La contrainte extérieure cubaine - article ; n°171 ; vol.43, pg 517-534
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Tiers-Monde - Année 2002 - Volume 43 - Numéro 171 - Pages 517-534
Remy Herrera and Isaac Johsua — Cuba : The external constraint.
After recalling the importance of the external constraint weighing on the Cuban economy and the ancient roots of dependence vis-à-vis the exterior, the article describes the strategy of development envisaged after the revolution and underlines the impact of the embargo imposed on the island by the United States. The essential role played by the restriction of imports during the crisis of the 90s is then referred to. The authors conclude by an analysis of the current account situation and show a positive evolution, which might forebear a veritable turnabout.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rémy Herrera
Isaac Johsua
La contrainte extérieure cubaine
In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°171. Trajectoires latino-américaines. Regards sur Cuba. (sous la direction de
Rémy Herrera). pp. 517-534.
Abstract
Remy Herrera and Isaac Johsua — Cuba : The external constraint.
After recalling the importance of the external constraint weighing on the Cuban economy and the ancient roots of dependence
vis-à-vis the exterior, the article describes the strategy of development envisaged after the revolution and underlines the impact of
the embargo imposed on the island by the United States. The essential role played by the restriction of imports during the crisis of
the 90s is then referred to. The authors conclude by an analysis of the current account situation and show a positive evolution,
which might forebear a veritable turnabout.
Citer ce document / Cite this document :
Herrera Rémy, Johsua Isaac. La contrainte extérieure cubaine. In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°171. Trajectoires latino-
américaines. Regards sur Cuba. (sous la direction de Rémy Herrera). pp. 517-534.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_171_1621LA CONTRAINTE EXTERIEURE CUBAINE
par Rémy Herrera* et Isaac Johsua**
Après avoir rappelé l'importance de la contrainte extérieure pesant
sur l'économie cubaine et l'ancienneté de cette dépendance vis-à-vis de
l'extérieur, l'article décrit la stratégie de développement envisagée après
la révolution et souligne l'impact de l'embargo imposé à l'île par les
États-Unis. Le rôle essentiel joué par la restriction des capacités
d'importation dans le déploiement de la crise des années 1990 est ensuite
évoqué. Les auteurs concluent par une analyse de la situation actuelle
des comptes extérieurs cubains et mettent en évidence une évolution posi
tive peut-être annonciatrice d'un véritable tournant.
Le développement autocentré est l'un des thèmes essentiels du
débat en cours sur l'avenir de l'économie cubaine. Quel modèle
interne serait compatible avec un tel objectif? Quels rapports instaur
er, dans ces conditions, entre secteur public et privé, entre espaces
marchands et non marchands, entre planification centrale et auto
nomie des entreprises ? Que faire de la dollarisation et du double
régime de change? Quelle insertion internationale, quelles coopérat
ions régionales seraient envisageables ? Autant de questions crucial
es. L'objet de cet article ne peut être d'y répondre. Il s'agit, plus
modestement, de mettre en lumière l'importance de la contrainte
extérieure à Cuba, telle que l'illustrent les déficiences structurelles
de sa balance commerciale. Nous étudierons l'évolution de cette
contrainte (depuis la révolution de 1959 jusqu'à la crise des
années 1990), examinerons l'état actuel des échanges extérieurs
cubains, pour, enfin, mettre en évidence le redressement récent qui
dessine peut-être des voies d'avenir.
** * Chargé Maître de conférences recherche au en CNRS sciences (UMR économiques 8595 MATISSE, à l'Université Université de Paris XI. I Panthéon-Sorbonne).
Revue Tiers Monde, t. XLIII, n° 171, juillet-septembre 2002 518 Remy Herrera et Isaac Johsua
LA DÉPENDANCE DE L'ÉCONOMIE CUBAINE
VIS-À-VIS DE L'EXTÉRIEUR
La dépendance à l'égard de l'extérieur est certainement l'un des
points faibles de l'économie cubaine, probablement le plus important.
Elle plonge ses racines dans l'histoire du pays, et plus particulièrement
dans ses périodes coloniale et impérialiste. Si notre objet n'est pas de
détailler ici les étapes de l'insertion de Cuba dans le système mondial
capitaliste1, il n'est pas sans intérêt de rappeler que la spécialisation
productive et commerciale de l'île a résulté du choix crucial, fait à la
fin du xviir siècle par les classes dominantes locales (grands propriét
aires terriens et marchands), d'une économie esclavagiste de planta
tion exportant pour l'essentiel du sucre et important une très grande
partie des biens nécessaires à la vie courante, y compris les biens al
imentaires. Le modèle de société mis en œuvre à partir de la révolution
de 1959 a marqué une profonde rupture par rapport au passé, notam
ment en homogénéisant la société sur une base plus égalitaire par le
resserrement de l'éventail de la distribution des revenus comme par le
développement considérable de secteurs tels que ceux de l'éducation
ou de la santé, contrastant ainsi singulièrement avec le reste des pays
d'Amérique latine. Pour autant, l'exposition de l'économie à l'égard de
l'extérieur n'a pas disparu. La gravité de la crise récemment traversée
par Cuba a clairement montré que cette vulnérabilité ne s'est pas
réduite.
Traditionnellement, à Cuba, des importations dépendent, à des
degrés divers, la réalisation des projets d'investissement et la satisfac
tion de la demande énergétique. La dépendance est également impor
tante pour l'approvisionnement courant des entreprises. Quant à
l'alimentation de la population, elle fait largement appel à des pro
duits venus de l'extérieur. Dans les années 1950, les importations al
imentaires représentaient autour du tiers de la valeur totale des import
ations cubaines. Et à la fin des années 1980, si la part des « produits
alimentaires et graisses » avait reculé à 13 % des importations totales,
l'agriculture cubaine n'était capable de couvrir que 50 % des besoins
de consommation internes2. Il est clair que la composition de ces
importations s'est très nettement modifiée entre ces trois dates, suivant
1. Pour une analyse de la spécialisation sucrière de Cuba, voir Herrera (2001 a, b, c).
2. CEPAL (1997), pp. 35, 217, 223, et CEPAL (1999), p. 45. Aussi Mesa-Lago (1994), tableau 14,
p. 227. contrainte extérieure cubaine 519 La
les profondes mutations de la formation sociale cubaine. À partir
de 1959, les importations de luxe sont supprimées et remplacées par
des biens destinés - pour la première fois de l'histoire du pays - aux
besoins essentiels de la population (alimentation de base, santé, équi
pements des ménages...). Il reste cependant qu'avant la crise des
années 1990, une grande partie des biens de consommation et
d'équipement utilisés dans l'économie nationale venait de l'étranger.
Du côté des exportations, nous observons une concentration sur
quelques produits, au premier rang desquels le sucre, mais également
le nickel, le tabac, les produits de la mer ou les agrumes. Tabac mis à
part, ce sont en général des biens peu élaborés, pas toujours en bonne
posture au plan international, et dont les cours subissent de brutales
variations. S'agissant de produits de base, les termes de l'échange
cubains ont, pour la majorité de ces biens et depuis plusieurs années,
tendance à se dégrader - comme c'est le cas pour la plupart des pays
en développement exportateurs de produits primaires. Jusqu'aux
années 1990, la place du sucre dans le total des exportations cubaines
est restée très élevée et ne s'est guère modifiée au cours du temps, mal
gré les profondes transformations qu'a connues la société cubaine :
cette part était de 88 % en 1919-1923, de 81 % en 1927-1928, de 75 %
en 1959, de 76 % en 1969, de 86 % en 1979, pour revenir à 73 %
en 19891. Or le marché du sucre n'est pas porteur, souvent engorgé, et
sujet à de violentes fluctuations, quelquefois à de véritables effondre
ments. Ainsi, entre 1976 et 1989, le prix réel du sucre non raffiné fob2
Carïbe pour l'exportation vers le marché libre a chuté de 70 %3.
De 1990 à 1992, le prix moyen à l'exportation est passé de 51,4 à
21,4 cents de dollar par kilogramme. Si bien que la valeur des exporta
tions de sucre s'est affaissée de près de 72 % entre ces mêmes dates,
alors que la quantité exportée n'avait reculé dans le même temps que
de 15 %4. Ce marché n'a d'ailleurs de mondial que le nom, l'essentiel
de la production se réalisant dans le cadre de zones compartimentées
rattachées aux centres du système mondial capitaliste (États-Unis,
Europe...). Ces zones sont prot

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