La maison bari (III) - article ; n°2 ; vol.55, pg 563-640
85 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La maison bari (III) - article ; n°2 ; vol.55, pg 563-640

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
85 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1966 - Volume 55 - Numéro 2 - Pages 563-640
78 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Robert Jaulin
La maison bari (III)
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 55 n°2, 1966. pp. 563-640.
Citer ce document / Cite this document :
Jaulin Robert. La maison bari (III). In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 55 n°2, 1966. pp. 563-640.
doi : 10.3406/jsa.1966.2517
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1966_num_55_2_2517■
LES BARI (III)
par Robert JAULIN
I. Sara ou Bari.
1. Parenté ou alliance.
2. Gens du soi, gens de l'autre :
— le quartier sara
— le couple
— La qualité sexuelle de l'espace.
— la tendresse bari entre jeunes hommes
— cuisine marquée, cuisine discrète
— femmes et lieux.
3. Remarques sur les classes généalogiques et les relations matrimoniales.
II. La maison Bari1.
1. La maison Orobia.
2. La Abratatu-Bagduibi.
3. La maison Aytrabana.
4. La Sabourun.
Erratum
Nous avons, par inadvertance, laissé passer une erreur dans le début de cette étude,
publiée dans le précédent numéro de ce Journal (T. LV, 1). Il faut lire, page 115, note 1 :
La multiplication par deux d'un nombre quelconque entier est un nombre pair.
1. Cf. le début de cette étude dans J.S.A.P., t. LV, n° 1, 111-153. 564 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
I. SARA OU BARI
Nous allons brièvement poursuivre la comparaison entre les mondes sara
et bari afin que peu à peu se dégage et se précise l'idée d'un « modèle théo
rique » dont les termes extrêmes seraient deux séries d'enchaînements « con
traires » de faits et de références. De cette façon nous espérons mieux rendre
compte du « nerf moteur » de la société bari, et, du même coup, de la société
sara, tout en préparant le chemin à une théorie ethnologique. Que l'on nous
permette de renvoyer le lecteur à diverses publications, faute desquelles les
propos qui suivent resteront parfois obscurs1.
Tant la comparaison sara-bari que la recherche d'une « théorie » ne sont
ici qu'esquissées, présentées de façon non systématique, mais par le simple
abord de quelques problèmes ou exemples.
Nous commencerons par des réflexions générales relatives à l'alliance et
la parenté, avant d'associer des aspects divers des mondes sara et bari. Que
l'on nous pardonne les redites impliquées par cette démarche.
Au reste, l'on s'arrange avec ce que l'on a, et l'on dit bâtir des systèmes,
synthétiser, coiffer et dépasser ses matériaux pour la seule raison que l'on
fait des diverses parties d'un ensemble, un plus grand. Bien sûr, ce pot pourri
est aussi du syncrétisme ; ses lois de composition inutiles ou illusoires ;
que le temps y voie clair, ajoute, trie, oublie. Si l'on raisonne a priori, c'est
après avoir construit, à partir de faits, un « a priori » que l'on essaie d'appli
quer ou dont on cherche des illustrations le plus souvent dans les mêmes
faits d'abord donnés, hors de soi ou en soi.
Les généralités par lesquelles nous commençons procèdent d'usages vers
lesquels nous allons ensuite revenir.
Dans le chemin du mélange des Bari d'Amazonie et des Sara du Tchad
nous croyons, optimiste aujourd'hui, avoir à continuer plutôt qu'à effacer
ces premiers pas. Mais au prix de quels tournants !...
Deux sortes de lois de composition des unités humaines régiraient le com
portement social.
Les unités fondamentales considérées ici sont de résidence, mais on pour-
1. R. Jaulin. — Cahiers d'études africaines. 1966 (vol. 6, 3e Cahier, n° 23). Distri
bution des femmes et distribution des biens.
— Р1оц, collection Terre Humaine. 1966. La mort sara et plus particulièrement l'a
nnexe et la seconde partie de l'ouvrage.
— La Maison bari. Journal de la société des Américanistes, LV, 1.
