L'enchaînement question-réponse dans une enquête sur la dénomination des couleurs - article ; n°1 ; vol.55, pg 61-82

Kamila Sefta, Abderrahim Daoudi, Paul Wald

Description

Langage et société - Année 1991 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 61-82
Wald Paul, Abderrahim Daoudi et Kamila Sefta - Linking a question with answers in an inquiry on colour naming.
Linking a question with answers is examined in the discursive treatment of the question by the response-act. This treatment appears as the validation of the thematic and formal closures introduced by the questioning which draws the limits of the discourse activity to be performed. These relationships were studied in the answers of 44 subjects, naming a set of ambigous colors (in Moroccan Arabic) in an academic setting, under several interrogation conditions. The corpuses obtained in each condition were described and compared from the point of view of natural answer frequency, e.g. frequency of answers validating the closures through their formal and thematic adequacy to the response model constrained by the question.
L'enchaînement question-réponse est examiné sous l'angle de la prise en charge de la question par l'acte de répondre. Cet effet se manifeste par la validation, dans la réponse, des clôtures thématique et formelle qui délimitent l'activité discursive initiée par l'interrogation. Ces rapports sont étudiés dans les réponses de dénomination (en arabe marocain) d'une collection de couleurs ambiguës par 44 sujets en situation scolaire, répondant dans des conditions d'interrogation différentes à la même question. Les corpus obtenus dans les diverses conditions sont caractérisés et comparés entre eux par la fréquence des réponses naturelles, validant les clôtures de l'interrogation introduites par la formulation de la question.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: LANGAGE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1991
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Paul Wald
Abderrahim Daoudi
Kamila Sefta
L'enchaînement question-réponse dans une enquête sur la
dénomination des couleurs
In: Langage et société, n°55, 1991. Questionnaire, questions, réponses. pp. 61-82.
Abstract
Wald Paul, Abderrahim Daoudi et Kamila Sefta - "Linking a question with answers in an inquiry on colour naming".
Linking a question with answers is examined in the discursive treatment of the question by the response-act. This treatment
appears as the validation of the thematic and formal closures introduced by the questioning which draws the limits of the
discourse activity to be performed. These relationships were studied in the answers of 44 subjects, naming a set of ambigous
colors (in Moroccan Arabic) in an academic setting, under several interrogation conditions. The corpuses obtained in each
condition were described and compared from the point of view of "natural answer" frequency, e.g. frequency of answers
validating the closures through their formal and thematic adequacy to the response model constrained by the question.
Résumé
L'enchaînement question-réponse est examiné sous l'angle de la prise en charge de la question par l'acte de répondre. Cet effet
se manifeste par la validation, dans la réponse, des clôtures thématique et formelle qui délimitent l'activité discursive initiée par
l'interrogation. Ces rapports sont étudiés dans les réponses de dénomination (en arabe marocain) d'une collection de couleurs
ambiguës par 44 sujets en situation scolaire, répondant dans des conditions d'interrogation différentes à la même question. Les
corpus obtenus dans les diverses conditions sont caractérisés et comparés entre eux par la fréquence des réponses naturelles,
validant les clôtures de l'interrogation introduites par la formulation de la question.
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Wald Paul, Daoudi Abderrahim, Sefta Kamila. L'enchaînement question-réponse dans une enquête sur la dénomination des
couleurs. In: Langage et société, n°55, 1991. Questionnaire, questions, réponses. pp. 61-82.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1991_num_55_1_2513L'ENCHAINEMENT QUESTION-RÉPONSE
DANS UNE ENQUÊTE
SUR LA DÉNOMINATION DES COULEURS
Paul WALD Abderrahim DAOUDI Kamila SEFTA
CNRS (Paris) Université de Paris El
Université de Paris V
Laboratoire de psychologie sociale
La réponse comme acte de réception
Nous nous intéressons dans cet article à l'enchaînement entre
la question et les réponses dans une enquête sur la dénomination
des couleurs, au Maroc, où plusieurs sujets répondent, dans des
conditions diverses, à la même question . Les réponses sont
envisagées ici comme des actes de réception de la question. Elles
seront examinées dans leur effet d'actes qui confirment, modulent
ou invalident la force illocutoire qui découle des présupposés
formels de la question et de sa modalité interrogative.
On sait que l'effet de la question est lié au type d'activité où
elle intervient et au jeu de langage où elle s'énonce (Levinson,
1979) et que les contraintes pragmatiques générales de la modalité
interrogative ne déterminent pas, à elles seules, l'effet de sens
de la question. Ce même auteur résume la dépendance de l'effet de
sens à l'égard du contexte pragmatique (1983 : 275), en rappelant
qu'il n'y a pas de condition nécessaire et suffisante de l' effet-question
{questionhood), mais qu'il apparaît plutôt que « la nature de l'emploi
Cette enquête a été réalisée sur le terrain par A. Daoudi à la suite de l'élaboration
en commun des objectifs de la recherche et du protocole. La préparation de cet
article doit beaucoup aux discussions avec P. Achard.
langage et société n° 55 - mars 1991 62 PAUL WALD, ABDERRAHIM DAOUDI ET KANCLA SEFTA
de l'interrogatif peut varier subtilement avec la nature du jeu de
langage ou du contexte dans lequel il est utilisé ». En effet, dans
le discours naturel, les phrases interrogatives peuvent manifester de
forces illocutoires variées : celle de la question (réelle, d'examen,
rhétorique), de suggestion, de requête, de commandement, etc.,
résultant de leur prise en charge en tant qu'actes de discours dans
l'activité langagière où elles prennent place.
C'est donc l'effet de clôture du champ des interprétations, qui
se manifeste à travers la prise en charge discursive de la question
par la réponse, qui est l'objet de ce travail. Nous entendons ici
par "effet de clôture" la production, par tout acte susceptible
d'effet de sens, de son propre cadre sémiotique ; cadre où il sera
interprétable comme acte signifiant. Or, comme cet auto-enca
drement de l'acte n'est pas directement accessible (il faudrait
disposer pour cela d'une procédure de décodage des intentions),
l'effet de sens produit se manifeste en fait comme l'imputabilité
à l'acte d'une telle clôture, dans sa réception immédiate ou dans
sa lecture. L'horizon de clôture de ces imputations est celui d'une
pratique censée englober l'acte : jeu de langage, style de conduite
langagière, type d'activité (Levinson 1979), intentionnalité attr
ibuée, démarche inférée, etc.
Répondre à une question c'est alors un acte qui comporte
l'attribution d'un effet de clôture à l'acte qui consiste à la poser
et sa prise en charge discursive. Si la modalité interrogative d'une
phrase comme « peux-tu me passer le sel ?» a relativement peu
de chances de se valider comme une interrogation, ceci n'exclut
pas, pour autant, la possibilité d'imaginer un mode de réception
rare mais plausible où cette phrase sera reçue avec la force
illocutoire d'une question. A l'inverse, le fait que les questions
partielles ouvertes d'une interrogation formelle (questions posées dans
des enquêtes, dans des expériences de psychologie à réponse verbale,
etc., telles que : « comment nommez-vous cette couleur ? » ou
« que pensez-vous de la politique économique du gouvernement ? »)
sont censées attirer une réponse qui les prenne en charge comme
questions n'empêche pas, pour autant, une certaine latitude pour
le locuteur interrogé de s'affranchir de cette contrainte, par exemp
le en refusant de répondre ou en se livrant à un commentaire
métadiscursif (« je ne comprends rien à vos questions », etc.). L 'ENCHAÎNEMENT QUESTION-RÉPONSE 63
Cependant, les variations de la prise en charge de la question
ne se réduisent pas uniquement à la rétro-validation de la modalité
interrogative par la réponse. Si l'horizon de clôture des questions
d'une interrogation doit être validé, il le sera à la fois par le fait
que la question sera traitée réellement en question, que la réponse
s'inscrit dans le champ des significations institué par l'inte
rrogation et que c'est bien à cette question qu'on répond. Dans
nos enquêtes sur les dénominations de couleur, l'horizon de
clôture que l'interrogation tend à imposer aux réponses sera validé
si c'est bien à que l'interrogé accepte de répondre,
s'il s'agit en effet de noms de couleurs dans sa réponse et s'il
produit effectivement des dénominations acceptables dans le
cadre de la clôture instituée.
Effets de clôture imputés à la réponse
Les actes de répondre manifestent également des effets de
clôture et décrire la réception de la question par une réponse
représente aussi une imputation de tels effets à cet acte. Cette
réception est comparable à bien des égards à la démarche du sujet
qui répond à notre question, et notamment en ceci qu'il s'agit
dans les deux cas de la décision d'attribuer des conditions de
clôture à une pratique langagière ; décision qui relève de la
catégorisation des acteurs et des moyens. C'est sans doute le cas
de la démarche de celui qui analyse et classe les actes de discours
en les rapportant à une intertextualité dans la clôture arbitraire
d'un champ de significations, mais aussi de celui de l'interrogé
qui décide du sens qu'il attribue dans l'interaction à l'acte qui
l'interpelle. Avec cett