Genèse et évolution de la législation relative aux stupéfiants sous la Troisième République - article ; n°4 ; vol.22, pg 367-387
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Genèse et évolution de la législation relative aux stupéfiants sous la Troisième République - article ; n°4 ; vol.22, pg 367-387

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Déviance et société - Année 1998 - Volume 22 - Numéro 4 - Pages 367-387
This article traces the genesis and evolution of the French legislation pertaining to drugs during the Third Republic. Using a socio-historical perspective on the production of crimi- nal law, this study analyses the social, political, ideological and legislative conditions of the criminalisation of trafficking in drugs and their use in public. It reviews the abundant literature which is available, including media articles, parliamentary debates, legal texts and juridical archives. It reveals the decisive role of the executive, mediated via a small and very active group of parliamentarians. The resulting legislation reduced citizen's freedom. Both by its content and by the way in which it was produced, the legislation supports the main arguments of J.-P. Machelon, who has argued that viewing the Third Republic as a «golden age for freedom and for Parliament» is more a republican myth than a concrete, observable reality.
Dieser Artikel verfolgt die Entstehung und Entwicklung der französischen Drogenge- setzgebung in der Dritten Republik. Im Rahmen sozio-historischer Reflexionen werden unter Rückgriff auf vielfaltige Materialien (Presseartikel, Parlamentsdebatten, Rechtstexte, juristische Archive) die sozialen, politischen, legislativen und ideologischen Bedingungen der Kriminalisierung des Handels und Gebrauchs dieser Substanzen untersucht. Dabei wird die entscheidende Rolle der Exekutive hervorgehoben, die von einem Kern besonders aktiver Parlamentarier abgelöst wurde. Der Autor beschreibt ebenfalls den antiliberalen Charakter, der sich auf diese Weise durchsetzte. In ihrem Tenor wie auch in der Art und Weise wie sie produziert wurde, bestätigt diese Ausnahmegesetzgebung die These von J.-P. Machelon, für den das Bild der Dritten Republik als « goldenes Zeitalter des Parlamentarismus und der Freiheit » eher eine Mythos, denn realität darstellt.
Dit artikel legt de genèse en de evolutie bloot van de legiferering van de drugproble- matiek onder de Franse Derde Republiek. Geplaatst in het kader van de socio-economische reflecties aangaande de totstandkoming van strafwetten, analyseert deze uitvoerig gedocu- menteerde studie (persartikels, parlementaire debatten, wetteksten, justitiële archieven) de sociale, politieke, legislatieve en ideologische voorwaarden van de criminalisering van tra- fiek en openbaar gebruik van drugs. De studie toont de beslissende roi van de uitvoerende macht op dat vlak aan, een roi die wordt afgelost door een beperkt aantal bijzonder actieve parlementsleden. Daarnaast beschrijft de auteur het vrijheidsberovende karakter van de op dit forum ontwikkelde wetgeving. Zowel door zijn teneur als door de manier waarop ze tot stand kwam, onderschrijft deze uitzonderijke wetgeving de thesis van J.-P. Machelon, voor wie het beeld van de Derde Republiek als « gouden eeuw voor het parlementarisme en de vrijheden» meer mythe dan werkelijkheid was.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Igor Charras
Genèse et évolution de la législation relative aux stupéfiants
sous la Troisième République
In: Déviance et société. 1998 - Vol. 22 - N°4. pp. 367-387.
Citer ce document / Cite this document :
Charras Igor. Genèse et évolution de la législation relative aux stupéfiants sous la Troisième République. In: Déviance et
société. 1998 - Vol. 22 - N°4. pp. 367-387.
doi : 10.3406/ds.1998.1670
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1998_num_22_4_1670Abstract
This article traces the genesis and evolution of the French legislation pertaining to drugs during the
Third Republic. Using a socio-historical perspective on the production of crimi- nal law, this study
analyses the social, political, ideological and legislative conditions of the criminalisation of trafficking in
drugs and their use in public. It reviews the abundant literature which is available, including media
articles, parliamentary debates, legal texts and juridical archives. It reveals the decisive role of the
executive, mediated via a small and very active group of parliamentarians. The resulting legislation
reduced citizen's freedom. Both by its content and by the way in which it was produced, the legislation
supports the main arguments of J.-P. Machelon, who has argued that viewing the Third Republic as a
«golden age for freedom and for Parliament» is more a republican myth than a concrete, observable
reality.
Zusammenfassung
Dieser Artikel verfolgt die Entstehung und Entwicklung der französischen Drogenge- setzgebung in der
Dritten Republik. Im Rahmen sozio-historischer Reflexionen werden unter Rückgriff auf vielfaltige
Materialien (Presseartikel, Parlamentsdebatten, Rechtstexte, juristische Archive) die sozialen,
politischen, legislativen und ideologischen Bedingungen der Kriminalisierung des Handels und
Gebrauchs dieser Substanzen untersucht. Dabei wird die entscheidende Rolle der Exekutive
hervorgehoben, die von einem Kern besonders aktiver Parlamentarier abgelöst wurde. Der Autor
beschreibt ebenfalls den antiliberalen Charakter, der sich auf diese Weise durchsetzte. In ihrem Tenor
wie auch in der Art und Weise wie sie produziert wurde, bestätigt diese Ausnahmegesetzgebung die
These von J.-P. Machelon, für den das Bild der Dritten Republik als « goldenes Zeitalter des
Parlamentarismus und der Freiheit » eher eine Mythos, denn realität darstellt.
Dit artikel legt de genèse en de evolutie bloot van de legiferering van de drugproble- matiek onder de
Franse Derde Republiek. Geplaatst in het kader van de socio-economische reflecties aangaande de
totstandkoming van strafwetten, analyseert deze uitvoerig gedocu- menteerde studie (persartikels,
parlementaire debatten, wetteksten, justitiële archieven) de sociale, politieke, legislatieve en
ideologische voorwaarden van de criminalisering van tra- fiek en openbaar gebruik van drugs. De studie
toont de beslissende roi van de uitvoerende macht op dat vlak aan, een roi die wordt afgelost door een
beperkt aantal bijzonder actieve parlementsleden. Daarnaast beschrijft de auteur het
vrijheidsberovende karakter van de op dit forum ontwikkelde wetgeving. Zowel door zijn teneur als door
de manier waarop ze tot stand kwam, onderschrijft deze uitzonderijke wetgeving de thesis van J.-P.
Machelon, voor wie het beeld van de Derde Republiek als « gouden eeuw voor het parlementarisme en
de vrijheden» meer mythe dan werkelijkheid was.Déviance et Société, 1998, Vol. 22, No 4, pp. 367-387
GENESE ET EVOLUTION DE LA LEGISLATION RELATIVE
AUX STUPÉFIANTS SOUS LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
I. CHARRAS*
Cet article retrace la genèse et l'évolution de la législation française relative aux stu
péfiants sous la Troisième République. Située dans le cadre des réflexions socio-histo
riques sur la production des lois pénales, cette étude analyse, à la lumière d'une docu
mentation abondante (articles de presse, débats parlementaires, textes de lois, archives
judiciaires), les conditions sociales, politiques, législatives et idéologiques de la crimina-
lisation du trafic et de l'usage public de ces substances. Elle met en évidence le rôle déci
sif du pouvoir exécutif, relayé par un petit noyau de parlementaires très actifs. L'auteur
décrit également le caractère liberticide de la législation ainsi élaborée. Tant par sa teneur
que par la manière dont elle a été produite, cette d'exception accrédite la thèse
de J.-P. Machelon pour qui l'image d'une Troisième République «âge d'or du parlementa
risme et des libertés» relève plus du mythe que de la réalité.
Mots-clés : France - Stupéfiants - Incrimination - Histoire - Politique
Dans une étude de sociologie législative récemment rééditée sous le titre Drogues:
consommation interdite*, Jacqueline Bernât de Célis considère que la loi du 31 décembre
1970 a introduit dans le droit positif français le délit d'usage illicite de stupéfiants. Selon
elle, ce texte représente une rupture fondamentale, une anomalie par rapport à la politique
antérieure traditionnellement non interventionniste en matière de consommation2. Ce
point de vue nous paraît discutable. En effet, si l'incrimination de l'usage solitaire des stu
péfiants constitue bien une évolution par rapport à la législation préexistante, la prohibition
de leur usage en société date, quant à elle, de 1916.
A nos yeux, la loi de 1970 se situe dans le prolongement d'un processus répressif et
réglementaire entamé à la fin du dix neuvième siècle et poursuivi depuis. Ce mouvement
a pris une ampleur non négligeable sous la Troisième République. De 1884 à 1922, vingt-
six décrets ont ainsi été promulgués en Indochine pour réglementer le commerce et l'em
ploi de l'opium. En métropole, on décompte - sans prétendre être exhaustif -, pour la
période 1908-1939, cinq lois, onze décrets et un décret-loi qui réglementent ou répriment
l'usage en société, le port, la détention, la fabrication, l'importation, l'exportation, la
vente et la cession des stupéfiants. Le cas français n'est pas spécifique puisque, dans le
même temps, la plupart des pays ont adopté des dispositions pénales allant dans un sens
similaire. Rares sont les Etats qui n'ont pas suivi3 les recommandations interventionnistes
Centre d'études historiques sur les criminalités et les déviances, Université de Bourgogne.
Bernât de Célis, 1996. de Célis, 1988.
Certains pays n'ont pas attendu ces recommandations pour prendre des mesures législatives contre la
consommation ou le commerce de l'opium. C'est le cas par exemple de la Nouvelle-Zélande (1901), des 368 Déviance et Société
formulées à l'occasion des conférences internationales sur l'opium de Shanghai (1909) et
La Haye (1911 à 1914), puis inscrites dans les diverses conventions internationales sur les
stupéfiants signées sous l'égide de la Société des nations (SdN) - l'article 23 du pacte de
Versailles l'ayant chargée de contrôler la production et la circulation des drogues.
Nous nous efforcerons de retracer ici la genèse et l'évolution de la législation française
relative aux stupéfiants sous la Troisième République, et plus particulièrement pendant la
période 1908-1939. Après avoir dressé les grands traits du processus qui a abouti à la
construction du terme «stupéfiants» et à la qualification d'un nouveau problème social
nécessitant une intervention des pouvoirs publics, nous présenterons les particularités de la
législation antidrogues progressivement mise en place et renforcée au cours de cette
période. Nous mettrons ensuite en lumière les mécanismes décisionnels qui ont présidé à
son élaboration, afin d'éclairer d'un jour nouveau le fonctionnement de la «machine» par
lementaire sous la Troisième République. Cette législation, tant par sa teneur que par la
manière dont elle a été produite, donne en effet une image inattendue du régime qui l'a pro
mue.
Notre étude s'appuie sur des sources très diverses: articles de presse, documents parle
mentaires, publications spécialisées -juridiques, médicales, littéraires -, archives administ
ratives, notamment celles du bureau de la législation civile et criminelle du ministère de la
Justice, etc. Elle s'inscrit dans le débat actuel sur les politiques de lutte contre la toxicoman
ie, tout en se situant dans le cadre des réflexions socio-historiques sur l

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