas des mêmes formes d’organisation sociale et économique dans leur rapports à leur environnement.  Quelle est la place d l’homme dans la géographie vidalienne ? La géographie est la science des rapports de l’homme au milieu et le milieu est, par définition naturel. Doit-on étudier l’homme pour lui-même en géographie ? Non ! c’est par les établissements qu’il crée à la surface du sol, par l’action qu’il exerce sur les fleuves, sur les formes de relief, sur la flore, sur la faune et tout l’équilibre du monde qu’il appartient à la géographie ».  Par exemple, « les conditions géographiques », ce sont les conditions naturelles.  L’explication des variations de densité de population est toujours à rechercher dans les contraintes et les facteurs d’ordre naturel. Aujourd’hui on admet que la distribution des densités dans le monde répond à des facteurs nombreux et multiples. L’histoire, les conditions du milieu et l’influence des progrès économiques et de la diffusion des innovations se combinent souvent.  Les facteurs physiques  - l’influence du climat : le froid, la sécheresse et la chaleur humide - l’influence du relief : l’altitude, le volume des reliefs, la nature des terrains et les  formes de la topographie.  Les facteurs historiques  Les facteurs historiques sont incomparablement plus importants que les facteurs physiques dans l’explication des densités.  - l’influence de l’ancienneté du peuplement l’influence des migrations de population - - l’influence des progrès économiques et de la diffusion des innovations. (cycles démographiques avec révolutions agricole et industrielle, révolutions économiques).  Vidal monte une propension pour la géographie régionale cadre d’excellence pour une étude de géographie physique ou naturelle à finalité humaine. Quel type de région retenir ? La
 
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réponse est logique pour Vidal. La région ne peut être bornée que par les conditions de l’unicité offerte par le milieu naturel : la région naturelle, telle que définie par l’unicité de traits physiques (relief, climat, végétation, sol…) . Son oeuvre : Tableau de la géographie de la France (1903) sert d’introduction à l’histoire de France d’Ernest Lavisse ; c’est une description raisonnée des « pays » de France, réalisée sur le mode littéraire. Chaque unité de paysage se distingue de sa voisine, par la géologie qui « détermine »son paysage naturel et son utilisation par les hommes. De l’exploration du monde, la géographie devient une analyse fine des campagnes de françaises.  Max Sorre est le dernier représentant d’une géographie vidalienne dominée par une tonalité ruraliste.  La géographie comme nécessité de l’unité et de la synthèse sur la période post vidalienne Unité et synthèse sont les thèmes majeurs des successeurs de la génération vidalienne. A Cholley, J. Tricart, M le Lannou, R.Blanchard, A.Meynier, P.George, J.Dresch, J.Beaujeu-Garnier, Ph. Pinchemel…insistent sur la nécessité d e sauvegarder l’unité de la géographie parce qu’elle est science de synthèse.  Selon Beujeu-Garnier, ce qui fait sa particularité de la géographie, c’est qu’elle est à la recherche des rapports entre des phénomènes de nature différente, le cadre naturel et les sociétés…La géographie est l’étude de leurs interre lations, de leurs combinaison associant inéluctablement phénomènes physiques- donc science de la Terre- et faits humains- donc sciences sociales et économiques. Elle se trouve être une discipline carrefour.   III. LES PREMISSES ET L’EMERGENCE DE LA NOUVELLE GEOGRAPHIE  Le contexte américain se prêtait à un renouvellement de l’approche géographique et spatiale. D’un côté, la poussée urbaine observée aux Etats Unis au début du XXè siècle donne l’occasion aux sociologues et à quelques géographes d’initier une réflexion sur le fonctionnement de la ville.  De l’autre côté, l’aptitude à théoriser des philosophes, économistes et géographes allemands donne lieu à un courant de pensée et de réflexion sur les localisations et l’analyse de l’espace.  -EZA PARK fondateur de l’Ecole de Chicago  -Les modèles de BURGESS, HOYT, HARRIS et HULLMAN  -Les modèles économiques appliquées à l’espace   IV.ESPACE ECOLOGIQUE VERSUS ESPACE GEOGRAPHIQUE   La production de l’espace est un processus continu tout au long de l’histoire humaine. Autrefois, l’homme était face à face avec la nature. Comme tous les primates dont il est issu, l’homme a vécu d’abord comme un être écologique. Progressivement, il a appris à dompter la nature, à adapter la nature à son usage exclusif. Les deux créations : celle de l’homme et celle de son espace sont parallèles et inter-dépendants. La vie a surgi dans les océans il y a 3,8 milliards d’années et sur terre voici maintenant 350 millions d’années. Il y a 7 millions
 
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d’années, deux primates, Toumaï au Tchad, Orrorin au Kenya apparaissent comme les ancêtres connus les plus lointains à ce jour de ce qui constituera plus tard, l’espèce humaine. Suivront plus tard selon la loi de l’évolution, d’autres espèces de primates, l’australopithèque ( 2 millions d’années pus tard), l’Homo habilis et l’homo rolfensis (3 millions d’années plus tard ), l’Homo ergaster ( 1,5 millions d’années plus tard),l’Homo erectus ( 1million d’années plus tard), l’Homo sapiens et l’Homo heiderlbergensis (100 mile ans plus tard). Une branche de l’homo sapiens évolue vers le Néandertalis. L’Homo sapiens sapiens, l’Homme moderne il y a 160 000 avant J.C.Le cerveau a connu des évolutions au cours des ages ; celui-ci est beaucoup plus sophistiqué que celui des autres primates. Il est un être sociable, vivant en communauté, organisée en tribus plus vastes ; feu, vêtements, armes, communications, langues, rites, histoires sont quelques éléments d’une culture naissante. Après une longue errance, ponctuée par une vie de cueillette, de chasse et de pêche, l’homme se stabilise un peu dans des huttes sophistiquées qu’ils construisent pour protéger sa famille des intempéries et des aléas de la vie sauvage.  Partie de quelques foyers isolés, l’humanité s’est, au cours des millénaires, répandue à la surface de la terre .Dans le même mouvement, « l’espace écologique » reculait devant «l’espace géographique.»    V. ESPACE GEOGRAPHIQUE, UNE CONSTRUCTION DE L’HISTOIRE, DE LA   CULTURE  La création de l’espace géographique commence au Néolithique quand l’Homme expulse les autres êtres vivants d’un espace écologique pour y installer ses cultures, ses troupeaux, ses champs, son systèmes de peuplement ( habitations) et un système de relations physiques (pistes et sentiers pour ses besoins de relations ( mariages , visites , trocs, commerce…). Ce modèle spatial historique fut, en gros, l’environnement des civilisations agricoles. L’espace industriel et urbain actuel de la société moderne est un produit de la volonté de construction d’un espace géographique nouveau avec des moyens d’action mis en oeuvre par la technologie scientifique.  Aujourd’hui, l’homme est préoccupé par son futur proche et lointain, celui de ses enfants et petits enfants ; il s’efforce de construire un espace géographique qu’il croit à même de répondre aux aspirations des générations futures.  Cette succession dans le temps des modes de production de l’espace reflète les grandes phases de la construction de la thématique de l’histoire de la géographie.  L’Homme est un « animal » agressivement territorial car c’est toujours à l’intérieur de limites précises qu’il réalise son projet d’organisation de l’espace. (Droit foncier) ; la raison ? L’homme est génétiquement codé comme un être social et territorial. Comme les animaux l’homme a la capacité de se reproduire. A la différence des animaux, l’homme a des potentialités lui permettant de créer, d’innover, de prévoir. « ’Homme est un créateur de finalités ». (Henri Laborit).  Ainsi, finalement, la société naît, fruit de la convergence des projets individuels ou de groupes. ; Puis la culture, fondement de toute société, se constitue et soude la communauté autour de valeurs partagées. Selon Jean Ladrière, la culture est l’ensemble des institutions
 
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considérées à la fois dans leur aspect fonctionnel et dans leur aspect normatif, en lesquelles s’exprime une certaine totalité sociale et qui représentent pour les individus appartenant à cette totalité, le cadre obligatoire qui façonne leur personnalité, leur prescrit leurs possibilités et trace en quelque sorte à l’avance le schéma de vie dans lequel leur existence concrète pourra s’insérer ».  La culture propose aux hommes une forme et un sens à donner à leur vie en commun. ; Elle règle leurs rapports entre eux et avec le monde extérieur. Une des fonctions de la culture est d’organiser un milieu socio-spatial propre aux hommes et où ils puissent s’épanouir. Elle évolue, se transforme, s’enrichit au cours des siècles, de toute l’expérience humaine acquise au contact de la réalité, de toute l’ingéniosité déployée pour répondre aux défis que lance l’environnement diversifié de la planète. »  L’espace géographique est un produit social : c’est là une évidence. L’observation des faits révèle un parallélisme entre le fait spatial et le fait social. La géographie se propose de saisir non pas le fait spatial en soi, mais ses rapports qui l’identifient et l’expliquent ; c’est pourquoi elle recherche les régularités entre l’espace et la société. L’historien BRAUDEL F. cité par un éminent géographe, le Professeur HILDEBERT ISNARD de l’université de Nice, écrit « la géographie me semble l’étude de la société, ou, pour aller jusqu’au bout de ma pensée, l’étude de la société par l’espace.»  En fait la société et l’espace sont un couple au centre des préoccupations des géographes comme des historiens (société et Etats ou territoires.)   VI. LA SCIENCE GEOGRAPHIQUE POUR QUOI FAIRE ?  La science géographique suscite souvent des questionnements assez curieux sur ses finalités ; on peut y répondre pour affirmer son rôle dans la société, consistant en :  1. La transmission des connaissances géographiques destinées à mieux faire comprendre le  monde où nous vivons  2. L’application d’un savoir-faire qui trouve à s’employer dans l’aménagement du territoire  3. L’invitation au voyage  4. La lutte des sociétés humaines pour dominer les milieux inhospitaliers : régions polaires,  régions désertiques, montagnes  5. Le souci de l’environnement  6. L’appel à la naissance de nouvelles régions et de nouvelles nations et la délimitation de  leurs territoires       
 
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VII. OBJET DE LA GEOGRAPHIE : LE TEMPS, LE POUVOI R ET LA  TERRITORIALITE  Cette thématique vient d’illustrer le renouvellement de l’épistémologie de la géographie ; elle montre aussi comment la géographie est capable d’emprunter des concepts à d’autres disciplines pour les mettre au service d’une approche originale de l’objet géographique Pouvoir, autorité, domination ou influence sont des catégories définies par Max Weber ; ils varient en fonction des doctrines et de ceux qui les exercent ou le subissent, mais aussi et surtout en fonction de la distance, de l’étendue, et des significations que les groupes humains attachent à l’espace. Cette réflexion générale est nécessaire pour éclairer à grands traits des relations de pouvoir dans les sociétés archaïques, dans les civilisations historiques et dans les sociétés modernes ( ).  Ce faisant, nous nous intéressons seulement à la partie de la géographie politique touchant à l’architecture spatiale des sociétés et pour saisir les jeux asymétriques liés à la gestion du pouvoir.  La vie sociale est inscrite dans l’espace et dans le temps. Elle est faite d’actions sur le milieu et d’interrelations entre les hommes. Pouvoir quelque chose, c’est être en mesure de le réaliser.  Pouvoir, c’est aussi être en mesure de faire faire les choses par les autres ; c’est ainsi que le pouvoir devient dissymétrie et déséquilibre.  On distingue plusieurs niveaux :  - le pouvoir pur : exécution des ordres sans défaillance - le pouvoir légitime : les sujets acceptent la situation comme allant de soi  1. le pouvoir pur et l’espace  La relation de pouvoir pur est sans doute la forme la plus simple d’exercice du pouvoir. La dissymétrie est totale ; les ordres donnés par le despote doivent être respectées sans défaillance. L’exercice du pouvoir pur suppose une organisation particulière de l’espace. La division de l’espace en aires d’observation et de surveillance est un procédé classique. L’exercice du pouvoir pur implique des coûts considérables : articulation de l’espace en aires continue, organisation de leur surveillance, mise en place de contrôle aux limites des circonscriptions, décompte des assujettis, paiement de l’impôt et des taxes, service militaire obligatoire, obéissance à un code général de relations publiques et privées…., nécessité de transfert incessant d’informations et de renseignements vers le haut, d’ordres et d’injonctions vers la base, la population. En cas de délégation de pouvoir, le détenteur du pouvoir (roi ou empereur) n’est jamais sûr de la fidélité sans faille des intermédiaires : ceux–ci ont intérêt à développer un pouvoir personnel aux dépens de celui du roi. L’absolutisme trouve –là une limite à la fois économique et spatiale. D’où le recours à l’espionnage et contre-espionnage. Le coût des opérations est accru sans garantie de succès. L’efficacité du système diminue avec la distance géographique du siège central. Le système s’alourdit et s’affaiblit en même temps.  2. L’autorité  Dans ce schéma, le détenteur du pouvoir tire celui-ci d’un large assentiment populaire, une sorte d’adhésion des consciences. Le maître apparaît alors comme le détenteur d’une autorité légitime. Il ne lui est plus nécessaire de tout contrôler. Chacun reçoit les ordres et les exécute sans besoin de contrôle individuel et collectif. Les réseaux de renseignement et de contre
 
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