Inscriptions. Un aspect du symbolisme matsiguenga - article ; n°1 ; vol.67, pg 261-295
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Journal de la Société des Américanistes - Année 1980 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 261-295
La presentación de dos textos sobre la escritura y la palabra, el primero Ueno de imá- genes y de la sonoridad del chaman matsiguenga Daniel del rio Picha ; el segundo, mas analitico, de la antropologa, nos invita a reflexionar acerca de dos modalidades de pensar y de escribir que ponen en cuestión los fundamentos mismos de la investigación etnoló- gica, del pensamiento de uno sobre el otro y vice versa. Ilustrando esta interrogación, la reproduction de la grafia de los huesos matsiguenga, con una traduccion inter-linearia, materializa la alteridad irréductible enunciada рог el chaman Daniel y que el articulo define de una manera particularmente fuerte.
La présentation de deux textes sur l'écriture et la parole, le premier plein d'images et de sonorité du chaman matsiguenga Daniel du rio Picha; le second, plus analytique, de l'ethnologue, nous convie à une réflexion sur deux modes de penser et d'écrire où se trouvent interrogés les fondements mêmes de la démarche ethnologique, c'est-à-dire de la pensée de l'un sur l'autre et réciproquement. En illustration à cette interrogation, la reproduction du graphisme chevronné des plaquettes d'os matsiguenga accompagnée d'une traduction juxta-linéaire matérialise cette altérité irréductible dont nous «parle» le chaman Daniel et dont l'article définit les contours d'une manière particulièrement forte.
The presentation of two texts about writing and speech, the first one full of imagery and sonority by the shaman matsiguenga Daniel of the rio Picha, the second one, more analytic, by the anthropologist, invites us to meditate about two manners of thinking and writing which question the orientation of ethnological investigation, i.e. the thought of one about the other, and reciprocally. As an illustration of such a questioning, the reproduction of the graphism on the matsiguenga bones, with a translation, materializes this irréductible difference exposed by Daniel, which the article defines in a particularly strong way.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

France-Marie Renard-Casevitz
Inscriptions. Un aspect du symbolisme matsiguenga
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 67, 1980. pp. 261-295.
Citer ce document / Cite this document :
Renard-Casevitz France-Marie. Inscriptions. Un aspect du symbolisme matsiguenga. In: Journal de la Société des
Américanistes. Tome 67, 1980. pp. 261-295.
doi : 10.3406/jsa.1980.2197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1980_num_67_1_2197Resumen
La presentación de dos textos sobre la escritura y la palabra, el primero Ueno de imá- genes y de la
sonoridad del chaman matsiguenga Daniel del rio Picha ; el segundo, mas analitico, de la antropologa,
nos invita a reflexionar acerca de dos modalidades de pensar y de escribir que ponen en cuestión los
fundamentos mismos de la investigación etnoló- gica, del pensamiento de uno sobre el otro y vice
versa. Ilustrando esta interrogación, la reproduction de la grafia de los huesos matsiguenga, con una
traduccion inter-linearia, materializa la alteridad irréductible enunciada рог el chaman Daniel y que el
articulo define de una manera particularmente fuerte.
Résumé
La présentation de deux textes sur l'écriture et la parole, le premier plein d'images et de sonorité du
chaman matsiguenga Daniel du rio Picha; le second, plus analytique, de l'ethnologue, nous convie à
une réflexion sur deux modes de penser et d'écrire où se trouvent interrogés les fondements mêmes de
la démarche ethnologique, c'est-à-dire de la pensée de l'un sur l'autre et réciproquement. En illustration
à cette interrogation, la reproduction du graphisme chevronné des plaquettes d'os matsiguenga
accompagnée d'une traduction juxta-linéaire matérialise cette altérité irréductible dont nous «parle» le
chaman Daniel et dont l'article définit les contours d'une manière particulièrement forte.
Abstract
The presentation of two texts about writing and speech, the first one full of imagery and sonority by the
shaman matsiguenga Daniel of the rio Picha, the second one, more analytic, by the anthropologist,
invites us to meditate about two manners of thinking and writing which question the orientation of
ethnological investigation, i.e. the thought of one about the other, and reciprocally. As an illustration of
such a questioning, the reproduction of the graphism on the matsiguenga bones, with a translation,
materializes this irréductible difference exposed by Daniel, which the article defines in a particularly
strong way.INSCRIPTIONS
UN ASPECT DU SYMBOLISME MATSIGUENGA
par France-Marie CASEVITZ
... Celui qui fait tiring... (voix du tonnerre), c'est celui-là le véri
table Maître ; il est maître d'une écriture semblable d'une certaine
façon à cette machine faite pour la parole (magnétophone). Il y a
une autre écriture -que la tienne- .c'est une parole qui écrit, un
graphisme qui parle. On s'en saisit ou on s'en approche et elle
commence à parler, à t'enseigner. C'est lui, le Maître du Tonnerre,
qui nous donne cet écrit qui parle et raconte et nous le regardons et
l'écoutons. Cette écriture-ci, elle est sans voix. Je peux m'en saisir
mais elle n'a pas de paroles (joignant le geste à la parole, il s'est
saisi de mon cahier pour l'approcher de ses lèvres qui restèrent
immobiles et muettes comme l'écriture blanche). Mais l'écriture
qu'il nous donne aujourd'hui comme par le passé, elle est tracée
comme une parole qui s'entend et elle énonce ces mots, tous ces
mots qui sont les nôtres. C'est pourquoi nous (les chamans), nous
écoutons la voix de ces tracés-là. Cette écriture sienne, il
avertit quand il nous la donne alors nous allons l'écouter et cela
à tout moment, comme ce magnétophone qui s'écoute à volonté.
Avant je vivais sur le Haut Picha et là-haut dans la montagne,
près des cîmes où jaillit le soleil levant, on peut entendre et voir
cette écriture. Son maître nous appelle ôôh...ôôh... au sein des
monts rocailleux et nous nous rendons au lieu de son appel pour
voir et écouter ce qu'il nous communique. Lui, dans ces г о cailles,
nous ne le voyons pas, voyons sa parole et nous écoutons ses
écrits. C'est lui aussi qui élève le jaguar des rocailles dont on entend
la voix ein'ein'ein'... (feulement du jaguar); il annonce ainsi
sa venue...
... C'est seulement quand nous avons pris (un hallucinogène)
et quand nous avons vu ce graphisme qui parle qu'au retour
nous pouvons graver ou peindre, que nous pouvons vraiment
« écrire » (des calligrammes doués de paroles, d'une histoire par
la voix du Chaman)...
Daniel. Mayapo sur le rio Picha 262 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
Ce bref extrait d'un discours chamanistique qui dérivait fréquemment vers une réflexion
philosophique, répondait à une question sur les pétroglyphes. Le fait matériel, la gravure
sur roche, n'y fut pas directement traité et je ne saurais affirmer que le savoir commun
iqué dans les monts rocailleux par le maître du tonnerre est bien celui qui s'inscrit sous
forme de pétroglyphes.
J'ai vu de belles roches gravées sur les rives du Haut Urubamba (sud-est du Pérou
méridional, Département de Cuzco) mais les Matsiguenga des lieux (famille linguistique
arawak) christianisés et en partie sédentarisés dans des îlots de forêt encerclés par la
colonisation, ignoraient apparemment le sens ou la fonction de ces gravures composées
points par points. Je n'ai pu me rendre « écouter-voir » les messages du Maître du Tonnerre
sur le Haut Picha car ce chaman âgé ne pouvait plus entreprendre une aussi longue randonnée
vers les sources. Il palliait un manque fréquent de démonstration pratique dans son ense
ignement par un discours qui répétait à satiété les phrases-clefs ou cernait une idée-force
par une série de variations linguistiques. Il voulait ainsi graver dans ma mémoire les
lettres de son dire. Mais l'auditrice accomplissait son travail d'écoute au moyen de l'écri
ture d'une part, de mémoires magnétiques d'autre part. Dès lors la question sur les pétro
glyphes était prétexte à penser le problème de l'écriture, à se livrer à ce qu'on pourrait
appeler une graphologie comparée entre l'écriture blanche et les textes révélés. Daniel
prolongeait ainsi une séance matinale consacrée à quelques écritures ; il m'avait d'abord
dessiné sur papier plusieurs types d'inscriptions fort compliquées puis il était allé en
chercher les modèles en forêt : c'était des feuilles d'arbustes minées de galeries d'insectes
et offrant en relief des taches ou des tracés argentés bien nets sur le fond vert, c'était
les écrits des peuples d'insectes.
Parmi le corpus des signes recueillis chez les Matsiguenga, je présenterai dans ces pages
les éléments d'un seul ensemble, la gravure sur os. Mais il faut savoir qu'au-delà de la
variété contraignante des supports et des techniques de production, les mêmes signes
se retrouvent de la peinture des visages aux motifs des vanneries ou des travaux de perles,
de la sculpture sur bois au tissage. Coupés des autres ensembles expressifs, ces signes
gravés sur os et leur énoncé resteraient incompréhensibles s'ils étaient également privés
de toutes leurs racines culturelles. Il est donc utile de répondre partiellement à l'invite
du chaman qui, par son interprétation anagogiqu*, éclaire le fondement de ces signes
abstraits qu'après Apollinaire on pourrait justement dénommer calligrammes.
Daniel oppose une écriture des blancs : otsirigantagani à celle de son peuple : nianki-
tsirira sangenata, parole qui écrit, ou sangenari aityo oniake, inscription qui parle. La
première expression désignant l'acte de se peindre est formée sur le thème composé
tsi-re (feu-séparé) qui désigne différents modes de séparation : séparation végétale de la
branche qui tombe, de la fleur ou de la plante qu'on cueille, spatiale du reflet
tsirentaka, ou encore chute des dents, chute des eaux au sens d'étiage ; bref comme l'atteste
l'adverbe atsirikoni, d'un côté.. .de l'autre... ce thème indique l'idée de rupture d'un
continuum, de démembrement d'une totalité l. Cette utilisation d'un terme détourné de
son usage courant pour

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