La controverse empirique et théorique posée par le comportement des producteurs-consommateurs - article ; n°152 ; vol.38, pg 821-836
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La controverse empirique et théorique posée par le comportement des producteurs-consommateurs - article ; n°152 ; vol.38, pg 821-836

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Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 152 - Pages 821-836
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Taladidia Thiombiano
La controverse empirique et théorique posée par le
comportement des producteurs-consommateurs
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°152. pp. 821-836.
Citer ce document / Cite this document :
Thiombiano Taladidia. La controverse empirique et théorique posée par le comportement des producteurs-consommateurs. In:
Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°152. pp. 821-836.
doi : 10.3406/tiers.1997.5198
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_152_5198LA CONTROVERSE EMPIRIQUE
ET THÉORIQUE
POSÉE PAR LE COMPORTEMENT
DES PRODUCTEURS-CONSOMMATEURS
par Taladidia Thiombiano*
L 'article étudie, à partir de recherches réalisées en zone sahélienne, les
comportements atypiques chez les producteurs-consommateurs dans l'agri
culture, qui laissent apparaître au plan économique des élasticités négat
ives. Le producteur-consommateur dans ces conditions se définit comme
un agent économique qui ne fait pas de distinction entre activité de product
ion et de consommation, qui dispose d'une flexibilité dans le travail, qui
est guidé par un revenu-objectif et qui ne place pas au centre de ses préoc
cupations le profit. Dans ce cas, si l'on se réfère à la relation classique
exprimant le revenu en fonction du prix et de l'offre, le producteur-
consommateur peut présenter une élasticité négative de sa fonction d'offre.
Dans un article sur les producteurs-consommateurs, G. Bordes écri
vait « qu'il serait absurde de déclarer que les clés en général ne servent à
rien parce qu'ayant essayé d'ouvrir une boîte de sardines avec une clé
anglaise on a mis de l'huile partout et on en a réduit le contenu en bouill
ie... »'. De tels comportements sont observés dans le domaine scienti
fique et notamment en économie politique. Ainsi, il a été constaté que de
nombreux essais d'application des théories micro-économiques ortho
doxes à des problèmes de développement donnaient des résultats discu
tables, et selon les fondements de l'analyse micro-économique, les
erreurs proviendraient des faits et non de la théorie. Il faut se rappeler
que toute théorie formelle est une expression condensée de la réalité et
que cette opération de photographie du réel est le fait d'individus qui ne
* Maître de Conférences, Faculté des sciences économiques et de gestion, Université de Ouagadougou.
1. G. Bordes (1993).
Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, n° 152, octobre-décembre 1997 822 Taladidia Thiombiano
font que prendre ce qu'ils perçoivent. Or, dans les sciences sociales et
notamment en économie, ce que perçoivent ces individus provient du
milieu dans lequel ils vivent. On sait que la construction des théories
micro-économiques a été le fait d'économistes observant les sociétés
industrialisées ; et ce sont « les aspects les plus "industriels" de ces socié
tés qu'ils ont modélisés»1.
De Walras, Pareto, Marshall et jusqu'à Nerlove, le producteur a été
conçu, pensé, modélisé comme un producteur «industriel» avec pour
objectif fondamental le profit. Dans ce type de société, le modèle général
qui en découle est celui du « Producteur-Maximisant-le-Profît ». Même
si dans les faits, les producteurs réels s'éloignent fréquemment de ce
modèle idéal, nous admettrons l'hypothèse que « la proportion de pro
ducteurs ne s'éloignant pas trop du modèle du Producteur-Maximisant-
le-Profît est assez élevée pour valider la théorie micro-économique».
Cette théorie se fonde sur la rationalité des agents que confirme l'obser
vation d'un grand nombre de situations dans les pays industrialisés.
Nous nous interrogeons sur la validité de cette théorie dans les pays
en développement. En d'autres termes, qu'en est-il des producteurs indi
viduels, petits paysans, artisans, pour lesquels les activités de production
et de consommation se mêlent, de façon inextricable? Somme toute,
cette théorie du Producteur-Maximisant-le-Profit est-elle universelle ou
existe-t-il des variations selon le type de société et selon la période?
Nous pouvons pour des raisons de commodité accepter la dichotomie
opérée par la théorie consistant à faire une distinction entre le produc
teur maximisant son profit d'une part, et ce même producteur placé en
situant de consommateur où il utilise ses profits d'autre part. N'est-ce
pas ignorer l'unicité d'une personne qui fait chaque fois des arbitrages
entre deux activités? Comme le souligne Bordes, n'est-ce pas «faire
ainsi du producteur individuel un être schizophrène dont la main droite
productrice ignore ce que fait la main gauche consommatrice » ? Cette
interrogation est particulièrement importante dans l'agriculture sahé-
lienne où la petite production domine et où les paysans sont à la fois
producteurs et consommateurs.
Les résultats empiriques au cours de ces vingt dernières années mont
rent des contradictions. Parmi les études, on peut citer de nombreux
travaux2 portant sur les céréales en Inde, en Egypte, en Jordanie, en
Syrie et en Irak. Ces travaux indiquent l'existence d'élasticités négatives
de court terme et/ou de long terme. De plus, quand ces élasticités de la
production ou de l'offre par rapport au prix sont positives, elles sont
1 . Askari et Cummings (1976).
2. Ibid. Le comportement des producteurs-consommateurs 823
assez faibles, c'est-à-dire inférieures à 1. Aujourd'hui, il n'est plus pos
sible d'ignorer la théorie des élasticités négatives car d'importants tr
avaux recourant à des méthodologies différentes aboutissent aux mêmes
conclusions sur l'existence effective d'élasticités négatives chez les pro
ducteurs-consommateurs. Au niveau méthodologique, il y a des travaux
économétriques1 reposant sur le modèle de Nerlove ; ceux reprenant les
postulats néo-classiques2 et nos analyses fondées sur la démarche socio-
économétrique3. Ces travaux relèvent trois caractéristiques propres à
dégager une élasticité négative :
— non-distinction par l'agent économique entre activités de production
et de consommation ;
— flexibilité dans le travail ;
— revenu-objectif.
Ces trois caractéristiques définissent en même temps le producteur-
consommateur. L'objectif principal de la présente étude est de montrer
l'existence de ce genre de comportements atypiques en Afrique sahé-
lienne. Ensuite, il s'agit de dégager les déterminants principaux de ce
type de comportements. La démarche s'appuiera sur le rôle du temps et
de l'espace en économie.
I - LE TEMPS COMME EXPLICATION
DES COMPORTEMENTS ATYPIQUES
Ce qui distingue les sciences sociales des sciences de la nature, c'est le
degré de temporalité de chacune d'elles. Une des caractéristiques essent
ielles des sciences sociales et notamment de l'économie est l'importance
du temps. Lorsqu'on analyse le processus de production, trois types de
temps ou de périodes sont distingués au cours desquels les fonctions des
coûts des firmes individuelles peuvent être définies :
— une très courte période durant laquelle les niveaux de production
peuvent ne pas varier ;
— une courte période, pendant laquelle les niveaux de production sont
susceptibles de variation, mais la taille des exploitations peut ne pas
varier ;
— une longue période au cours de laquelle tous les inputs sont variables.
1. Ibid.
2. G. Bordes (1993).
3. La démarche socio-économétrique considère l'économie politique comme une science fondée sur
l'espace et le temps, aussi elle fait appel à l'analyse systémique (socio-économie) et économétrique pour com
prendre les phénomènes économiques. Pour plus de détail voir T. Thiombiano, Série « Article et communic
ations», in CEDRES/LAVAL, n° 5, mars 1995. 824 Taladidia Thiombiano
Ce rappel du comportement des firmes selon la durée à laquelle elles
se situent, permet par la même occasion d'analyser les différentes fonc
tions d'offre qui tiennent compte des changements technologiques indi
spensables pour faire face au changement des prix et des conditions qui
caractérisent un mar

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