La contraception avant la Révolution française : l exemple de Châtillon-sur-Seine - article ; n°3 ; vol.24, pg 662-684
24 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 3 - Pages 662-684
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Antoinette Chamoux
Cécile Dauphin
La contraception avant la Révolution française : l'exemple de
Châtillon-sur-Seine
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 3, 1969. pp. 662-684.
Citer ce document / Cite this document :
Chamoux Antoinette, Dauphin Cécile. La contraception avant la Révolution française : l'exemple de Châtillon-sur-Seine. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 3, 1969. pp. 662-684.
doi : 10.3406/ahess.1969.422087
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_3_422087ENQUÊTE EN COURS
La contraception
avant la Révolution française
L'exemple de Châtillon-sur-Seine
En 1966, le C.N.R.S., avec la participation du Centre de recherche ethnolo
gique (Université de Paris), du Centre de sociologie européenne (E.P.H.E.),
du Centre d'Ethnologie française (Musées nationaux), du Laboratoire d'an
thropologie sociale (Collège de France et E.P.H.E.) et du Département de recherche
ď Économie agronomique, lance une enquête pluridisciplinaire sur la région de
Châtillon-sur-Seine.
Le Centre de recherches historiques (VIe Section de Г E.P.H.E.) apporte sa
collaboration à cette recherche coopérative sur programme « Châtillonnais »,
et se charge pour sa part d'éclairer certains aspects de cette enquête, qui peuvent
contribuer à une explication du présent par le passé. L'article qu'on va lire repré
sente l'un des premiers résultats publiés dans le cadre de cette investigation.
A la fin du XVIIIe siècle, dans la haute vallée de la Seine, Châtillon fournit
au voyageur venu de Dijon une étape sur la route du Nord. Des coteaux à vignoble
encadrent la ville. Plus que le commerce, la présence du cours d'eau favorise un
intense artisanat1. L'agriculture et l'exploitation des forêts restent cependant
l'activité essentielle d'une bonne partie de la population. Depuis 1776 on trouve
un établissement métallurgique2 au sortir de l'agglomération, à Sainte-Colombe.
Mais l'historien ne peut appréhender la réalité sociale et économique de Châtillon
qu'au début du XIXe siècle3; il lui faut, pour l'époque antérieure, se contenter
de la « petite histoire » et de renseignements épars. A l'exception d'une richesse
documentaire jamais encore exploitée à fond : les registres paroissiaux.
1. Filature, tissage, tannerie, papeterie, chapellerie, puis artisanat métallurgique.
2. Établissement fondé par la famille Viesse-Marmont. La région fournit à la forge minerai
et bois. Le fer semble en grande partie être écoulé sur place.
3. Statistique de la France publiée par le ministère des Travaux publics de 1800 à 1869;
puis jusqu'en 1900, Statistique générale de la France, Statistique annuelle du mouvement de
la population (AN série F 20 et AD série M 10).
662 LA CONTRACEPTION AVANT LA RÉVOLUTION A. CHAMOUX et C. DAUPHIN
Le lecteur peut y suivre, au fil des actes, l'essentiel des événements religieux
qui jalonnent au XVIIIe siècle la vie des habitants de cette petite ville de Bour
gogne : baptêmes, mariages, sépultures 1. Comment saisir à travers ces données
les caractéristiques démographiques de cette population de 4 000 personnes ?
Les travaux de Louis Henry 2 permettent aujourd'hui d'aborder le dépouille
ment de ces dossiers locaux dans une perspective vraiment scientifique : au-delà
des individus, on s'attache à reconstituer les familles 3. Puis, selon une méthode
bien établie, on effectue une série de calculs sur la nuptialité, la fécondité, la
mortalité de ces populations anciennes.
Pour Châtillon, nous avons choisi d'étudier surtout la fécondité des femmes
mariées 4. D'après les auteurs du temps, « les funestes secrets » de la contra
ception se seraient répandus en France jusque dans les campagnes dix ou vingt
ans avant la Révolution 5. L'étude des « Ducs et Pairs» par С Lévy et L. Henry
(1 960) a montré que ces pratiques étaient répandues dans la haute noblesse dès
le début du XVIIIe siècle, sinon dès la seconde moitié du XVIIe siècle. Les
quelques monographies de village existantes nous ont donné la certitude d'une
limitation volontaire de la fécondité à partir de la Révolution, mais sans nous
apporter la preuve que ces pratiques existaient déjà avant 1789 6. En milieu urbain,
on n'avait jusqu'ici que l'étude de J. Houdaille sur une toute petite ville de Moselle,
Boulay : comme en milieu strictement rural, la baisse de la fécondité n'y était
certaine qu'à partir de la Révolution 7.
