Études cliniques sur l aliénation mentale - article ; n°1 ; vol.11, pg 531-572
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Études cliniques sur l'aliénation mentale - article ; n°1 ; vol.11, pg 531-572

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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 531-572
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Th. Simon
Études cliniques sur l'aliénation mentale
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 531-572.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Th. Études cliniques sur l'aliénation mentale. In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 531-572.
doi : 10.3406/psy.1904.3689
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3689XII
RÉSUMÉ CLINIQUE D'ALIÉNATION MENTALE
{Suite) ■
VÉSANIQUES
La première partie de ce travail a paru dans l'année précédente,
Je n'y avais passé en revue que deux groupes seulement d'aliénés,
les paralytiques généraux et quelques alcooliques. Je rappelle en
quelques mots les traits cliniques qui les caractérisent*
Encéphalo-myélite diffuse, à marche progressive, s'échelonnant
sur plusieurs années, la paralysie générale se traduit cliniquement
par un affaiblissement global des facultés intellectuelles et des trou
bles moteurs dont l'embarras de la parole est le plus caracté
ristique, intellectuel et troubles moteurs soumis à
la même évolution que les lésions correspondantes. — Poison qui
par son action chaque jour répétée modifie lentement tous les
tissus de l'organisme, l'alcool, après cette plus ou moins longue
imprégnation préparatoire, provoque, à l'occasion d'excès plus
grands, ou par le concours d'actions infectieuses ou autres, des acci
dents oniriques hallucinatoires, pénibles et mobiles, et une agita
tion musculaire dont le tremblement des mains est la manifestat
ion la plus constante, phénomènes bruyants éphémères de quelques
jours à peine de durée si l'on supprime la cause qui les a fait
naître.
En relation ainsi, l'une avec des lésions profondes du système
nerveux, l'autre avec une intoxication d'un dosage déjà élevé, ces
deux affections, paralysie générale et alcoolisme, commandent à des
symptômes assez étroitement dépendants de la cause pathogène ou
des altérations anatomiques pour qu'ils se représentent les mêmes
dans leurs caractères essentiels quel que soit l'individu sur lequel
ils se développent.
Au contraire, en ce qui concerne le groupe des vésaniques,
malgré le nombre des recherches, aucune lésion explicative de
leurs troubles n'a pu encore être décelée, aucun agent causal
déterminé n'a pu être découvert dont l'intervention paraisse
entraîner nécessairement à sa suite une classe quelconque des
accidents qu'ils offrent. On peut déjà juger par là de la distance
qui sépare ces affections des premières que nous avons décrites. Il
ne s'agit plus d'entités morbides. Nous n'avons plus, pour essayer REVUES GENERALES 532
un classement que les seules notions cliniques. Elles permettent
cependant assez vite une première subdivision. Tantôt, en effet, on
se trouve en présence d'affections toujours semblables à elles-
mêmes, survenant chez des sujets qu'aucune originalité de caractère
n'a fait remarquer avant l'éclosion des troubles morbides actuels.
Ce sont 1° la manie ; 2° la mélancolie ; 3° la folie intermittente ; 4° le
Tantôt,' au contraire, délire à évolution systématique de Magnan.
on a l'impression, non pas d'avoir affaire à des maladies détermi
nées ni de marche définie, dont l'individu deviendrait la proie, mais
simplement à des réactions anormales aux divers accidents de la vie
de sujets toujours anormaux. Ici des tableaux morbides analogues
éclatent sous les influences les plus minimes et les plus variables
et qui sont aussi fréquemment au début d'accidents psychiques
opposés, si bien qu'il est difficile de voir dans celles-ci autre chose
que des causes occasionnelles d'ordre secondaire : gouttes d'eau qui
font déborder le vase, mais parce que déjà le liquide effleurait le
bord. La constatation de ce fait n'est pas cependant sans être ins
tructive : si 'n'importe quel poids culbute le trébuchet, c'est donc
que son équilibre n'était déjà point si stable. En fait, des antécédents
héréditaires paraissent bien se trouver à l'origine de toutes les
vésanies et commander la prédisposition nécessaire à leur éclosion;
mais les tares constitutionnelles dont sont marqués dès la naissance
les états de dégénérescence leur donnent une fragilité exception
nelle et imposent aux accidents qu'on y rencontre des caractères
particuliers.
