Ingénieurs et développement au Proche-Orient : Liban, Syrie, Jordanie - article ; n°1 ; vol.6, pg 9-40
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Sociétés contemporaines - Année 1991 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 9-40
Résumé : L' évolution de la profession d'ingénieur dans de nombreux pays arabes du Proche-Orient est révélatrice des contradictions des politiques de développement. Le décalage entre la progression des effectifs et la réalité des besoins de l'économie résulte de la conjonction entre volontarisme étatique et aspirations populaires. La mise en parallèle de la situation dans ces trois pays, Liban, Syrie, Jordanie, aussi proches par l'histoire que différents par les options économiques et politiques récentes, permet de mieux faire ressortir les effets différenciés des contraintes partagées et des logiques sociales profondes d'une part, et des choix étatiques de l'autre. La faiblesse de l'industrialisation explique le poids historique du modèle libéral, mais aussi la bureaucratisation massive enSyrie comme en Jordanie. Enfin, les formes de mobilisation sociale et politique de la profession reflètent les conditions particulières dans lesquelles celle-ci s'est constituée et les mutations successives qu'elle a connues.
ELISABETH LONGUENESSE The evolution of the engineering occupation in many arab countries of the Middle East reveals some contradictions in development policies. The gap between the increasing numbers of engineers and the reality of economic needs is an effect of combined state voluntarism and popular aspirations. A comparison between the situation of engineers in Lebanon, Syria and Jordan, three countries as close in history as they are different in their present economic and political choices, gives the opportunity to lay stress on the specific role of common constraints and social mechanisms on one hand, and of state policies on the other, in recent evolutions. The low level of industrialisation explains the historical weight of the liberal professional model, but also the massive bureaucratisation in Syria and Jordan. At last, the ways of social and political mobilization of engineers reflect the particular circumstances of the constitution of their profession and its successive transformations.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Elisabeth Longuenesse
Ingénieurs et développement au Proche-Orient : Liban, Syrie,
Jordanie
In: Sociétés contemporaines N°6, Juin 1991. pp. 9-40.
Résumé : L' évolution de la profession d'ingénieur dans de nombreux pays arabes du Proche-Orient est révélatrice des
contradictions des politiques de développement. Le décalage entre la progression des effectifs et la réalité des besoins de
l'économie résulte de la conjonction entre volontarisme étatique et aspirations populaires. La mise en parallèle de la situation
dans ces trois pays, Liban, Syrie, Jordanie, aussi proches par l'histoire que différents par les options économiques et politiques
récentes, permet de mieux faire ressortir les effets différenciés des contraintes partagées et des logiques sociales profondes
d'une part, et des choix étatiques de l'autre. La faiblesse de l'industrialisation explique le poids historique du modèle libéral, mais
aussi la bureaucratisation massive enSyrie comme en Jordanie. Enfin, les formes de mobilisation sociale et politique de la
profession reflètent les conditions particulières dans lesquelles celle-ci s'est constituée et les mutations successives qu'elle a
connues.
Abstract
ELISABETH LONGUENESSE The evolution of the engineering occupation in many arab countries of the Middle East reveals
some contradictions in development policies. The gap between the increasing numbers of engineers and the reality of economic
needs is an effect of combined state voluntarism and popular aspirations. A comparison between the situation of engineers in
Lebanon, Syria and Jordan, three countries as close in history as they are different in their present economic and political
choices, gives the opportunity to lay stress on the specific role of common constraints and social mechanisms on one hand, and
of state policies on the other, in recent evolutions. The low level of industrialisation explains the historical weight of the liberal
professional model, but also the massive bureaucratisation in Syria and Jordan. At last, the ways of social and political
mobilization of engineers reflect the particular circumstances of the constitution of their profession and its successive
transformations.
Citer ce document / Cite this document :
Longuenesse Elisabeth. Ingénieurs et développement au Proche-Orient : Liban, Syrie, Jordanie. In: Sociétés contemporaines
N°6, Juin 1991. pp. 9-40.
doi : 10.3406/socco.1991.996
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1991_num_6_1_996♦ ♦♦♦♦♦♦ ELISABETH LONGUENESSE ♦ ♦♦♦♦♦♦
INGÉNIEURS ET DÉVELOPPEMENT
AU PROCHE-ORIENT :
LIBAN, SYRIE, JORDANIE.
économiques RÉSUMÉ ces aussi entre sociale contraintes s'est Proche-Orient V autre. trois constituée volontarisme la et progression La bur pays, : politique L' faiblesse eaucratisation partagées évolution et Liban, est et politiques révélatrice les de étatique des de Syrie, mutations la et V effectifs profession de des industrialisation massive récentes, et Jordanie, la logiques des aspirations profession successives et contradictions enSy la reflètent permet réalité aussi sociales rie populaires. explique comme d'ingénieur proches qu'elle des les de profondes conditions mieux besoins des en a par le politiques Jordanie. connues. poids La faire de Г dans mise histoire d'une particulières l'économie ressortir historique en Enfin, de part, parallèle que nombreux développement. les et différents résulte du dans formes des effets modèle de choix lesquelles pays de la différenciés de par la situation mobilisation libéral, Le étatiques conjonction arabes les décalage celle-ci options mais dans des de du
Liban, Syrie et Jordanie apparaissent aujourd'hui comme des pays bien
dissemblables, tant par leurs choix politiques et économiques, que par leur situation
sociale ou leur histoire récente.
Il n'y a pas si longtemps pourtant, ils appartenaient au même espace, celui de la
Syrie historique, du Bilâd ech-Châm, qui comprenait aussi la Palestine : pays
carrefour, entre Méditerranée, Taurus, Euphrate et désert arabique, ayant une réelle
unité linguistique, culturelle et historique, autour de quelques pôles urbains, Alep,
Damas, Haifa et Tripoli ; pays intermédiaire entre Egypte et Turquie, tourné vers la
Méditerranée, tôt pénétré, via le Mont Liban, par les intérêts français, mais écartelé,
à partir de 1920 et du dépècement de l'empire ottoman, entre mandat français et
mandat anglais. Cependant n'ayant pas été le siège d'une entité étatique forte depuis
longtemps, à la différence de l'Egypte, la région est touchée plus tardivement par les
politiques de modernisation. Alors que l'Egypte comme la Turquie ottomane (ou tout
du moins Le Caire et Istanbul) ont, dès le XIXe siècle, des écoles d'ingénieurs, ce
n'est le cas à Beyrouth qu'à partir de 1913, avec l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs de
Beyrouth (ESIB), créée par "l'Association lyonnaise pour le développement de
l'enseignement supérieur et technique à l'étranger" et l'Université Jésuite
Saint-Joseph. •