Déterminer la fécondité des milieux urbains est particulièrement difficile;
il faut, en effet, y consacrer un énorme travail de relevé et de calcul, aucune
méthode mécanographique n'étant à même, actuellement, de traiter ce genre
d'information. Cependant d'importantes recherches sont en cours, pour mécaniser
la reconstitution des familles 8.
1. Population de Châtillon-sur-Seine : en 1745, le recensement du Royaume de France et
des états de Lorraine indique 418 feux à Châtillon. Le dénombrement du Duché de Bourgogne
rédigé en 1786 donne 3 920 habitants (AN F 208 ou à l'INED S 2 F 1790, ou AD série L 496).
2. Cf. Bibliographie.
3. La reconstitution des familles a porté sur les mariages célébrés à Châtillon de 1772 à
1850, la dernière date de fin d'union est postérieure à 1900. Nous présentons ici l'ensemble des
premiers résultats d'une étude des familles formées jusqu'en 1805, un sondage ayant été effec
tué sur la période 1820-1835, à des fins de comparaison.
4. Dans le cadre d'une Recherche coopérative sur programme du C.N.R.S.
5. « Les femmes riches... ne sont pas les seules qui regardent la propagation de l'espèce
comme une duperie du vieux temps..., déjà les funestes secrets inconnus à tout animal autre que
l'homme ont pénétré dans les campagnes : on trompe la nature jusque dans les villages. »
MOHEAU, 1778, livre II, 2e partie, chap. 4 et 7. Sur cet auteur, voir l'article d'ESMONIN, Popul
ation, 1958, p. 269 (Montyon, véritable auteur des Recherches et considérations sur la popul
ation de la France).
6. Certains historiens comme LEVASSEUR à la fin du XIXe siècle (1889-1892) ont avancé
l'hypothèse du malthusianisme prérévolutionnaire mais n'ont jamais apporté de preuves suffisantes.
7. Cf. HOUDAILLE, 1967, pp. 1055-1084. D'autre part, LACHIVER, sur la petite ville de
Meulan (2 000 habitants) a mené avec la même méthode une étude démographique sur les
XVIIe et XVIIIe siècles. TYVAERT et GIACHETTI travaillent enfin sur la population d'Argenteuil
dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
8. Cf. COUTURIER, Annales (E.S.C.), n°4, juillet-août 1966, pp. 769-78 (Vers une nouvelle
méthodologie mécanographique), et du même auteur. Annales de Démographie historique, 1966,
pp. 57-78. Signalons aussi l'enquête par sondage de N.N.E.D. (cf. BLAYO et HENRY, 1967).
663 ENQUÊTE EN COURS
Le hasard a voulu que, pour Châtillon-sur-Seine, notre tâche fût considéra
blement allégée par la découverte d'une compilation manuscrite à la mairie du
pays : un érudit de la fin du siècle dernier avait reconstitué les familles des natifs
de sa ville, en prenant 1772 comme année de départ. Il a fallu vérifier et compléter
minutieusement son travail en consultant les registres de Châtillon et des com
munes avoisinantes x. Les données ainsi réunies, sur 5 000 fiches de famille,
sont représentatives de la population, puisque les sondages effectués en relevant
les actes de mariages sur plusieurs périodes de dix ans confirment que seuls, les
mariages d'étrangers à Châtillon, moins de 5 % du total, ont été négligés par notre
auteur dans ses relevés.
Il est apparu tout de suite, étant donné le nombre important d'observations
tiré des familles de Châtillon, qu'il serait intéressant d'isoler les ménages formés
avant la Révolution française 2. Présentaient- ils des caractéristiques malthu
siennes, comme on l'attendait des familles formées après 1789 ? Même si cette
population ancienne possédait des traits qui sont cou

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