La nature du composé chimique (suite) - article ; n°20 ; vol.5, pg 388-404
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Revue néo-scolastique - Année 1898 - Volume 5 - Numéro 20 - Pages 388-404
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Publié le 01 janvier 1898
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Langue Français
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Extrait

D. Nys
La nature du composé chimique (suite)
In: Revue néo-scolastique. 5° année, N°20, 1898. pp. 388-404.
Citer ce document / Cite this document :
Nys D. La nature du composé chimique (suite). In: Revue néo-scolastique. 5° année, N°20, 1898. pp. 388-404.
doi : 10.3406/phlou.1898.1624
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1898_num_5_20_1624XVIII.
La nature du composé chimique.
(Suite *)
De tout temps, la récurrence des mêmes espèces chimiques,
malgré les transformations incessantes et variées de la
matière, a été l'objet d'études sérieuses de la part des hommes
de science aussi bien que des philosophes.
Comment se fait-il, en effet, qu'après avoir été engagés dans
des centaines de combinaisons, après avoir, à chacune de ces
étapes, revêtu les propriétés les plus diverses, les corps simples,
tels que le soufre, l'oxygène, le carbone, etc., réapparaissent
toujours identiques à eux-mêmes, ornés des mêmes propriétés
physiques, cristallines et chimiques ? Il y a là un problème
dont l'importance et les difficultés sont dignes de la sagacité
du penseur,
II s'agit, en réalité, d'un fait capital sur lequel repose l'ordre
de l'univers : toutes les transformations essentielles de la
matière, dans le domaine des minéraux et des êtres organisés,
se réduisent à des combinaisons ou à des décompositions
chimiques. Mais les composés chimiques qui constituent l'état
normal de la matière et dont dépend le cours actuel des
événements cosmiques, changeraient évidemment de nature
et partant d'activités, si leurs éléments constitutifs pouvaient
reprendre l'état de liberté avec des propriétés nouvelles,
variant suivant les circonstances qui les font renaître : c'est
*) Voir Bévue Néo-Scolastique, no de mai 1898. LA NATURE DU COMPOSÉ CHIMIQUE. 389
un principe de chimie, que la nature d'un composé varie avec
la nature des composants. C'est donc grâce à la persistance
inaltérable des mêmes agents chimiques que se reproduit, avec
une régularité étonnante, cette multitude infinie d'événements
qui constituent le cours de la nature.
Mais ce problème si important est aussi, disions-nous, un
problème bien ardu. Le résoudre, revient à concilier, deux
faits apparemment incompatibles : le changement profond, la
dôfiguration subie par les éléments combinés et, d'autre part,
une persistance de ces mêmes éléments tellement réelle et
efficace, qu'elle en assure infailliblement la reviviscence, lors
de la rupture de l'état d'union. Qu'ils y soient modifiés sans
être anéantis, nul n'oserait sérieusement le contester. Mais
en quoi consiste cette persistance des générateurs d'une com
binaison, considérés au sein de l'être nouveau dans lequel ils
se sont fondus ?
Faut-il, avec les atomistes modernes, se représenter le com
posé à l'instar d'un édifice moléculaire, où chaque élément
constitutif conserve son être individuel, harmonise son activité
avec celle de ses voisins, détermine ainsi un enchaînement
général, et une résultante de propriétés apparemment nou
velles ? Ou bien, le composé n'est-il pas plutôt une véritable
individualité, douée d'unité essentielle, mais dans laquelle
chaque élément constitutif se trouverait représenté par un
ensemble de qualités atténuées, en rapport avec les altérations
qui ont donné naissance au composé ?
Cette seconde opinion est celle de la scolastique, et en par
ticulier de saint Thomas d'Aquin. Sans viser directement à
l'établir, nous avons cherché, dans un premier article, à
mettre en lumière la théorie traditionnelle, à préciser le
sens de ce « vtrtute manent » dont se servaient les philosophes
du moyen âge pour exprimer la persistance des éléments au
sein des composés chimiques, à montrer enfin comment l'i
nterprétation trop rigoriste et malheureusement trop commune
qu'on en a donnée, rendait la théorie inacceptable et inconci- 390 D. NI S.
liable avec les faits. l) Ramenée au contraire à sa signification
originelle, elle s'harmonise avec les données de l'expérience,
et, nous espérons pouvoir le montrer bientôt, elle est l'expres
sion même de la réalité 2).