-

ELISABETH LONGUENESSE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
Les premiers ingénieurs syriens, libanais ou palestiniens sont donc formés à
Istanbul et au Caire avant de l'être à Beyrouth, ou, mieux encore, à Paris ou en Europe
- la Jordanie n'est alors encore qu'une marche désertique entre Palestine et Arabie.
Encore ces ingénieurs sont-ils peu nombreux et, à l'époque mandataire, les projets
d'urbanisme et la mise en place des infrastructures sont-ils souvent le fait
d'étrangers.
Après les indépendances, les jeunes Etats, ayant hérité de frontières qu'ils
n'avaient pas choisies, s'efforcent de mettre en place des politiques de
développement s'appuyant sur la valorisation des ressources nationales, y compris
celle des ressources humaines. Après 1948, la création de l'Etat d'Israël entraîne
l'exode de milliers de Palestiniens, particulièrement vers le Royaume de Jordanie,
qui récupère la moitié de la Palestine. Pendant longtemps, les cadres du royaume
seront principalement des Palestiniens, y compris les ingénieurs. Cependant, à
Beyrouth, l'Université Américaine, puis l'Université Arabe, restent longtemps des
universités à vocation régionale, attirant des étudiants des deux pays voisins, pour
qui le Liban n'est pas vraiment l'étranger. Mais ce n'est qu'à partir des années 1960,
et surtout 1970, qu'un certain décollage se fait sentir, particulièrement en matière de
politique de formation. Dès lors, cependant, les différences dans les orientations des
trois pays se font de plus en plus sentir. Au Liban, depuis 1975, les troubles récurrents
et les flambées périodiques de violence pèsent lourdement sur le marché du travail.
Néanmoins, certaines contraintes régionales, liées essentiellement aux avatars de la
rente pétrolière, se font sentir partout, de même que des mécanismes caractéristiques
des pays en voie de développement, ou faiblement industrialisés.
Une mise en parallèle des trois situations en matière de marché de l'emploi et de
formation des ingénieurs nous a paru de ce point de vue intéressante pour mieux faire
ressortir différences et similitudes, contraintes partagées et effets différenciés des
choix politiques et économiques. La comparaison permet de préciser, en même temps
que de tester, quelques hypothèses plus générales concernant les politiques de
développement, les transformations sociales récentes, et plus particulièrement les
conséquences des politiques d'éducation sur l'évolution des couches moyennes et
leur rapport à l'Etat.
En effet, la première observation, point de départ de la réflexion, est celle du
décalage entre la progression tíss effectifs (donc de la formation) d'ingénieurs et la
relative faiblesse de leur rôle dan л l'économie ; or il apparaît très vite que ce décalage
est l'effet d'une сопая'йоп partagée par les nouvelles élites au pouvoir comme par
la population, qui ïc ;ordt: à l'éducation, et particulièrement à la formation
scientifique, et techmqi. e, л; rôle déterminant, pour ne pas dire moteur, dans le
processus de dévcioppzw-Mil L;: dysfonctionnements apparus dans les années 1980
ont montré Iz c.-iractère irréaliste d'un tel volontarism

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