La Dissociation des douleurs cutanées et la différenciation des conducteurs algiques - article ; n°1 ; vol.30, pg 1-24
25 pages
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Description

L'année psychologique - Année 1929 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 1-24
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 21
Langue Français
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Extrait

Henri Piéron
I. La Dissociation des douleurs cutanées et la différenciation des
conducteurs algiques
In: L'année psychologique. 1929 vol. 30. pp. 1-24.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. La Dissociation des douleurs cutanées et la différenciation des conducteurs algiques. In: L'année
psychologique. 1929 vol. 30. pp. 1-24.
doi : 10.3406/psy.1929.4914
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1929_num_30_1_4914PSYCHOLOGIQUE L'ANNÉE
TOME XXX
MÉMOIRES ORIGINAUX
LA DISSOCIATION DES DOULEURS CUTANÉES
ET LA DIFFÉRENCIATION
DES CONDUCTEURS ALGIQUES
/
par Henri Piéron
lo LA NOTION DE DOULEUR
La psychologie moderne a adopté la notion fausse, établie
sur des faits exacts, de la « sensation de douleur », qui domine les
expériences accumulées par deux écoles pourtant antagonistes,
s' accordant sur la celle de Von Frey et celle de Goldscheider,
spécificité de la sensation, corrélative de la découverte des
points excitables de la peau.
En effet, si Von Frey (1, 2, 3) déclare que la douleur est une
sensation éveillée par la stimulation de points spéciaux, con
duite par des fibres distinctes des nerfs cutanés, et indépen
dante des points et conducteurs affectés aux sensations tactiles
proprement dites, pour Goldscheider (1, 2, 3) la douleur est
une sensation spécifique qui dépend de certaines modalités de
stimulation des points possédant la spécificité tactile, de même
que la couleur est une sensation spécifique dépendant de. cer
taines modalités de stimulation des récepteurs possédant la
spécificité lumineuse, avec d'ailleurs deux systèmes de récep
teurs cutanés, les uns ne donnant que difficilement, pour des
l'année psychologique, xxx. 1 2 MÉMOIRES ORIGINAUX
stimulations très intenses, la réponse douloureuse (ayant, si
l'on peut dire, un intervalle « hapto-algique » très considérable,
par analogie avec l'intervalle « photp- chromatique » beaucoup
plus grand en lumière bleue qu'en lumière rouge) — ceux que
Von Frey considère comme les récepteurs tactiles purs — et les
autres donnant très vite la réponse douloureuse, au point que
l'on n'arrive parfois qu'avec peine à distinguer une première
sensation, non douloureuse, pour des stimulations juste limi
naires (l'intervalle « hapto-algique » étant extrêmement réduit),
ceux que Von Frey considère comme les récepteurs spécifiques
de la douleur.
La spécificité de la sensation de douleur reste donc un
dogme qui plane sur tout le débat x.
Or c'est à ce dogme qu'il faut renoncer, car il est en désaccord
complet avec l'ensemble des données que nous possédons sur les
modalités des réponses sensorielles.
Dans l'ensemble des discussions expérimentales, il paraît
bien ressortir que, conformément aux assertions de Von Frey,
les récepteurs spécifiques du tact ne donnent jamais d'impres
sion douloureuse, et qu'ainsi l'intervalle hapto-algique de
Goldscheider, infiniment agrandi, ne peut être maintenu, ce qui
va contre l'ancienne conception, développée en particulier par
Richet, que la douleur naît des stimulations suffisamment fortes
de tous les appareils sensibles. Sous cette forme générale l'an
cienne conception à été définitivement réfutée par les faits.
Mais, des expériences de Goldscheider et dé ses élèves il résulte
avec évidence qu'il est impossible de déclarer douloureuses dans
un grand nombre de cas les stimulations liminaires des points
dits de douleur par Von Frey, et qu'il existe bien quelque
chose comme un intervalle hapto-algique pour ces récepteurs.
De quelle nature est cette sensation liminaire ? Peut-elle être
confondue avec celle qui nait de la stimulation minimale des
récepteurs spécifiques de tact ? Sur ce point les données sont
assez contradictoires ; .les comparaisons sont difficiles, les
