La coopération de l école et la famille - article ; n°1 ; vol.13, pg 326-343
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 326-343
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Chabot
La coopération de l'école et la famille
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 326-343.
Citer ce document / Cite this document :
Chabot Charles. La coopération de l'école et la famille. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 326-343.
doi : 10.3406/psy.1906.1304
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1304TTT'*:f
XX
LA COOPÉRATION DE L'ÉCOLE
ET DE LA FAMILLE
« En général, a dit Helvétius, la meilleure éducation est
celle où l'enfant, plus éloigné de ses parents, mêle le moins
d'idées incohérentes à celles qui doivent l'occuper dans le
cours de ses études1. » Le régime qu'il souhaite est celui qui
tiendrait toute l'année, sans vacances ni congés, l'enfant loin
de la maison paternelle. Plus fidèle encore à l'esprit de la
République de Platon, Lepelletier Saint-Fargeau s'écrie : « A
cinq ans, la patrie recevra l'enfant des mains de la nature;
à douze elle le rendra à la Société. . . . Dans l'institution publique
la totalité de l'existence de l'enfant nous appartient 2. » Napo
léon ne donnait d'autre rôle aux parents que de fournir des
écoliers à son Université impériale et militaire.
Le xixe siècle est resté docile à ce système qui substitue
l'école à la famille, et le xxe travaille à en étendre le bienfait
à l'enseignement primaire. Imaginez que soient réalisés
demain tous nos projets scolaires et post-scolaires. L'élève
viendra à l'école le matin à cinq heures et en partira le soir
à neuf heures. Il y sera logé et nourri toute la journée, instruit
les jours de travail, gardé et amusé les jeudis, dimanches et
jours de vacances. Et ainsi il ne sera à la maison que quelques
heures par jour, ou plutôt par nuit, les heures de sommeil; il
n'apercevra son père et sa mère que quelques minutes, en
attendant qu'il soit couché à l'école et tout à fait interne. Il
nous tarde, ce semble, que «. le père n'ait plus à s'occuper de
rien pour son enfant », suivant le mot d'un instituteur, et
qu'il ne vienne gêner en rien le travail du spécialiste de l'édu
cation.
Pourtant non ; les choses ne sont pas encore aussi simples.
Les familles n'ont pas encore toutes abdiqué; les maîtres ne
1. Traité de V homme, section X, ch. h.
2. Plan d'éducation nationale. CHABOT. — LA COOPÉRATION DE L'ÉCOLE ET DE LA FAMILLE 327
sont pas encore unanimes à réclamer « toute l'existence de
l'enfant ». Que dis-je! on ne trouvera bientôt plus personne
qui veuille se charger de la surveillance ou du service du dor
toir; l'internat qui semble, pour des raisons plus sociales que
pédagogiques, menacer l'école primaire, est en train de dispa
raître des lycées. Et ce progrès même de l'école, tous les jours
plus envahissante et impérieuse, a provoqué des réflexions,
des inquiétudes, d'abord timides, puis plus hardies à s'exprimer.
Réflexions de parents inquiets de se voir ravir la plus haute
de leurs fonctions, mais plutôt encore de maîtres redoutant
d'avoir assumé une tâche trop lourde. Ainsi se pose de nou
veau, dans tous les pays, cette question, qui est de tous les
temps, de savoir s'ils n'auraient rien à se dire ou rien à faire
ensemble pour le salut des enfants.
Il y a une vingtaine d'années qu'on a commencé sérieuse
ment, surtout à l'étranger, d'appeler de ce côté l'attention.
L'initiative de ceux qui l'ont entrepris s'est essayée d'abord en
des œuvres de propagande ou de rapprochement dont l'Amé
rique, l'Angleterre, l'Allemagne offrent les exemples les plus
intéressants. Les Parents ou Mothers Clubs, la Mothers Union
aux États-Unis; l'œuvre remarquable de la Parents National
Education Union, dirigée par Madame Charlotte M. Mason et
qui rayonne sur toute l'Angleterre; en Allemagne celle de la
Deutsche Gesellschaft für Verbreitung von Volksbildung ou du
Deutscher Vortrag s Verband, les Elternabende, particulièr
ement à Wiesbaden; en Belgique, l'action vigoureuse de la
Ligue belge de l'éducation familiale ; les cercles de parents et de
professeurs en Russie : voilà des témoignages de ce mouve
ment qui gagne progressivement tous les pays. On en aura une
idée plus complète en consultant les Comptes rendus des Con
grès internationaux d'éducation et de protection de V enfance
dans la famille qui ont été tenus à Liège en 1905, à Milan en 1906.
