L orientation auditive latérale - article ; n°1 ; vol.23, pg 186-213
29 pages
Français

L'orientation auditive latérale - article ; n°1 ; vol.23, pg 186-213

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
29 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1922 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 186-213
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Piéron
L'orientation auditive latérale
In: L'année psychologique. 1922 vol. 23. pp. 186-213.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. L'orientation auditive latérale. In: L'année psychologique. 1922 vol. 23. pp. 186-213.
doi : 10.3406/psy.1922.29797
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1922_num_23_1_29797II
L'ORIENTATION AUDITIVE LATERALE
{Revue critique et étude sur la théorie du mécanisme)
Par Henri Piéron
INTRODUCTION
La détermination du point de l'espace où se trouve située une
source sonore est un processus complexe et qui peut être réalisé par
des voies différentes, Deux données fondamentales sont impliquées,
l'une concernant la direction d'où vient le son ou le bruit, l'autre
concernant la distance.
Nous laisserons de côté le dernier problème, relatif aux processus
qui permettent d'apprécier la distance d'origine d'un bruit ou d'un
son, processus perceptifs qui ne semblent pas impliquer une donnée
sensorielle élémentaire spécifique (comme l'accommodation et la
convergence pour les distances faibles dans le domaine de la vision
en peuvent fournir un exemple).
Nous nous occuperons seulement de l'orientation auditive, qui
permet de localiser par rapport à soi la direction d'où émane une
excitation auditive, ou de s'orienter soi-même par rapport à une
source sonore.
Cette orientation elle-même peut présenter un caractère dyna
mique ou statique. Lorsqu'il est loisible de déplacer la tête dans
diverses directions, et de chercher la position de réception optima
des excitations (soit avec une seule oreille, soit avec les deux), on a
affaire à un procédé très général qui n'a rien de particulier quand il
s'agit de l'audition. L'exploration tactile ou oculaire procède de
même, avec cette différence seulement que l'excitant auditif est
généralement perçu en toutes positions, et que la recherche porte
sur un maximum.
Pour les mammifères ayant un pavillon mobile de l'oreille, l'explo
ration auditive se peut faire sans mouvements de tête, elle est très
comparable à l'exploration olfactive de certains mollusques porteurs
d'un siphon mobile, mais l'exploration olfactive des mammifères se
fait par déplacements de la tête, comme l'exploration auditive de
l'homme. <
En dehors de cette orientation dynamique, on constate chez
l'homme une orientation auditive statique, la tête restant immobile,
permettant surtout de déterminer si l'origine du son est à droite ou
à gauche, et dans quelle direction se trouve le plan d'origine.
C'est le mécanisme de ce processus d'orientation auditive latérale PIËRON. L ORIENTATION AUDITIVE LATEHAI.E 1 87 H.
qui a longtemps paru problématique ; il est à peu près complètement
élucidé aujourd'hui1, en partie grâce aux travaux que la guerre a
suscités au sujet des essais de repérage par le son de batteries d'art
illerie, d'avions, de sous-marins, etc. 2 ; or il nous met en présence
d'une série de mécanismes différents, aboutissant, suivant les ci
rconstances, à un même résultat, plus ou moins précis, et qui soulèvent
d'importantes questions au point de vue psychophysiologique.
Il nous a donc paru utile de mettre au point la question du méca
nisme sensoriel binauriculaire 3 de l'orientation auditive latérale, à
l'état statique, en rappelant les recherches anciennes, dans un bref
historique, et en étudiant successivement-, d'après les travaux ré
cents, les trois processus dont l'intervention a pu être démontrée,
celui des différences d'intensité dans la réception par les deux oreilles, des de phase des sons continus, et celui de différences
de moment d'accès de bruits brefs, les deux derniers pouvant être
unifiés comme nous le verrons.
I. — HISTORIQUE
Pendant longtemps l'orientation auditive, même sous la forme de
latéralisation du son, a été considérée comme un processus assuré
indépendamment par chaque oreille, les deux organes auditifs de
vant, chacun, se suffire. Les théories firent appel à un rôle récepteur
dés canaux semi-circulaires (Preyer, Münsterberg, Lussana, etc.) —
dont on sait qu'ils constituent un appareil indépendant de l'audi
tion, — à un effet de l'incidence des ondes sonores dans le pavillon
de l'oreille et à une différenciation de régions réceptrices sur la memb
rane du tympan (A. Weber), à une intervention de la papille du
«accule différenciant d'après la région la plus fortement excitée la
direction d'incidence (Pierre Bonnier), etc., sans parler des cons
tructions de Bard invoquant, en dehors des vibrations du tympan, des
poussées ou attractions massives dépendant de la direction de pro
pagation des ondes.
En fait, il est certain que, avec une seule oreille on a, même res
tant immobile (car, dès que le mouvement intervient, les processus
sont tout différents), une certaine notion de la direction des sons
complexes, mais fort obtuse, sensiblement nulle même pour les
purs, et très facilement mise -en défaut, analogue en somme à l'ap-
1. Dans l'histoire de cette grande question de psychophysiologie des
sensations, on voit converger les recherches de physiciens comme Lord
Rayleigh, S. T. Thompson, Stewart, Perrin, Pérot, etc., des physiologistes
comme Von Kries, Schäfer, Aggazzotti, etc., des psychologues comme Ferrée,
Myers, Me Dougall, Angell, etc.
2. Parmi les travaux français sur 1' « Ecoute », il faut tout particulièr
ement signaler ceux qui ont été poursuivis par le Service technique de radio
télégraphie militaire que dirigeait le général Ferrie (MM. Abraham, Arcay,
Baillaud, Bedeau, Jouaust, Labrouste, Pérot et Thovert).
3. Nous employons cette expression, par analogie avec le terme « bino
culaire » ; on utilise quelquefois les mots « binaural » ou « diotique ». NOTES ET BEVUES 188
prédation monoculaire de petites distances K Mais, de même que le
relief est une fonction principalement binoculaire, l'orientation au
ditive est apparue comme une fonction essentiellement binauriculaire
(car il n'y a pas de relief sonore élémentaire, de stéréacousie per
mettant l'appréciation directe de la distance, comme le voulait Pierre
Bonnier, discutant un travail de Raugé de 1896, où était affirmée la
nécessité de la fonction binauriculaire pour la détermination de la
direction d'origine d'un son).
L'orientation auditive latérale étant envisagée comme une fonc
tion binauriculaire (notion que Venturi aurait le premier exprimée,
en 1802) 2, il était naturel de penser que le rapport des intensités iné
gales des sons ou bruits reçus par les deux oreilles — rapport dé
pendant de la position dans l'espace par à l'individu écou
tant de la source sonore — devait fonder la perception. (Tarchanoff,
1878 ; A. Steinhauser, 1879 ; Urbantschitsch, 1881 ; Kessel, 1882;
Bloch • Stenger ; Starch ; Matsumoto, etc.).
Lord Rayleigh envisagea de très bonne heure (1876) cette hypot
hèse, mais pour la repousser, du moins sous une forme exclusive,
parce que les différences d'intensité, calculées suivant la longueur
d'onde des sons localisés, se montraient trop faibles pour être per
çues : la tête est un trop petit obstacle pour produire une ombre
distincte dès que l'onde est d'une assez grande longueur ; les diff
érences d'intensités aux deux oreilles, très faibles déjà à 256 v. d.r
deviennent négligeables à 128 v. d. 3. Or on localise aussi bien des
sons de 96 v. d. que des sons plus élevés. Ce ne serait donc plus l'i
ntensité qui interviendrait, mais la « phase ». L'organe auditif recon
naîtrait une différence de phase dans l'ébranlement simultané par
des ondes périodiques de ses deux appareils. En effet, on comprend
que pour des longueurs d'onde de 1 m,20 par exemple (son de 280 v.d.),
la distance entre les deux tympans étant, en suivant la circonférence
de la tête, d'environ 0m,30, un son venant d'une source située en
face de l'oreille gauche atteindra au même moment les deux oreilles
à une phase de l'onde décalée d'un quart de sa longueur totale.
Lorsque deux sons ont une fréque

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents