La politique intérieure du tsarisme au milieu du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.21, pg 95-110
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1966 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 95-110
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S.O. Schmidt
La politique intérieure du tsarisme au milieu du XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 21e année, N. 1, 1966. pp. 95-110.
Citer ce document / Cite this document :
Schmidt S.O. La politique intérieure du tsarisme au milieu du XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 21e
année, N. 1, 1966. pp. 95-110.
doi : 10.3406/ahess.1966.421354
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1966_num_21_1_421354MISES AU POINT
LA POLITIQUE INTÉRIEURE DU TSARISME
AU MILIEU DU XVIIIe SIÈCLE
caractérisée une de Pierre L'histoire période le de Grand comme politique léthargie et une celui de sociale, période la de Russie Catherine troublée terne au entre milieu seulement la Grande deux du xvine par brillants et également le siècle bruit règnes, est des souvent comme révocelui
lutions de palais.
Catherine II elle-même, ses collaborateurs et ses panégyristes ont
cherché à accréditer l'opinion selon laquelle la tsarine serait l'unique
continuatrice de la politique de Pierre le Grand. — V. O. Klioutchevsky,
l'historien très en vogue avant la révolution d'Octobre, a également
contribué à répandre ce point de vue. Dans le « Cours d'histoire de la
Russie » qu'il écrivit alors de façon magistrale, la politique intérieure des
années 1725-1762 est réduite pour l'essentiel aux révolutions de palais
et à la lutte pour le pouvoir que se livraient les diverses coteries de la
cour.
La période située entre 1725 et 1762 est aussi caractérisée comme
l'époque des révolutions de palais. Effectivement, pendant les 37 années
qui vont de la mort de Pierre le Grand à l'avènement de Catherine II
(le 28 juin 1762) la Russie vit se succéder six souverains dont deux ont
été détrônés par la force et tués. Ce sont Ivan VI Antonovič et Pierre III.
Cette période est enfin définie comme celle des gouvernements de femmes
et d'enfants. Au cours de ces années un seul homme majeur se trouve
en effet à la tête de l'État et pour six mois seulement. C'était Pierre III,.
mais il était faible d'esprit et manifestait peu d'intérêt pour les affaires
de l'État. Pierre II régna formellement pendant plus de deux ans, mais il
n'était qu'un enfant, et Ivan VI Antonovič, qui resta sur le trône pendant
près d'un an, était un bébé.
Sous le régime absolutiste, la personnalité du souverain a une très
grande importance dans la mesure même où le monarque détient la total
ité du pouvoir. Après la mort de Pierre le Grand, sous le règne « des héri-
95 ANNALES
tiers insignifiants du géant du nord », pour reprendre une expression
de Puškin, les favoris ambitieux avaient une énorme influence sur la
Cour, les affaires de l'État et la vie sociale. « Ce n'est pas le poste
occupé dans l'État mais la force de la personnalité qui est décisive
pour gouverner », notait un contemporain (N. I. Panin). L'influence
de certains favoris était si grande que leur chute équivalait à de
véritables révolutions de palais. Telles furent la disgrâce de Menšikov
en 1727, ou celle de Biron en 1740.
Mais il n'en reste pas moins que les révolutions de palais ne peuvent
être considérées comme les événements principaux de cette époque que
si on en réduit l'histoire à la biographie des souverains ou de leurs
proches.
Le rôle actif qu'y joua la garde est un des traits distinctifs des révo
lutions de palais des années 1725-1762. La garde était à la fois l'armée
personnelle du souverain et un corps de protection de sa personne. Elle
était la première à bénéficier « des faveurs du monarque » lors de son
avènement. Elle constituait en même temps une organisation policière
militaire, chargée de surveiller les fonctionnaires des administrations
centrales et locales. Contrairement aux autres unités militaires, elle était
socialement très homogène. A la fin du règne de Pierre le Grand, les soldats
de la garde étaient en règle générale annoblis et donnaient naissance à
des familles illustres. La garde personnifiait en quelque sorte la noblesse
russe « distinguée » et son union avec le souverain concrétisait à son
tour l'unité de la noblesse et du pouvoir suprême.
C'est ce qui explique en grande partie le caractère pacifique des
révolutions de palais faites par les soldats au xvme siècle. Celles-ci
furent très différentes de celles qui s'étaient produites au xvne siècle,
à une époque où les streltzi — les soldats de la garde de Moscou — étaient
encore étroitement liés aux habitants des faubourgs et pouvaient consti
tuer un danger pour la noblesse, lorsque le prétendant au trône se voyait
contraint de s'appuyer sur la force considérable que représentaient ces
régiments. Les révolutions de palais du xvuie siècle étaient d'une futilité
risible. En fait, elles ne concernaient que des cercles restreints et ne
mettaient en jeu que les intérêts des coteries de la haute noblesse.
Ces orages de palais touchaient fort peu la bureaucratie, même dans
ses sommets. Cette bureaucratie, grâce au « Tableau des Rangs » (čin)
institué par Pierre le Grand s'élevait graduellement et était en train de
devenir la force politique principale d'une monarchie qui prenait appui
sur une noblesse en voie de « fonctionnarisation ». A cette époque les
haut-fonctionnaires et les fonctionnaires moyens étaient en majeure
partie issus de la classe des propriétaires fonciers, de sorte que la bureauc
ratie représentait avant tout la noblesse et ses intérêts.
La création sous Pierre le Grand de trois collèges d'État (le Collège
96 AU XVIIIe SIÈCLE TSARISME
Vočina, le Synode, la Magistrature Principale), les réformes réalisées
dans l'administration et dans les autres domaines avaient institué un
régime qu'on peut caractériser comme une autocratie bureaucratique.
Le « Tableau des Rangs » avait mis sur le même pied le service civil et
militaire alors qu'auparavant, seul le service militaire était considéré
comme noble. La situation des fonctionnaires dans l'État et les structures
de l'appareil administratif se trouvaient par là même précisées.
Peu à peu la situation dans la hiérarchie bureaucratique prenait
plus d'importance que le lignage. — « Ce n'est plus l'ascendance mais la
fonction, le mérite, l'ancienneté du service qui sont à l'honneur » — notait
avec amertume M. M. Ščerbatov, idéologue de l'aristocratie nobiliaire
de la deuxième moitié du xvine siècle. Avec l'identification entre la
vočina (le patrimoine nobiliaire) et la pomestié (le domaine octroyé
par l'État), la mise en application du « Tableau des Rangs », et la suppres
sion plus ou moins complète de l'obligation du Service, la noblesse russe
« distinguée » perdit les caractères qu'elle héritait du Moyen Age et les an
ciennes distinctions formelles qui la divisaient s'effacèrent. Désormais
ce ne furent plus les services rendus par ses ancêtres qui déterminèrent
la situation d'un noble dans la société mais l'importance de ses possessions
et le rang auquel il s'était personnellement élevé dans l'administration
en raison de son ancienneté. Vers le milieu du xvme siècle, après l'échec
des tentatives oligarchiques des membres du conseil secret suprême
(les verkhovniki), les intérêts de la minorité aristocratique se confondaient
déjà, pour l'essentiel, avec ceux de l'ensemble de la noblesse. Cependant
l'exploitation des paysans et des couches laborieuses des villes s'intens
ifiait, provoquant un mécontentement qui parfois tournait à l'émeute.
La politique extérieure plus active conduisait en effet l'État à être plus
exigeant et à renforcer les pouvoirs des fonctionnaires et de l'armée.
Ces transformations allaient par la suite faire de l'appareil d'État une
immense machine bureaucratique indépendante et aboutir à la toute
puissance des fonctionnaires et de la police sur un peuple dépossédé
de tous ses droits.
C'e

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