L utilisation des troupes noires - article ; n°1 ; vol.2, pg 80-100
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1911 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 80-100
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Colonel Mangin
L'utilisation des troupes noires
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 80-100.
Citer ce document / Cite this document :
Mangin . L'utilisation des troupes noires. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2,
1911. pp. 80-100.
doi : 10.3406/bmsap.1911.8318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1911_num_2_1_83182 MARS 1911 80
récompenses. Il suffit de pratiquer une injection fluoréscéine: en cas de
simple léthargie, l'œil devient bientôt d'un vert émeraude, coloration qui
ne se produit pas chez le mort.
Des autopsies pratiquées aussitôt après la mort fourniraient aux histo-
logistes des matériaux précieux qui actuellement leur manquent; ils
pourraient avec les méthodes de Golgi et de Cajal étudier la structure fine
des neurones.
Nous proposons à la Société d'Anthropologie d'adopter le vœu suivant :
« que la loi autorise tout membre de la Société d'Anthropologie qui en a
fait la demande par testament, à être autopsié immédiatement après sa
mort, à condition que le décès soit au préalable constaté, en présence du
médecin de la mairie, au moyen d'une injection de fluoréscéine. »
L'UTILISATION DES TROUPES NOIRES
par M. le Colonel Mangin.
M. le Président présente en ces termes M. le Colonel Mangin :
Vous savez tous qu'il est question d'utiliser sur une grande échelle les
troupes noires,' soit en Algérie, soit même en Europe. La Société d'An
thropologie ne peut se désintéresser en la circonstance, car l'emploi des
troupes ^nègres soulève non seulement des questions économiques et mi
litaires, mais aussi des questions ethniques et sociales. Le Colonel Mangin
a donc bien voulu exposer devant vous l'objet de ses études.
Mon Colonel,1 vous avez la parole.
Messieurs,
J'avais beaucoup de scrupules à prendre la parole devant votre savante
compagnie, mais votre aimable président m'a fait remarquer que l'util
isation de l'homme faisait. partie de l'Anthropologie et que je pourrais
peut-être vous apporter quelques renseignements sur le rôle que la race
nègre à joué et est appelée à jouer au point de vue militaire, soit en
vertu des qualités qu'elle possède en commun avec la race blanche, soit
de celles qui lui sont propres. C'est à ce point de vue que je me placerai.
Il faut d'abord expliquer brièvement l'importance de la question.
La France a 39 millions d'habitants, l'Allemagne 64 millions. La po
pulation^ de, la France est stationnaire, celle de l'Allemagne augmente
d'un million environ chaque année, et chaque année le nombre des petits
Français qui viennent au monde diminue, la population ne se maintenant
que par l'allongement: de la vie humaine; et le nombre des petits All
emands augmente, et leur nation bénéficie des excédents antérieurs.
À notre époque, une nation ne peut avoir que l'armée de sa. population, MANGIN. — l'uTILÎSATION DES TROUPES NOIRES 81 COLONEL
et le facteur nombre prend une importance sans cesse croissante à la
guerre, par suite de la tendance de tous les autres facteurs vers l'égalité.
Pour compenser l'écart considérable et sans cesse croissant qui existe
entre les deux armées, on a pensé à utiliser plus complètement nos cinq
millions d'Arabes et Berbères, dont nous tirons des ressources évidem
ment insuffisantes, et aussi nos vingt millions de protégés noirs.
La question est de déterminer, parmi les innombrables familles qui se
partagent l'Afrique noire, quelles sont celles qui peuvent nous donner ces
soldats.
Nous négligerons tout d'abord les 8 millions d'habitants de notre
Afrique Équatoriale, car ce groupe de colonies "(Gabon-Congo-Oubanghi-
Tchad) s'organise à peine et les populations de l'Afrique Équatoriale,
encore trop primitives sous tous les rapports, constituent pour l'avenir
une réserve précieuse, mais sur laquelle il serait prématuré de compter
pour le but que nous poursuivons ; nous examinerons les 12 millions
d'habitants de notre Afrique Occidentale, avec lesquels la Mission
d'Etude des Troupes noires vient de prendre contact.
