Intégration de l enseignement africain au développement - article ; n°41 ; vol.11, pg 17-46
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Description

Tiers-Monde - Année 1970 - Volume 11 - Numéro 41 - Pages 17-46
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Philippe Hugon
Intégration de l'enseignement africain au développement
In: Tiers-Monde. 1970, tome 11 n°41. pp. 17-46.
Citer ce document / Cite this document :
Hugon Philippe. Intégration de l'enseignement africain au développement. In: Tiers-Monde. 1970, tome 11 n°41. pp. 17-46.
doi : 10.3406/tiers.1970.1682
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1970_num_11_41_1682INTÉGRATION
DE L'ENSEIGNEMENT AFRICAIN
AU DÉVELOPPEMENT (I)
par Philippe Hugon*
« Les pays sous-développés sont sous-instruits » (2). L'évolution récente
de l'Afrique noire francophone révèle que ce sont aussi des pays mal instruits.
Les progrès de la scolarisation dans les pays du Tiers Monde sont remar
quables depuis une dizaine d'années, malgré de grandes différences entre les
Etats. En Afrique, les effectifs scolaires ont triplé depuis 1953; leur taux
annuel de croissance atteint 8 % en moyenne; cet effort quantitatif va avoir
des effets dont on mesure mal l'ampleur et qu'il serait erroné de mésestimer.
Toutefois la scolarisation est souvent apparue comme un mythe; elle est
considérée par les gouvernants comme le remède pour sortir du sous-dévelop
pement; elle est envisagée par les jeunes comme le moyen d'acquérir un
diplôme permettant de quitter le milieu rural; les pays du Tiers Monde ont
consacré une part considérable de leur énergie à développer l'enseignement,
sans qu'il en résulte un progrès économique notable ni que soient formés les
cadres nécessaires à la croissance. Certains responsables considèrent aujour
d'hui que cet effort éducationnel est démesuré comparé aux ressources écono
miques et qu'il est inadapté eu égard aux besoins du développement. Le
rythme de croissance des charges de l'Etat pour l'enseignement a été dans la
plupart des pays africains plus rapide que celui du budget et du produit inté
rieur brut (P.I.B.). Certains parlent ainsi d'une prochaine catastrophe de
l'enseignement.
Dans presque tous les pays d'Afrique noire les goulots d'étranglement
* Chargé de recherche à TLE.D.E.S., maître assistant à l'Université de Tananarive.
(1) Cet article a été rédigé en juin 1967. Depuis cette date, de nombreuses expériences
nouvelles ont été lancées mais qui envisagent la réforme du système d'enseignement d'une
manière partielle. La critique que nous formulons aux expériences parcellaires peut donc
s'appliquer à ces essais récents.
(2) Jean FouRASTiÉ, Population, juin 1958, n° 12, p. 226.
17 HUGON PHILIPPE
les plus importants se situent au niveau moyen et subalterne, alors qu'un
flux croissant d'élèves quittant l'enseignement primaire et le premier cycle
de l'enseignement secondaire se trouvent sans emploi.
Il n'est pas question de nier les conséquences très heureuses résultant de
la mise en contact d'une population avec la civilisation de l'écrit, ni de stopper
l'effort de scolarisation alors que, pour la première fois de son histoire, l'Afrique
noire va avoir une majorité d'enfants alphabètes; il s'agit d'éviter que la
machine scolaire ne tourne à vide. Certaines initiatives ont ainsi vu le jour,
depuis quelques années, pour essayer d'adapter l'enseignement aux besoins
ruraux. Nous voudrions présenter quelques-unes de ces expériences d'adaptat
ion en milieu rural et montrer qu'une véritable refonte du système d'enseigne
ment suppose en réalité une intégration de l'éducation au développement (i).
I. — L'inadaptation de l'enseignement et les essais d'adaptation
i. Les défauts du système actuel : l'inadaptation
La scolarisation s'est développée ilya une dizaine d'années sans que
soient analysées les conséquences de l'accroissement des effectifs, ni le contenu
souhaitable de l'enseignement. L'Afrique noire a hérité d'un système proche
du modèle européen qui a révélé de graves défauts quant à son coût, son
rendement, son contenu et ses conséquences.