S. Pinton. — Les Bari, J.S.A.P. LIV, 2. LES BARI 565
Fig. 1
Adjikadaura, dit Sagdo. Homme prééminent de la maison
Orobia ; après avoir été, sa vie durant, un Indien « bravo »,
hostile, il mourut, victime de sa bonne foi et de la paix
blanche en octobre 1964.
18 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES 566
rait en envisager d'autres sortes. Si elles sont exclusives l'une de l'autre,
une société pourra néanmoins traiter ses divers problèmes en jouant des
deux lois de composition ; toutes choses égales d'ailleurs, car la « clé de
voûte » de tout système sera d'un ordre ou d'un autre.
Ces lois de sont la parenté ou l'alliance.
Les exemples dont nous partons ici sont deux unités de résidence où nous
avons vécu et dont les membres formaient un groupe localisé dans l'espace
(et le temps, par définition) : l'une d'elles est le quartier des parents тага
(chez les Sara du Tchad), l'autre la maison collective des alliés bari (Colombie).
1. Parenté ou alliance
La relation de parent est reflexive car l'on est son propre parent. La ré-
flexivité de la parenté ne nous est pas donnée de façon seulement « égocen-
trique » et intuitive ; elle se fonde sur la non-réflexivité de l'alliance et prend
sa signification au niveau du mariage. Nous ne nous connaissons pas comme
objet (sujet), mais dans un rapport, une relation à nous-même qui est d'ordre
collectif. Le soi est donné par le fait que l'on ne s'épouse pas soi-même, alors
que l'on épouse un autre, un allié. Tout parent sera défini comme un indi
vidu non-épousable, et tout allié comme un individu épousable. Nous ra
isonnons « en fait » et non juridiquement. L'opposition des sexes n'intervient
pas dans cette définition. S'il est évident qu'un couple, pour engendrer,
doit être composé d'un mâle et d'une femelle, il n'en reste pas moins qu'un
couple de deux mâles et jouant les relations amoureuses est pen
sable : même s'il ne se constitue que de façon momentanée ou symbolique,
et non par inversion, un tel « ménage » pourra être autorisé en certaines
sociétés, si et seulement si ses éléments sont des alliés et non des parents :
nous montrerons plus loin, à propos des Bari, le mécanisme d'un tel jeu.
Dire d'une relation R qu'elle est « reflexive » signifie qu'elle se réfère à
elle-même — soit un individu a, et R la relation de parents, on écrira a R a.
Ce rapport à soi n'est pas exclusif d'un rapport à d'autre — a est son propre
parent, car il ne s'épouse pas lui-même, mais il est aussi le parent de b, qu'il
ne peut épouser — a R b — ; l'individu b sera, de ce point de vue, déter
miné par l'individu a en fonction de lui-même (a) et non par une objectiva-
tion indépendante de b. Cette connaissance de b par a selon a, n'impliquera
pas moins un choix de tout b qui est d'ordre collectif, social.
Ce « soi », fondé sur une relation négative d'un individu à lui-même, ne
concerne pas ce seul individu, mais tous ceux qui sont, pour lui, dans le même
rapport. A une distinction considérable près : l'ensemble des non-épousés
n'est pas un ensemble inconnu, défini négativement, mais un ensemble d'in
dividus réels et connus auxquels s'appliquent la relation de conjoint prohibé.
L'ensemble des gens qui ne s'intermarient pas est un groupe, une collée- LES ВАШ 567
tivité. Dans la matrice figurative des liens réflexifs entre n individus, seule
la diagonale exprime le strict rapport de tout individu à lui-même1.
Autrui concerne un autre groupe. L'ensemble du soi et l'ensemble de l'autre
pourront être divisés en une série de parties. L'autrui et le soi seront donnés
en même temps, mais selon qu'une société organise ses unités les plus perti
nentes à partir du seul soi ou en fonction de l'autre imbriqué au soi, la défi
nition et par conséquent la relation à l'autre varie. Si l'unité sociale fonda
mentale est un groupe de gens du soi, autrui sera d'abord ce qui n'est pas
soi ; le mariage sera le résultat d'une négation forcée du soi. Or le soi était
déjà donné par une relation négative : ne pas s'épouser. La négation de cette
négation prend des formes diverses, toutes positives et significatives d'autrui.
La forme agréable est la paix et le mariage, la forme plate, l'in

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents