La loi de Yerkes-Dobson : problèmes méthodologiques liés à sa vérification - article ; n°1 ; vol.68, pg 121-141
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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 121-141
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. de Bonis
La loi de Yerkes-Dobson : problèmes méthodologiques liés à sa
vérification
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 121-141.
Citer ce document / Cite this document :
de Bonis M. La loi de Yerkes-Dobson : problèmes méthodologiques liés à sa vérification. In: L'année psychologique. 1968 vol.
68, n°1. pp. 121-141.
doi : 10.3406/psy.1968.27601
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27601NOTE
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne
associé au C.N.R.S.
LA LOI DE YERKES-DODSON
PROBLÈMES MÉTHODOLOGIQUES
LIÉS A SA VÉRIFICATION
par Monique de Bonis
II y a environ 60 ans, dans un article intitulé Relation of strength of
stimulus to rapidity of habit formation, Yerkes et Dodson publiaient les
résultats d'une recherche effectuée sur l'animal, au cours de laquelle
ils avaient obtenu une série de résultats qui, d'une part, ne concordaient
pas avec leurs hypothèses et, d'autre part, semblaient peu cohérents
entre eux.
Ce sont ces mêmes résultats que les auteurs présentaient avec une
si grande prudence et qu'ils se proposaient de vérifier dans des expé
riences ultérieures qui furent par la suite « baptisés » loi de Yerkes-
Dodson, puis loi de l'optimum.
L'expérience de Yerkes-Dodson peut être résumée ainsi : des
animaux (souris) effectuent l'apprentissage d'une discrimination de
deux brillances. Placés dans un labyrinthe composé d'un couloir donnant
accès à deux voies, ils doivent apprendre à s'orienter vers la branche
dont l'extrémité est la plus claire. Les résultats obtenus montrent que
la rapidité de l'apprentissage varie à la fois en fonction de la difficulté
de la tâche (discriminabilité plus ou moins grande des brillances) et de
l'intensité de la sanction (choc électrique). Quand la tâche est facile,
la rapidité de croît en fonction de l'intensité du choc,
tout au moins dans la marge des intensités utilisées (définies par le
seuil de la sensation et celui de la douleur). Lorsque la tâche est de
moyenne difficulté, la rapidité de l'apprentissage croît d'abord rapide
ment en fonction de l'intensité du choc, puis décroît à partir d'une
certaine intensité qui est rapidement atteinte. Si l'on augmente le niveau
de difficulté de la tâche, l'intensité du choc qui était optimum pour le 122 NOTE
niveau de difficulté précédent entraîne un ralentissement de l'apprentis
sage. Ces résultats ont été obtenus dans des expériences différentes avec
des groupes d'animaux différents qui comportaient entre 2 et 4 sujets.
La loi de l'optimum qui est une généralisation de ces résultats est
ainsi formulée : il existe un niveau de motivation optimum en deçà et
au-delà duquel on observe une dégradation de la performance. Ce niveau
est d'autant moins élevé que la tâche est plus difficile.
Découverte par hasard, mise en évidence dans une expérience qui,
selon l'avis même des auteurs, est imparfaite à de nombreux points de vue,
la « loi de Yerkes-Dodson » a été l'objet, depuis 1908, d'un intérêt épiso-
dique. En 1965, Brown (W. P.)1 concluait une brève révision des diff
icultés méthodologiques posées par sa vérification en soulignant que, tout
compte fait, l'ignorance dans laquelle l'hypothèse de l'optimum était
restée durant plusieurs dizaines d'années semblait être bien méritée !
On peut se demander en effet si les quelques recherches qui ont été
consacrées à ce problème permettent de justifier le nom de loi qui a été
donné aux résultats de Yerkes et Dodson.
On remarquera cependant que, si les recherches sur la loi de l'opt
imum sont assez rares, il existe un ensemble très vaste de travaux qui
s'y rapporte plus ou moins directement ; cet ensemble recouvre toutes
les expériences dans lesquelles on a tenté de mettre en relation moti
vation et efficience.
