L Église et l économie médiévale : la monnaie ecclésiastique de Lyon et ses vicissitudes - article ; n°4 ; vol.12, pg 561-572
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1957 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 561-572
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 77
Langue Français
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Extrait

Henri Jacques Légier
L'Église et l'économie médiévale : la monnaie ecclésiastique de
Lyon et ses vicissitudes
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 4, 1957. pp. 561-572.
Citer ce document / Cite this document :
Légier Henri Jacques. L'Église et l'économie médiévale : la monnaie ecclésiastique de Lyon et ses vicissitudes. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 4, 1957. pp. 561-572.
doi : 10.3406/ahess.1957.2675
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1957_num_12_4_2675L'ÉGLISE ET L'ÉCONOMIE MÉDIÉVALE
UN EXEMPLE : LA MONNAIE ECCLÉSIASTIQUE DE LYON
ET SES VICISSITUDES
L'économie médiévale exprime — pour reprendre une belle formule
de G. Le Bras — une nouvelle invasion de l'Eglise dans la
cité l : l'affluence des pèlerins aux centres de dévotion populaire
fournit l'occasion de foires actives, dont le clergé tire un large profit 2 ;
au développement des échanges, l'Église médiévale contribue en procu
rant les techniques essentielles du crédit et de la monnaie ; le rôle des
monastères comme établissements de crédit est bien connu 8 ; enfin,
encouragées par la désagrégation de l'État carolingien, abbatiales,
collégiales et cathédrales ont annexé, en grand nombre, un monnayage
à leur temporel et procèdent à des émissions régulières *.
La puissance de la seigneurie ecclésiastique lyonnaise • confère
un intérêt singulier au monnayage qu'elle exerce, en fait, sinon en droit,
dès le xie siècle e : la situation du Lyon médiéval, à la fois frontière et
carrefour, Terre d'Empire sans cesse convoitée et finalement annexée
au royaume de France 7, offre à sa monnaie un large débouché ; les
mines argentifères du Lyonnais 8 qui assurent, au xrve siècle encore, la
fortune de quelques grandes familles 9 fournissent le métal nécessaire
1. Sur cette compénétration continue de l'Eglise et de la Société médiévales, cf.
G. Le Bras, L'Invasion de Г Eglise dans la Cité, Mélanges Lavedan (1954) et Prolégo
mènes (1955), p. 220.
2. Dès l'époque franque, le pèlerinage à la Basilica sandyonisienne donne naissance
à une foire active. Cf. L. Levillain, Etudes sur Vabbaye de Saint-Denis à V époque
mérovingienne dans Bibl. de Г Ecole des Chartes, t. XCI (1930), p. 5-6. — Au xne siècle,
les foires de Champagne coïncident avec les dates des grands pèlerinages. Voir les
exemples donnés par E. Chap in, Les villes de foires de Champagne, des origines au début
du XIVe Siècle (1937), Bibl. de V Ecole des Hautes- Etudes, Sciences historiques, fasc. 265.
3. R. Genestal, Rôle des monastères comme établissements de crédit (1901).
4. La liste est indiquée par A. Dieudonné, Manuel de Numismatique française,
t. IV : Monnaies féodales françaises et complétée par A. Blanchet, La monnaie et
V Eglise dans Comptes rendus de V Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1950, p. 18.
5. Sur la richesse patrimoniale de l'Eglise de Lyon, voir M. David, Le patrimoine
foncier de V Eglise de Lyon, de 984 à 1267. Contribution à Vhistoire de la féodalité dans
le Lyonnais (Lyon, 1942).
6. Première mention à la date de 1076 dans YObituarium Lugdunensis ecclesiae, éd.
M.-C. Guigue (Lyon, 1867), p. 45.
7. Sur les vicissitudes de cette annexion : P. Bonnassieux, De la réunion de Lyon
à la France (1873).
8. Alleon-Dulac, Mémoires pour servir à Vhistoire naturelle des provinces du
Lyonnais, Forez et Dombes (Lyon, 1765), t. II, p. 273 et ss.
9. R. Fédou (« Une famille aux xive et xye siècles : les Jossard de Lyon », Annales,
1954, p. 467) souligne la part des exploitations minières dans l'enrichissement d'une
famille lyonnaise à la fin du xive siècle.
561
Annales (12* année, octobre-décembre 1957, n° 4) 8 ANNALES
à la frappe ; le prestige du monnayage assure, enfin, sa diffusion. Par
leur légende, Prima sedes Galliarum, les produits des ateliers ecclésias
tiques rappellent inlassablement l'éminente dignité de la primatiale des
Gaules x. Terminant l'antique rivalité entre Lyon et Vienne, Grégoire VII
reconnaît, en 1079, la dignité primatiale à l'Église lyonnaise. Mais la
guerre des légendes persiste : à la légende Prima sedes Galliarum des
espèces lyonnaises, l'atelier viennois oppose la devise Maxima Galliarum.
Aussi bien le monnayage de l'Église de Lyon est-il l'héritier d'une antique
tradition : dès sa fondation, au Ier siècle avant notre ère, la ville est déjà
le siège d'émissions régulières et continues, à peine troublées par les
grandes invasions et les désordres de l'an Mil 2.
L'abondance et la continuité des sources révèlent, d'ailleurs, l'impor
tance du monnayage dans le temporel de l'Église de Lyon : sources diplo
matiques, les délibérations capitulaires 3, où la monnaie est traitée comme
un droit eminent, symbole de puissance puisqu'il participe des Jura
regalia * ; source numismatique, la série des espèces ecclésiastiques lyon
naises, dont analyses et trouvailles 6 précisent le rôle dans l'économie
régionale.
Documents écrits et figurés mettent ainsi en lumière les rapports
entre l'Église médiévale et l'économie : celle-ci sert l'Église en lui four
nissant profit et prestige ; celle-là sert l'économie en lui procurant ses
techniques vitales e. « Honor ad commerda » : l'expression s'impose à
Guillaume le Breton, pour exalter l'antique prestige du monnayage pri-
1. Cf. A. Villabd, La Monnaie viennoise (Gap. 1942), p. 41. La portée symbolique
de la légende lyonnaise est soulignée, au xne siècle, dans la Philippide de Guillaume
le Breton (XII, v. 676-677), Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XVII,
p. 282 :
Cujus honor adhuc memor est epigramma sigilli
quique monetatus datur ad commerda census.
La première pièce frappée à Lyon rappelle la fondation de la colonie par Munatius
Plancus. Cf. H. de La Tour, Comptes rendus de V Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 1901, p. 82.
2. En 15 av. J.-C, Auguste établit à Lyon un grand atelier impérial destiné à
fournir l'Occident romain en numéraire d'or et d'argent. — Sur les monnaies lyonnaises
d'époque romaine, cf. H. Mattingly et A. Sydenham, The Roman Imperial Coinage
(Londres, 1923), p. 193. — L'officine lyonnaise survit aux grandes invasions, puisque
les rois burgondes et mérovingiens y installent un monnayage actif, maintenu par les
rois mérovingiens et carolingiens. Cf. M. Prou, Catalogue des monnaies françaises de
la Bibliothèque Nationale, Les monnaies carolingiennes (1896). L'existence d'un mon
nayage lyonnais à l'effigie de l'évêque Lambert, entre 680-690, a été soutenue. Mais la
légende frappée au revers de ces exclut l'origine lyonnaise. Cf. A. de Long-
perier, Notice des monnaies françaises de la collection J. Rousseau, p. 78, n° 176.
L'origine de la monnaie ecclésiastique lyonnaise doit donc être fixée au xie siècle.
3. Archives du Rhône, 10 G, fonds du chapitre métropolitain.
4. Sur l'importance du droit de monnaie, attribut essentiel du pouvoir, cf. A.
Dieudonne, Manuel de Numismatique, t. IV, p. 8 et 55.
5. Un remarquable exemple d'utilisation des trouvailles pour l'histoire économique
est donné par P. Le Gentilhomme, Le monnayage et la circulation monétaire dans les
royaumes barbares en Occident (1946).
6. Sur l'influence de l'Eglise dans les techniques financières voir la thèse, déjà
citée, de Genestal, et, du même auteur, Les opérations de Vabbaye de
Troarn, du XVe au XIVe siècle dans Vierteljahrschrift fur Sozial-und Wirtschafts-
geschichte, t. II (1904), p. 616.
562 ÉGLISE ET L'ÉCONOMIE MÉDIÉVALE V
matial. La monnaie de l'Église de Lyon apparaît comme un élément
essentiel de la puissance et de l'économie seigneuriales 1.
Usurpation du monnayage, ou concession reconnue par le souverain
détenteur des Jura regalia : tel est le problème liminaire à toute étude
de numismatique médiévale 2. Pour la monnaie ecclésiastique de Lyon,
la réponse est facile : le monnayage tire son origine d

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