L importation du modèle européen dans la technologie américaine - article ; n°1 ; vol.31, pg 83-96
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Description

Quaderni - Année 1997 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 83-96
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Jean-Louis Armand
L'importation du modèle européen dans la technologie
américaine
In: Quaderni. N. 31, Hiver 1997. pp. 83-96.
Citer ce document / Cite this document :
Armand Jean-Louis. L'importation du modèle européen dans la technologie américaine. In: Quaderni. N. 31, Hiver 1997. pp. 83-
96.
doi : 10.3406/quad.1997.1176
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1997_num_31_1_1176IDossier
Il est généralement admis que la science et
la technologie (prise ici au sens "d'apprentL'importation
issage" et de "maîtrise des techniques")
sont un moteur essentiel du développement
du modèle économique. Sans remettre en cause cette
conjecture économique de portée générale,
que nous accepterons ici sans toutefois
européen chercher à quantifier la portée du qualificat
if "essentiel", on est également amené à
privilégier une autre piste. En effet, le dévedans la
loppement économique dépend aussi dans
une certaine mesure de circonstances parti
technologie culières à un pays et à une époque donnés,
ces particularités se reflétant d'une certaine
manière dans la science et la technologie. A
américaine partir de l'histoire des sciences et des tech
niques, il devient alors possible en s'ap-
puyant sur ses enseignements de confirmer
qu'une telle hypothèse n'est pas déraisonn
able. Dans quelles circonstances un pays
Jean-Louis tel que les États-Unis, dont la science était
balbutiante au dix-neuvième siècle, a-t-il pu Armand
progressivement acquérir cette suprématie
technologique que nous lui connaissons
aujourd'hui ? Quelles sont les raisons du Professeur à l'Université
déclin correspondant de la science et de la d'Aix-Marseille
technologie européennes, et tout particu
lièrement françaises ?
LE MODÈLE FRANÇAIS : GRANDEUR
ETDÉCLIN
Notre pays avait pourtant su asseoir sa su-
QUADERNI N*31 - HIVER 1997 L"IMPORTATION DU MODELE EUROPEEN 83 prématie dans ce domaine dès la fin du mathématiques pures de qualité, notre pays
XVIIIème siècle. Les encyclopédistes a négligé le développement des sciences de
avaient ouvert le chemin à un savoir repo l'information apparu aux États-Unis au le
sant sur les sciences de la nature, mais aussi ndemain de la Seconde Guerre mondiale, et
sur l'art et la tradition des différents métiers. qui est au cur des enjeux industriels les
Créée en 1794, l'École polytechnique a im plus contemporains. Cette situation est
posé dès ses débuts un idéal de l'ingénieur d'autant plus paradoxale que le développe
qui devait dans la première moitié du ment des sciences de l'information, pour ne
XIXème siècle exercer une profonde in citer que cet exemple, repose sur un harmo
fluence sur le développement technologi nieux mélange de théorie et d'applications
que des pays alors en voie d'industrialisa pratiques, qui faisait la gloire de l'école fran
tion. Cette époque voit en effet pour la pre çaise au temps de sa splendeur. Comment
mière fois les progrès des arts et métiers des ingénieurs américains, certes reconnus
accompagner les développements de la jusqu'alors comme de bons techniciens fai
science : l'action pratique des mathématiq sant preuve de sens pratique, mais jusque-
ues, de la mécanique, de la physique, de la là incapables d'appuyer leur démarche em
chimie, est précisée par son contact avec pirique sur des raisonnements théoriques,
les techniques industrielles. L'art de l'ingé en sont-ils progressivement arrivés à déte
nieur devient ainsi une véritable science de nir une suprématie quasiment universelle
l'ingénieur : le modèle français est destiné à dans le domaine des sciences de l'ingénieur ?
essaimer dans l'ensemble de l'Europe, en
Allemagne en particulier, et tout particuli LE DÉVELOPPEMENT DE LA TECH
èrement en Russie. Apanage des seules gran NOLOGIE AUX ÉTATS-UNIS
des écoles, incapable de s'appuyer sur une
université quasiment inexistante et de se L'apprentissage et la maîtrise des techni
ques, qui reposaient aux États-Unis au minourrir d'une recherche structurée, cette
dynamique a ensuite peu à peu décliné au lieu du XIXème sur des bases purement
profit de l'Angleterre, de l'Allemagne, et empiriques, se sont peu à peu transformées
aujourd'hui des États-Unis. Des pans en au contact de l'Europe, et tout particulièr
tiers de l'industrie mécanique de notre pays ement au départ de la France, pour tirer leurs
ont aujourd'hui disparu faute d'enseigne orientations et leurs valeurs de la science.
ment et de recherche adaptés aux besoins
de cette industrie. En dépit d'une école de Une innovation institutionnelle qui devait
84» L'IMPORTATION DU MODELE EUROPEEN QUADERNI N'31 - HIVER 1 997 exercer sur le développement des États-Unis Civil Engineering (New York, 1837), qui,
une influence considérable fut l'apparition avec plus de 15 000 exemplaires vendus,
dans le cours du XIXème d'un enseigne connut un grand succès et devait exercer
ment supérieur dans le domaine des scien une influence considérable sur l'enseigne
ment des sciences de l'ingénieur aux États- ces de l'ingénieur, calquant l'enseignement
de la technologie sur celui des sciences. Unis. Mahan avait bien assimilé les travaux
L'École polytechnique en était le modèle, européens de l'époque, et a contribué à pro
copié aussi bien en Europe qu'en Amérique. pager l'approche de Navier. Un certain nomb
re de ses étudiants de West Point devai
Les problèmes pratiques posés par la con ent être amenés à leur tour à disséminer ces
ception et la réalisation des constructions idées et méthodes.
(bâtiments, ponts, routes, voies navigables,
puis voies ferrées) et des machines ont per William Barton Rogers, auteur d'un autre
mis l'émergence d'une discipline nouvelle, ouvrage important, An Elementary Treatise
la résistance des matériaux. Cette discipline, on the Strength of Materials
sous l'influence de polytechniciens comme (Charlottesville, Virginia, 1838), est à l'or
Louis Marie Navier ( 1 785- 1 836) ou Barré de igine dès 1 846 d'un projet d"école polytech
Saint- Venant(1797-1886), est la première à nique" à Boston, qui devait voir le jour en
s'être affranchie de la tutelle de la physique 1861 sous le nom de Massachusetts
et des mathématiques pour devenir science Institute of Technology. L'université
de l'ingénieur par excellence. Rensselaer fut réorganisée par Benjamin
Green en école polytechnique en 1847.
La plus ancienne école américaine d'ingé Rensselaer fut la première université à créer
nieurs, l'académie militaire de West Point, des départements spécifiques organisés
fut en 1818 réorganisée par Sylvanus autour des diverses sciences de l'ingénieur,
Thayer sur le modèle de l'École polytechni encourageant ainsi la spécialisation nécess
que. Un de ses anciens élèves, Dennis Hart aire à leur développement. De manière pro
Mahan, fut envoyé en France pour complét gressive, les méthodes européennes devai
er son éducation, avant de revenir ensei ent pénétrer et profondément changer les
gner à West Point de 1832 à 1871. Mahan pratiques de l'ingénieur alors en cours aux
est l'auteur du premier ouvrage américain États-Unis.
basé sur la pratique française des sciences
La place de l'enseignement de la technolo- de l'ingénieur, An Elementary Course of
QUADERNI N'31 -HIVER 1997 L'IMPORTATION DU MODELE EUROPEEN 85 dans le système d'enseignement supé études classiques et les sciences dites exactgie
rieur américain devait être confortée par le es, elle n'avait d'ailleurs pas prétention à
Morrill Act de 1862, signé par le président concurrencer les grandes écoles, auxquell
es elle abandonnait les sciences de l'ingéLincoln en pleine guerre civile, afin
d'"encourager une éducation libérale et pra nieur. Ces dernières, une fois la violence du
tique des classes industrielles adaptée aux souffle fondateur initial retombé, se sont
diverses professions". Le gouvernement refermées sur elles-mêmes, se contenta

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