Femmes libres de Kigali. - article ; n°65 ; vol.17, pg 95-120
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1977 - Volume 17 - Numéro 65 - Pages 95-120
M. Vandersypen—~~'Free Women' in Kigali.~~ 'Free women' are self-supporting single girls deriving their income, partly or totally, from the provision of company and sexual services. They can be divided into four categories, according to their haunts, the type of patrons the)' have, their age and social origin, etc. They are generally unpopular with other Rwanda women who feel threatened by their activities, and with the State authorities who try to curb or repress this kind of prostitution. On the whole, they tend to be more outward-looking and modern-oriented than the rest of the female population.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Marijke Vandersypen
Femmes libres de Kigali.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 17 N°65. 1977. pp. 95-120.
Abstract
M. Vandersypen—'Free Women' in Kigali. 'Free women' are self-supporting single girls deriving their income, partly or totally,
from the provision of company and sexual services. They can be divided into four categories, according to their haunts, the type
of patrons the)' have, their age and social origin, etc. They are generally unpopular with other Rwanda women who feel
threatened by their activities, and with the State authorities who try to curb or repress this kind of prostitution. On the whole, they
tend to be more outward-looking and modern-oriented than the rest of the female population.
Citer ce document / Cite this document :
Vandersypen Marijke. Femmes libres de Kigali. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 17 N°65. 1977. pp. 95-120.
doi : 10.3406/cea.1977.2495
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1977_num_17_65_2495VANDERSYPEN MARIJKE
Femmes libres de Kigali*
Les bars sont extraordinairement florissants Kigali pars sur les
grandes avenues et dans le quartier Kiyovu ils sont très nombreux dans
le quartier commercial Nyamirambo et dans les zones non officielles
Ils sont pour la plupart image du milieu dans lequel ils se trouvent
Quelques cas font exception au camp swahili par exemple le propriétaire
un immense bar réussi en faire un endroit distingué Beaucoup de
clients arrivent en voiture
Les quelques dizaines Européens qui fréquentent les boîtes de nuit
Kigali vous parleront de ces jolies petites putains du bar Kiyovu1 qui
part leur charme savent entretenir agréablement avec leurs clients
est là que arrête généralement idée ils ont des femmes libres
En réalité les niies fréquentant ces cafés de standing ne sont une
minorité parmi celles qui sont considérées comme libres Et celles qui
jouissent un succès sont des élues admirées et jalousées par le com
mun des femmes libres Au-dessous elles se situe toute la masse des filles
dont le centre intérêt et action est également le bar celles qui vont
un bistrot autre pour attendre un avion ** est-à-dire un client
gutega indege celles qui sont engagées pour servir dans un lieu denni
Je les appellerai filles des petits bars bien que leur situation varie
évidemment selon la réputation de endroit où elles réussissent Mais la
liste des femmes libres ne achève pas là Il encore les salariées qui
profitent de leur travail pour faire connaissance avec des hommes
valables riches Et finalement il la présence plus discrète des
femmes opérant partir de leur maison tenant parfois un petit commerce
mais qui toujours essaient de créer une intimité pour les amis et les
connaissances
Les données de cet article ont pu être rassemblées grâce la collaboration de
Institut national de recherche scientifique Butare Rwanda enquête est
déroulée de 1972 1974 dans le cadre une étude du développement urbain au
Rwanda
Hôtel-restaurant situé dans le quartier Kiyovu et dont le bar est réputé pour
les jolies filles qui le fréquentent
** Marijke Vandersypen flamande exprime en un fran ais qui conserve les
belgicismes et les rwandicismes les plus courants Nous avons pas voulu les
sacrifier N.d.l.R.
