La Démographie des populations inhumées. Essai de paléodémographie - article ; n°4 ; vol.13, pg 95-131
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Description

L'Homme - Année 1973 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 95-131
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claude Masset
La Démographie des populations inhumées. Essai de
paléodémographie
In: L'Homme, 1973, tome 13 n°4. pp. 95-131.
Citer ce document / Cite this document :
Masset Claude. La Démographie des populations inhumées. Essai de paléodémographie. In: L'Homme, 1973, tome 13 n°4. pp.
95-131.
doi : 10.3406/hom.1973.367382
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1973_num_13_4_367382LA DÉMOGRAPHIE DES POPULATIONS INHUMÉES
Essai de paléodémographie
par
CLAUDE MASSET
II est possible d'apprécier l'âge auquel est mort un être humain, d'après
son squelette. Bien qu'imprécis, les indices sont assez nombreux : citons l'ordre
d'éruption des dents et leur état d'usure, l'ossification des cartilages de conju
gaison, le processus d'oblitération des sutures crâniennes, etc. D'autres critères
permettent de diagnostiquer le sexe, avec un pourcentage d'erreurs assez variable
selon l'os utilisé.
La fouille d'un cimetière permet donc, si elle est exhaustive, de dresser un
tableau de répartition des décès par âges et par sexes, à partir duquel on peut
espérer reconstituer la démographie d'une population disparue. Cette recherche
est intéressante à divers titres : connaître la structure par âges et par sexes d'un
groupe humain, ainsi que sa tendance à croître ou à décliner, pourrait jeter une
singulière lumière sur divers types d'organisation sociale, sur des processus de
conquête ou d'abandon du sol, d'acculturation, etc.
Malheureusement, si ce but est séduisant, les obstacles sont nombreux.
Notons tout d'abord qu'il ne peut être question de dresser un tableau de répar
tition des décès en utilisant seulement des inscriptions funéraires : l'échantillon
ainsi obtenu est en effet toujours biaisé, comme l'a parfaitement démontré
L. Henry (1957 et 1959 ; cf. également Hopkins 1966 et Éry 1969). Il est indis
pensable que l'âge et le sexe soient établis à partir des squelettes eux-mêmes ;
ce n'est qu'à cette condition que le tableau obtenu peut être fidèle.
Ce tableau, naturellement, représente uniquement la partie de la population
qui se trouve inhumée dans le cimetière. On ne peut l'étendre au groupe humain
qui utilisait ce champ de repos qu'au prix de certaines hypothèses, qui ne sont
généralement pas vérifiables. On suppose, en effet, que le cimetière ne contient
que les membres d'un groupe déterminé, et qu'il les contient tous. On fait donc
le pari que le choix du lieu d'inhumation était indépendant de la classe d'âge,
ainsi que du sexe ; qu'il n'y avait pas de migrations ; que le nombre des gens
morts à l'étranger ou au champ d'honneur, ou perdus en mer, peut être considéré
comme négligeable ; et enfin, qu'en cas d'épidémie ou de massacre, il n'était
pas constitué de fosse commune ou de champ maudit en dehors du cimetière
normal.
Admettons que la population inhumée est bien l'image de la population
vivante. Ceci nous autorise-t-il à dresser la table de mortalité du groupe humain
que nous étudions, à partir de la répartition des décès par âges et par sexes ?
Oui, au prix d'une nouvelle hypothèse : il nous faut parier maintenant que nous CLAUDE MASSET 96
avons affaire à une population stationnaire. En effet, cette table de mortalité
sera dressée par la méthode de Halley, soit en supposant qu'à tout âge x, le nombre
de survivants est égal au nombre de décédés d'âge supérieur à x. On suppose
donc que la mortalité est invariable, les décès constamment égaux aux naissances,
et le mouvement de la population toujours égal à zéro. Cette hypothèse est natu
rellement inadmissible. Cependant, il y a lieu de tenir compte d'une autre variable,
qui est la durée d'utilisation du cimetière. Si celle-ci est brève, la méthode de
Halley peut conduire à des résultats saugrenus, comme l'a montré L. Henry
(1967 : 138) ; mais il n'en est pas de même si le cimetière a été utilisé par plusieurs
générations successives. Plus la durée d'utilisation est longue, plus se réduisent
les distorsions dues à l'emploi de cette méthode, même si la population n'est pas
franchement stationnaire.
La reconstitution de la démographie d'une population disparue s'accompagne
donc toujours d'une certaine marge d'incertitude ; malgré cela, ce genre d'études
s'est considérablement développé depuis quelques décennies. C'est en 1930 qu'a
été publiée la première tentative notable de reconstruction d'une ancienne popul
ation. Elle est due à l'Américain E. A. Hooton qui, avec l'aide de son compatriote
T. W. Todd, examina 587 squelettes d'un pueblo du Nouveau-Mexique, Pecos.
Depuis, en passant par Franz & Winkler (1936) et H. V. Vallois (1937), ces
recherches se sont multipliées. Une nouvelle discipline est née, que l'on commence
à appeler « paléodémographie ». Elle a déjà son premier manuel (Acsâdi & Nemes-
kéri 1970), dans lequel on trouvera une bibliographie très complète.
Sur le plan démographique, les populations ainsi décrites se ressemblent
beaucoup, alors qu'elles s'opposent fortement aux populations modernes. Ces
ressemblances, a priori satisfaisantes pour l'esprit, posent en réalité de graves
problèmes.
Caractères démographiques des populations inhumées
La mortalité infantile (soit de o à 1 an) varie énormément d'un site à l'autre :
elle peut atteindre n'importe quelle valeur entre o et 36 %. Il est donc évident
que, dans beaucoup de cimetières, les corps des nourrissons ont disparu ou ont
été déposés ailleurs. Les sépultures des enfants à la mamelle sont en effet souvent
superficielles (Angel 1970 ; Acsâdi & Nemeskéri 1970 : 239 sq.). Par ailleurs,
l'enfant non encore baptisé ou non encore présenté, etc. n'avait pas forcément
sa place dans le cimetière communal — sans parler de l'exposition des nouveau-
nés dans l'Antiquité. Nous sommes donc fondés à exclure de ces réflexions les
sites fournissant une mortalité infantile trop basse.
La mortalité infantile est de 67 °/00 au moyen-âge, à Halimba Cseres en Hongrie (Acsâdi
& Nemeskéri 1957) ; elle atteint déjà 120 °/00 dans le même site, 13 ans plus tard, et même
182 %o à Fiad-Kérpuszta (Id. 1970). Elle dépasse 200 °/00 en Afrique du Nord à l'époque
mésolithique : 242 à Taforalt (Ferembach 1962) et 267 à Columnata (Biraben 1969a). Elle se
trouve au voisinage de 300 °/00 dans la Grèce préhistorique et protohistorique : 257 à Nea
Nikomedia et 359 à Lerne (Angel 1971).
La mortalité des enfants de plus de 1 an est encore forte, et ne paraît baisser
que lentement. Nous pouvons la caractériser par le rapport de l'effectif décédé
entre 5 et 9 ans (mortalité proprement enfantine) à l'effectif décédé entre 10 et PALÉODÉMOGRAPHIE 97
14 ans (mortalité juvénile) ; en abrégé, , ' . En effet, chez toutes les popu-
-M-uo-ié)
lations connues, la courbe représentant la variation du taux de mortalité passe
par un minimum au voisinage de 12 ans et ne s'élève ensuite que lentement.
Par conséquent, la classe d'âge 10-14 diffère peu de l'ensemble des jeunes adultes,
alors que la classe 5-9 présente encore des caractères propres à l'enfance. On
constate que, dans les pays développés, -..-/ x a une valeur de l'ordre de 1,1
-M- (10-14)
ou 1,2. Chez les populations à faible espérance de vie, sa valeur se situe aux
environs de 1,9 (Ledermann 1969 : 86-87) : on note en i960, par exemple, 1,86 en
République Centrafricaine (Nations Unies 1967). Ce n'est qu'en période d'ép
idémie qu'on voit ce rapport dépasser franchement 2 : il est de 2,9 en Birmanie
en 1963, l'année du choléra (ibid.).
est toujours supérieur à 2 chez les populations inhumées. Les données sont souvent
M(10_l4)
peu utilisables, car la plupart des auteurs les groupent d'après l'éruption des molaires perman
entes (soit 6-12 et 12-18). En nous bornant à de

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