I. — MANIAQUES
Une excitation intellectuelle extraordinairement diffuse, de la
loquacité, du mouvement, composent habituellement la manie à sa
période de plein développement.
Les idées éclatent en foule, vives et bruyantes comme les étincelles
d'un brasier de bois sec mais évanescentes aussi comme elles. Le
moindre heurt allume l'incendie. N'importe quel objet qui se pré
sente devant les yeux, n'importe quel mot qui frappe l'oreille, n'im
porte quelle impression qui parvienne à ce cerveau hyperesthésié,
est aussitôt recueilli, y réveille un intarissable flux d'images et fait
pétiller l'esprit; les conceptions les plus disparates se succèdent sans
intervalle, sans hésitation traduisant un effort quelconque.
Mais aussi bien une telle activité de pensée ne peut rester con
tenue. Il faut naturellement qu'elle déborde. Et c'est une exubé
rance mimique surprenante de vivacité, une logorrhée intarissable.
L'œil est brillant et mobile, la face colorée et sans cesse en mou
vement : clignements d'yeux expressifs, grimaces rapides du
visage. Mais même la parole est insuffisante : pour si grande que
soit sa volubilité, elle ne peut cependant exprimer tout ce qui
vient à l'esprit ainsi lâché et fouetté : le bavardage est heurté; les
phrases inachevées, celle qui suit surprenant la précédente avant — RÉSUMÉ CLINIQUE D'ALIÉNATION MENTALE 533 SIMON.
qu'elle soit terminée par des chevauchements continuels; discours
interminables par sous-entendus où ceux-ci tiennent plus de place
que les mots prononcés; et de là, pour l'interlocuteur qui n'est pas
au même diapason, une apparence de désordre très supérieure à
'incohérence réelle.
Le maniaque cependant n'est pas lui-même sans être victime de
cette vivacité excessive. La pensée souvent manque de profondeur,
e bouillonnement ne suit que des voies aisées et déjà tracées,
l'association est fréquemment toute verbale et d'assonance et non
d'après la nature intrinsèque des idées, et la perception elle-même
trop prompte provoque maintes illusions fugitives.
Mais le maniaque n'en est point juge. Il est tout à la joie de se
sentir plus spirituel qu'à l'ordinaire, plus riche de réparties; et de
ne plus avoir le pénible travail habituel de l'idéation, cela lui fait
illusion sur sa valeur; de là, parfois, quelques idées passagères de
satisfaction et de grandeur. Il ne voit pas que la réflexion inhibi-
trice ne joue point dans ces manifestations nouvelles le rôle auquel
il l'avait habituée. Car cette excitation lui est agréable.
Adieu donc toute retenue et toute timidité : tel qui d'habitude est
modéré dans ses allures et châtié dans ses expressions, étonne
maintenant par la franchise ou grossière ou obscène des opinions
qu'il énonce. Il va la tête haute, les mouvements impérieux; les
poses sont fières, imperatives, majestueuses; les gestes saccadés,
les pas précipités et sonores. On dirait qu'il leur faut du bruit : les
cris, les chants se succèdent sans relâche ni sourdine, tant qu'à la
fin la voix devient rauque; ils frappent des mains et des pieds;
c'est un désordre tumultueux. Il faut qu'ils touchent à tout :
celui-ci dénoue le tablier du médecin d'une brusque secousse,
celui-là s'empare en riant de sa calotte, un autre cherche toujours
à chiper quelque chose aux voisins comme pour le seul plaisir de
déranger. Sont-ils mis au lit, les oreillers, le traversin, les couvert
ures, volent d'un bout à l'autre de la salle; ils sortent brusquement
du lit, ils y remontent, ils y sautent, ils y déclament, ils le déplacent,
le soulèvent : jamais en repos, les cheve

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