La longue marche de la transition chinoise - article ; n°2 ; vol.30, pg 303-323
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1999 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 303-323
La Chine n'a pas entretenu l'illusion de réformes institutionnelles a priori qui conditionneraient le passage à une économie de marché. Sa transition économique s'est accompagnée d'une redéfinition progressive des structures incitatives des cadres et responsables locaux qui ont activement contribué au développement des relations marchandes. Le maintien de structures mixtes, les interventions de l'administration dans la gestion économique, des formes de propriété qui demeurent collectives, trouvent leur justification dans la minimisation des coûts de transaction en période transitionnelle. Cette grande souplesse institutionnelle a bien accompagné, dans un premier temps, une croissance remarquable ayant reposé sur l'émergence d'un secteur non étatique faiblement capitalistique ; mais elle n'était pas en mesure de résoudre le problème des retards et déficits du secteur étatique qui se répercutent dans l'ensemble de l'économie. La réforme du secteur d'État est aujourd'hui entreprise dans un contexte particulièrement défavorable : crise asiatique, ralentissement de la croissance et tensions sociales qui contiennent en germe des risques de déstabilisation politique.
China has not kept up the illusion of a priori institutional reforms for conditioning the passage toward a market economy. The economic transition there has gradually redefined the incentives for the executives and local leaders who actively help develop the market economy. The maintenance of mixed structures, the administration's interventions in management, still collective forms of property... all this is justified by minimizing the transaction costs during the transition. This institutional flexibility was, initially, coupled with remarkable growth based on the emergence of a slightly capitalistic non-state sector. But it could not make up for the lagging state sector with its deficits, which have repercussions throughout the economy. The reform of the state sector is now being carried out in a quite unfavorable context: the Asian crisis, slower growth and mounting social tension with the risks of political destabilization.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Citoleux
La longue marche de la transition chinoise
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 30, 1999, N°2-3. Les économies post-socialistes: une décennie
de transformation. pp. 303-323.
Résumé
La Chine n'a pas entretenu l'illusion de réformes institutionnelles a priori qui conditionneraient le passage à une économie de
marché. Sa transition économique s'est accompagnée d'une redéfinition progressive des structures incitatives des cadres et
responsables locaux qui ont activement contribué au développement des relations marchandes. Le maintien de structures
mixtes, les interventions de l'administration dans la gestion économique, des formes de propriété qui demeurent collectives,
trouvent leur justification dans la minimisation des coûts de transaction en période transitionnelle. Cette grande souplesse
institutionnelle a bien accompagné, dans un premier temps, une croissance remarquable ayant reposé sur l'émergence d'un
secteur non étatique faiblement capitalistique ; mais elle n'était pas en mesure de résoudre le problème des retards et déficits du étatique qui se répercutent dans l'ensemble de l'économie. La réforme du secteur d'État est aujourd'hui entreprise dans
un contexte particulièrement défavorable : crise asiatique, ralentissement de la croissance et tensions sociales qui contiennent
en germe des risques de déstabilisation politique.
Abstract
China has not kept up the illusion of a priori institutional reforms for conditioning the passage toward a market economy. The
economic transition there has gradually redefined the incentives for the executives and local leaders who actively help develop
the market economy. The maintenance of mixed structures, the administration's interventions in management, still collective
forms of property... all this is justified by minimizing the transaction costs during the transition. This institutional flexibility was,
initially, coupled with remarkable growth based on the emergence of a slightly capitalistic non-state sector. But it could not make
up for the lagging state sector with its deficits, which have repercussions throughout the economy. The reform of the state sector
is now being carried out in a quite unfavorable context: the Asian crisis, slower growth and mounting social tension with the risks
of political destabilization.
Citer ce document / Cite this document :
Citoleux Yves. La longue marche de la transition chinoise. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 30, 1999, N°2-
3. Les économies post-socialistes: une décennie de transformation. pp. 303-323.
doi : 10.3406/receo.1999.2984
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1999_num_30_2_2984i
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Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1999, vol. 30, n° 2-3, pp. 303-323
La longue marche de la transition chinoise
Yves CITOLEUX
résumé : La Chine n'a pas entretenu l'illusion de réformes institutionnelles a priori qui
conditionneraient le passage à une économie de marché. Sa transition économique s'est
accompagnée d'une redéfinition progressive des structures incitatives des cadres et re
sponsables locaux qui ont activement contribué au développement des relations mar
chandes. Le maintien de structures mixtes, les interventions de l'administration dans la
gestion économique, des formes de propriété qui demeurent collectives, trouvent leur jus
tification dans la minimisation des coûts de transaction en période transitionnelle. Cette
grande souplesse institutionnelle a bien accompagné, dans un premier temps, une crois
sance remarquable ayant reposé sur l'émergence d'un secteur non étatique faiblement
capitalistique ; mais elle n'était pas en mesure de résoudre le problème des retards et défi
cits du secteur étatique qui se répercutent dans l'ensemble de l'économie. La réforme du
secteur d'État est aujourd'hui entreprise dans un contexte particulièrement défavorable :
crise asiatique, ralentissement de la croissance et tensions sociales qui contiennent en
germe des risques de déstabilisation politique.
