Études sur l exercice dans le travail mental, spécialement dans le travail d addition - article ; n°1 ; vol.20, pg 97-125
30 pages
Français

Études sur l'exercice dans le travail mental, spécialement dans le travail d'addition - article ; n°1 ; vol.20, pg 97-125

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
30 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1913 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 97-125
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1913
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marcel Foucault
III. Études sur l'exercice dans le travail mental, spécialement
dans le travail d'addition
In: L'année psychologique. 1913 vol. 20. pp. 97-125.
Citer ce document / Cite this document :
Foucault Marcel. III. Études sur l'exercice dans le travail mental, spécialement dans le travail d'addition. In: L'année
psychologique. 1913 vol. 20. pp. 97-125.
doi : 10.3406/psy.1913.4321
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1913_num_20_1_4321Ill
ÉTUDES SUR L'EXERCICE
DANS LE TRAVAIL MENTAL,
SPÉCIALEMENT DANS LE TRAVAIL D'ADDITION
Par M. Foucault,
Professeur à l'Université de Montpellier.
L'ÉTUDE SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL MENTAL
ET LA NOTION D'ATTENTION
L'étude scientifique du travail mental est récente. Le pr
ogramme en a été tracé par Krapelîn en 1893, dans une
conférence faite à Heidelberg, qui a été publiée à cette époque
et plusieurs fois rééditée depuis sous le titre : Ueber geistige
Arbeit. A ce moment, la bibliographie de la question comprenait
trois ou quatre études expérimentales sur la fatigue causée par
le travail scolaire, un livre de Krâpelin sur l'influence exercée
par quelques médicaments sur des processus psychiques simp
les1, et la dissertation d'un élève de Krâpelin à l'Université
de Dorpat, Oehrn^La conférence de à Heidelberg a
été le point de départ d'un nombre assez considérable de
recherches : beaucoup sont publiées dans la collection qu'il a
fondée en 1894 sous le titre de Psychologische Arbeiten, dont le
sixième volume est en cours de publication.
Toutefois, les psychologues n'avaient pas attendu les der
nières années du xixe siècle pour traiter les problèmes relatifs
au travail mental. Mais ils les traitaient sous un autre nom, et,
ce qui est plus important, ils les traitaient dans un autre
1. Ueber die Beeinflussung einfacher ■psychischer Vorgänge durch einige
Arzneimittel (1892).
2. Experimentelle Studien zur Individualpsychologie. Publié comme
dissertation en 1889, réimprimé dans Psychologische Arbeiten, I, 92 (1894).
l'année psychologique, xx. 7 ,. MÉMOIRES ORIGINAUX 98
esprit. C'est sous le nom d'attention qu'ils parlaient du travail
mental, et le même nom indique la pensée qui les
guidait. Ayant remarqué que nous pouvons, dans une certaine
mesure au moins, diriger les forces de notre esprit sur une
opération mentale quelconque, par un effort qui dépend de
nous, par un effort volontaire, ils désignaient ce pouvoir sous
le nom d'attention : le mot ne signifie pas autre chose que
cette direction imprimée aux forces de l'esprit par l'esprit lui-
même. La notion d'attention appartient donc à la psychologie
des facultés, à la psychologie substantialiste. Cela ne veut pas
dire que l'attention est conçue comme une faculté spéciale,
mais plutôt elle est conçue en général comme une des formes,
comme un des modes d'application, d'une faculté particulièr
ement eminente, de la volonté. C'est ce qu'on voit très clairement
dans ce passage du Dictionnaire des Sciences Philosophiques :
« Elle est soumise à l'autorité supérieure du moi. Je la donne
ou la retire comme il me plaît, je la dirige tour à tour vers
plusieurs points, je la concentre sur chaque point aussi long
temps que ma volonté peut soutenir son effort1. » Autrement
dit, l'attention, c'est la volonté, c'est l'arbitraire de l'homme,
dans le domaine intellectuel.
Avec M. Ribot, dont la Psychologie de Vattention paraît en
1889, le point de vue est modifié d'une façon très sensible.
M. Ribot remarque « que l'attention volontaire, sous sa forme
stable, est un état difficile à conserver et que beaucoup n'y
parviennent pas » (p. 58). Elle n'est donc pas aussi volontaire
qu'on l'imaginait. Bien plus, il existe, selon M. Ribot, une
autre forme d'attention qui n'est pas volontaire du tout, qui se
produit sans notre volonté et même souvent malgré nos efforts
volontaires pour l'empêcher : c'est l'attention spontanée. Cette
attention spontanée, a négligée par la plupart des psychologues,
est la forme véritable, primitive, fondamentale, de l'attention.
La seconde (l'attention volontaire), seule étudiée par la plupart
des psychologues, n'est qu'une imitation, un résultat de l'édu
cation, du dressage, de l'entraînement. Précaire et vacillante
par nature, elle tire toute sa substance de l'attention spontanée,
en elle seule elle trouve un point d'appui. Elle n'est qu'un
appareil de perfectionnement et un produit de la civilisation. »
(P. 3.)
L'attention spontanée et l'attention volontaire consistent
1. Cité par Ribot, Psychologie de l'attention, p. 57. — SUR L'EXERCICE DANS LE TRAVAIL MENTAL 99 FOUCAULT.
l'une et l'autre, selon M. Ribot, dans un monoïdéisme intellec
tuel. Tandis que l'état normal, c'est la pluralité des états
intellectuels simultanés, ou le polyïdéisme, « l'attention est
l'arrêt momentané de ce défilé perpétuel, au profit d'un seul
état w (p. 6). Ce monoïdéisme est d'ailleurs simplement relatif ,
il ne consiste pas, sauf quelques cas très rares d'extase, en ce
que la conscience serait réduite à un état unique qui la remplir
ait tout entière, le mécanisme de l'association étant arrêté :
dans l'attention, c'est une idée maîtresse qui attire tout ce qui
se rapporte à elle et rien d'autre, « ne permettant aux associa
tions de se produire que dans des limites très étroites et à
condition qu'elles convergent vers un même point. Elle draine
à son profit, du moins dans la mesure du possible, toute
l'activité intellectuelle. » (P. 6.)
Et les idées qui jouent ainsi le rôle d'idées maîtresses, celles
au bénéfice de qui se réalise le monoïdéisme, sont les idées qui
se rapportent à quelque sentiment, les idées intéressantes.
« Nous n'avons trouvé, dit M. Ribot, à la racine de l'attention,
que des états affectifs, des tendances attractives ou répulsives.
Sous la forme spontanée, il n'y a pas d'autres causes, sous la
forme volontaire, de même; mais les sentiments sont de nature
plus complexe, de formation tardive, dérivés par l'expérience
des tendances primitives. » (P. 56.)
Quant au mécanisme par lequel l'attention se réalise, il est
toujours le même, il est d'ordre moteur. Toutes nos idées sont
liées à des mouvements, qui font partie de leurs conditions
d'existence. Ces mouvements sont sous la dépendance des états
affectifs, et, par cet intermédiaire, le sentiment produit l'unité
mentale qui constitue l'attention.
Il y a certes une grande différence entre cette théorie de
l'attention et la théorie extrêmement simple qui voit dans une manifestation directe de la volonté. Regardons-y
de près cependant. La différence apparaît tout d'abord dans la
substitution des sentiments, ou de la vie affective, à la volonté :
au lieu d'une puissance unique, nous avons une pluralité de
puissances, dont tantôt l'une, tantôt l'autre, gouverne l'activité
intellectuelle . Une autre différence non moins importante
concerne le mécanisme moteur que M. Ribot interpose entre
l'idée qui sert d'objet à l'attention et le sentiment ou la volonté
d'où provient la direction de l'attention. Mais ces deux modific
ations, si grande qu'en soit la portée, ne suffisent pas à
éliminer complètement la conception fausse de la psychologie 100 MÉMOIRES ORIGINAUX
éclectique, la conception de faculté. L'attention est toujours
considérée comme un pouvoir mental de produire une opéra
tion déterminée, de réaliser le monoïdéisme : que ce pouvoir
appartienne à la volonté ou aux sentiments, qu'il s'exerce
directement ou par l'intermédiaire d'un mécanisme musculaire,
la conception générale demeure celle d'une puissance product
ive, d'une faculté.
Et cette conception persiste dans la psychologie contempor
aine; voici comment s'exprime l'auteur d'un travail récent :


  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents