Islam officiel contre islam politique en Ouzbékistan aujourd hui : la Direction des Musulmans et les groupes non-hanafî - article ; n°3 ; vol.31, pg 151-164
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2000 - Volume 31 - Numéro 3 - Pages 151-164
The author, a historian and specialist of Islam in Central Asia from the 16th to the 20th century, analyzes the Program adopted by the Muslim Directorate of Uzbekistan on March 1 2000 in an effort at counteracting the influence of radical Islamist movements. This analysis reveals to what extent the official Uzbek clergy is still habituated to using threats, political practices and rhetorics dating from the Soviet era. Reactions to this program are used to assess how much this Directorate - a religious hierarchy initially set up under Stalin - lacks legitimacy, even inside the Hanafî theological school, headed in principle by the Tashkent mufti. A systematic critique is made of the coercive religious policy launched by Islam Karimov's government, which has set a police state that could undermine the political stability not just of Uzbekistan, but even of all of Central Asia.
Historien spécialiste de l'islam en Asie centrale du XVIe au XXe siècle, l'auteur analyse un Programme adopté le 1er mars 2000 par la Direction des Musulmans d'Ouzbékistan, représentant l'islam officiel, pour lutter contre l'influence des mouvements islamistes contestataires. Une présentation du texte révèle à quel point le clergé ouzbek officiel reste influencé par les pratiques et la rhétorique politiques comminatoires de la période soviétique. L'analyse de l'écho rencontré par ce document permet à l'auteur de mesurer le déficit de légitimité d'une hiérarchie religieuse instaurée sous le régime stalinien, même à l'intérieur de l'école théologique hanafî dont le mufti de Tachkent est pourtant censé être le chef. Dans une dernière partie, l'auteur se livre à une critique en règle de la politique religieuse coercitive du régime Karimov dont le caractère policier est présenté ici comme une menace pour la stabilité politique de l'Ouzbékistan, voire de l'Asie centrale dans son ensemble.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bakhtyar Babadjanov
Stéphane Dudoignon
Islam officiel contre islam politique en Ouzbékistan aujourd'hui :
la Direction des Musulmans et les groupes non-hanafî
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 31, 2000, N°3. Les communistes en Europe centrale. Le
système éducatif en Russie. pp. 151-164.
Abstract
The author, a historian and specialist of Islam in Central Asia from the 16th to the 20th century, analyzes the Program adopted by
the Muslim Directorate of Uzbekistan on March 1 2000 in an effort at counteracting the influence of radical Islamist movements.
This analysis reveals to what extent the official Uzbek clergy is still habituated to using threats, political practices and rhetorics
dating from the Soviet era. Reactions to this program are used to assess how much this Directorate - a religious hierarchy initially
set up under Stalin - lacks legitimacy, even inside the Hanafî theological school, headed in principle by the Tashkent mufti. A
systematic critique is made of the coercive religious policy launched by Islam Karimov's government, which has set a police state
that could undermine the political stability not just of Uzbekistan, but even of all of Central Asia.
Résumé
Historien spécialiste de l'islam en Asie centrale du XVIe au XXe siècle, l'auteur analyse un Programme adopté le 1er mars 2000
par la Direction des Musulmans d'Ouzbékistan, représentant l'islam officiel, pour lutter contre l'influence des mouvements
islamistes contestataires. Une présentation du texte révèle à quel point le clergé ouzbek officiel reste influencé par les pratiques
et la rhétorique politiques comminatoires de la période soviétique. L'analyse de l'écho rencontré par ce document permet à
l'auteur de mesurer le déficit de légitimité d'une hiérarchie religieuse instaurée sous le régime stalinien, même à l'intérieur de
l'école théologique hanafî dont le mufti de Tachkent est pourtant censé être le chef. Dans une dernière partie, l'auteur se livre à
une critique en règle de la politique religieuse coercitive du régime Karimov dont le caractère policier est présenté ici comme une
menace pour la stabilité de l'Ouzbékistan, voire de l'Asie centrale dans son ensemble.
Citer ce document / Cite this document :
Babadjanov Bakhtyar, Dudoignon Stéphane. Islam officiel contre islam politique en Ouzbékistan aujourd'hui : la Direction des
Musulmans et les groupes non-hanafî. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 31, 2000, N°3. Les communistes en
Europe centrale. Le système éducatif en Russie. pp. 151-164.
doi : 10.3406/receo.2000.3043
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2000_num_31_3_3043Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2000, vol. 31, n° 3, pp. 151-164
Islam officiel contre islam politique
en Ouzbékistan aujourd'hui : la Direction
des Musulmans et les groupes non-hanafî
Bakhtyar BABADJANOV *
résumé : Historien spécialiste de l'islam en Asie centrale du XVIe au XXe siècle, l'au
teur analyse un Programme adopté le 1er mars 2000 par la Direction des Musulmans
d'Ouzbékistan, représentant l'islam officiel, pour lutter contre l'influence des mouve
ments islamistes contestataires. Une présentation du texte révèle à quel point le clergé
ouzbek officiel reste influencé par les pratiques et la rhétorique politiques comminatoires
de la période soviétique. L'analyse de l'écho rencontré par ce document permet à l'auteur
de mesurer le déficit de légitimité d'une hiérarchie religieuse instaurée sous le régime sta
linien, même à l'intérieur de l'école théologique hanafî dont le mufti de Tachkent est
pourtant censé être le chef. Dans une dernière partie, l'auteur se livre à une critique en
règle de la politique religieuse coercitive du régime Karimov dont le caractère policier est
présenté ici comme une menace pour la stabilité politique de l'Ouzbékistan, voire de
l'Asie centrale dans son ensemble.
abstract : The author, a historian and specialist of Islam in Central Asia from the 16th
to the 20th century, analyzes the Program adopted by the Muslim Directorate of
Uzbekistan on March 1 2000 in an effort at counteracting the influence of radical Islamist
movements. This analysis reveals to what extent the official Uzbek clergy is still habi
tuated to using threats, political practices and rhetorics dating from the Soviet era.
Reactions to this program are used to assess how much this Directorate - a religious hie
rarchy initially set up under Stalin - lacks legitimacy, even inside the Hanafî theological
school, headed in principle by the Tashkent mufti. A systematic critique is made of the
coercive religious policy launched by Islam Karimov's government, which has set a
police state that could undermine the political stability not just of Uzbekistan, but even
of all of Central Asia.
Nous souhaitons proposer dans la présente étude l'analyse d'un Programme
adopté le 1er mars 2000 par la Direction des musulmans d'Ouzbékistan
(O'zbekiston musulmonlar idorasi ; infra : O'MI) et ratifié par l'actuel chef de
cette institution, le mufti Abdurashid Bahromov. Nous aborderons ce document
sous trois angles : d'abord, une présentation du texte et de ses principaux points ;
puis son analyse à la lumière de la situation religieuse actuelle en Ouzbékistan,
Directeur de recherche à l'Institut des Études Orientales de l'Académie des Sciences
d'Ouzbékistan, directeur de la section des études islamiques (e-mail : sharq@baht.silk.org). Bakhtyar Babadjanov 152
notamment à travers les commentaires qui ont émané de mouvements et groupes
non-hanafî actuels ; enfin, nous proposons d'aborder ce document comme une
source pour l'étude du fonctionnement interne de l'O'MI et comme un révéla
teur de la vision politique qu'ont les conseillers pour les affaires religieuses de la
présidence de la république d'Ouzbékistan.
Mais avant d'aborder ces différents points, peut-être serait-il bon de rappeler
en quelques mots ce qu'est le hanafisme (en arabe : hanafiyya). Il s'agit de l'une
des quatre grandes écoles théologiques et juridiques (en arabe : madhhab, pi.
madhâhib) de l'islam sunnite, mise sur pied en Iraq au Ville siècle de notre ère,
mais théorisée pour l'essentiel par des 'ulamâ d'Asie centrale entre les Xe et
XIIe siècles, et qui exerce une position dominante dans toute cette région depuis
l'époque post-mongole. Parmi les traits particuliers de cette école, on peut citer
l'autonomie relative laissée aux 'ulamâ dans les questions de théologie et de
droit non documentées par la Tradition du Prophète, une tolérance particulière
pour les coutumes et rites anté-islamiques, ainsi qu'une reconnaissance généra
lement répandue de la séparation des pouvoirs temporel et spirituel (cf.
Muminov, 1990 et 1999, notamment pp. 102-106).
Peut-être ne serait-il pas inutile non plus de nous arrêter brièvement sur l'his
toire et le statut particulier de l'O'MI, qui est l'héritière directe de l'ancienne
Direction spirituelle des musulmans pour l'Asie médiane (en russe :
Sredneaziatskoe Dukhovnoe Upravlenie Musul'man, SADUM ')• Celle-ci était
elle-même un dérivé régional de la Direction spirituelle centrale des musulmans
de Russie, instituée en 1917 pour remplacer l'ancienne Assemblée spirituelle
fondée par Catherine II en 1788, dans le but de créer un "clergé" musulman offi
ciel (Azamatov, Valeeva & Utabaj-Karimi, 1999). Les 'ulamâ admis à diriger ces
institutions successives étaient, sous l'Empire comme au début de la période
soviétique, des religieux prônant une attitude conformiste et de soumission à
l'égard des autorités politiques, reconnaissant la possibilité d'un plein dévelop
pement de la communauté musulmane dans le cadre d'un État non islamique (cf.
Azamatov, 1996 et 1998). La SADUM fut créée en 1943, depuis Moscou, dans
le but d'organiser un contrôle centralisé de l'activité religieuse à l'échelle de la
région centrasiatique. La nouvelle structure ne disposait d'aucune autonomie et
toute décision ou document émanant d'elle devait être soumis à la censure
d'État.
Or jusqu'à l'époque moderne, l'existence de structures "ecclésiastiques" cen
tralisé

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