La crise bancaire en Allemagne - article ; n°14 ; vol.4, pg 150-163
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Description

Annales d'histoire économique et sociale - Année 1932 - Volume 4 - Numéro 14 - Pages 150-163
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Pose
La crise bancaire en Allemagne
In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 14, 1932. pp. 150-163.
Citer ce document / Cite this document :
Pose Alfred. La crise bancaire en Allemagne. In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 14, 1932. pp. 150-163.
doi : 10.3406/ahess.1932.1508
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1932_num_4_14_1508ENQUÊTES CONTEMPORAINES
LA GRISE BANCAIRE EN ALLEMAGNE
Que sur les quatre anciennes « D.-Banken», orgueil de l'Allemagne finan
cière, deux n'aient pu se sauver que parce qu'elles s'étaient unies quelques
mois auparavant, les deux autres, moins prévoyantes, ayant dû recourir à
l'État pour se faire renflouer — voilà qui, mieux que tout commentaire,
révèle l'intensité de la crise qui a atteint la banque en Allemagne.
L'année 1930 n'avait cependant pas mal débuté pour les établissements
financiers d'outre-Rhin. Dans un monde où la crise était devenue assez géné
rale pour que l'on ne sût plus que faire des capitaux liquides et où, cependant,
le pessimisme n'était pas suffisant pour provoquer la thésaurisation, les taux
d'intérêts pratiqués en Allemagne ne manquaient pas d'attrait. Aussi les
fonds affluaient-ils de toutes parts dans ce pays. Cela permit à la Reichsbank
de ramener le taux de son escompte à des chiffres que l'économie allemande
ne connaissait plus depuis longtemps. De chute en chute, ce taux atteignit
4 p. 100 le 21 juin. Mais les élections de septembre 1930 et les justes alarmes
qu'elles causèrent au dehors ne tardèrent pas à provoquer une réaction.
D'importants retraits intervinrent pour compte étranger, et, dès le 9 octobre
1930, le taux de la Reichsbank devait être porté à 5 p. 100.
De l'exode des capitaux les bilans portèrent vite la trace. Si l'on totalise
les situations publiées par les six grandes banques berlinoises (Deutsche Bank
und Diskonto Gesellschaft, Darmstaedter und National Bank, Dresdner
Bank, Commerz und Privatbank, Reichskreditgesellschaft, Berliner Handele-
gesellschaft), on constate que le poste a Créditeurs» qui, au 30 juin 1930, res
sortait, pour l'ensemble de ces établissements, à RM. 12 297 millions, tomb
ait, le 31 octobre, à 11 092 millions. Pour faire face à de tels retraits, les
banques recoururent fortement à la Reichsbank, laquelle vit son stock d'or
et de devises tomber de RM. 3 078 millions à 2 685 millions. Aussi la
circulation de billets n'était-elle plus couverte, au 31 décembre 1930, que
jusqu'à concurrence de 56,19 p. 100, contre 65,70 p. 100 au 30 juin précédent.
L'émotion se calma au début de 1931 , lorsqu'il s'avéra que les nationalistes,
ou du moins les plus virulents d'entre eux, pourraient être tenus écartés du
pouvoir. Cette accalmie permit à la Reichsbank de profiter des avantages
que valait à l'économie allemande une balance commerciale très favorable.
Le stock d'or et de devises de l'institut d'émission d'Allemagne se renforça,
passant de RM. 2 443 millions (fin janvier) à 2 525 millions (fin avril). Ainsi
la couverture des billets en circulation put être portée de 55,7 à 58,2 p. 100.
Parallèlement, les grandes banques berlinoises virent se ralentir le rythme
des retraits. Au total, cette première alerte laissa les banques allemandes
affaiblies, mais enoore debout. Une pareille force de résistance aurait pu res
taurer leur prestige et leur permettre de retrouver à l'étranger tout leur crédit,
si la défaillance du plus grand établissement de crédit autrichien, l'Oester- LA CRISE BANCAIRE EN ALLEMAGNE 151
reichische Credit- Anstalt, n'était intervenue. Lorsque, le 13 mai 1931, en dépit
de tentatives diverses faites pour le sauver, cet établissement dut s'avouer
dans l'incapacité de faire face à ses obligations,~une très grande inquiétude
s'empara de toutes les grandes places financières du monde. Une pareille chute
révélait combien la banque autrichienne, autrefois si puissante et si renom
mée, avait été atteinte dans ses forces vives par la crise qui sévissait en
Europe Centrale1.
L'état de dépendance où se trouvent les banques par rapport à la situa
tion économique du pays dans lequel elles opèrent, dépendance que l'on
avait oubliée jusque-là, éclata à tous les yeux. Du coup, aux informations
qui, venant d'Allemagne, décrivaient l'aggravation de la situation écono
mique ainsi que les nouvelles difficultés financières du Reich et des collec
tivités publiques, chacun prêta une oreille particulièrement attentive et
inquiète. Cette inquiétude fut encore accrue par l'affirmation, à chaque con
sultation populaire, des tendances nationalistes du peuple allemand.' Il n'est
pas étonnant que tous ces facteurs aient incité les étrangers à se retirer
d'Allemagne.
A ces facteurs psychologiques s'ajoutaient d'ailleurs des causes d'ordre
technique. La dépression économique, en se prolongeant, a pour effet de con
traindre les entreprises saines, qui, en période de prospérité, ont su se cons
tituer des avoirs importants dans les banques, à entamer ces fonds liquides.
Ainsi les banques doivent progressivement rembourser des sommes qu'elles
utilisaient jusque-là à divers remplois. Ces retraits ne sont pas compensés par
de nouveaux dépôts, l'épargne, en temps de crise, se reconstituant beaucoup
plus lentement qu'en période normale. Mais il y a plus : en s'accentuant la dé
pression cause de nombreuses défaillances, ce qui provoque dans le public une
inquiétude et un pessimisme dont les banques sentent rapidement les effets.
Des particuliers alarmés qui doutent de tout et de tous se font rembourser
leurs dépôts et les banques sont ainsi conduites à faire rentrer une partie de fonds. Comme toujours en pareil cas, elles disposent d'abord des avoirs
qu'elles entretiennent dans d'autres banques, et notamment dans des ban
ques étrangères.
Il était donc naturel que les établissements bancaires d'Allemagne se vis
sent de toutes parts invités à restituer les dépôts qui leur avaient été confiés
par l'étranger. Tout incitait les banques étrangères à une semblable poli
tique. De l'intensité de ce mouvement de rapatriement des fonds à court
terme, l'évolution du total des bilans mensuels des six grandes banques all
emandes permet d'avoir une idée. Du 31 mai au 30 juin, le total des créditeurs
de ces banques (acceptations non comprises) s'est réduit de 1 118 millions
de marks ; cette chute a été de 1 110 millions du 30 juin au 31 juillet. Pen
dant ce temps, l'encaisse-or et devises de la Reichsbank tombait de 2 525 mil
lions (fin avril) à 1 710 millions de RM. (fin juin). De ce fait, la couverture
des billets se trouvait ramenée de 58,2 à 40,1 p. 100. En vain, le président
Hoover tenta-t-il, le 20 juin dernier, d'arrêter, par son offre de moratoire,
un mouvement qui faisait courir à l'Allemagne les plus graves périls. Cette
proposition ne pouvait pas suffire à suspendre le cours des événements. La
vague d'optimisme qu'en attendait son promoteur devait rapidement se
1. Cf., dans ce même numéro, l'article de M' J. Chappey. ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 152
briser, d'une part, contre les résistances d'une France qui n'avait même pas
été prévenue, bien qu'elle dût, avec l'Amérique — et sans en espérer les mêmes
avantages que celle-ci — faire les frais de ce geste, d'autre part, contre l'im
patience qu'avaient les banques américaines et anglaises de recouvrer leur
argent. Il convient, en effet, de souligner que, si, à l'annonce de la proposition
Hoover, les banques américaines créancières de l'Allemagne se firent moins,
pressantes, cela ne dura que quelques jours : à peine les bourses avaient-elles
commencé à marquer les espérances qui naissaient du geste de l'Amérique
que les banques américaines et anglaises voulurent mettre à profit ce mouve
ment pour reprendre leurs retraits. C'était aller beaucoup trop vite, et la
Reichsbank dut recommencer à entamer son stock d'or et de devises. Les
grandes banques d'émission et la Banque des Règlements Internationaux
tentèrent de la renforcer en lui accordant un crédit de réesc

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