Jérusalem et Antioche au temps de Baudouin II - article ; n°4 ; vol.124, pg 717-734
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1980 - Volume 124 - Numéro 4 - Pages 717-734
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Hans Eberhard Mayer
Jérusalem et Antioche au temps de Baudouin II
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 4, 1980. pp. 717-
734.
Citer ce document / Cite this document :
Mayer Hans Eberhard. Jérusalem et Antioche au temps de Baudouin II. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 4, 1980. pp. 717-734.
doi : 10.3406/crai.1980.13786
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1980_num_124_4_13786JÉRUSALEM ET ANTIOCHE SOUS BAUDOUIN II 717
COMMUNICATION
JÉRUSALEM ET ANTIOCHE AU TEMPS DE BAUDOUIN II,
PAR M. HANS EBERHARD MAYER
Dès le début de son règne, le roi Baudouin II de Jérusalem (1118-
1131) se heurta à une puissante opposition de la part de la noblesse1.
Son accession au trône avait été controversée de façon véhémente.
Les pragmatiques, avec à leur tête le patriarche Arnulf de Jérusalem
et Joscelin de Galilée, avaient mené et soutenu sa candidature ; les
légitimistes avaient tenté, de leur côté, d'installer sur le trône le
comte Eustache III de Boulogne, frère de Godefroy de Bouillon et
de Baudouin Ier. Cette tentative échoua par suite de la présence de II lors de l'enterrement de Baudouin Ier, alors qu'Eus-
tache se trouvait dans une Europe qu'il quitta à regret ; mais c'est
volontiers qu'il repassa les Alpes en apprenant la situation créée
entre-temps par Baudouin II à Jérusalem2.
Si Baudouin II reçut l'onction à Pâques 1118, ce n'est qu'à la
Noël 1119 qu'il fut couronné, et cela pour des raisons qui nous
échappent aujourd'hui. Peu après, en janvier 1120, il fit à l'Église,
lors de ce qu'il est convenu d'appeler le concile de Naplouse, des
concessions importantes en renonçant au contrôle royal des revenus
de l'Église, contrôle qui avait été rigoureusement exercé par Bau
douin Ier. Il essaya de s'attirer une clientèle non-lorraine dans un
royaume à majorité lorraine et flamande3. Aussi n'est-il pas étonnant
qu'une opposition contre Baudouin se soit constituée au sein de la
noblesse.
Les démêlés violents ne manquèrent pas. En 1122, le roi dut
prendre les armes pour faire échouer une tentative du comte de
Tripoli d'ébranler la suzeraineté de Jérusalem4, et vers la fin de son
1. Jean Richard, Le royaume latin de Jérusalem, Paris, 1953, p. 69.
2. Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, XII, 3
dans Recueil des Historiens des Croisades. Historiens occidentaux, I, Paris, 1844,
p. 513-516.
3. L'exemple de l'inféodation de Hugues du Puiset (dans l'Orléanais) sur
venue à Jafïa peu après l'arrivée de Baudouin II au pouvoir en constitue la carac
téristique. En Galilée, qui était la plus importante seigneurie du royaume, le roi
après le départ de Joscelin Ier pour Édesse, éleva Guillaume de Buris au rang de
seigneur ; certes, ce dernier avait été auparavant un des plus importants vassaux
de Joscelin, mais il était originaire de la région de Paris.
4. Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, III, 11, éd. Heinrich Hagen-
meyer, Heidelberg, 1913, p. 648.
1980 47 718 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
règne apparut la première révolte ouverte de la noblesse dans le
royaume de Jérusalem. Elle fut conduite par le seigneur d'Outre-
Jourdain et eut pour conséquence de le déposséder de son fief5.
Mais nous voulons aujourd'hui nous consacrer à un autre cas
d'opposition féodale au roi Baudouin II. Elle fut menée en partie
ouvertement, en partie secrètement contre sa politique d'interven
tion à Antioche qui ne cessait de devenir impopulaire.
Baudouin II n'avait pas seulement hérité du royaume de Bau
douin Ier mais aussi de sa politique vis-à-vis du Nord. Baudouin Ier,
en apparaissant en 1109 au camp dressé devant Tripoli, était devenu
l'arbitre incontesté de l'Orient latin. Il avait, à l'époque, mené
à bonne fin un des problèmes les plus épineux des États croisés,
à savoir le problème de la dépendance féodale du comté de Tripoli.
Tous les princes chrétiens, y compris le régent — formellement
indépendant — Tancrède d'Antioche, durent reconnaître sa sen
tence arbitrale : Baudouin Ier fut appelé à juger les princes chrétiens
d'Orient et devint, de ce fait, leur autorité morale suprême pour ce
qui concerne le domaine temporel.
Tout cela ne constituait pas un problème de droit puisque ce
n'était pas en tant que roi que Baudouin avait fait venir les princes
à Tripoli, mais au nom de l'Église de Jérusalem6. Ce fut une démonst
ration de puissance et de prestige politique. Elle engendra une hégé
monie fragile de Jérusalem, mais cette hégémonie était pleine
d'impondérables. Si les rois de Jérusalem voulaient conserver cette
position, ils devaient aussi protéger au Nord les principautés d'Ant
ioche, d'Édesse et de Tripoli en période de crise, ainsi que le fai
saient les empereurs romains du Moyen Âge, en allant en Italie.
Cela imposait aux vassaux de Jérusalem des charges supplémentaires,
alors qu'ils avaient suffisamment à faire dans leur propre royaume.
C'est ainsi, par exemple, que sur vingt-six mois ils durent en passer
dix-huit ou dix-neuf en campagne entre mars 1110 et avril 1112,
dont de juin à août 1110 à Édesse, avril et septembre 1112 à
Antioche. A la fin, le roi et sa troupe étaient, selon les mots de Fou-
cher de Chartres, taedio et labore valde fatigatus7 et ne pouvaient
rentrer chez eux aussi vite qu'ils l'auraient désiré.
Lorsqu'on examine les choses rétrospectivement, il semble qu'il
dut paraître évident aux vassaux de Jérusalem que les campagnes
antiochiennes œuvraient en leur faveur à longue échéance, étant
donné qu'elles conservaient intacts les États croisés du Nord qui
5. Hans E. Mayer, Studies in the History of Queen Melisende of Jérusalem, dans
Dumbarton Oaks Papers, XXVI (1972), p. 105 sq.
6. Albert d'Aix, Historia Hierosolymitana, X, 3, dans Recueil des Historiens
des Croisades. Historiens occidentaux, IV, Paris, 1879, p. 667.
7. Foucher de Chartres, Historia, II, 46, p. 559. JÉRUSALEM ET ANTIOCHE SOUS BAUDOUIN II 719
servaient de tampon vis-à-vis d'Alep, Mossoul et Damas. Mais les
vassaux du Moyen Âge constituaient des noyaux égocentriques plus
intéressés aux gains à brève qu'à longue échéance. On peut arguer
que les interventions couronnées de succès de 1110 et 1111 en Syrie
du Nord déterminèrent Maudoûd de Mossoul à attaquer directement
la Palestine en 1113, estimant qu'elle était à l'origine du mal. S'il
avait mis à profit ses premiers succès en 1113 à Sinn-al-Nabra, il
est certain qu'il en serait résulté une situation critique. Mais il se
retira et fut assassiné la même année, cependant qu'à Alep la mort
de Ridwân conduisait à l'anarchie. Lorsque le sultan reprit le combat,
il nomma général en chef Boursouq, un Perse aussi peu populaire à
Alep et à Damas qu'il l'était à Jérusalem. Il se fit battre à Tell-
Dânîth en 1115 par une puissante coalition musulmano-chrétienne
menée par Roger d'Antioche.
Antioche jouit d'une période de paix de 1115 jusqu'à la mort de
Baudouin Ier en 1118. Mais, en juin 1119, Roger d'Antioche fut
écrasé par Ilghâzi d'Alep au cours d'une bataille qui porte à juste
titre le nom de « Champ du Sang » (ager sanguinis). Roger y mourut,
l'armée d'Antioche fut massacrée, la noblesse antiochienne décimée,
réduite à néant même. Seule Jérusalem pouvait apporter une aide.
Le roi Baudouin II prit la route du Nord après avoir reçu, peu avant
la bataille du Champ du Sang, un appel du prince d'Antioche. Mais
il n'arriva sur place qu'après la bataille. C'est à la demande des
Antiochiens qu'il assuma la régence de la principauté d'Antioche
au nom de Bohémond II, fils du défunt prince Bohémond Ier. Ce
fils était encore un enfant et vivait en Apulie. Il devait attendre tout
d'abord sa majorité puis venir en Orient. L'implication du roi, et
par l&

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