La loi de préformation et de prédétermination en psychologie - article ; n°1 ; vol.18, pg 145-207
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 145-207
63 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Albert Leclère
La loi de préformation et de prédétermination en psychologie
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 145-207.
Citer ce document / Cite this document :
Leclère Albert. La loi de préformation et de prédétermination en psychologie. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 145-
207.
doi : 10.3406/psy.1911.3855
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3855VII
LA LOI DE PRÉFORMATION
ET DE PREDETERMINATION EN PSYCHOLOGIE
Généralités. — Animalité et Humanité.
(application de cette loi a la solution de quelques problèmes)
A une époque où métaphysiciens et savants philosophes
instituent des critiques de l'idée vulgaire de temps en compar
aison desquelles les audaces du Criticisme n'étaient que
timidité, il est opportun de montrer par des exemples concrets
la valeur scientifique de cette idée, la seule peut-être parmi les
données primitives de la conscience que le penseur doive
utiliser à peu près comme elle se présente. Notre intention n'est
point ici de démontrer directement cette thèse, mais si, ne
fût-ce qu'en ce qui concerne le rapport de la mentalité humaine
à la mentalité animale, nous établissons que le monde psy
chique est régi par une loi comme celle dont l'étude fait l'objet
de ce Mémoire, et surtout si nous faisons voir avec quelque
précision comment agit cette loi, nous aurons fortement
contribué à prouver la dite thèse, dont l'oubli tend à jeter la
confusion dans toute la psychologie. — L'associationnisme,
imité en ceci par une certaine psychophysique, s'attachait trop
exclusivement aux considérations de succession; il était fatal
qu'un matérialisme étroit et myope fût finalement favorisé
par là. La psychophysiologie au contraire, ramenant l'atten- .
tion sur l'extrême complexité des faits mentaux, y faisant
apercevoir un mécanisme bien différent de celui des automates
trop simples qu'on imaginait, finit, elle, par inviter à reprendre
les procédés de l'ancienne psychologie, qu'on jugea trop
dédaignés; ceux-ci, débarrassés du trop naïf spiritualisme
qui les stérilisait, transformés par des analystes hardiment
novateurs, donnent maintenant enfin des résultats scienti-
l'année psychologique, xviii. 10 146 MÉMOIRES ORIGINAUX
flques. Par malheur, et la renaissance de l'idéalisme telle qu'elle
s'opère n'y est pas pour rien, on traite souvent des complexus
mentaux comme s'ils échappaient à la loi du temps, à la vraie
tout au moins ; on en traite comme si notre mentalité n'était
pas à chaque instant solidaire de tout son passé, d'un vrai
passé ; on considère les « constellations », les « irradiations »
qui s'y produisent, comme si elles se faisaient indépendamment
d'un état actuel donné, et par d'autres moyens que par des
successions d'associations pareilles à celles dont on parlait
trop exclusivement jadis, mais dont l'importance est souve
raine : de là un grave danger, qui est de perdre de vue la loi
de préformation et de prédétermination psychiques, ou du
moins son véritable sens, et d'introduire dans la science du
mental, devenue plus ou moins semblable à un roman, un
libertisme extravagant, — libertisme au reste plutôt apparent,
car une psychologie qui s'éloigne ainsi de l'expérience est aussi
deductive qu'intuitive. — Le salut pour cette discipline, si elle
doit garder sa place parmi les sciences, est de viser à être
aussi déterministe qu'il est possible tout en demeurant rigo
ureusement expérimentale, quelle que soit la complexité des pro
cessus qu'elle étudie et, ajoutons-le, qu'elle doit toujours être
disposée à croire plus compliqués qu'il n'y paraît d'abord. Mais
qu'est-ce que le déterminisme véritable, sinon l'affirmation,
mais nette et sans restrictions, qu'il n'y a rien d'absolument
nouveau dans ce qui semble le plus nouveau, et la croyance à
la possibilité de ramener tout ce qui étonne à du complexe,
réductible lui-même à du simple qui n'étonne plus? Or n'est-
il pas évident que dans toute science de faits le mot « réduire »
.n'a d'autre sens que celui-ci : expliquer l'actuel par de l'ant
érieur? La méthode génétique, la seule qui donne des résultats
positifs, consiste en cela même.
Nous voudrions contribuer à établir cette formule : En matière
défaits et de lois psychiques, il n'y a rien de vraiment nouveau
du plus primitif au plus évolué, mais seulement du relativ
ement nouveau, dont toute la nouveauté est explicable par le
moment où s'appliquent, à des éléments tous plus ou moins
anciens, des lois entièrement réductibles à un système de légis
lation relativement simple, autrement dit à celui qui rend
compte des faits les plus anciens. Cette formule doit valoir
pour l'anormal comme pour le normal, ainsi que pour le pas
sage en un sens quelconque de l'un à l'autre. Si elle est vraie,
le passé doit toujours jouer au fond le rôle de dominante, c'est- — LOI DE PRÉFORMATION ET DE PRÉDÉTERMINATION £47 LECLÈRE.
à-dire ne subir d'autres défaites que celles qu'il s'impose, vain
queur autant que vaincu dans le présent, vaincu par un côté,
vainqueur par un autre ; et il doit pouvoir rendre intelligible
l'apparition de chaque nouveauté relative, ainsi que le degré
de vitalité dont celle-ci est nantie à l'état naissant ; le présent
ne peut réaliser ce qu'il a d'original qu'en le conciliant avec
l'ancien et en l'y coulant; sans une impulsion antérieure prépa
rant déjà une abdication ultérieure du passé, ou déjà contem
poraine d'une vague disposition favorable en quelque manière
au futur nouveau, point d'innovation possible. Il serait puéril
de nier qu'il se produise jamais de l'inédit en matière psy
chique, mais ces victoires, il les faut rapporter premièrement
à l'action, et généralement aussi à quelque faiblesse de certains
éléments préexistants ; elles ne dépendent que secondairement
de la qualité même de ce qui est nouveau, quelle que soit la
puissance intrinsèque qu'il faille reconnaître aux facteurs
venant varier l'aspect de la scène psychologique1,
dont l'originalité même doit être explicable en ce qu'elle a de
plus accusé. A défaut de quelque faiblesse dans les éléments
préexistants, il faut pour vaincre, à ces facteurs, en plus d'une
action antécédente les poussant au premier plan, et de la puis
sance intrinsèque dont nous parlons, l'appoint d'une autre
condition : ils doivent, ou bien rencontrer dans la masse de ce
qui préexiste une certaine neutralité, tout au moins, à leur
égard; ou bien être, pour des causes toutes assignables, de
nature à produire cette neutralité; ou bien enfin pouvoir se
faire des collaborateurs, ou des complices, de tels et tels des
éléments déjà présents qui ne les appelaient point d'abord à
l'existence et à l'action.
M. Poincaré faisait remarquer naguère que les vérités
les plus précieuses et les plus fécondes sont parfois à la portée
de la main. Il en est ainsi de celle que nous voulons mettre en
lumière. Il suffît d'un peu de réflexion pour se convaincre que
l'antériorité agit comme une force, qu'elle est comme une loi,
comme une loi aussi importante en psychologie (nous bornons à
dessein notre recherche), voire même à certains égards plus
1. Voir Année psych. 1911, notre Mémoire sur la Psychophysiologie des
étals mystiques où nous avons étudié, dans un cas privilégié, l'influence
propre du facteur psychique distingué des facteurs physiologiques anté
cédents et concomitants, l'action directe de ce facteur sur les série«
psychiques subséquentes d'une part et sur l'organisme d'autre part. Le
psychique est cause comme il est effet. Voir aussi Journal de Psychologie,
déc. 1911, La mentalité hystérique. MÉMOIRES ORIGINAUX 148
importante, en fait, que les lois spéciales à l'activité mentale
c

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