La cour de Heian à travers le Shunki de Fujiwara no Sukefusa - article ; n°1 ; vol.27, pg 45-68
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La cour de Heian à travers le Shunki de Fujiwara no Sukefusa - article ; n°1 ; vol.27, pg 45-68

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Description

Ebisu - Année 2001 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 45-68
Cet article analyse les notes journalières (Shunki) de Fujiwara no Sukefusa, qui fut chef de la Chancellerie privée de l'empereur Gosuzaku. Ces notes sont quasiment la seule source qui nous reste pour comprendre le fonctionnement de la cour à l'époque de l'empereur Gosuzaku (1036-1045). Elles nous renseignent sur le système de prise de décision et la gestion du personnel. L'intérêt de ce genre de document pour l'époque, était de conserver des précédents (reî). Si l'importance accordée aux célébrations et au cérémonial peut sembler excessive, c'était aussi le moyen de garantir la pérennité des institutions et de maintenir l'ordre et la prospérité.
This paper analyses the daily records (Shunki) of Fujiwara no Sukefusa, private great-chanceller of Emperor Gosuzaku (1036-1045). These records are almost the only remaining documents enabling comprehension of Emperor Gosuzaku's court procedure and hold also informatives data about decision settling trials and public servents administration. Back to antiquity, these documents achieved a precedents (rei) recording utility. Although the importance given to celebrations and the ceremonial may seem to us quite exagerated, they were nevertheless thought to be efficients ways of maintaining order and prosperity as well as institutions' everlastingness.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francine Herail
La cour de Heian à travers le Shunki de Fujiwara no Sukefusa
In: Ebisu, N. 27, 2001. pp. 45-68.
Résumé
Cet article analyse les notes journalières (Shunki) de Fujiwara no Sukefusa, qui fut chef de la Chancellerie privée de l'empereur
Gosuzaku. Ces notes sont quasiment la seule source qui nous reste pour comprendre le fonctionnement de la cour à l'époque de
l'empereur Gosuzaku (1036-1045). Elles nous renseignent sur le système de prise de décision et la gestion du personnel.
L'intérêt de ce genre de document pour l'époque, était de conserver des précédents (reî). Si l'importance accordée aux
célébrations et au cérémonial peut sembler excessive, c'était aussi le moyen de garantir la pérennité des institutions et de
maintenir l'ordre et la prospérité.
Abstract
This paper analyses the daily records (Shunki) of Fujiwara no Sukefusa, private great-chanceller of Emperor Gosuzaku (1036-
1045). These records are almost the only remaining documents enabling comprehension of Emperor Gosuzaku's court procedure
and hold also informatives data about decision settling trials and public servents administration. Back to antiquity, these
documents achieved a precedents (rei) recording utility. Although the importance given to celebrations and the ceremonial may
seem to us quite exagerated, they were nevertheless thought to be efficients ways of maintaining order and prosperity as well as
institutions' everlastingness.
Citer ce document / Cite this document :
Herail Francine. La cour de Heian à travers le Shunki de Fujiwara no Sukefusa. In: Ebisu, N. 27, 2001. pp. 45-68.
doi : 10.3406/ebisu.2001.1124
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ebisu_1340-3656_2001_num_27_1_1124LA COUR DE HEIAN A TRAVERS LE SHUNKI DE
FUJIWARA NO SUKEFUSA
FrancineHÉRAIL
E.P.H.E
Notes journalières des hauts dignitaires de la cour (Xl-XIIème siècle)
Quand, à partir du Xème siècle, la promulgation de textes
législatifs diminue, que la compilation des histoires officielles est
abandonnée, les notes journalières en kanbun1, les nikki B pd, tenues
par des hauts dignitaires ou des fonctionnaires, deviennent une des
plus importantes sources de l'histoire du Japon et tout particulièrement
de la cour aux Xlème et Xllème siècles. Ce type de document a pour
but premier de conserver des précédents (rei f?!l), le mot rei étant alors
le maître-mot qui revient comme un leitmotiv dans les notes
journalières, car le précédent fonde ou doit fonder toutes les décisions.
Les textes législatifs, sans être négligés, passent cependant au second
plan. Qui dit précédent dit répétition et il est évident que c'est dans le
domaine des célébrations, et aussi des procédures, que cette notion a
sa plus grande force. Il ne s'agit pas seulement de rédiger correctement
les documents, d'accomplir de façon exacte tous les gestes aussi bien
des cérémonies que de la vie quotidienne de la cour, de disposer les
séances conformément aux modèles, mais il faut aussi que chacun se
conduise comme il convient à son rang et à sa fonction, que promotions
et nominations soient justifiées par des mérites ou par ce qu'il est
convenu alors d'appeler mérites. En un sens donc, le recours constant
aux précédents conduit au formalisme et contribue à ralentir les
évolutions. Mais aussi il est un frein à l'arbitraire, il tend à assoupir
les conflits, à limiter les ambitions et à maintenir chacun à sa place.
1 Kanbun \%~%, texte écrit en chinois. Il s'agit ici d'un texte écrit par un
Japonais, dans un chinois fortement nvpyonxsé, hentai kanbun ^i
EBISU 27, Automne - hiver 2001, Maison Franco-japonaise, Tôkyô, p. 45-68. HERAIL EB1SU 27 FRANCINE
Conserver des précédents est à tel point la raison essentielle de
la rédaction de notes journalières que beaucoup ne subsistent et ne
sont connues que par des extraits qui sont cités dans des ouvrages
relatifs au cérémonial et aux procédures. Ce n'est donc que de manière
indirecte que les notes journalières nous renseignent sur ce qui fait le
fond des affaires traitées à la cour par les hauts dignitaires au Xlème
siècle. Leur forme et leur existence sont pourtant déjà une indication
sur une tendance profonde de cette société, un sens exacerbé de
l'étiquette, le privilège souvent donné à la forme au détriment du
fond.
Les hasards de la conservation des textes font qu'on possède
des notes de divers hauts dignitaires couvrant à peu près les trente-cinq
premières années du Xlème siècle2, mais qu'à partir de 1038 et pour
quelques années, et notamment le règne de l'empereur Gosuzaku
fâ^iË (1036-1045), notre source presque unique devient le Shunki
#!£, les notes journalières de Fujiwara no Sukefusa mf^:MW3.
De 1038 à 1042, Sukefusa occupa la fonction de chef à la Chancellerie
privée4 de l'empereur Gosuzaku. Il était donc journellement en relation
2 Pour le début du siècle, les notes de Fujiwara no Michinaga
M;dô kanpakuki tëPltPf É3H£, celles de Fujiwara no Sanesuke H^Urlt, Shôyûki '.htïsË et
celles de Fujiwara no Yukinari ilHF^T^c, Gonki fiffi ; dans les années 1020 et début
1030, le Shôyûki et les notes de Minamoto no Tsuneyori i^JIfS, Sakeiki 1ïMî,£. Dans les
années 1080, on retrouve des notes assez longues, celles de Fujiwara no Munetada
S'iK^K.*, Chûyûki ^^ÉJfS, et de Fujiwara no Moromichi ^I^Êilijt, Gonijô Morotnichiki
fè^-fèBifoËpË. Pour le milieu du siècle, ce qui reste d'une production qui fut assez
abondante est presque négligeable, à l'exception de fragments de 1058 à 1065 et de
1069. Entre 1038 et 1058, les notes de Fujiwara no Sukefusa sont la principale source,
encore ne couvrent-elles de façon un peu suivie que les années 1038 à 1041, le reste
étant formé de notes éparses des années 1044, 1046, 1048, 1050 et 1054.
3 Shunki #ëd est l'abréviation de Tôgû gon no daiku ki ^lâfit^^pû (Notes
journalières du préfet surnuméraire de la maison du prince héritier, poste alors tenu par
Sukefusa de 1045 à sa mort). Les rouleaux originaux de Sukefusa sont perdus. On ne
possède plus que des copies de la fin de l'époque de Heian conservées parce que le
verso a été utilisé pour la copie de textes bouddhiques, ainsi que, pour certaines
parties, des copies de l'époque de Kamakura (1185-1333). Voir au sujet des manuscrits
l'introduction de ma traduction, publiée sous le titre Les notes journalières de Fujiwara
no Sukefusa, traduction du Shunki, Droz, 2001.
4 Je traduis par chef à la Chancellerie privée, le terme kurôdo no tô ï$LKM.
Il est certain qu'introduire l'adjectif privé dans ce nom de fonction peut être critiquable,
rien de ce qui concerne l'empereur ne pouvant en théorie être privé. Chancellerie
particulière serait peut-être un terme plus approprié. Ce qui pourrait justifier la
46 COUR DE HEIAN À TRAVERS LESHUNKI DE FUJIWARA NO SUKEFUSA LA
avec ce dernier et avait pour mission essentielle d'être l'intermédiaire
entre Gosuzaku et son oncle le grand chancelier (kanpaku 111] E^), Fujiwara
no Yorimichi mh'ÂMiiÛ. Ce qui fait le prix de ce qu'il a écrit, c'est que
ces notes permettent de mesurer la part d'initiative qui était alors
laissée à l'empereur et le poids du pouvoir du grand chancelier. Elles
donnent aussi la possibilité d'évaluer le travail fourni par les hauts
dignitaires, tant pour le type de charges qu'ils avaient à assumer que
pour la fréquence de leurs visites au palais. En théorie, les notes
journalières ne contiennent pas l'expression de sentiments personnels.
Cependant, leurs auteurs souvent se laissent aller à parler d'eux-mêmes
ou à formuler des jugements sur leurs contemporains. Les notes
journalières de Sukefusa présentent deux caractères qui font leur
originalité : d'une part, elles abondent en descriptions extrêmement
minutieuses de célébrations, de l'autre, on y trouve quantité de
passages très subjectifs, dans lesquels s'expriment les rancœurs et la
fatigue d'un fonctionnaire qui est mal vu du grand chancelier et se
juge exploité.
Fujiwara no Sukefusa
Je donnerai d'abord un aperçu de l'origine, de la carrière et du
caractère de Sukefusa. Il es

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