Essai de construction d une auto-psychologie objective - article ; n°1 ; vol.57, pg 77-90
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Essai de construction d'une auto-psychologie objective - article ; n°1 ; vol.57, pg 77-90

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Description

L'année psychologique - Année 1957 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 77-90
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

E. Augier
Essai de construction d'une auto-psychologie objective
In: L'année psychologique. 1957 vol. 57, n°1. pp. 77-90.
Citer ce document / Cite this document :
Augier E. Essai de construction d'une auto-psychologie objective. In: L'année psychologique. 1957 vol. 57, n°1. pp. 77-90.
doi : 10.3406/psy.1957.26580
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1957_num_57_1_26580ESSAI DE CONSTRUCTION
D'UNE AUTO-PSYCHOLOGIE OBJECTIVE
par Emile Augier
1. Le monde extérieur d'après Stuart Mill
Essayons de revoir un point particulier de la construction de la
Science objective.
C'est Stuart Mill, je crois bien, qui a, le premier, éclairé ce point.
Dans Examen de la philosophie de Sir W . Hamilton (chapitre du « Monde
extérieur »), ce logicien a constaté que chacun de nous trouvait en lui
des possibilités permanentes de certaines représentations, a cherché
dans un but de commodité et d'économie à les rappeler en bloc et les a
désignées, dans le langage qu'il employait pour communiquer avec ses
camarades, par le mot de Monde extérieur. En même temps, en groupant
entre elles les représentations partielles, il en a fait les objets.
Un nombre plus ou moins important de ces camarades qui font
bien entendu eux-mêmes partie du monde extérieur au sujet, retrou
vant d'ailleurs en eux, les représentations correspondantes, reçues
souvent simultanément, le mot, le nom de l'objet étaient ainsi reconnus
et la vie sociale en était facilitée.
Cette communauté des simultanées ne doit pas être
prise comme une condition indispensable de la création du mot dési
gnant l'objet. Nous verrons que, en psychologie, elle manquera.
Remarquons que les représentations dont il s'agit (sensations,
impressions, souvenirs) appartiennent, dans le cas qui nous occupe, à
des catégories que nous appelons externes. Les objets sont signalés, en
effet, par les impressions visuelles, tactiles, auditives, etc. Elles font
donc intervenir, au moins à leur naissance, les organes sensoriels externes.
Mais cette particularité, on le voit, ressort du domaine de la physiologie
et un homme primitif pourrait ne pas la connaître.
En fait, donc, la science objective, celle du monde extérieur, a comme
première base, des impressions personnelles donc internes.
Cette remarque pourra être utilisée lorsque nous examinerons les
bases de la science psychologique. Peut-être alors serons-nous moins
étonnés quand, partant encore d'impressions internes, nous chercherons
à prendre une attitude objective. 78 NOTES
2. L'ordre temporel des impressions
Remarquons ici que ce monde extérieur que nous construisons
avec nos impressions personnelles, se révèle très complexe et, en même
temps, très précis dans ses détails.
Ces détails sont dispersés tout en se reliant entre eux par les rappro
chements que nous trouvons dans les impressions elles-mêmes. Et
c'est ainsi que se forment les relations d'espace.
Mais en même temps, ou plutôt avant tout, ils s'échelonnent de
façon précise au cours de leurs apparitions, dans des relations de temps,
dans des successions nettes, dans un ordre temporel bien déterminé.
Ce sont ces constatations temporelles qui nous mènent, en science
objective, à construire le déterminisme, c'est-à-dire à donner à l'ordre
temporel ainsi apparu, une permanence analogue à celle de la figure
spatiale des objets.
Le monde extérieur ainsi créé conventionnellement par nous et
capable d'être utilisé dans nos communications avec nos camarades,
es,t donc d'une utilité évidente et constante. Celle-ci est telle que son
origine disparaît et que nous disons que le monde et les objets existent.
3. Le domaine de la psychologie
La mise en commun de très nombreuses impressions avec nos cama
rades ayant facilité la vie sociale, il est évident que nous chercherons
à augmenter cette science commune.