Cahiers tudes africaines 65 XVII é) pp 95-720 VANDERSYPEN MARIJKE
Les filies des petits bars
Pour la plupart ces femmes sans doute les plus familières au
Rwandais moyen entassent dans les quartiers de Kigali où les cafés
abondent Certaines entre elles louent un taudis comprenant deux
petites pièces un prix variant entre 500 et 200 rwandais par mois
Certaines partagent leur logement avec une ou plusieurs amies Quelques-
unes vont une copine autre au moment où elles se disputent
Il avait Nyamirambo une baraque de trois pièces hébergeant une
dizaine de filles toutes jeunes et les bébés manquaient pas
En général les maisons elles occupent sont humides malpropres et
négligées Même les quelques filles dont les demeures sont moins misé
rables attachent pas grande importance leur vie se joae autour des
bars et sur les petites cours devant les logements Le mouvement un
asile autre dans un même quartier est constant Il est pas rare une
fille arrive jamais payer le loyer et déménage chaque mois ou tous les
deux mois après de vives disputes avec le propriétaire De ce point de vue
les filles engagées dans un bistrot ont un avantage ou bien elles sont
logées par le propriétaire ou bien elles re oivent une somme fixe la fin
du mois qui leur permet de payer un logement plus ou moins convenable
Les enfants ne manquent pas dans ces logis bien que les naissances
soient beaucoup moins rapprochées chez elles que chez les citadines de
meilleure réputation Ce fait serait dû aux maladies vénériennes Voici ce
en dit Mane 28 ans hutu divorcée femme libre salariée ayant des
copines dans tous les milieux de femmes libres
Ces filles en général re oivent toutes sortes de gens sans choisir
Elles ne peuvent refuser ils amènent de argent suffit Il
des gens qui viennent de toutes nations peu près et qui peuvent
amener des maladies et beaucoup de filles libres les attrapent
Souvent attaque aussi les organes génitaux Elles sont parfois
stériles cause de ces maladies
enfantement est pour les femmes des petits bars un état de choses
naturel et incontesté Si dans les derniers mois des grossesses elles traînent
mécontentes mal soignées se plaignant que la vie leur est difficile elles
accueillent le nouveau-né avec les mêmes sentiments que chaque Rwan-
daise Cependant peu de temps après accouchement elles veulent se
remettre habiller reprendre leur vie habituelle enfant devient une
charge Celles dont la mère en collines peut garder le petit préfèrent
en général cette solution Les autres occupent tant bien que mal du bébé
ou le laissent sous la protection une petite boy esse souvent plus négli
gente et distraite que la mère Mais aucune ne se demande il ne faut pas
empêcher les naissances Thérèse 19 ans hutu enceinte pour la première
fois parle de ce problème Elle circule surtout dans les petits bars essaie FEMMES LIBRES DE KIGALI 97
les bars de luxe mais réussit pas Bufare par contre où elle est
originaire elle accroche plus facilement les hommes
Je suis pauvre maintenant Tout me dégoûte les hommes ne
intéressent plus Ce que je mange je le mange sur des dettes
Quant aux boissons je ne bois que de eau plate Après la naissance
je serai élégante je porterai des pagnes bien coupés et de hauts
talons aurai du succès même Ibis2 Ma mère dit elle
gardera enfant
Les occupations matinales de ces femmes ne se distinguent guère de
celles de certaines femmes mariées Certaines font travailler gratuite
ment un petit frère elles logent et nourrissent et qui ne tarde pas se
débrouiller de son côté mais la plupart ont pas de boy Ainsi après
leur toilette elles balaient vont au marché restent caqueter avec des
copines en chemin préparent le repas le tout évidemment sur un
rythme ralenti puisque personne ne les attend Souvent ailleurs ces
activités se font en petit groupe et elles invitent mutuellement
déjeuner Certaines vont une copine autre prétendant toujours ne
pas avoir le sou Il est évident que les disputes ne tardent pas
Ce est que après-midi que ce petit monde anime vraiment On peut
voir alors des filles se coiffant réciproquement pendant des heures
Quelquefois elles re oivent des visites on sert de la bière de banane ou
de la Primus3 on amuse on rit on se dispute Vers 17 lorsque les bars
vont ouvrir elles se lavent et se peignent encore habillent convenable
ment certaines en pagne mais la plupart en pantalon ou en mini-jupe
est tout un rituel qui se pratique habitude plusieurs
Bien que nombre de filles trouvent intéressant de se faire engager dans
un bar précis autres préfèrent traîner un endroit autre la
recherche des hommes Si la première solution comporte en effet plusieurs
avantages tels un revenu stable de 500 200 pour quelques
bistrots de 500 ooo et le prestige avoir un emploi une clientèle
habitués et la protection du patron restreignent leur liberté et les
obligent attendre la fermeture des bars pour partir Voici comment
cette situation est vécue par Scolastique 21 ans mariée depuis six
mois ancienne femme libre Elle traîné abord dans les bars est fait
embaucher puis circulé nouveau trouvant finalement du succès au
Kiyovu où son mari rencontrée4
Puis ai été engagée par un Grec qui avait le bar avais

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