Formes et aspects de l esclavage  ; n°6 ; vol.22, pg 1328-1338
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Formes et aspects de l'esclavage ; n°6 ; vol.22, pg 1328-1338

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 6 - Pages 1328-1338
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Publié le 01 janvier 1967
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Langue Français
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Formes et aspects de l'esclavage
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 22e année, N. 6, 1967. pp. 1328-1338.
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Formes et aspects de l'esclavage. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 22e année, N. 6, 1967. pp. 1328-1338.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1967_num_22_6_421870NOTES BREVES ET PRISES DE POSITION
Formes et aspects de Vesclavage
m Sur la définition de l'esclavage. — Selon M. Arnold A. Sio (« Inter
pretation of Slavery : the slave status in the Americas », Comparative
Studies in Society and History, vol. VII ; n° 3. April 1965, pp. 289-308)
définir l'esclavage comme une subordination totale du travailleur à
son maître, impliquant qu'une personne humaine est assimilée à une
chose faisant l'objet d'un droit de propriété, ne suffit pas pour comprendre
tous les aspects de la condition des esclaves américains avant la guerre de
Sécession.
La pratique de l'esclavage aux Etats-Unis eut en effet une coloration
raciste que l'Antiquité avait ignorée et qu'on ne retrouverait pas au
même degré dans les pays latino-américains qui utilisèrent aussi des
esclaves.
A ce propos on a essayé d'opposer le statut des esclaves d'Amérique
latine à celui des esclaves d'Amérique du Nord.
Dans les colonies espagnoles et portugaises, les esclaves n'auraient
pas été entièrement assimilés à des objets et considérés comme dépourvus
de toute personnalité morale, comme ce fut le cas aux Etats-Unis. Ces
différences résulteraient des contextes culturels différents dans lesquels
se serait développée la pratique de l'esclavage. Dans les colonies ibériques,
les traditions du droit romain, l'influence du catholicisme, les longs
contacts que les Espagnols et les Portugais avaient eus avec les Arabes
et les Noirs, les conceptions paternalistes et encore à demi-médiévale
des conquérants du Nouveau Monde, auraient empêché de considérer
l'esclave comme une simple propriété. La culture protestante, sécula
risée et capitaliste des Etats-Unis, n'apportant aucune limitation morale
à la recherche du maximum de profit individuel, aurait au contraire
conduit à considérer les esclaves uniquement comme des choses enti
èrement subordonnées au maître.
De telles explications cependant ont le défaut de ne laisser aucune
place aux conceptions racistes qui ont contribué à aggraver la condition
des esclaves comme aussi celle des affranchis en Amérique du Nord.
Une comparaison entre l'esclavage de l'antiquité romaine et celui
des États-Unis permet de préciser ce qui dans le statut de l'esclave
américain résulte de son assimilation à une propriété et ce qui résulte
du racisme.
L'esclavage pratiqué dans l'Antiquité n'est pas complètement assimi
lable à celui que connurent les États-Unis : non seulement il n'y avait
pas de problèmes de couleur dans le monde romain, mais l'esclave n'était entièrement dépouillé de toute personnalité morale ; car si la servitude
1328 NOTES BRÈVES
était considérée comme conforme au Jus Naturale elle était aussi tenue
pour contraire au Jus Gentium, égal pour tous les hommes.
Alors que les Romains ne considéraient pas qu'il y eût des peuples
spécialement destinés à être esclaves, aux États-Unis on pensait qu'une
infériorité innée désignait tout particulièrement les Noirs pour la servi
tude. Les Noirs constituaient en réalité pour les Américains une caste
inférieure et, même lorsqu'ils n'étaient pas des esclaves, ceux d'entre eux
qui vivaient sur le territoire des États-Unis étaient relégués dans cette caste.
Or les conceptions racistes qui sont à l'origine de cette discrimination
ne résultent pas de la pratique de l'esclavage. Elles existent dès le début
du XVIIe siècle parmi les traitants anglais qui font le commerce des Noirs
avec les Caraïbes et l'Amérique latine, avant même que l'esclavage
se soit largement répandu en Amérique du Nord, et les Indiens aussi
bien que les Noirs en ont subi les effets.