Mais si nous voulons utiliser d'autres impressions que celles que
nous avons été amenés à qualifier d'externes, des difficultés apparaissent.
Dans nos actions plus personnelles nous utilisons souvent certains
souvenirs d'actions précédentes, mais si essayons de les confronter
avec des souvenirs analogues chez les autres, il y a impossibilité d'une
correspondance précise.
Nous pouvons bien rappeler, en gros, les dites actions chez les autres,
mais non tous les détails que nous avons ressentis. La correspondance
ni simultanée, ni non simultanée est ici difficile à établir et ainsi l'accord
sur les mots qui servirait à les désigner ne peut s'établir comme lorsqu'il
s'agissait d'impressions visuelles ou auditives.
On peut rechercher un accord dans la description générale de l'action
en s'aidant des impressions externes qui s'y introduisent, par exemple,
au début ou à la fin.
Par exemple, il s'agira de la rencontre de camarades nouveaux et
des incidents divers qui, au cours de cette rencontre, ont conduit le
sujet qui parle à abandonner les nouveaux. Celui qui raconte cherche à
exprimer et à rendre les impressions nombreuses qui ont conduit à
l'abandon.
C'est la recherche des termes qui rendent le mieux compte des
impressions éprouvées par le sujet qui constitue les premiers essais de
psychologie. augier. construction d'une auto-psychologie objective 79 é.
4. Les imprécisions des concepts Je et Moi
On voudrait continuer dans le récit des actions complexes l'accord
précis qui pouvait être pratiqué lorsque des objets jouent un rôle
important et presque continu.
Ici, il faut suppléer à ce manque d'objets et d'impressions externes.
Tant que l'acte reste court et simple, la description peut être total
ement comprise par 1' auditeur. Si l'acte est complexe, la recherche
des détails peut amener des désaccords sur les impressions interméd
iaires.
Un langage se construit bien pour exprimer ces parties mais il est
bien moins précis que celui de la science objective.
En particulier le déterminisme détaillé auquel on avait pu arriver
ne vient plus réunir les petits éléments de la description.
Car, dans l'absence de correspondance par l'extérieur, on n'a pas pu
préciser ces petits éléments et leur donner des noms acceptés par l'autre.
L'ordre temporel de ces petits éléments n'est pas non plus précis
et accepté.
Les relations de cause ne se voient plus aussi bien. Et pour les remp
lacer, pour cimenter ces éléments et garder une apparence de causalité,
on introduit des concepts plus larges qui rassemblent suffisamment
d'impressions connues pour être acceptées dans un langage qui, de ce
fait, restera imprécis.
Ce sont ceux que représentent les mots Je ou Moi ou encore Y Ame.
Les deux premiers sont employés dans la science objective, mais ils y
représentent les corps matériels des personnes. Ici cette acception n'a
pas sa raison d'être. Toutefois, par la fréquence de leur emploi à des
titres divers, on les admet, probablement parce qu'on s'est trouvé impuis
sant à préciser.
Parmi leurs insuffisances, citons celle de pouvoir leur assigner une
place dans le temps lorsqu'il s'agit de décrire une action. Par suite la
notion de causalité qu'ils sont censé justifier prend une forme très vague
tout à fait différente de celle que lui donne la science objective. Ainsi
dans l'action prise en exemple ci-dessus, s'exprimer en disant : j'ai
peur, je regrette, je hais, etc., risque d'éveiller chez l'auditeur, des
impressions élémentaires assez différentes de celles que le sujet racontant
a éprouvé.
5. Insuffisance temporelle. Binet. Le mystère
Dans tous les cas, il est certain que les expressions ci-dessus renfe
rment chacune un état d'une durée assez grande pour que plusieurs
impressions, parfois un grand nombre, puissent s'y succéder.
De ces impressions élémentaires, le langage de ce psychologue ne
dit rien, ne peut rien dire.
On s'est aperçu parfois de cette insuffisance. En particulier Binet
dans les préfaces des Années psychologues de 1910 et 1911 s'est plaint 80 NOTES
que la psychologie soit restée obscure quant aux détails échelonnés
dans le temps, se contente de globalités et il réclame des événements
et non des états.
Bien d'autres Psyc

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