L empathie et les problèmes de la perception d autrui, par J.-M. Lemaine - article ; n°1 ; vol.59, pg 143-161
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L'empathie et les problèmes de la perception d'autrui, par J.-M. Lemaine - article ; n°1 ; vol.59, pg 143-161

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Description

L'année psychologique - Année 1959 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 143-161
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Lemaine
L'empathie et les problèmes de la perception d'autrui, par J.-M.
Lemaine
In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 143-161.
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Lemaine Jean-Marie. L'empathie et les problèmes de la perception d'autrui, par J.-M. Lemaine. In: L'année psychologique. 1959
vol. 59, n°1. pp. 143-161.
doi : 10.3406/psy.1959.6603
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1959_num_59_1_6603ET LES PROBLÈMES L'EMPATHIE
DE LA PERCEPTION D'AUTRUI
par Jean-Marie Lemaine
L'expression de perception d'autrui désigne certainement plus un
domaine ou un lieudit de recherche qu'un concept qui se référerait à la
réception de stimuli venus d'autrui. A l'intérieur de ce domaine, on
peut distinguer : 1) Les études qui s'appliquent à un savoir-faire diagnos
tique de sujets naïfs1 ou de diagnosticiens formés2 ; 2) Les études qui
concernent la formation d'impressions sur autrui comme celles qu'a
conçues et inaugurées Asch il y a plus de dix ans3 ; 3) Les études sur la
prédiction des comportements et caractères d'autrui, principalement
des comportements verbaux, et qui feront l'objet exclusif de cette
revue.
Opérationnellement parlant, cette dernière série de travaux a pour
base une situation bien définie. Premièrement, nous avons un juge (J).
Deuxièmement, des objets de prédiction (O) répondent à un questionn
aire. Troisièmement J prédit les réponses de 0 sur ce même Enfin, comme le rôle du sujet de l'expérience varie, et qu'il peut
aussi bien être / que O, on peut connaître les réponses de J sur le
questionnaire. O est censé exprimer ce qu'il est dans divers comporte
ments dits expressifs pour cette raison. J vit avec O depuis plus ou
moins de temps, ou bien il entre en contact avec lui directement au
cours de l'expérience, ou bien il en prend connaissance à travers des
supports variés : support visuel (photographie ou cinéma muet), auditif
(enregistrement de propos ou d'entretiens), audio-visuel (cinéma par
lant), écrit (livret ou autobiographie), ou expérimental (connaissance
de réalisations ou d'intentions de O véhiculées par des symboles arti
ficiels) .
Aux premiers temps de la recherche, chez un auteur comme Rosalind
Dymond, et, plus explicitement, chez Bender et Hastorf, on pense
1. Vernon (P. E.), Some characteristics of the good judge of personality,
J. soc. PsychoL, 1933, 4, 42-58.
2. Estes (S. G.), The judgment of personality on the basis of brief records
of behavior, Cambridge (Mass.), Harvard College Library, 1937.
3. Asch (S. E.), Knowledge of persons and groups, in : Asch (S. E.), Social
Psychology, New York, Prentice Hall, 1952, p. 205-239. 144 REVUES CRITIQUES
que cette épreuve ou ce type d'épreuves prédictives pourrait servir de
base à la sélection des cliniciens et psychologues consultants, des
maîtres, des cadres ou... des conjoints. Cela implique et que l'on attend
de l'épreuve qu'elle révèle une aptitude utile, et que l'on postule une
relation entre la réussite de certains accomplissements sociaux ou inter
personnels et l'aptitude en question. Mais, chemin faisant : 1) l'intérêt
des chercheurs se déplace de la recherche d'une variable pure d'aptitude
vers l'étude des mœurs prédictives des sujets en fonction de variables
systématiques de personnalité ou de socialisation ; et 2) on met en cause
la liaison postulée, avant toute validation empirique, entre la capacité
prédictive et tel accomplissement social.
1. L'aptitude empathique
La situation expérimentale décrite plus haut est née d'une théorie
qui postule chez les individus une capacité variable de « prendre le
rôle d'autrui » (22, 45). Cette capacité est un effet des forces de sociali