impressions peu nettes. Il semble toutefois qu'en accprçji avec
Von Frey on puisse différencier ces sensations liminaires
infra-douloureuses des sensations liminaires tactiles.
L'exploration de ces « points de douleur » se fait au moyen
1. Von Frey (5) admet d'ailleurs que le stimulus algique consiste en une
lésion des tissus ; il faut alors que les produits engendrés par la lésion excitent
élecfivement les récepteurs spécifiques. HERON. LÀ JlfSSQCl^TlOtt CES QOÜLEUKS CUTANEES Ü.
de très fines p, pintes conditionnant les sensations 4e
Or Von Frey a identifié sensation de piqûre et sensation de
4puleur, parce que la piqûre s'accompagne d'une impressipn
douloureuse. C'est cette identification fausse qui est responsable
de l'erreur générale régnante. Les faits établis par Von Frey et
son école s.o,nt exacts, et ont accru nos connaissances 4e façon
notable ; pour qu'ils soient correctement exprimés, U faut et il
suffît que J'on substitue à l'expression « sensation (Je douleur »
celle de v> sensation 4e piqûre >>.
La de est une sensation spécifique, qui
comporte un élément perceptif important, assure une discri-
minatiQn spatiale fine, renseigne sur Je caractère pointu des
objets, permet une appréciation d'intensité de la pression,
mais éveille en même temps une impression affective incon
testablement douloureuse, qui est très loin toutefois de repré
senter la douleur typique, car elle est facilement supportable
et (sauf irritation cutanée) s'atténue avec le temps et diminue
par répétition.
J'ai, depuis plusieurs années (Piérori 5.), indiqué cette né
cessité 4ß distinguer la sensation spécifique de piqûre de la
réaction 4pujoureuse .qui l'accompagne, réaction douloureuse
beaucoup plus manifeste dans l'excitation de récepteurs spéc
ifiquement distjncjts jqle celui de la piqûre, intféro-
ceptifs conditionnant les diverses formes ,4e .douleur viscérale,
osseuse, musculaire etc., et extéro-ceptifs, comme pour les récep
teurs — distincts de ceux 4e la sensibilité thermique — qui
sont impliqués dans la douleur-brûlure.
Conformément aux vues profondes et solidement étayées
de Head, réponse perceptive corticale, finement discriminar
tive, et affective thalamique, vive mais grossière, sont
en une assez large mesure antagonistes x.
Les stimulations qui atteignent le niveau psychologique^
c'est-à-dire qui influencent le comportement général de l'orga
nisme et ne conditionnent pas seulement des réponses partielles,
des réflexes, suscitent des adaptations perceptives, et des régu
lations affectives ; ces dernières, qui apparaissent à peu près
seules dans les organismes inférieurs dirigent le sens des réac-
1. J'ai donné un exposé général de la conception qui peut être dégagée
des données de Head dans Le Cerceau et la Pensée en 1923. Une série de
faits expérimentaux et cliniques et en particulier l'analyse des syndromes
thalamiques permettent d'éliminer la conception de l'origine médullaire .de
l 'élément affectif douloureux. 4 MEMOIRES ORIGINAUX
tions générales de l'organisme, fuite ou poursuite immédiate,
ou bien exploration préalable ; les premières tardivement déve
loppées dans l'évolution, représentent des types d'action
destinés à satisfaire ces directives, suivant le lieu et la nature
de l'objet stimulant.
La directive générale du comportement imprimée par voie
affective lors d'une stimulation vient naturellement inter
férer, surtout dans les organismes complexes où se fait une
coordination et une intégration de multiples influences simul
tanées, avec d'autres tendances, et ne prédomine nettement que
si sa force est comparativement assez grande.
." Une directive de défense, de protection, de fuite est suscep
tible de degrés dépendant de la grandeur de l'effet affectif de
la stimulation ; lorsque cet effet est désagréable (couleurs qui
jurent, bruit strident, odeur mauvaise, goût amer, contact
rugueux) on tentera d'éviter la stimulation à moins que quelque
tendance n'impose qu'on continue à s'y soumettre.
Lorsque l'effet apparaît douloureux, cela signifie que la pr
édominance

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