Fourier : des « écarts de gamme » en faveur de l harmonie - article ; n°5 ; vol.2, pg 102-125
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Description

Romantisme - Année 1972 - Volume 2 - Numéro 5 - Pages 102-125
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Simone Debout
Fourier : des « écarts de gamme » en faveur de l'harmonie
In: Romantisme, 1972, n°5. pp. 102-125.
Citer ce document / Cite this document :
Debout Simone. Fourier : des « écarts de gamme » en faveur de l'harmonie. In: Romantisme, 1972, n°5. pp. 102-125.
doi : 10.3406/roman.1972.6288
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1972_num_2_5_6288SIMONE DEBOUT
Fourier : des « écarts de gamme » en faveur
de l'harmonie
pour le général règle (Ch. ambigus, importance Paris, critiques, siècle aborder (deux et de Je « mouvement ils doit m'enseigner ... m'arrête Fourier, thèse veulent d'étudier Ils antipathies 1967.) qui ; être une qu'il lorsqu'ils jugent aujourd'hui aurait ; de série dans l'objet à Traité m'enseigner soit sociétaire. transition une les cela la d'effets de tout la trivial consentiront leur, points seule de trivial, moindre l'esprit si le nos T méprisés... concevoir, harmonique. ou par unité système de leur extrêmes comme plus non, ces les français), connaissance universelle, à science, objections, extrêmes, peu entrer sévères du s'il Elles qu'en conduit mouvement, importe, C'est s'agissait pour dans la calculs. n'auraient par théorie rhétorique, le 1822, un la des les toujours choix l'infiniment il point question, ici n'est rallier Voilà lois édition l'ambigu de des rien pas de faire mouvement, au générales à sujets ce doctrine étudier Anthropos, moins de petit lieu un ou que terme trivial ignobles ouvrage transition d'étudier et la comprendront ma du les X moyen. de cheville infiniment il aux science II, mouvement. transitions la faut et académique, plus la pp. est yeux dédaignés Or ouvrière toujours mienne, un au 81-82, grand haute cette d'un mes lien lieu ou >
« Si les profondeurs de notre esprit recèlent d'étranges forces capables d'aug
menter celles de la surface, ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout
intérêt à les capter, à les capter d'abord, pour les soumettre ensuite, s'il y a lieu,
au contrôle de notre raison. Les analystes eux-mêmes n'ont qu'à y gagner. Mais il
importe d'observer qu'aucun moyen n'est désigné a priori pour la conduite de cette
entreprise, que jusqu'à nouvel ordre elle peut passer pour être aussi bien du ressort
des poètes des savants et que son succès ne dépend pas des voies plus ou moins
capricieuses qui seront suivies. » (André Breton, Manifeste du surréalisme. Premier
Manifeste 1924, édition J.-J. Pauvert, Paris, 1962, p. 23.)
Malgré leurs singularités respectives, ces deux langages, ces timbres de voix
distincts n'ouvrent pas tant l'accès à deux mondes indépendants, et exclusifs,
qu'ils ne dévoilent un courant de convergence, une parenté profonde, suscept
ible de rétablir la circulation entre nos perspectives et les visions prodigieuses
ďun auteur du siècle passé.
Fourier cherche à communiquer un certain savoir, puisé au large de la
rhétorique et de l'inscription des mots usuels. Il coule dans ses phrases un
apport hétérogène, et laisse affleurer à travers le raisonnement l'énorme farce
qui unit « le trivial » et le « sublime », le concret et le théorique, qui rallie le des «écarts de gamme» en faveur de l'harmonie 103 Fourier:
goût des petits pâtés (mirlitons), ou la manie des gratte-talons aux plus « sévè
res calculs » d'Harmonie composée. Non sans humour, l'étrange maniaque
transmue ses faiblesses en la plus surprenante force. Il fait naître la pensée
et l'Harmonie des bizarreries individuelles ; il conçoit la liberté comme une
invention continue de la vie, à la mesure des désirs singuliers ; il fonde enfin
la métamorphose universelle sur le plein essor des « fantaisies, ambigus, tran
sitions ou exceptions ».
