Etudes algiques - article ; n°1 ; vol.4, pg 8-54
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1902 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 8-54
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Comte Charencey
Etudes algiques
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 4 n°1, 1902. pp. 8-54.
Citer ce document / Cite this document :
Charencey . Etudes algiques. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 4 n°1, 1902. pp. 8-54.
doi : 10.3406/jsa.1902.3379
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1902_num_4_1_3379ETUDES ALGIQUES
Membre LE COMTE de la Société H. des DE Américanistes CHARENCEY de Paris
I. LES VERBES ÊTRE ET A VOIR DANS LES LANGUES ALGIQUES
Duponceau s'élève contre la manière de voir de certains
philologues, lesquels croyaient retrouver dans les dialectes
Canadiens, l'équivalent de notre verbe substantif. Il cite à ce
propos, les passages suivants de la Bible traduite en langue
Massachussetpar le R. Elliot, Nin nutiinin, nin nutinin; « Ego
sum qui sum » (Genèse) et Nin neyané kenaau, « Ego sum
sicut vos » (Epître de St. Paul aux Galates). Les missionnaires
les plus experts, consultés sur la fidélité de cette traduction,
rendirent une réponse négative. A leur avis, la première
phrase en question ne voulait dire littéralement que « Je fais,
je fais; moi je fais, je fais ». Quant à la seconde, ils la ren
daient par « Nous nous ressemblons, je vous ressemble ».
Ces prédicateurs de l'évangile reconnurent d'ailleurs leur
impuissance à reproduire exactement les textes précités dans
la langue des Indiens , le verbe substantif n'y existant pas
sous une forme propre et spéciale *.
1. E. Duponceau, Mémoire sur le système grammatical de quelques nations de l'Amé
rique du Nord; chap, xvi, pp. 195 et 196 (Paris, 1838). ALGIQUES .■ Л9 ÉTUDES
■ Nous ne nions pas qu'aujourd'hui, les choses ne se passent
un peu autrement. Rien d'étonnant à ce que le contact avec
les blancs ait porté la race indigène à se forger quelque chose
qui ressemble fort à un verbe substantif. Le savant abbé Guoq
admet parfaitement l'existence de ce dernier en langue Algon-
kine. Tout ce que nous pensons pouvoir affirmer, c'est qu'elle
ne remonte pas très haut et que bien des vestiges subsistent
.encore du sens plus concret qui lui était jadis attribué.
Le docte Américaniste nous donne les formes singulière
Te et plurielle Tewak comme répondant à « II est, il existe;
ils sont, ils existent » . Elles se retrouvent d'ailleurs aux diffé
rents temps et modes verbaux, mais avec les suffixes et pré
fixes ordinaires, ainsi qu'avec les modifications voyellaires
inhérentes au subjonctif ou mieux au votif; exemple : Teban,
« Erat » ; Tebanek, « Erant »; Taiân; « si je suis »; Taig « si
vous êtes ». L'exemple de leur emploi se rencontrera dans des
phrases telles que les suivantes : Tewak ina cicibak ; « Y a-t-il
des canards », de Cicib, « Anas » et Ina, « An, nùm ? » — kakik
teban, kakik gaie kata te; « II a toujours été et il sera tou
jours ». Cf. kakik, « semper » et gaie, « Etiam, quoque ». Sout-
vent, ce verbe se présente sous une forme Ta, peut-être plus
archaïque et qui, en tout cas, ne semble qu'un doublet de la
précédente; exemple : Ningi ta; « J'ai existé »; Nin ga kita;
« J'aurai été » ; Nin da ta; « J'existerais » ; Nin ga ki ta;
<r existé, » et Nin ga ta Moniang; « Je serai à Mont
réal », sans doute, comme synonyme de « je me trouverai
à »
Ces deux formes donnent, l'une et l'autre d'ailleurs, nais
sance à des dérivés. Citons, d'une part, Tasi, « Rester,
demeurer, séjourner »; exemple : kakinwenj ki ki tasi; » Tu
n'y es pas resté longtemps », of: ka, « non » ; kinwenj ou
Tome IV. — N« 1 2 '
SOCIETE DES AMÉRICANISTES DE PARIS 10
kinowenj, « diû » ; ki « Tu » et « signe du parfait ». — Tanaki;
« Etre sur terre, résider, habiter », de Aki, « Terre, sol ». —
Tanisi, « II a demeuré, résidé ». — Tanwewe ; « Etre étendu,
faisant du bruit quelque part » . — Tanenim, « Crois le pré
sent, figure-toi qu'il y est » .
C'est, d'autre part, la racine Tesi, doublet de Tasi, que nous
rencontrerons dans la phrase kawin awiia tesi; « II n'y a per
sonne », litt. « Nullus moratur, de kawin awiia, « Nemo »,
formé lui-même de kah ou ka, « non » et Awiia « quelqu'un »,
dérivé de win; « Ille, ilia * ».
Enfin, Te nous donnera encore au moyen de la préfixe a
«Ad, versus » Ate. Ce dernier répond assez exactement à
nos expressions « y avoir, se trouver », au latin Adesse;
exemple : Aten pepejik; « II y en a quelques-uns », litt. « Ils
sont un à un » de Pepejik, « Un à un, quelques-uns, chacun
un », redoublement de Pejik, « Unus » — Ate masinaigan,
« Le livre y est », de Masinaigan, « Livre, écrit » — Ateban,
« Aderat » — Atek ni masinaigan; « Si mon livre y est, apporte-
le. Avec la transformation normale du a initial en e, nous
obtenons l'impersonnel Etek ; « II y a. »
Du reste, comme le fait observer le même auteur, le verbe
Te ou Ta est fort irrégulier dans sa conjugaison. Les pre
mières et secondes personnes de l'indicatif lui sont fournies
par un verbe dérivé Inda. Donnons d'après lui le paradigme
du présent et de l'imparfait, ou mieux du passé défini 2 :
PRÉSENT IMPARFAIT
Nindinda, « sum ». Nind indaban, « eram, fui ».
1. J.-A. Guoq, Lexique de la langue Algonquine ; articles Ta et Te; (Montréal, 1886).
2. Ahbé Cuoq, Grammaire de la langue Algonquine, dans les Mémoires de la Société
royale de Canada (Années 1891 et 1892). ÉTUDES ALGIQUES 11
Kit inda, « es ». Kitindaban, « eras, fueras ».
Te, « est ». Teban , <l erat » .
Nind indamin, « sumus » nos Nind indananaban , « era -
tantùm. mus », nos tantùm.
Kit indamin, « sumus », nos Kit indananaban, «eramus»,
et vos. nos et vos.
Kit indam, « estis ». Kit indanawaban, « eratis ».
Tewàk, <t sunt ». Tebanek, « erant ».
Il ne faut point oublier que ce verbe Inda est lui-même
composé de In, synonyme de Iji, « Sic, eo modo », et du Ta, te
déjà étudié. Seulement, le t s'est transformé en d à cause du л
qui le précède. C'est ainsi que le grec moderne prononce Ton
davron, « Le taureau », etVizandios, « Byzantin », alors qu'il
écrit tov TocOpov, puÇavcioç. Somme toute, l'oreille sauvage ne se
montre pas moins exigeante que l'oreille hellénique.
Inda peut donc se traduire littéralement par « Etre de la
sorte, se trouver de telle ou telle façon ».
Il serait, en tout cas, assez difficile d'admettre que si a Ta
Te avait eu, à l'origine, le sens abstrait de notre verbe « Etre »,
on se fut avisé de lui substituer, même à la plupart des per
sonnes de l'indicatif présent, un dérivé a sens beaucoup
plus concret. Nous citera-t-on l'exemple de l'Italien qui fait
parfois du latin Stare, un véritable succédané de Esse, par
exemple dans la formule E stato felice? Mais l'emploi de ce
participe est restreint au passé et à des temps composés, où
il s'explique moins malaisément.
Et puis, remarquons bien qu'aujourd'hui même Ta ou Te
semble avoir en langage indien une valeur plus flottante que
notre verbe « Etre » , puisqu'il sert également à rendre l'idée
ď « Exister » . Ш SOCIÉTÉ DÉS AMÉFUCAMSTEŠ DE PARIS
«Enfin, qu'on ne l'oublie pas, le lexique Algonkin
fournit un autre verbe Ta avec la valeur spéciale de « Faire »»
Nous serions bien tentés de l'identifier avec Ta, « Esse ». Ce.
sens de «Facere, ageré » serait primordial et la phrase déjà
citée Nin ga ta Moniang se devrait rendre littéralement par
« Agam in Montreale ». Rien d'étonnant à ce que la langue
dé misérables sauvages soit restée longtemps dépourvue d'un^
verbe substantif véritable. C'est plutôt le contraire qui devraii
surprendre. Rappelons à ce propos, le Turk qui aujourd'hui
encore dit dour, dyr, « Facie

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