L avortement en question - article ; n°3 ; vol.1, pg 309-319
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Description

Déviance et société - Année 1977 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 309-319
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Marie-Thérèse Meulders
L'avortement en question
In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1 - N°3. pp. 309-319.
Citer ce document / Cite this document :
Meulders Marie-Thérèse. L'avortement en question. In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1 - N°3. pp. 309-319.
doi : 10.3406/ds.1977.954
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1977_num_1_3_954Déviance et Société, Genève, 1977, vol. 1, No 3, p. 309-319
Tribune: l'avortement
L'AVORTEMENT EN QUESTION
M.T. MEULDERS *
II n'est, en matière d'avortement, que deux positions simples : le
TOUT ou le RIEN.
Entre ces deux extrêmes commencent les difficultés, et pour ceux
qui cherchent une solution plus nuancée à ce qui leur apparaît comme
un conflit majeur de valeurs et d'intérêts, un long et cruel dilemme.
Mais le dilemme ne se pose pas qu'en termes éthiques. Il se pose
aussi et peut-être davantage encore, en termes stratégiques. Face à un
problème évident, mais infiniment ambigu et complexe, qu'elle est la
solution la plus apte à atteindre ce que l'on peut considérer comme des
objectifs souhaitables pour tous : la promotion d'une parenté respons
able, la réduction du nombre global d'avortements et une véritable
libération de la femme ?
C'est sous cet angle stratégique que le problème est essentiellement
abordé ici. Plus que la justification d'une option personnelle, les réfle
xions qui suivent n'ont pour but que de souligner la complexité du
choix politique devant lequel nous nous trouvons, et l'ambivalence
radicale des motivations qui le sous-tendent.
Précisons aussi d'emblée que si l'avortement paraît bien être un
problème de société et même de civilisation, au moins autant que
d'individus, il ne semble en rien être un problème de déviance, sinon au
sens très général où il traduit un infléchissement des comportements et
des valeurs de la société elle-même.
* Université Catholique de Louvain, Centre de Droit de la Famille.
309 Avortement et pouvoir
Faute de mieux, l'avortement a toujours existé — avec l'infanticide
— comme moyen de régulation des naissances. Il n'a pas toujours été
condamné. Il a parfois été imposé.
C'est un lieu commun, doublé d'une ignorance surprenante, d'af
firmer aujourd'hui que cette condamnation est un produit spécifique de
la morale chrétienne. On pourrait en dire autant de toutes les autres
règles, désormais laïcisées, qui protègent la personne humaine et les
droits de l'homme. Même si elles sont peu respectées dans les faits, nul
ne songerait à les récuser au nom d'un quelconque pluralisme.
En fait, bien avant le Christianisme, et d'une manière générale dans
toutes les sociétés, l'attitude à l'égard de l'avortement a varié, hist
oriquement et géographiquement, de l'interdiction la plus stricte à la
tolérance la plus large, en fonction des conceptions morales, philoso
phiques ou religieuses, et plus sûrement encore, des besoins écono
miques et démographiques du moment. Bref, en fonction des concept
ions dominantes et des attitudes du pouvoir. Rarement de la volonté
des femmes.
Tel qu'il est présenté aujourd'hui, le droit à l'avortement incon
ditionnel et techniquement facile, apparaît comme le triomphe de
l'affranchissement de la femme à l'égard du pouvoir et de l'idéologie
dominante.
Pour conquérir tout ensemble égalité et liberté, le droit à l'avo
rtement, plus que le droit à la contraception, semble à la fois une
nécessité et un symbole. Il est le mode le plus radical d'abolir la seule
inégalité véritable entre le féminin et le masculin : le poids biologique
de la maternité. Il est le seul moyen efficace d'effacer la trace du
passage de l'homme : l'imprégnation. Il est surtout le symbole de
libération le plus éclatant de tous, puisqu'il donne à la femme un droit
de vie et de mort sur les générations futures. Juste retour des choses.
Plus simplement, il est une nécessité pour conquérir non seulement
l'autonomie sexuelle et l'abolition de la double morale, mais surtout
l'indépendance économique. Or la dépendance économique pourrait
bien être, avec la maternité, l'une des raisons de la dépendance sent
imentale et sexuelle de la femme. C'est à cause d'elle que la femme a
supporté et intériorisé la domination de l'homme, et c'est en grande
partie en raison de ses maternités qu'elle n'a pu conquérir son auto
nomie matérielle. Voilà pourquoi sans doute, dans la lutte pour l'éman
cipation féminine, la conquête du droit à l'avortement prime, semble-
t-Û, celle du travail égal et du salaire égal (1).
Pareille revendication n'implique pas nécessairement la haine de
l'homme et de l'enfant, mais peut-être une nostalgie de l'amour et de la
310 réconciliation qui passerait à travers l'égalité des sexes, enfin réalisée.
Mais celle-ci postulerait en tous cas que la femme puisse disposer à son
gré de toute grossesse qu'elle n'aurait ni désirée, ni acceptée (2). Le
pouvoir désormais passerait entre les mains de chaque femme, mais il
s'agirait cette fois d'un pouvoir individuel et privatif.
Mon propos n'est pas de critiquer cette position théorique extrême
— que beaucoup hésitent encore à partager — fruit de la révolte de
femmes souvent intelligentes et généreuses, parfois ambitieuses ou mar
quées par leurs déceptions personnelles, mais simplement de discerner
mieux les racines multiples et ambivalentes d'un mouvement dont la
puissance peut surprendre à un moment où, pour la première fois de
l'histoire, l'humanité dispose de moyens contraceptifs absolus.
D'autres pouvoirs en effet sont à l'origine de cette marée conjonct
urelle, dont les finalités ne sont pas nécessairement la libération de la
femme et dont la collusion paraît parfois aberrante.
Il en est ainsi, au plan international, de l'action antinataliste,
généralement ignorée du public européen, mais extrêmement puissante,
menée par une série d'associations internationales privées à dominance
financière américaine, dans la perspective d'un contrôle de l'explosion
démographique visant essentiellement le tiers-monde et peu à peu
étendue aux pays occidentaux. Théoriquement neutres sur le plan
politique, ces organismes, dont les plus connus sont l'I.P.P.F. (Inter
national Planned Parenthood Federation) et le Population Council,
disposent de ramifications dans tous les pays du monde et de solides
assises auprès de l'O.N.U. Ils sont à l'origine des campagnes massives et
contraignantes de diffusion de la contraception d'abord, puis de stéril
isation et d'avortement déclenchés en échange de programmes d'assis
tance, dans les pays du Tiers-Monde, dont les populations servent en
outre de banc d'essai à une expérimentation intensive. Campagnes qui
n'ont en fait rien à voir ni avec le décollage économique, ni avec
l'émancipation politique, ni avec la libération individuelle, mais unique
ment avec les préoccupations impérialistes des pays riches soucieux de
ne pas se voir submergés par les pays pauvres (3). Ceux-ci du reste ne s'y
trompent pas tout à fait (4). Par quel hasard les forces progressistes ou
féministes de gauche collaborent-elles avec de tels alliés ?
Il est vrai que ces mêmes organismes sont à l'origine de pressions
en faveur de la libéralisation de l'avortement exercées depuis 1967 sur
les gouvernements des pays occidentaux, dont la démographie n'a
cependant de galopant que la chute. Les motivations sont ici plus
subtiles. Utilitaires et sanitaires, plus encore qu'humanitaires, elles sont
souvent récupérées par les partis à des fins essentiellement politiques.
su Au plan national, quelles sont les motivations des partis et des
gouvernements qui prônent ou ont réalisé déjà une large libéralisation
de l'avortement ?
La loi eugénique japonaise (1948), visait-elle l'émancipation de la
femme ? Très vraisemblablement non. L'U.R.S.S., les pays socialistes et
la Chine, peut-être d

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