Franco ese hombre, un siècle d Espagne - article ; n°3 ; vol.27, pg 193-207
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1991 - Volume 27 - Numéro 3 - Pages 193-207
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Nancy Berthier
Franco ese hombre, un siècle d'Espagne
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 27-3, 1991. pp. 193-207.
Citer ce document / Cite this document :
Berthier Nancy. Franco ese hombre, un siècle d'Espagne. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 27-3, 1991. pp. 193-
207.
doi : 10.3406/casa.1991.2600
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1991_num_27_3_2600FRANCO ESE HOMBRE, UN SIÈCLE D'ESPAGNE...
Nancy BERTHIER
Université Paul- Valéry, Montpellier
«Le plus fort n'est jamais assez fort pour être
toujours le maître s'il ne transforme sa force
en droit et l'obéissance en devoir».
J.-J. Rousseau
En 1964 sort sur les écrans espagnols un film singulier: Franco ese
hombre de José Luis Sâenz de Heredia qui retrace, dans le cadre d'un long-
métrage, l'itinéraire biographique du chef d'État espagnol. À travers ce film,
Sâenz de Heredia met en scène non seulement la vie du vainqueur de la
guerre civile, mais également, en parallèle, l'histoire de l'Espagne depuis la
fin du XIXe siècle. Quelque dix années avant la mort de Franco et la fin du
franquisme, c'est un film-bilan qui est offert au spectateur, posant les fonde
ments d'une mémoire collective établie selon les critères en vigueur depuis
un quart de siècle.
UN FILM DE CIRCONSTANCE
a) Le contexte
Très tôt, dès la deuxième moitié des années quarante et au cours des
années cinquante, un vœu revient périodiquement dans les revues de cinéma
proches du régime: il faut retrouver le souffle épique de l'immédiat après-
guerre et œuvrer pour une cinematographic proprement «nationale» qui
exalte la geste fondatrice du franquisme ; il faut donner à l'historiographie
officielle son expression cinématographique.
Mélanges de la Casa de Velazquez (MCV), 1991, t. XXVII (3), p. 193-207. 194 NANCY BERTHIER
Mais tout au long de cette période, l'écart est grand entre, par exemple,
les articles enflammés de Joaquin Marchent Romero, directeur de la revue
Radiocinema (articles essentiellement regroupés autour de la rubrique «Ci
nema nacional») et la réalité de la production cinématographique, composée
dans sa grande majorité de films de strict divertissement. Car s'il est vrai
que, durant cette période du franquisme, l'appareil cinématographique a été
contrôlé et dirigé par des biais indirects — la censure, les prix à la product
ion attribués par le Sindicato Nacional del Espectâculo, etc. — , en fait,
l'État n'a pas vraiment contribué à la création d'un genre épique tel qu'il le
définissait dans ses nombreuses déclarations de principe de la fin des années
trente et du début des années quarante, d'un cinéma adapté aux exigences
et à la spécificité du nouveau régime en place.
b) Le prétexte
Au début des années soixante, l'heure est au bilan et la revue Primer
Piano constate avec amertume l'absence, dans le panorama cinématographi
que national, d'une veine patriotique: «Todos los cinemas nacionales del
mundo [...] se han afanado y se afanan en mostrar en sus peliculas aquellos
trances histôricos que, a lo largo y ancho del tiempo, han dado perfil y
relieve a la naciôn. Pero nuestro cine [...] viene padeciendo el crasisimo
error de querer casi ignorar el episodio mas relevante de toda nuestra his-
toria contemporânea y el que de verdad parte en dos mitades absolutas la
vida, la historia y el quehacer de los espanoles. Frente a la airosa, honrosa
y sana excepciôn de muy escasos titulos de peliculas espanolas sobre la
Cruzada espanola de Liberaciôn, prédomina en nuestro cine una postura
farisaica frente a tan hermosisimo y entranable tema» l.