A) Le coût de l'enseignement. — La charge financière de l'enseignement
africain est lourde; dans la plupart des pays, le poids relatif des dépenses
d'éducation est plus élevé que dans les pays développés (2); le budget affecté
à l'enseignement représente plus de 4 % du P J.B. et plus de 1 5 % du budget
national en moyenne.
Les maîtres fonctionnaires touchent des traitements relativement import
ants; l'infrastructure est onéreuse; la durée des études et les déperditions
(1) Nous avons rédigé cet article à partir de certains des documents que M. Botti, direc
teur du Groupe de Recherche « Economie de l'Education » de FI.E.D.E.S. a rassemblés
en vue d'une étude prochaine sur les problèmes d'adaptation du système d'éducation dans
son ensemble aux besoins du développement en Afrique noire francophone.
Nous étudions dans cet article l'enseignement en milieu rural qui est un aspect seulement
de l'éducation. L'éducation comprend tous les procédés par lesquels les individus sont
formés à leur fonction dans la société; les types en sont très nombreux et varient de l'alphabé
tisation des adultes à l'animation rurale, de la formation professionnelle au développement
communautaire, de l'enseignement sanitaire aux ménages à la vulgarisation agricole. Nous
nous limiterons aux enseignements primaire et postprimaire en milieu rural, ainsi qu'à la
formation professionnelle des adolescents et adultes dans des centres ruraux.
(2) Cf. M. Botti, Recherches sur les coûts de renseignement primaire en Afrique francophone,
3 tomes, S.E.D.E.S., 1967. N. H. Chau, Les coûts de l'éducation, Tiers Monde, I.E.D.E.S.,
Presses Universitaires de France, Paris, avril-juin 1965, t. VI, n° 22.
18 INTÉGRATION DE L'ENSEIGNEMENT AFRICAIN
d'effectifs grèvent d'autant le budget (i). Il paraît exclu, du fait des contraintes
financières, que les pays peu scolarisés puissent atteindre les objectifs de
scolarisation prévus par la Conférence d'Addis-Abéba (2).
La charge humaine de l'enseignement est également importante; l'ense
ignement est un accapareur d'élites et utilise des éléments qualifiés qui auraient
pu être employés dans d'autres secteurs (coût d'opportunité) ; il est le principal
créateur d'emplois : l'auto-expansion du système d'enseignement fait naître
des besoins croissants en maîtres qui sont satisfaits par ce système; par exemple,
au Dahomey plus des deux tiers des emplois seront créés d'ici 1980 dans
l'enseignement; à Madagascar deux tiers de l'assistance technique sont affectés
à la formation. Il semble que la machine scolaire tourne de plus en plus vite
mais sans embrayer sur le réel et indépendamment des possibilités financières.
B) Le rendement de renseignement. — L'enseignement conduit d'autre part
à des gaspillages pendant le système. Pour canaliser une demande sociale
très forte, les autorités sont obligées de construire des écoles ou souvent de
fournir des maîtres lorsque les écoles sont déjà construites par le village;
en réalité, du fait de la stratification sociale et des déperditions, cette politique
ne donne le plus souvent que l'illusion de promotion scolaire aux populations.
Lorsque les écoles publiques n'ont pas été construites ou sont saturées, les
familles payent des droits d'écolage dans des écoles privées non confessionnelles
qui sont à but uniquement lucratif et qui donnent également aux familles
l'illusion de la promotion scolaire.
L'enseignement est réparti de manière très inégale selon les régions et les
groupes sociaux. Le taux de scolarisation dans les régions de sahel est voisin
de 1 5 % et supérieur à 60 % dans les régions côtières.
L'origine sociale des élèves révèle une forte stratification sociale; par
exemple à Madagascar, en terminale les enfants de fonctionnaires provenaient
en 1967 pour 44 % des hauts fonctionnaires, pour 29 % des cadres moyens,
26 % de petits fonctionnaires et 1 % d'exécutants; les enfants de non-
fonctionnaires étaient pour 30 % fils de la bourgeoisie riche, 33 % de la
bourgeoisie moyenne, 25 % d'art

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