La colonie française de Cadix au XVIIIe siècle,d après un document inédit (1777) - article ; n°1 ; vol.4, pg 259-348
91 pages
Français

La colonie française de Cadix au XVIIIe siècle,d'après un document inédit (1777) - article ; n°1 ; vol.4, pg 259-348

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
91 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1968 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 259-348
90 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

M. Didier Ozanam
La colonie française de Cadix au XVIIIe siècle,d'après un
document inédit (1777)
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 4, 1968. pp. 259-348.
Citer ce document / Cite this document :
Ozanam Didier. La colonie française de Cadix au XVIIIe siècle,d'après un document inédit (1777). In: Mélanges de la Casa de
Velázquez. Tome 4, 1968. pp. 259-348.
doi : 10.3406/casa.1968.981
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1968_num_4_1_981COLONIE FRANÇAISE DE CADIX LA
AU XVIIIe SIÈCLE,
D'APRÈS UN DOCUMENT INÉDIT (1777)
Par Didier OZANAM
Secrétaire général de la Casa de Velâzquez
«Cadiz est l'entrepôt de l'Europe et des Indes espagnoles des deux
Amériques; c'est le marché commun où se font tous les échanges qui
constituent le grand commerce que ces deux parties du globe font entre
elles... Cadiz a donc pour ainsi dire le privilège exclusif d'approvisionner
les Indes de marchandises, mais ce n'est qu'à titre d'étape où règne
un flux et reflux perpétuel de marchandises, de denrées, d'or et d'argent,
et des fruits qui vont et viennent aux Indes et en Europe...» 1.
Ces lignes, extraites d'un mémoire de 1762, ne sont qu'un témoignage
parmi beaucoup d'autres de l'importance capitale du commerce de Cadix
aux yeux des contemporains. Ceux-ci sont unanimes à souligner également
la part prépondérante des négociants français dans ce trafic, et si maints
travaux d'historiens la confirment et nous fournissent de précieux
renseignements sur sa nature, son volume et ses modalités 2, en revanche
nous restons mal informés sur ceux de nos compatriotes qui, attirés
à Cadix par leurs affaires ou la prospérité de la ville, y constituaient
alors une véritable colonie. Nous possédons certes des noms, voire des
listes, de marchands et de commerçants, mais ceux-ci s'ils représentent
la partie économiquement importante des Français de Cadix, n'en
demeurent pas moins une minorité. Combien de Français résident-ils
«Essay sur diverses branches de commerce que la France fait à Câdiz», 26 fé
vrier 1762 (Arch, nat., Aff. étr., B111 342).
La bibliographie du sujet est à la fois fragmentaire et abondante. Nous nous
bornerons à citer ici: pour le XVIIe siècle, A. Girard, La commerce français à
Seville et Cadix au temps des Habsbourg, Paris, 1932; pour le XVIIIe siècle les
travaux d'H. Sée auxquels il renvoie lui-même dans son article, Esquisse de
l'histoire du commerce français à Cadix et dans l'Amérique espagnole au X VIIIe siècle,
dans Revue d'histoire moderne, t. 3 (1928), p. 13-31. 260 DIDIER OZANAM
à Cadix? D'où viennent-ils? Qu'y font-ils? Voilà ce que nous souhaiterions
savoir \
Dans le cadre des recherches que nous menons depuis plusieurs
années sur ces problèmes nous avons eu connaissance d'un document,
apparemment inédit, qui nous a paru de nature à les éclairer, puisqu'il
donne un état des Français de Cadix en 1777. A ce titre, nous avons
cru utile de le publier intégralement (p. 311-337), mais en le situant
d'abord dans un ensemble de renseignements que nous avons recueillis
sur nos compatriotes établis à Cadix au XVIIIe siècle. Ainsi le lecteur
sera-t-il en mesure de juger à la fois de l'intérêt que peut présenter ce
texte et des limites qu'il comporte.
I. LE NOMBRE DES FRANÇAIS A CADIX ET LEUR
RÉPARTITION SOCIALE: ET NATION FRANÇAISE
La population de Cadix — premier élément d'appréciation — connut
un accroissement rapide au cours du XVIIIe siècle: estimée à 5.191 feux
en 1694 et à 4.932 vecinos en 1709 (soit environ 20.764 et 19.728 habi
tants 2), elle atteignait 64.000 âmes, en 1771, 66.000, en 1787, et en 1791
peut-être 74.500, ce qui la plaçait au cinquième rang des villes d'Es
pagne, après Madrid, Barcelone, Valence et Seville 3.
