Hystérie - article ; n°1 ; vol.16, pg 67-122
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Description

L'année psychologique - Année 1909 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 67-122
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Hystérie
In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 67-122.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Hystérie. In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 67-122.
doi : 10.3406/psy.1909.3789
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1909_num_16_1_3789I
paraissent l'ait nerveux, seulement mentales. Bien décrite, que Autrefois, pour être d'hier l'hystérie et surtout cette définie, qu'on on ne raison I. n'y d'ordre la et soit HYSTÉRIE — fait voulait nommée HISTORIQUE pas que somatique, entrer une voir les depuis dans maladie qu'une troubles plutôt le bien maladie cadre nouvelle, qu'elle des que des siècles, d'ordre du maladies et présente système qu'on c'est psy
chique; ce sont des anesthésies, des contractures, des accidents
convulsifs, des crises accompagnées de perte de connaissance, ce
qu'on appelait autrefois des vapeurs; tout cela était considéré
comme nerveux plutôt que mental. On se contentait de rattacher
tous ces symptômes à des lésions fonctionnelles du système ner
veux, et on croyait même que par la seule enumeration des symp
tômes les plus fréquents on donnait une définition suffisante de la
maladie. L'hystérie, écrivaient les auteurs un peu naïvement, est
une maladie du système nerveux caractérisée par des troubles de
la sensibilité générale, de la sensibilité spéciale, de la motilité et de
l'intelligence. C'est à peu près la définition d'Axenfeld, elle n'ap
prend pas grand'chose, et en tout cas elle est insuffisante, puis
qu'on ne peut pas y trouver une distinction avec les autres névroses.
Longtemps aussi on a cru que la production des accidents
hystériques est liée à une altération dans le fonctionnement géné-
sique de la femme, provenant soit d'une continence exagérée, soit
d'un abus des plaisirs vénériens. De là vient qu'on a donné à cette
affection le nom d'hystérie, ce mot désignant l'utérus; on avait
supposé que c'était une maladie spéciale au sexe féminin. A cette
hypothèse s'est ajoutée une idée sur la nature de l'état mental
hystérique; on l'a décrit surtout par son caractère extérieur, par
son humeur; on a dit et répété que l'hystérique est une femme
portée au mensonge, qui a le désir de briller, qui prend une allure
théâtrale, qui joue la comédie devant le public; coquetterie, enfant
illage, nervosité, caprices, versatilité, tels sont les principaux él
éments sur lesquels on insiste pour faire de l'hystérique un portrait
qui est sans doute intéressant, mais qui n'est pas beaucoup moins
littéraire qu'un portrait de La Bruyère. On a encore remarqué que MEMOIRES ORIGINAUX 68
les accidents de cette névrose sont nombreux, variés, changeants;
l'observation de ce polymorphisme a même conduit les auteurs a
considérer l'hystérie comme un protée insaisissable, et Lasègue, en
veine de paradoxe, a un jour proclamé que personne ne pourrait
jamais la définir. Que de fois on a répété ce non-sens! Comme
d'autre part l'hystérique est facilement menteuse, on a pris ses
mensonges dans un sens symbolique, on a posé en règle que l'hys
térie peut imiter les symptômes de toutes les autres maladies, et
qu'elle constitue « la grande simulatrice ».
Deux neurologistes français ont contribué à mettre un peu
d'ordre dans ce chaos, et à écarter quelques erreurs d'interprétat
ion. Briquet, d'abord, s'est attaché à nous donner une histoire
naturelle des symptômes hystériques, et il s'est élevé contre l'idée
fausse que tous ces symptômes relèvent de l'érotisme ou de la
continence excessive; il a fait de l'hystérie une maladie avouable.
Charcot, plus tard, est intervenu; il a décrit des symptômes nou
veaux, il a mieux analysé les périodes de l'attaque, il a fait con
naître l'importance, jusque-là si peu soupçonnée, de l'hystérie
mâle. Mais ce n'étaient encore que des retouches de détail, et non
un remaniement d'ensemble. Peu à peu des coups plus décisifs
ont été portés à l'ancienne conception, qui ne voyait dans l'hystérie
qu'une névrose; on est arrivé à se rendre compte que l'élément
moral y joue un rôle de premier ordre, et qu'elle constitue bien
une psychose, autrement dit une maladie psychologique, ou, pour
parler plus simplement encore, une mentale.
On ne peut pas dire que Charcot ait été étranger à cette grande
évolution dans les idées; mais elle ne semble pas avoir été le
résultat principal de son influence. Elle s'est faite plutôt à travers
lui que par lui. Pendant longtemps, il a écrit et surtout enseigné
—r' car il écrivait peu, et c'était par l'enseignement oral qu'il pré
férait exprimer sa pensée — que les symptômes de l'hystérie sont
des symptômes physiques, et doivent être étudiés comme tels.
Quand il publia ses études sur la contracture hystérique, il l'attribua
assez lourdement à un état d'hyperexcitabilité neuro-musculaire
siégeant dans les nerfs périphériques ou dans la moelle; lorsqu'il
voulut donner la consécration académique aux phénomènes jusque-là
si décriés de l'hypnotisme, qu'il étudia exclusivement dans l'hys
térie, il crut qu'il était indispensable de mettre en lumière une
Symptomatologie physique, quelque chose qu'on pouvait voir et
toucher. Toutes ses descriptions de la léthargie, de la catalepsie
et même du somnambulisme sont par l'extérieur; ce n'est qu'une
recherche et une analyse de signes physiques, avec un grand luxe
d'appareils enregistreurs destinés à mettre en évidence leur réalité
corporelle. Sans doute, malgré ces points de vue si exclusifs, il
n'ignorait pas qu'il existait dans l'hypnotisme, comme dans l'attaque
d'hystérie, des états mentaux particuliers, toute une psychologie
qui n'était pas de la psychologie normale ; mais de parti pris, il en
écartait l'étude, et il répétait sans cesse à ses élèves que la méthode BINET ET TH. SIMON- — HYSTÉRIE 69 A.
scientifique consiste à procéder du simple au composé; il croyait
que les phénomènes physiques sont beaucoup plus simples que
ceux de l'esprit — ce qui est bien une des vérités les plus fausses
qu'on puisse imaginer, car dans la circonstance ce qu'il prenait
pour des physiques n'était autre chose que des phéno
mènes mentaux très compliqués. Il résultait de cette doctrine une
conséquence pratique bien curieuse, que tous ses élèves se rap
pellent. Charcot ne s'est jamais méfié de la suggestion; il ne s'est
jamais aperçu de l'influence désastreuse que des suggestions invo
lontaires peuvent produire dans une expérience d'hypnotisme ou
pendant une observation sur une hystérique. Loin de prendre la
moindre précaution, il parlait sans cesse à haute voix devant les
malades, annonçait ce qui allait se produire, et leur faisait vér
itablement la leçon. Il n'est pas étonnant que ses adversaires lui
aient si souvent reproché que ses hystériques et son grand hypno
tisme étaient un produit de culture. Pour ceux qui ont vécu
quelque peu dans le milieu de la Salpêtrière, il est incontestable que
ce reproche était fondé. L'un de nous a eu autrefois la curiosité de
prendre à part une femme qui servait de sujet habituel à Charcot;
il la mit en somnambulisme, et lui fit raconter ce qu'elle savait sur
l'hystérie et l'hypnotisme; elle était absolument au courant de tout;
elle aussi aurait pu faire un cours sur ce chapitre.
Cependant, dans les dernières années de sa vie, Charcot fut
amené progressivemeut à changer ses idées sur le mécanisme de
production de quelques symptômes hystériques. Il avait eu l'occasion
d'étudier dans son service plusieurs cas de paralysie hystérique
survenus à la suite d'un choc, tels que coup ou chute sur l'épaule.
Malgré son esprit de système, il était bon observateur ; il avait bien
vu

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