Quant au premier manifeste du surréalisme il exprime en d'autres termes la
même conscience du pouvoir de bouleversement et de recréation des forces
cachées de l'âme; plus tard, quand il redécouvrit Fourier, André Breton
s'émerveilla de le trouver « toujours tellement au-delà de tout ce qui peut être
attendu et désiré » ; l'utopiste a rempli d'avance, semble-t-il, tout le programme
esquissé dans le manifeste : capter d'abord les forces des profondeurs, les
soumettre ensuite au contrôle de la raison, unir les voies capricieuses de la
plus libre recherche et les méthodes rigoureuses de la science, et l'on peut
bien imaginer qu'une aussi vaste entreprise, où l'expérience singulière des
arrière-fonds se combine aux règles unitaires et transparentes, ne va pas sans
difficulté, ni sans lacune. Néanmoins «l'intime alliage de la poésie et des
mathématiques, écrit R. Queneau, donne son sens le plus profond et les
fondations les plus fermes à la folle entreprise de libération que fut celle de
Fourier ». Le précurseur, en effet, ne se demande pas s'il y a lieu de faire appel
à la raison, car ce qu'il capte aux fonds secrets étant dynamique, c'est-à-dire
pouvoir de liaison, toutes ses découvertes sont la révélation de nouveaux liens.
Or, non seulement, comme l'a noté Marx à propos des séries de Fourier, « un
rapport ne peut sans calcul être déterminé de plus près », mais encore, il ne
peut être pleinement réalisé. La combinaison exacte, mathématique, des
mouvements en instance d'être, indique le sens vrai de la vie et permet seule
de faire éclore tous les « germes » ; parce que leur clarté adhère aux surabon
dances profondes, les « calculs » possèdent des pouvoirs magiques, ils conju
rent les mauvais sorts, ils préviennent « l'action récurrente » des passions. La
nouvelle logique, libérée des règles fixes et arbitraires, remonte aux sources
de tout langage et entraîne en retour les mouvements spontanés en de justes
voies. Cependant la vie qui s'y déploie est transformée et elle appelle de
nouvelles significations. Le langage, alors, paraît s'engendrer lui-même en un
« théâtre du discours ■», comme l'écrit M. R. Barthes г ; en fait ce théâtre est
celui de l'imaginaire ; mais théâtre du discours ou de l'imaginaire n'est-ce pas
exactement la même chose? non pas, sans doute, si les forces latentes, anté
rieures aux formulations, posent un problème à l'imagination et si le mouve
ment prolongé des « passions » emporte à la fois les images et les signes dans
le champ sans limite du rêve ou de l'utopie. La scène d'harmonie représente
une pièce interdite, elle figure en plein essor ce qui reste en suspens diffus et
amorti, ou pis encore ce qui fut dévié. Le discours se développe, pour per
mettre au courant de la vie de s'épancher librement pour se réajuster aux
mouvements qui le relancent continûment et le débordent sans fin.
Tout l'édifice d'harmonie repose sur la révélation décisive d'une « nature
l. R. Barthes, Sade, Fourier, Loyola, Paris, 1971. Simone Debout 104
intentionnelle » (ou passionnelle) qui excède le donné. Si l'homme, et par suite
le monde social, et la nature alentour, n'ont encore jamais pleinement existé,
ils ne sauraient convertir leurs manques ou leurs désordres en la plus dense
harmonie, grâce au seul déroulement d'un langage inventif ou des formules
signifiantes ; celles-ci n'ont pouvoir de guérison que par l'inflexion initiale qui
les unit aux mouvements. « La raison, dit nettement Fourier, n'est qu'un moyen
intermédiaire » ; « la justice mathématique, indépendante de Dieu » même,
constitue un domaine distinct de vérité, mais elle ne doit pas substituer son
équilibre propre à celui des passions. « L'attraction reste notre seul guide
naturel », et les expressions exactes tiennent leur efficace d'une complicité,
toujours recréée, avec le sensible et l'affectif. Cest ainsi que les bonheurs de
langage de Fourier résultent d'une libre circulation des intentions vives à la
parole; quant à ses calculs il ne mesurent et n'harmonisent que des «liens
antérieurs ».
Encore faut-il préciser ces affirmations, puisque aussi bien le critique acerbe,
qui vitupère les doctrines « imaginaires et abstraites » des philosophes, nous
parle lui-

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