Le «XXVe anniversaire de la paix» est le prétexte qui vient cristalliser
le débat: le cinéma se doit, lui aussi, de collaborer à la célébration. C'est
l'occasion rêvée pour réaliser enfin «le» film du franquisme. À travers revues
et journaux de l'époque, l'appel aux membres de la profession pour que le
cinéma prenne une part active aux manifestations se fait plus pressant et
plus précis. Le numéro 1174 de Primer Piano annonce le futur «XXV aniver-
sario de la Victoria: el cine espanol no puede estar ausente de su conme-
moracion»
Face à ces appels réitérés, la profession reste étrangement sourde. Le
Ministerio de Informaciôn y Turismo, dont dépend la cinématographie va
jusqu'à organiser, par le biais d'une circulaire qui paraît dans le Boletin
Oficial del Estado — 4/5/62 — , un concours de scénarios «sobre temas rela-
1 . Primer Piano, n° 1 1 26, 1 1 -5-62.
2.Piano, n° 1174, 12-4-63. FRANCO ESE HOMBRE, UN SIÈCLE D'ESPAGNE 1 95
cionados con la Cruzada espanola». Pourquoi le thème de la guerre civile?
Tout simplement parce qu'il résume symboliquement à lui seul, dans l'hist
oriographie officielle, toute l'histoire de l'Espagne contemporaine : point d'abou
tissement et résolution des problèmes du XIXe siècle, il est aussi le point
d'ancrage de l'Espagne nouvelle. Un an plus tard, on apprend, au hasard de
certaines revues de cinéma, que le concours «fue declarado desierto» et
qu'une nouvelle circulaire ministérielle (Boletin Ofîcial del Estado, 19/1/63)
prépare un nouveau concours «con anâloga finalidad».
Car les producteurs n'affluent pas pour assurer la réalisation «du» film
de la guerre civile, du film du franquisme. Deux motifs me semblent pouvoir
rendre compte de cette attitude. D'une part, la préoccupation commerciale.
Au début des années soixante, la mode n'est pas aux films politiques dans
le panorama cinématographique espagnol. Les chroniqueurs des revues de
cinéma qui prônent l'avènement d'un cinéma politique sont d'ailleurs tout à
fait conscients que le motif commercial n'est pas la moindre des préoccupat
ions des producteurs. Certains vont même curieusement jusqu'à vanter les
possibles vertus commerciales des films d'exaltation patriotique : «Y cuando
pedimos a los productores espanoles su apoyo, no olvidamos [...] que las
escasas peliculas espanolas surgidas sobre el extraordinario tema fueron [...]
éxitos muy felices de taquilla»3. La deuxième raison qui, à mon sens, expli
que la réticence des producteurs à s'engager dans une telle entreprise, c'est
que l'enjeu fondamental est de taille : il faut offrir la version canonique de
ce sujet tabou qu'est la guerre civile4, c'est-à-dire relever un lourd défi de
nature politique, à la fois intérieure et extérieure, nationale et internationale.
Sur un plan national, ce film à venir est destiné aux jeunes générations,
à ceux qui n'ont pas vécu le traumatisme de la guerre civile: réactiver la
mémoire collective par le biais d'un film, c'est transmettre une sorte de
leçon d'instruction civique. C'est de cette façon que l'envisage F. Vizcaino
Casas dans une lettre «Sobre cine politico» qu'il adresse au directeur de la
revue Primer Piano: «[...] esa pelicula que a ti y a mi nos gustaria que se
hiciese sobre nuestra guerra para que nuestros hijos sepan cômo fue aquello
y, sobre todo, por que fue aquello» 5.
Par ailleurs, sur un plan international, la sortie en France, le 18 avril
1963, du film de Frédéric Rossif, Mourir à Madrid qui propose une «cer-
3. Primer Piano, n° 1 1 26, 1 1-5-62.
4. Les mésaventures survenues à deux films traitant de la guerre civile, El Crucero Baléares
de Enrique del Campo et Rojo y negro de Carlos Arévalo ont rendu prudents réalisa
teurs et producteurs. Le premier, bien qu'ayant été agréé par la commission de censure,
vit sa projection interdite deux jours avant sa sortie pour des motifs inexpliqués et
disparut totalement de la circulation sans autre forme de procès. Le second fut interdit
par la censure. Voir à ce sujet Marcel Oms, La guerre d'Espagne au cinéma, Paris,
Cerf, 1986.
5. Primer Piano, n° 1 177, 3-5-63. 196 NANCY BERTHIER
taine» vision de la guerre civile — «œuvre de montage aux sympathies
avouées pour la République...»6 — irrite la susceptibilité nationale: «[...] es
el momento [...] de hacer la gran pelicula sobre la guerra de Espana, de
decirle al mundo — bien dicho, claro; con calidad cinematogrâfica, seno-
res — q

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