abstract : China has not kept up the illusion of a priori institutional reforms for condi
tioning the passage toward a market economy. The economic transition there has gra
dually redefined the incentives for the executives and local leaders who actively help
develop the market economy. The maintenance of mixed structures, the administration's
interventions in management, still collective forms of property... all this is justified by
minimizing the transaction costs during the transition. This institutional flexibility was,
initially, coupled with remarkable growth based on the emergence of a slightly capitalist
ic non-state sector. But it could not make up for the lagging state sector with its deficits,
which have repercussions throughout the economy. The reform of the state sector is now
being carried out in a quite unfavorable context: the Asian crisis, slower growth and
mounting social tension with the risks of political destabilization.
La Chine est directement concernée par les deux événements marquants de
l'économie mondiale qui, en cette fin de siècle, ont pris de court les écono
mistes : la disparition des systèmes socialistes planifiés et la crise asiatique mais,
dans les deux cas, elle l'est d'une façon singulière.
[ Originalité de la transition chinoise puisque, sans rupture politique majeure,
des réformes économiques, dont on ne mesurait pas l'ampleur à l'origine, ont
finalement débouché sur le démantèlement de l'appareil planifié pour laisser
progressivement place à des mécanismes de marché décentralisés. Le taux de
* EUREQua, Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1) (E-mail : citoleux@univ-parisl.fr). 304 Yves Citoleux
croissance inégalé que la Chine a connu ces deux dernières décennies contraste
singulièrement avec les effondrements de production qu'ont subis, à des degrés
divers, l'U.R.S.S. et les pays d'Europe de l'Est. On a donc pu parler d'un
"modèle chinois" de transition graduelle que l'on a opposé ! (souvent pour en
souligner les vertus) à la thérapie de choc préconisée par la majorité des écono
mistes, à la suite de Jeffrey Sachs.
On présente parfois la Chine comme un pôle de stabilité dans une Asie prise
dans la tourmente. Elle accueille largement les flux financiers internationaux et
participe désormais activement aux échanges mondiaux, sans être pourtant expo
sée aux mêmes risques que les autres pays de la zone car elle a conservé certains
traits d'une économie administrée, notamment le secteur financier qui, pour l'es
sentiel, demeure sous le contrôle étatique. Mais si l'héritage du passé a épargné
à la Chine les troubles des économies récemment ouvertes à la mondialisation et
particulièrement vulnérables aux mouvements spéculatifs des capitaux, il est
aussi à l'origine de sérieuses difficultés qui, aujourd'hui, font contraste avec
l'euphorie des années passées : accumulation des déficits, ralentissement de la
croissance, chômage qui atteint un niveau préoccupant. La crise asiatique inter
vient donc à un bien mauvais moment et chacun de redouter une éventuelle déva
luation de la monnaie chinoise dont les effets en chaîne auraient des
conséquences imprévisibles sur l'économie mondiale.
Les analyses de la transition ont, à juste titre, mis l'accent sur l'instauration
d'un système incitatif qui conduise les entreprises déjà existantes à être plus per
formantes et qui favorise l'apparition de nouvelles firmes sur les marchés. Mais,
on a sans doute sous-estimé le rôle des gouvernants et, quand Shleifer (1997)
parle de « transition des gouvernements », il nous invite à nous interroger aussi
sur les structures incitatives de l'appareil du pouvoir.
En Chine, bien des cadres qui ont dû renoncer au pouvoir redistributif propre
à une économie de commande se sont reconvertis en entrepreneurs dynamiques,
créateurs d'emplois et de richesses. Ils sont parfois passés au secteur privé mais,
le plus souvent, c'est dans des collectifs jouissant d'une grande autonomie finan
cière qu'ils ont pu exercer leurs nouvelles compétences. Certes, cette transfo
rmation du capital politique en capital économique peut avoir des effets pervers
(une tendance naturelle à accaparer les actifs) mais, contrairement à ce
qu'avance Kornai, cette confusion des rôles entre gouvernement et entreprises
s'est

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