Le statut des esclaves ne résulte donc pas entièrement de leur assimi
lation à des objets : la formation d'une caste découle de conceptions
concernant les relations qui doivent s'établir dans la vie sociale entre des
personnes et non pas entre des choses. Effectivement aux États-Unis
comme dans les civilisations esclavagistes de l'Antiquité, le statut des
esclaves était ambigu : ils n'étaient ni entièrement considérés comme
des personnes ni uniquement comme des objets.
La législation et les arrêts des tribunaux américains traduisent fr
équemment ces contradictions et ces incertitudes au sujet de la qualité
des esclaves. Tandis, en effet, qu'on les assimile à un cheptel, la loi organise
la protection de leur personne physique : le meurtre d'un esclave par un
autre Noir, ou par un blanc est considéré comme un homicide. Par ailleurs,
s'il est admis que le maître a le droit d'être indemnisé dans le cas où l'e
sclave doit être emprisonné ou exécuté, le fait que celui-ci puisse être
traduit en justice et tenu pour responsable d'un crime, implique qu'on
lui reconnaît la qualité d'être humain. Enfin les droits qui sont reconnus
aux affranchis, supposent que ces Noirs, qu'on dit par ailleurs voués
par leur nature à la servitude, peuvent avoir les mêmes aspirations et
les mêmes idéaux de vie sociale que les Blancs.
Considérer le statut des esclaves comme tenant tout entier à leur
situation d'objets d'un droit de propriété, ne permet pas, d'ailleurs, de
comprendre la complexité des relations qui existaient entre maîtres et
esclaves. Si les esclaves avaient été purement et simplement considérés
comme un cheptel à exploiter, les maîtres n'auraient pas eu aussi fr
équemment à leur égard un comportement paternaliste. Nullement
exceptionnel ou limité à de petites plantations, le paternalisme envers
les Noirs était largement accepté et approuvé par une société dont les
convictions religieuses et les conceptions éthiques étaient présentes jusque
dans la pratique de l'esclavage.
Pour terminer, M. Arnold A. Sio montre que les différences entre
l'esclavage aux États-Unis et dans les pays d'Amérique latine ne sont
pas aussi nettes qu'on l'a parfois dit. Si la possibilité pour les esclaves
d'accéder à la liberté fut plus large au Brésil que dans les colonies françaises
ou anglaises, dans des pays comme Cuba ou Porto-Rico, les traditions
culturelles ibériques qui reconnaissaient à l'esclave une personnalité
morale n'empêchèrent pas celui-ci de subir, lorsque se développèrent
les plantations de sucre, une dégradation aussi profonde qu'à la Jamaïque
ou en Amérique du Nord. A l'époque coloniale le Brésil n'ignora pas
d'ailleurs les discriminations raciales. Comme en Amérique du Nord,
1329 ANNALES
les Noirs mêmes libres étaient considérés comme appartenant à une
caste inférieure et les mulâtres qui atteignaient à un rang social élevé
n'étaient jamais complètement acceptés par la société blanche. — P. S.
■ L'origine des esclaves des Antilles. — II y a beaucoup à glaner dans
l'enquête que poursuivent MM. G. Debien, J. Houdaille et R. Massio
sur des des Antilles dans le Bulletin de VI.F.A.N. (1963).
Et non seulement sur l'origine de ces malheureux ; celle-ci semble avoir
été assez indifférente à leurs maîtres. Elle est souvent mal précisée dans
ces documents des fonds notariaux, consultés par les auteurs. Créoles
ou Africains, et parmi ces derniers souvent Dahoméens (Aradas), puis
Congos, les esclaves recensés ne paraissent pas avoir été évalués selon
leur origine. Que les enfants aient été relativement peu nombreux dans
les ateliers, cela ne surprend pas ; la mortalité infantile était importante.
Les petits enfants, d'autre part, avaient peu de valeur et on a pu, parfois,
les négliger. Ce qui davantage, c'est le prix très élevé des adultes.
La moyenne s'établit entre 2 000 et 3 000 livres, soit,

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