sation ; elle a pour base les rôles appris et la variété des rôles appris (21).
La translation de mon rôle à celui d'autrui est quelque chose comme une
identification consciente avec autrui (15, 72). Le processus d'empathie
va donc à l'inverse de l'assimilation. Nous pouvons dès maintenant
énoncer un thème théorique qui sera développé par un certain nombre
de recherches ultérieures : l'accommodation à autrui et l'exactitude
essentielle de la prédiction de ses comportements que l'empathie per
mettrait n'est pas l'assimilation et l'exactitude accidentelle que l'ass
imilation rend possible.
Cette théorie a naturellement eu des dérivations opérationnelles.
Des tests ont été élaborés pour la mesure de l'empathie. A proprement
parler, il n'en existe qu'un qui ait donné lieu à des essais de validation
empirique, c'est celui de Kerr-Speroff (45). Le test de Dymond (21, 22)
n'a pas donné lieu à une validation systématique, non plus que les
épreuves fort variées qui ont été utilisées à la suite de Bender et
Hastorf (5). La parenté entre toutes ces épreuves c'est que par elles on
veut mesurer l'adéquation de la réponse attribuée par J à 0 à la réponse
faite réellement par O. L'erreur est mesurée par un écart. Mais cette
parenté métrique n'exclut pas des différences de signification entre les
diverses épreuves d'empathie. Le test de Kerr-Speroff peut être considéré
en première approximation comme un test d'empathie de masse : il
mesure l'exactitude de l'estimation d'opinions majoritaires de la popu
lation générale (45). Les épreuves de Dymond ou de Bender et Hastorf
sont conçues pour l'estimation de Y empathie individuelle, ou capacité de
prédire avec exactitude les réponses personnelles de O.
1. Cette mesure de l'exactitude par un écart entre attribution de
réponse et réponse réelle a fait l'objet d'une critique sévère qui met
en doute sa valeur intrinsèque en tant que mesure. Si x est la réponse
mesurée et orientée de O sur un item de questionnaire, et y la
que J attribue à O, l'exactitude de la prédiction de J sur cet item aura I,EMATNE. — LA PERCEPTION d'aTÏTRUI 1 45 J.-M.
pour mesure (x — y)2. L'exactitude (ou plutôt l'erreur) de J sur les
réponses d'un certain nombre de O sera mesurée par la somme des
mesures élémentaires d'écart. Cronbach montre que cette façon d'opérer
aboutit à mélanger : 1) Ce qu'il appelle V élévation (qui ressortirait
à une attitude de valorisation générale de J par rapport à O) ; 2) L'élé
vation différentielle (qui concerne la prédiction de la tendance centrale
de réponse des profils de chaque O) ; 3) U exactitude du stéréotype (qui
concerne la prédiction de la tendance centrale de réponse de tous les O
sur chaque item, ou la prédiction du « profil des items ») ; et 4) Inexacti
tude différentielle qui intéressait principalement les théoriciens de l'empat
hie. Ces quatre composantes sont sept en réalité, puisque les trois
dernières composantes ont chacune deux aspects qui dérivent des
caractères propres de la comparaison entre les profils de réponse :
l'aspect de Y écart arithmétique moyen qui exprime la distance moyenne
que J met par exemple entre le profil de O et sa prédiction de ce dernier ",
et la composante de dispersion des écarts ou de corrélation, qui exprime
le degré de similitude morphologique entre le profil prédit et le profil
réel. Une analyse de la capacité empathique doit donc décomposer la
note pour être valable (17).
On a de bonnes raisons de penser que la note dite d'empathie est
très chargée par la composante d'exactitude du stéréotype, et qu'ainsi
l'exactitude mesurée par la note est largement déterminée par la connais
sance ou la pratique que J a des valeurs prédominantes au sein de
la population des O. Ainsi Crow trouve une relation entre l'exactitude
globale et l'adhésion au stéréotype (19).
2. Si la mesure incriminée n'est pas intrinsèquement et conceptuel-
lement valable, il ne paraît pas davantage se manifester à travers elle
quelque chose que l'on pourrait identifier comme une capacité indivi
duelle inégalement distribuée et fidèle.
Autant d'épreuves, autant de sources de variation de la capacité
individuelle. Pas de relation entre la note au test de Ke

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