Chez nous, la question n'a pas manqué, et depuis longtemps,
d'être traitée dans des livres par Legouvé, Bersot, Renan,
Gréard, Baudrillart, Vessiot, Fouillée, etc. Mais c'est depuis
quelques années seulement que l'idée s'est traduite en initia
tives pratiques de plus en plus nombreuses : études et
enquêtes, du Manuel général de l'Instruction primaire (1902),
de la Ligue de l'Enseignement (1903), des professeurs de l'Ac
adémie de Toulouse (1903), des Congrès d'Hygiène scolaire et de
la Ligue des médecins et des familles (1903 et 1905), de la
Société libre d'étude psychologique de l'enfance; tentatives de *
328 MÉMOIRES ORIGINAUX
maîtres ou de directeurs pour entrer en relations plus suivies
avec les parents; associations d'éducation familiale, associa
tions scolaires de pères de famille; association des parents
d'élèves de lycées (lycée Carnot, lycée de Reims), etc. Enfin
le problème est si bien à l'ordre du jour que, l'an dernier,
presque simultanément paraissaient, outre de nombreux
articles, trois ouvrages sur la collaboration de l'École et de la
Famille '. Ils nous font connaître tous ces efforts jusqu'ici dis
persés, les difficultés auxquelles ils se heurtent, les solutions
multiples qui ont été proposées. En les examinant nous serons
sûrs d'avoir fait une revue de ces questions.
La brochure de M. Bouillot, et l'étude plus importante de
M. Gâche portent seulement sur l'enseignement secondaire.
Dans chacune d'elles on peut distinguer deux parties, l'une
toute pratique, l'autre de théories générales. La première offre
d'intéressants exemples à imiter, et ne peut manquer de sug
gérer d'autres initiatives. Voici ce que fait M. B. Au début
de l'année il adresse aux familles un questionnaire et une
note de conseils pratiques. Le questionnaire est simple, suffi
sant, bien divisé : tempérament de l'enfant, état de santé,
capacité d'effort intellectuel, infirmités, avis du médecin de la
famille — études antérieures, aptitudes spéciales et points
faibles, — traits saillants du caractère, qualités, défauts,
moyens les plus efficaces de correction [pourquoi pas aussi
d'encouragement?]. Et il obtient des réponses intéressantes.
Ainsi établies, entretenues par le carnet de correspondance,
par des visites, les relations doivent être tout à fait profitables
à l'éducation de l'élève. Les directions qui enseignent aux
parents leur rôle de répétiteurs sont courtes et pratiques.
Avec raison aussi on leur demande d'observer leurs enfants
en tenant un cahier de famille, de provoquer leur curiosité, de
guider leur réflexion, en les appliquant aux choses de la vie
et de tous les jours. Il faudrait seulement ne pas réclamer
l'impossible, ne pas demander à un père ou à une mère une
compétence et une méthode psychologiques qui manqueraient
aussi bien à beaucoup de professeurs. Mais il reste que la prati
que de M. B. témoigne de beaucoup de zèle et d'ingéniosité.
1. V. Bouillot, La coopération de la famille et du lycée, avec préface
de M. Gabriel Compayré, Paris, Juven, in-12, 119 p. F. Gâche, Collégiens
et familles, avec préface de M. Paul Crouzet, Toulouse, Privat ; et Paris,
H. Didier, in-12, 400 p. P. Crouzet, Maîtres et parents, Paris, Colin,
in-12, 309 p. '^P^^!^^
CHABOT. — LA COOPERATION DE L'ÉCOLE ET DE LA FAMILLE 329
J'aurais plus de réserves à faire sur les vues théoriques. Sans
doute il y a là des idées fort justes, et que nous retrouverons
plus développées aille

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