En présence des difficultés créées par les sciences et spé
cialement par la chimie moderne à la cosmologie de l'École,
plusieurs philosophes, d'ailleurs partisans de la doctrine tra
ditionnelle, se sont demandé s'il n'y avait pas lieu de tempér
er les exigences de la théorie péripatéticienne sur la nature
des composés chimiques, et d'admettre, conformément aux
principes de l'atomisme scientifique, que tous les corps ch
imiquement composés ne sont que des agrégats de substances
élémentaires. L'unité essentielle n'appartiendrait ainsi qu'aux
éléments proprement dits, c'est-à-dire aux corps simples, et
aux êtres doués de vie.
Aussi bien, nous dit-on, cette concession ne fait que res
treindre le champ d'application de la théorie générale, et
partant ne saurait la compromettre.
D'autre part, n'est-ce pas le moyen le plus simple et le plus
radical de mettre fin à ce conflit perpétuel qui règne depuis
tant d'années déjà entre la philosophie et les sciences ?
Telle est la tendance nouvelle qui s'accentue lentement à
1) Nous avons vu avec plaisir que le R. P. De Munnynck, dans un remar
quable travail présenté au dernier congrès des savants catholiques,àFribourg,
a mis en relief la nécessité d'élargir l'interprétation que la plupart des sco-
lastiques modernes donnent à la formule traditionnelle " elementa virtute
manent „. Les vues émises par le savant dominicain, s'accordent en tous
points avec l'idée-mère développée dans la première partie de ce travail et
formulée succinctement déjà dans notre dissertation Le Problème cosmo-
logique.
Nous sommes d'autant plus heureux de constater cette communauté
d'opinions, que le R. P. ne connaissait pas alors nos vues à ce sujet : l'inte
rprétation donnée lui était donc aussi personnelle.
On ne rompt jamais sans crainte avec une tradition plusieurs fois sécul
aire. Aussi, nous aimons à souligner le précieux appui donné à cette inter
prétation nouvelle par le distingué Lecteur de Louvain.
2) La justification de cette théorie et la réponse aux difficultés d'ordre
scientifique feront l'objet d'un chapitre spécial du cours de cosmologie que
nous comptons publier prochainement. LA NATURE DU COMPOSÉ CHIMIQUE. 391
raison de la grande simplicité de la solution proposée, menace
d'ébranler chez un bon nombre d'antiques convictions.
C'est cette tendance conciliatrice que nous nous proposons
d'examiner dans ce travail.
*
I. Cette solution élude-l-elle les difficultés d'ordre scienti
fique ?
Au dire des partisans (Je la théorie scolastique rajeunie,
toute difficulté disparaît sur le terrain de la chimie, à condi
tion que l'on sacrifie l'unité essentielle des composés inorga
niques.
Les formules de structure exprimeraient fidèlement dans
ce cas le mode d'agencement des masses élémentaires au sein
même de la molécule, comme aussi le mode d'action que ces
masses exercent les unes sur les autres ou sur les corps étran
gers qui sont soumis à leur influence. Les principes mêmes de
la stéréochimie, qui nous représente les situations respectives
occupées dans l'espace par les diverses parties de la molécule,
et qui partant sépare les uns des autres, à des distances plus
ou moins considérables, les éléments constitutifs des édifices
moléculaires, ces principes, dit-on, seraient aussi acceptables
sans réserve. Qu'importent, en effet, ces distances interatomiques
et ces activités internes attribuées aux parties de la molécule,
si cette molécule n'est en fait qu'un agrégat et non une indivi
dualité chimique ? Ainsi en est-il des autres difficultés. Elles

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