Dans le Sahara, nous avons d'abord les Maures, dont les représentants
Arabes ou Berbères se sont souvent mélangés entre eux et avec les noirs ;
les Touaregs, qui sont des Berbères faiblement mélangés de noirs, et
leurs imrads (esclaves) presque entièrement noirs. Les nomades musul
mans qui appartiennent à la race blanche sont au nombre d'environ
400.000; à cause de leur tempérament individualiste, qui se prête mal à
la discipline militaire, et de leur habitat spécial, nous ne les employons
guère que dans nos troupes sahariennes, où peu à peu ils remplaceront
les noirs qui deviendront libres pourd'autres services.
A la race blanche appartiennent également les Peuhls, dont l'origine a
donné lieu à une foule d'hypothèses : sont-ils des Berbères Lybiens, des
Fellahs d'Egypte, des Ethiopiens, cousins des Abyssins d'aujourd'hui, des
Hyczos pasteurs ou bien un mélange de races blanche et noire? Toutes
ces hypothèses sont vraisemblables, aucune ne s'appuie sur des documents
certains ; quoi qu'il en soit, les Peuhls viennent de l'Orient et sont arrivés
en Afrique Occidentale par le N. - E, en poussant devant eux leurs trou
peaux. Après un séjour assez long sur la rive droite du Sénégal, où ils se
sont mélangés avec les noirs, ils ont franchi le fleuve et se sont répandus
dans les pays de steppes découvertes, s'avançant de l'ouest à l'est, dans
le sens opposé à celui des grandes migrations humaines.
Arrivant d'abord par petits groupes et comme pasteurs, ils obtenaient
des noirs la permission de s'établir à côté des villages et des pâturages,
dansuue situation voisine du servage; ils prospéraient malgré cet asser
vissement momentané: ils augmentaient en nombre. Puis, sous des pré
textes divers, généralement avec l'appui d'autres familles de leur race
appelées à leur aide, ils se révoltaient et devenaient les maîtres du pays.
C'est ainsi qu'ils ont. procédé au Fouta Sénégalais, au Fouta Djallon au
xvie siècle, sur le Niger, Moyen Niger et dans le Sokoto au commence
ment du xix* siècle, où ils ont établi des empires puissants, relativement
soc. d'anthrop. 6. 82 2 mars 1911
organisés, doués pcrri^nt une période généralement assez courte d'une
grande force d'expansion.
LesPeuhls sont environ 1.3CO.CCO, soit un peu plus du dixième de la
population de l'Afrique Occidentale.
Nous les retrouvons par groupements compacts là où ils ont imposé leur
suprématie momentanée, et par familles isolées, partout où ils étaient
encore à la période d'infiltration ; ils nous paraissent représenter en
Afrique Occidentale un élément supérieur. Ils ne sont jamais entrés dans
les rangs de nos tirailleurs qu'isolément et nous ont fourni non seulement
des sous- officiers, mais des officiers indigènes. Mais les qualités guerrières
dont ils ont fait preuve -au cours de leur histoire, leur endurance aux
fatigues et aux privations, leur intelligence et leur courage nous font
désirer qu'ils se mêlent à nos tirailleurs.
Gomme beaucoup de leurs familles sont répandues parmi les populations
primitives et parlent leur langue, ils serviront d'interprètes dans nos
régiments. Rendus a Ja vie civile, ils fourniront à nos administrations et
aux entreprises coloniales un personnel de direction très précieux.
D'ailleurs, les colonies anglaises nous donnent l'exemple. A la Côte
d'Or anglaise, il y a des compagnies Peuhles recrutées tout entières sur
notre territoire; en Nigeria, les populations Peuhles fournissent aux
troupes d'occupation un excellent recrutement. Et déjà le Fouta Djallon,
qui s'annonçait comme réfractaire il y a quelques années, commence a
nous donner quelques volontains. C'est un mouvement à encourager.
Les Toucouleurs du Moyen Sénégal se déclarent descendants des Peuhls;
le berceau de leur race est la Mauritanie actuelle, alors relativement peu
plée et cultivée, maintenant gagnée par le Sahara. Ils disent que les
Peuhl

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