La lecture à portée de main
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDécouvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDescription
Sujets
Informations
Publié par | REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE |
Publié le | 01 janvier 1988 |
Nombre de lectures | 19 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Alain Touraine
L'évolution du syndicalisme en Amérique latine
In: Revue française de sociologie. 1988, 29-1. pp. 117-142.
Citer ce document / Cite this document :
Touraine Alain. L'évolution du syndicalisme en Amérique latine. In: Revue française de sociologie. 1988, 29-1. pp. 117-142.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1988_num_29_1_2480Zusammenfassung
Alain Touraine : Die Entwicklung der Gewerkschaften in Lateinamerika.
Die Arbeiterbewegung hat sich in Lateinamerika nicht nach dem europäischen Schema entwickelt.
Schon immer hatten die Gewerkschaften eine weniger autonome Aktion, da sie mehr dem Staat und
den politischen Parteien (besonders den nationalen Volksbewegungen) verbunden waren als auf dem
alten Kontinent. Die folgende Frage stellt sich : ist die lateinamerikanische Gewerkschaftsbewegung
nicht mit steigender Industrialisierung zu grösseren Unabhängigkeit bestimmt ? Durch Untersuchungen
an nicht alien Ländern, aber besonders in Argentinien, Brasilien, Chile, Bolivien und Mexiko, zeigt der
Verfasser, dass bis heute die Antwort hierauf eher negativ ist. Abgesehen von einigen Ausnahmen
setzen die lateinamerikanischen Gewerkschaften auch heute noch an die erste Stelle ihrer
Bestrebungen die Probleme der Entwicklung und der nationalen Unabhängigkeit. Sie beschäftigen sich
jedoch heute mehr und mehr mit internationalen Wirtschaftsproblemen und Problemen der
Industriegesellschaft, so dass man von schwachen jedoch sichtbaren Anfängen von echten
Arbeiterbewegungen sprechen kann.
Resumen
Alain Touraine : Evolución del sindicalismo en América latina.
El movimiento obrero en América latina, no se ha desarrollado siguiendo el esquema europeo.
Tradicionalmente, los sindicatos han tenido una acción menos autónoma, es decir, más relacionada
con el Estado y los partidos políticos (especialmente con los movimientos populares nacionales) que
con el Viejo Continente. Se plantea lo siguiente : ¿ a medida que se desarrolla la industrialización, el
sindicalismo latinoamericano no esta destinado a ser más independiente ? Examinando solamente
algunos paises, sobre todo : Argentina, Brasil, Chile, Bolivia y Mexico; el autor nos demuestra que
hasta ahora, la respuesta es más bien negativa. Salvo algunas exceptiones, los sindicatos de America
latina continuan colocando como principales preocupaciones, los problemas de desarrollo y de
independencia nacional. Sin embargo, los problemas económicos internacionales, asi como también,
los que son propios a la sociedad industrial, toman hoy en dia un lugar creciente que nos permite
hablar de la aparición, aún timida pero visible de verdaderos movimientos de obreros.
Résumé
Le mouvement ouvrier ne s'est pas développé, en Amérique latine, suivant le schéma européen.
Traditionnellement, les syndicats ont eu une action moins autonome, plus liée à l'Etat et aux partis
politiques (spécialement aux mouvements nationaux-populaires) que sur le Vieux Continent. La
question se pose : à mesure que s'accroît l'industrialisation, le syndicalisme latino-américain n'est-il pas
destiné à prendre plus d'indépendance ? Examinant non point tous les pays, mais surtout l'Argentine, le
Brésil, le Chili, la Bolivie et le Mexique, l'auteur montre que, jusqu'à présent, la réponse est plutôt
négative. A quelques exceptions près, les syndicats d'Amérique latine continuent de mettre au premier
rang de leurs préoccupations les problèmes de développement et d'indépendance nationale. Toutefois,
les problèmes économiques internationaux et aussi ceux qui sont propres à la société industrielle
prennent aujourd'hui dans leurs préoccupations une place croissante qui permet de parler de
l'apparition, encore timide, mais visible, de véritables mouvements ouvriers.
Abstract
Alain Touraine : The evolution of unionism in Latin America.
In Latin America the Labor Movement has not developed according to the European pattern.