Il est curieux de constater que les résultats obtenus dans ces
recherches font apparaître tantôt un effet positif de la motivation sur
l'efficience, tantôt un effet négatif ; et que seule la loi de Voptimum, en
faisant intervenir la notion de variation d'intensité, permet de résoudre le
caractère contradictoire des nombreuses données recueillies dans ce domaine.
Nous nous limiterons dans cette revue critique à l'analyse des
recherches dans lesquelles il est explicitement question d'une variation
curviligne entre le niveau de motivation et la performance, et de ses
modifications en fonction de la difficulté de la tâche. Nous nous propo
sons de dégager les principales difficultés méthodologiques qui se
présentent à la fois pour faire varier le niveau de motivation et le
niveau de difficulté, et de déterminer si ces difficultés n'en cachent pas
d'autres, plus fondamentales, qui relèveraient de la conceptualisation
des phénomènes étudiés. Il nous apparaît déjà probable que l'ambiguïté
des concepts utilisés dans la formulation générale de cette loi, en
particulier du concept de motivation et même de celui de difficulté de
la tâche, est en grande partie responsable du manque de cohérence des
expériences réalisées dans ce domaine.
1. L'article de cet auteur comporte en exergue le quatrain suivant :
there is a flaw
in the evidence of the Yerkes-Dodson law
to call it ubiquitous
is pretty iniquitous. MONIQUE DE BONIS 123
I. — LES MOYENS MIS EN ŒUVRE
POUR FAIRE VARIER LE NIVEAU DE MOTIVATION
ET LE PROBLÈME DU CONTROLE
DES VARIATIONS PRODUITES
Les moyens utilisés pour obtenir des variations du niveau de moti
vation au cours d'une situation expérimentale peuvent être divisés en
deux grandes catégories. Soit l'expérimentateur intervient avant ou
pendant l'expérience pour modifier, par des stimulations verbales ou
matérielles, de façon transitoire, l'état du sujet ; soit il utilise certains
groupes de sujets qui possèdent à des degrés divers et de façon perman
ente, certains traits de personnalité supposés être révélateurs de
niveaux différents de motivation. Souvent ces deux moyens sont utilisés
conjointement au cours d'une même expérience. Dans ce cas, il est
nécessaire de préciser comment ces variables vont se combiner, c'est-à-
dire quel va être le sens de l'interaction entre variable de personnalité
et variable de situation.
A) Les modifications transitoires
a) L'intensité du renforcement
Chez l'animal, les variations d'intensité du choc électrique ont été
utilisées à la fois par Yerkes et Dodson (1908) et par Dodson (1915).
On soulignera que, dans l'expérience originale de Yerkes et Dodson,
les intensités choisies ne furent pas les mêmes pour les trois niveaux de
difficulté. Ceci rend illégitime l'analyse de l'interaction entre l'intensité
de la sanction et le degré de difficulté.
Chez l'homme, les renforcements positifs ou négatifs sont souvent
associés à des consignes qui jouent le rôle d'incitateurs. Ainsi, dans
l'expérience de Stennett (1957), le niveau peu élevé est défini par le
subterfuge classique qui consiste à dire au sujet que ses résultats ne
sont pas enregistrés et que l'essai est destiné à permettre le calibrage de
l'appareil ; tandis que le niveau moyen correspond à un petit renforce
ment monétaire et le niveau élevé à la fois par l'attente d'un renfor
cement plus important que le précédent et par la menace
d'un choc électrique.
Critique. — Étant donné que l'évolution des réussites et des échecs
au cours de la tâche varie d'un sujet à l'autre à l'intérieur d'un même
groupe expérimental, des fluctuations de la fréquence et de la séquence
des renforcements peuvent entraîner des variations incontrôlables du
niveau de motivation des sujets qui devraient être soumis aux mêmes
conditions expérimentales.
On peut imaginer deux moyens de pallier cet inconvénient :
n'utiliser que des consignes motivantes sans distribuer de renforce
ments

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