L ancienne organisation cérémonielle et politique des Samoa occidentales - article ; n°2 ; vol.4, pg 63-83
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L'ancienne organisation cérémonielle et politique des Samoa occidentales - article ; n°2 ; vol.4, pg 63-83

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Description

L'Homme - Année 1964 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 63-83
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Panoff
L'ancienne organisation cérémonielle et politique des Samoa
occidentales
In: L'Homme, 1964, tome 4 n°2. pp. 63-83.
Citer ce document / Cite this document :
Panoff Michel. L'ancienne organisation cérémonielle et politique des Samoa occidentales. In: L'Homme, 1964, tome 4 n°2. pp.
63-83.
doi : 10.3406/hom.1964.366643
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1964_num_4_2_366643L'ANCIENNE ORGANISATION CÉRÉMONIELLE
ET POLITIQUE DES SAMOA OCCIDENTALES
par
MICHEL PANOFF
Les observateurs et les théoriciens ont vu tour à tour dans les institutions
samoanes le modèle d'une monarchie parlementaire, d'une démocratie patriarcale
et d'une fédération de familles1. En fait, il apparaît que peu d'efforts ont été
tentés en vue d'une interprétation systématique des matériaux recueillis sur cet
archipel, la plupart des auteurs se bornant à puiser dans l'admirable somme de
Kraemer2 quelques exemples, aussitôt décolorés par leur intégration à une théorie
trop générale et, le plus souvent, soucieuse des seules récurrences communes à
l'ensemble de la Polynésie. On se trouve ainsi en présence de conceptions unitaires
et simplifiées, aussi diverses que l'était, sous sa prétendue homogénéité, la société
samoane elle-même.
Nous nous proposons de reprendre ici le problème classique des liens du sang
et des liens du sol en procédant à un inventaire complet des villages et districts
décrits par Kraemer à la fin du xixe siècle. En refusant ainsi de sacrifier les carac
tères différentiels des plus petites unités, on est conduit à laisser de côté les Samoa
Orientales. Ce parti s'explique aisément. Tandis qu'une étude historique se devrait
de considérer l'archipel samoan comme un tout et de reconnaître une place de
premier plan à l'île de Manu'a, foyer d'importantes migrations, l'adoption d'un
point de vue synchronique oblige à distinguer deux systèmes représentés respec
tivement par les îles de l'Ouest et les îles de l'Est. Ces dernières ayant fait l'objet
d'une brillante monographie de Margaret Mead3, il a semblé préférable de s'en
tenir aux Samoa Occidentales (îles de Savai'i et Upolu, îlot Manono) qui comptaient
quelque 30 000 habitants en 1897 et étaient placées sous une autorité politique
1. Notamment J. B. Stair, Old Samoa, Londres, 1897, p. 76, et G. Turner, Samoa,
Londres, 1884, p. 173.
2. A. Kraemer, Die Samoa-Inseln, 2 vol., Stuttgart, 1902.
3. M. Mead, « The Social Organization of Manu'a », Bishop Museum Bulletin, Honolulu,
1930. MICHEL PANOFF 64
centrale personnifiée par un Chef Suprême (Tafa'ifa) que les Européens appelaient
improprement Empereur.
Tel est le cadre dans lequel ont été recensées toutes les familles que les généal
ogies publiées par Kraemer permettent d'identifier comme unités distinctes. Pour
obtenir des recoupements avec les données de Von Buelow1, il s'avéra nécessaire
d'écarter toutes les générations antérieures à la 15e, parce que trop souvent
incertaines ou inconnues, et postérieures à la 30e, cette dernière limite marquant
le début d'une période d'acculturation intense. De plus, l'assimilation à la lignée
principale de branches secondaires ou d'origine trop récente pour s'être individual
isées réellement délimita un ensemble de lignées d'une manipulation plus facile.
C'est donc autour du réseau des familles et de l'organisation villageoise que
s'ordonnera l'analyse des principales pratiques cérémonielles et politiques connues :
— protocole des salutations dans les fono (assemblées à attributions mult
iples) ;
— participation au pouvoir de décision ;
— relations politiques entre groupes territoriaux ;
— alliances militaires ;
— relations de fraternité rituelle entre districts et entre villages ;
— associations bipolaires entre communautés de prière et communautés
combattantes (relations alataua-ituau) .
I. — Ramification des familles
Centre de la vie politique, le village samoan est constitué par la juxtaposition
de plusieurs « maisons », groupes de résidence où semble prévaloir la règle bilocale.
Les membres de ces « maisons » appartiennent à diverses familles étendues (aiga)
dont les ramifications franchissent les frontières des unités territoriales pour
réapparaître souvent d'une île à l'autre. L'autorité politique et cérémonielle est
exercée par le conseil de village (fono) qui contrôle les travaux d'intérêt collectif,
décide des tabous saisonniers, règle les échanges rituels et les relations avec les
autres villages, et déclare la guerre. Le fono recrute ses membres par cooptation
à l'intérieur des seules « maisons » qui détiennent des titres et noms cérémoniels,
tels que ceux de grand-chef, chef, chef-orateur (tulafale ali'i) et représentant de
famille roturière (tulafale) . A cette échelle correspond une hiérarchie des catégories
sociales, dont la rigidité, plus apparente que réelle, s'efface dans la conduite des
affaires. C'est ainsi que le grand-chef choisit généralement ses porte-parole et ses
conseillers les plus écoutés parmi les tulafale qui, contrairement à l'interprétation
1. W. Von Buelow, « Der Stammbaum der Konige von Samoa », Globus, n° 71, 1897. ORGANISATION DES SAMOA OCCIDENTALES
île de SAVAII
Safotu
lologa SALEGA Nom de district
Palaulide chef-lieu
Tafua Autre village
0 10km
île d'UPOLU
l'ali'fai.ufilufifaleasiu Auti-e Nom de village chef-Keu district .alpmanu
0 101cm 66 MICHEL PANOFF
du P. Violette1, sont, non pas des « chefs de deuxième ordre », mais les mandataires
de familles plébéiennes. Une structure identique se retrouve au niveau du district,
unité plus vaste regroupant sous une même autorité plusieurs villages et affirmant
sa souveraineté sur un territoire aux limites clairement définies. De même, l'exi
stence d'un fono central est attestée dans la capitale de chacun des trois grands
ensembles qui se partageaient Upolu et que, au risque de suggérer des idées fausses
sur leur véritable caractère, il faut bien appeler « royaumes » pour la commodité.
Enfin, les Samoa Occidentales reconnaissaient, au moins nominalement, un gou
vernement unique conçu sur un modèle semblable.
Les salutations cérémonielles (fa'alupega), récitées à l'ouverture de chaque
séance de ces assemblées, énumèrent successivement toutes les personnes présentes
et indiquent l'ordre dans lequel elles prennent la parole et boivent le kava.
L'analyse de ces formules protocolaires révèle donc la participation des différentes
familles aux fono de village, de district et de « royaume » ainsi que la position
hiérarchique qui leur est assignée. A cet égard, une première constatation s'impose :
les familles d'orateurs de la localité considérée sont citées dans toutes les salutations
et toujours au premier rang, règle qui ne souffre pas d'exception dans les quatre-
vingt-onze fa'alupega étudiés et appellera quelques développements en raison de
l'origine roturière et de l'assise strictement locale de ces dignitaires. Deux autres
invariants méritent d'être relevés : presque toutes les salutations s'adressent à
certains groupements territoriaux (villages ou districts) nommément désignés
autant qu'à des individus ou à des familles ; il y a là une reconnaissance explicite
des liens du sol dont les orateurs se plaisent à rappeler la signification historique.
D'autre part, les jeunes gens de l'aristocratie qui préparent le kava sont toujours
mentionnés en dernier lieu.
a) Savai'i.
Dans cette île, divisée en six districts, le recrutement des membres des fono
doit être considéré successivement aux niveaux des villages et des districts.
A l'intérieur de chaque district certaines familles sont-elles représentées dans
plusieurs assemblées villageoises à la fois ? Le cas est fort rare, à l'exception des
districts de Salega et Asau dont la cohésion avait déjà frappé Kraemer. En
revanche, de très nombreuses familles pa

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