Traditionally, the Unions' actions have been less independent and more linked to the political parties
(specially to nativistic and mass movements) that in the Old World. This question follows : won't the
Latin American Unionism become more independent with the development of industrialization ?
Analyzing several countries such as Argentina, Brazil, Chile, Bolivia, and Mexico, the author shows that
until now the answer has rather been negative. With a few exceptions, the Latin American Unions still
rank first problems of development and national independency in their concerns. Yet internationaleconomic issues and problems due to industrial society now take a growing part in their interests which
allows one to speak of the still timid but visible appearance of real Labor Movements.franc, social., XXIX, 1988. 117-142 R.
Alain TOURAINE
L'évolution du syndicalisme
en Amérique latine
Résumé
Le mouvement ouvrier ne s'est pas développé, en Amérique latine, suivant le
schéma européen. Traditionnellement, les syndicats ont eu une action moins
autonome, plus liée à l'Etat et aux partis politiques (spécialement aux mouvements
nationaux-populaires) que sur le Vieux Continent. La question se pose : à mesure que
s'accroît l'industrialisation, le syndicalisme latino-américain n'est-il pas destiné à
prendre plus d'indépendance ? Examinant non point tous les pays, mais surtout
l'Argentine, le Brésil, le Chili, la Bolivie et le Mexique, l'auteur montre que, jusqu'à
présent, la réponse est plutôt négative. A quelques exceptions près, les syndicats
d'Amérique latine continuent de mettre au premier rang de leurs préoccupations les
problèmes de développement et d'indépendance nationale.
Toutefois, les problèmes économiques internationaux et aussi ceux qui sont propres
à la société industrielle prennent aujourd'hui dans leurs préoccupations une place
croissante qui permet de parler de l'apparition, encore timide, mais visible, de
véritables mouvements ouvriers.
La prédominance de l'action politique sur les mouvements sociaux est,
en Amérique latine, un phénomène général qui s'applique au syndicalisme
ouvrier comme au monde paysan. Dans ce dernier, c'est à la jonction de
la défense d'une communauté ethnique et de la lutte pour la terre
qu'apparaissent le plus nettement de véritables « mouvements » so
ciaux (1). En revanche, plus l'Etat est appelé à intervenir (en particulier,
à l'occasion de la réforme agraire), plus les luttes paysannes prennent une
tournure politique qui entraîne le déclin du « mouvement » proprement
dit. Dans le cas du syndicalisme ouvrier, ce phénomène, associé plus
directement à l'urbanisation et à l'industrialisation et lié à la montée des
régimes nationaux-populaires, apparaît encore plus nettement. Même si
(1) Entendons par « mouvement social » classe pour la direction sociale de l'historicité
la conduite collective organisée d'un acteur dans une collectivité concrète (cf. La voix et
de classe luttant contre son adversaire de le regard, pp. 104-132).
117 Revue française de sociologie
l'on note telle et telle lutte syndicale indépendante qui a les traits d'un
mouvement ouvrier, il faut se rendre à l'évidence que l'histoire du
syndicalisme latino-américain est, pour l'essentiel, dominée par l'ingérence
de la politique et par l'intervention de l'Etat.
On peut cependant se demander si, à mesure que s'accroît l'industria
lisation, le syndicalisme n'est pas appelé à prendre à la fois une importance
et une indépendance plus marquées. Après une longue période pendant
laquelle la gestion du changement historique l'a emporté sur les conflits
structurels d'un type de société, ne voit-on pas les organisations de classes,
le patronat d'un côté, les syndicats d'ouvriers et d'employés de l'autre,
devenir les acteurs d'une société définie de plus en plus centralement par
leurs relations, leurs conflits et leurs négociations ? On assisterait ainsi à
un phénomène de maturation qui rapprocherait l'évolution de l'Amérique
latine (2) de celle de l'Europe occidentale au lendemain de la Seconde
guerre mondiale, quand un syndicalisme longtemps subordonné à des
projets politiques, réformistes ou révolutionnaires s'efforça, en particulier
en Italie et en France, de se rendre plus indépendant et de peser par
lui-même sur les grandes décisions économiques et sociales. Une telle
interrogation ne concerne pas seul