Influence sans domination : le catholicisme dans la vie portugaise au XXe siècle - article ; n°1 ; vol.17, pg 63-80

Bruno Cardosoreis

Description

Pôle Sud - Année 2002 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 63-80
Malgré l'indéniable influence sociale du catholicisme au Portugal, son rôle politique dans le champ politique reste limité. Divisé et ballotté, depuis le XIX siècle, par les velléités laïcardes des républicains mais aussi par la volonté d'un Salazar de Pinstrumentaliser, il n'a jamais pu se construire une identité politique notamment partisane. La transition démocratique n'a fait que confirmer cette tendance, d'autant plus la religion catholique perd lentement mais sûrement son emprise sur la société portugaise.
Despite the undeniable social influence of Catholicism in Portugal, its power over political arenas has been limited. Divided and split since the 19th century between the secular desires of the republicans but also by Salazar 's attempt to instrumentalize religion, Catholicism in this country has never been able to build itself a political identity or, in particular, a party identity. The transition to democracy has only deepened this trend, aided and abetted by the fact that the Catholic religion has slowly but surely lost its grip over Portugese society.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLE_SUD
• Publié le: 01 janvier 2002
• Nombre de lectures: 34
• Langue: Français
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Extrait

Mr Bruno Cardoso Reis
Mr David Hanley
Influence sans domination : le catholicisme dans la vie
portugaise au XXe siècle
In: Pôle Sud, N°17 - 2002. pp. 63-80.
Résumé
Malgré l'indéniable influence sociale du catholicisme au Portugal, son rôle politique dans le champ politique reste limité. Divisé et
ballotté, depuis le XIX siècle, par les velléités laïcardes des républicains mais aussi par la volonté d'un Salazar de
Pinstrumentaliser, il n'a jamais pu se construire une identité politique notamment partisane. La transition démocratique n'a fait
que confirmer cette tendance, d'autant plus la religion catholique perd lentement mais sûrement son emprise sur la société
portugaise.
Abstract
Despite the undeniable social influence of Catholicism in Portugal, its power over political arenas has been limited. Divided and
split since the 19th century between the secular desires of the republicans but also by Salazar 's attempt to instrumentalize
religion, Catholicism in this country has never been able to build itself a political identity or, in particular, a party identity. The
transition to democracy has only deepened this trend, aided and abetted by the fact that the Catholic religion has slowly but
surely lost its grip over Portugese society.
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Reis Bruno Cardoso, Hanley David. Influence sans domination : le catholicisme dans la vie portugaise au XXe siècle. In: Pôle
Sud, N°17 - 2002. pp. 63-80.
doi : 10.3406/pole.2002.1285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_2002_num_17_1_1285Influence sans domination :
Le catholicisme dans la vie politique
portugaise au xxe siècle
Bruno Cardoso Rets
Université de Coimbra
(Traduit de l'anglais par David Hartley)
Malgré l'indéniable influence sociale du catholicisme au Portugal, son rôle politique
dans le champ politique reste limité. Divisé et ballotté, depuis le XDC siècle, par les velléi
tés laïcardes des républicains mais aussi par la volonté d'un Salazar de Pinstrumentaliser, il
n'a jamais pu se construire une identité politique notamment partisane. La transition
démocratique n'a fait que confirmer cette tendance, d'autant plus la religion catholique
perd lentement mais sûrement son emprise sur la société portugaise.
Despite the undeniable social influence of Catholicism in Portugal, its power over political
arenas has been limited. Divided and split since the 19th century between the secular desires of
the republicans but also by Salazar 's attempt to instrumentalize religion, Catholicism in this
country has never been able to build itself a political identity or, in particular, a party identity.
The transition to democracy has only deepened this trend, aided and abetted by the fact that the
Catholic religion has slowly but surely lost its grip over Portugese society.
Mots-Clés/ Keywords
Catholicisme, Église/État, Estado Novo, I" République, Salazar
Catholicism, Church/state, Estado Novo, ť Republic, Salazar
PÔLE SUD № 17 • novembre 2002 p. 63 à 80 RELIGION ET POLITIQUE
confessionnalisme1 mesure ne suffit point aux anticléricaux La fin du
extrêmes, tels le psychiatre positiviste
Miguel Bombarda, auteur d'une polémique Pour ce qui est des rapports Église/État, le
A Sciencia e o Jesuitismo. On comprend que début du XXe siècle voit un renouveau de
Rui Ramos ait défendu la thèse de l'analogie l'agitation sur les congrégations. L'affaire
fonctionnelle entre l'anticléricalisme des Calmon (enlèvement de la fille du consul
républicains portugais et l'antisémitisme des brésilien au Porto, suite au refus du père de
mouvements populistes de l'époque en celle-ci, pétri d'idéologie positiviste, de lui
Europe centrale ; tous les deux surent mobilpermettre de rentrer au couvent) servit de
iser le peuple sur la base du nationalisme prétexte au mouvement anticlérical en plein
(Franco, Reis, 1997). essor et associé au mouvement républicain.
D'où venait ce défi à la monarchie cathoCe mouvement déclencha une campagne de
lique ? Quelle était la réaction des protestation médiatique, assortie de manif
liques portugais ? Les républicains constiestations et attaques sur certains bâtiments
tuaient sans aucun doute l'élément le plus religieux. Le pouvoir essaya par conséquent
significatif du radicalisme anticlérical. Ils de trouver un équilibre entre ce credo libéral
mettaient en cause les limites acceptées par dont il tirait sa légitimité et l'opinion catho
les libéraux les plus avancés jusqu'à la fin du lique, qui, dans ses secteurs extrêmes, accept
XIXe siècle, à savoir la coexistence de la ait toujours difficilement une monarchie
monarchie et du catholicisme. Même la constitutionnelle qui, lors de son émergence
constitution éphémère de 1822, très en dans la guerre civile de 1831-34, avait aboli
avance sur son époque, s'était montrée prules congrégations et confisqué leur pro
dente à cet égard. La charte constitutionnpriété. Le premier ministre Hintze Ribeiro
elle de 1826, qui servit de constitution publia donc un décret selon lequel seraient
entre 1842 et 1910, était encore plus respecseules autorisées les congrégations d'utilité
tueuse du catholicisme, traditionnellement publique (par exemple, celles vouées à
la source de légitimation la plus importante l'enseignement ou au soulagement de la
pauvreté), faisant écho à la reproche faite du pouvoir politique au Portugal. En parti
aux religieux d'être des paresseux. Cette culier, elle accorda aux évêques un certain
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nombre de sièges dans la Haute Chambre rivale) ; on la trouvait interventionniste et
(Camara dos Pares), qui garda des pouvoirs prête à sacrifier les intérêts de l'Église afin de
importants. L'élite libérale, tout en s'identi- survivre. Pour sa part, le républicanisme
fïant comme catholique, était pourtant semblait peu disposé à un accord avec
royaliste pour la plupart et préconisait la l'Église.
réforme de l'Église sous le contrôle de l'État. Les catholiques engagés savaient qu'il fal
À partir de 1870, bon nombre d'intellec lait combattre l'apathie des fidèles et trans
tuels prétendaient avec une franchise inouïe former la routine et la tradition en un eng
que le catholicisme et la monarchie despo agement militant, pour concurrencer
l'anticléricalisme qui se développait dans les tique étaient responsables de la décadence
du Portugal depuis l'ère des découvertes. Et villes. À partir de 1870 on assiste donc à un
de conclure que la renaissance portugaise nouveau militantisme, alors qu'un nombre
proviendrait seulement de la suppression croissant de catholiques éduqués et polit
des deux... Le républicanisme s'attaqua iquement actifs cherche à mobiliser l'opinion
donc à la contradiction essentielle du catholique à travers une série de congrès.
régime : celui-ci ne saurait être vraiment Laissant de côté les questions de la légitimité
libéral tout en restant monarchique et de la République ou de rivalités dynastiques,
catholique (Catroga, 1991). il cherchèrent à récupérer du terrain sur le
Cela finit par produire une réaction chez plan intellectuel ; et à combattre l'idée sui
les intellectuels catholiques, comme nous vant laquelle la décadence portugaise était
allons le voir. Mais certains monarchistes due au catholicisme en général et aux
cherchèrent à intégrer ces critiques en adop congrégations en particulier. Au contraire,
tant quelques mesures anticléricales. Aussi on prétendait que la perte de pouvoir et de
vota-t-on une loi contre les Jésuites dans les prospérité s'expliquait par le déclin de la foi.
derniers jours de la monarchie, peu avant le L'argumentation était donc plutôt abstraite,
triomphe de la révolution républicaine. Le même si on empruntait certains thèmes
chef des républicains anticléricaux Afonso sociaux censés démontrer la nature
"moderne" du catholicisme. Le mouvement Costa aurait même été sur le point de ren
trer au gouvernement, afin d'effectuer une était paternaliste, hiérarchique et surtout
séparation "monarchique" de l'Église avec réactif. Dans le cas de son expérience la plus
l'État. Dès le renversement d