Par rapport à ces chiffres, la proportion d'étrangers donne lieu à
des évaluations à première vue déconcertantes: tantôt élevées (1.780
en 1709, soit près de 10%; 8.734 en 1791, plus de 10%); tantôt beaucoup
plus modestes: 2.291 étrangers en 1773, 2.136 en 1790 4. Le nombre des
Français subit les mêmes variations: 616 en 1709 (154 vecinos), 2.701
en 1791, chiffres forts 5; 910 en 1773, chiffre modéré.
Il est bien évident que l'activité et le cadre de vie des Français à Cadix posent
quantité d'autres questions. C'est volontairement que nous limitons notre propos
afin de rester dans le cadre d'un article.
En appliquant le coefficient 4 au chiffre des feux ou des vecinos. Sur ce coefficient,
voir R. Mois, Introduction à la démographie historique des villes d'Europe, t. II
(Louvain, 1955), p. 101 et 129. Nous avons conservé ce coefficient pour les étrangers,
mais dans leur cas il est certainement trop fort.
Les chiffres de 1694 et 1787 dans R. Mois, ouvr. cité, t. II, p. 519; ceux de 1709,
1773 et 1791 dans R. Solis, El Câdiz de las Cortes, Madrid, 1958, p. 62, les deux
premiers d'après des padrones officiels, le dernier d'après Artinano; le chiffre
de 1771 dans une lettre des députés de la nation française au marquis d'Ossun,
16 avril 1771 (Arch, nat., Aff. étr., Bl" 368).
L.-M. Enciso Recio, Actividades de los Franceses en Câdiz (1789-1790), dans His-
pania, 1. 19 (1959), p. 256, d'après un padrôn «immédiatement antérieur à juin 1790».
Sur ces chiffres forts, voir également ceux cités plus loin, p. 301, à propos des
Français de condition modeste, qui devaient constituer la très grande majorité
de la colonie française à Cadix. COLONIE FRANÇAISE DE CADIX AU XVIIIe SIÈCLE 261 LA
De ces variations on tire tout naturellement la conclusion que les
statistiques ne sont pas toutes dressées suivant les mêmes critères et
qu'en particulier la qualité d'étranger est susceptible d'interprétations
différentes. Au sens le plus commun, l'étranger est un sujet né hors
d'Espagne, qui n'a pas demandé à y être naturalisé. Mais selon une accep
tion plus restrictive ne reste véritablement étranger que celui qui ne
«s'enracine» pas en Espagne. Or le droit espagnol du XVIIe, et plus encore
du XVIIIe siècle, tend de plus en plus à considérer comme sujets du
Roi Catholique les étrangers installés à demeure dans ses royaumes 1:
ceux qui y résident depuis longtemps, qui y ont acquis des biens fonds,
qui ont épousé des Espagnoles, sont appelés domiciliados ou avecindados;
ils sont soumis au régime commun, à certaines obligations des Espagnols,
de même qu'ils jouissent de certains avantages propres à ceux-ci. Cette
situation intermédiaire constitue une sorte de statut d'étrangers en voie
d'assimilation. Elle s'oppose à la condition des transeûntes, ou étrangers
de passage, qui eux gardent «l'esprit de retour» signe visible de leur a
ttachement à leur pays d'origine.
Pendant assez longtemps les Français domiciliados purent jouer sur
les deux tableaux, en se réclamant, suivant les besoins de la cause, des
avantages accordés aux avecindados et des privilèges consulaires et com
merciaux concédés aux étrangers 2. Mais en même temps que la législation
espagnole se faisait plus pressante 3, les autorités françaises inclinaient,
de leur côté, à se désintéresser davantage des domiciliados, notamment
mariés en Espagne, qu'elles considéraient comme des transfuges de
peu d'utilité pour la prospérité de la France et indignes de la protection
royale. C'est ce que déclare sans ambages notre consul à Cadix 4, dès 1721:
«II y a ici deux sortes de François. Les uns y sont establis
depuis des 20, 30 et 40 années, mariés avec des filles du pays
R. Gibert, Los extranjeros en el anliguo derecho espagnol, dans L' Étranger, Recueils
de la Société Jean Bodin, t. 10 (Bruxelles, 1958), p. 178-179.
A. Girard, ouvr. cité, p. 575-576.
Voir notamment les termes d'une résolution royale du 8 mers 1716: «Debs con-
siderarse por vecino... qualquier extrangero que obtiene privilegio de naturaleza;
el que nace en estos Reynos...; el que viviendo sobre si establece su domicilio; el
que pide y obtiene vecindad en algûn pueblo; el que se casa con muger natural de
est

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents