La polyandrie chez les Slaves du Sud - article ; n°1 ; vol.4, pg 101-112
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Description

Revue des études slaves - Année 1924 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 101-112
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Tihomir R. Dordevi
La polyandrie chez les Slaves du Sud
In: Revue des études slaves, Tome 4, fascicule 1-2, 1924. pp. 101-112.
Citer ce document / Cite this document :
Dordević Tihomir R. La polyandrie chez les Slaves du Sud. In: Revue des études slaves, Tome 4, fascicule 1-2, 1924. pp. 101-
112.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1924_num_4_1_7306\о\
LA POLYANDRIE
CHEZ LES SLAVES DU SUD,
PAR
TIHOMIR R. BORBEVIĆ.
La polyandrie est beaucoup plus rare que la polygamie, mais
elle est cependant attestée chez de nombreux peuples. Le nombre
des maris d'une même femme peut être de deux à cinq et au delà.
En certains lieux, ces maris sont des frères, ailleurs il n'y a enire
eux aucun lien de parenté. Les causes de la polyandrie ne sont pas
partout les mêmes : tantôt la cause en est dans le fait qu'il y a
plus d'hommes que de femmes; tantôt dans la coutume de tuer une
partie des filles; tantôt dans les conditions économiques, là où le
mariage d'un homme avec une ou plusieurs femmes amènerait un
accroissement de population qui dépasserait les ressources du pays ;
ou bien la polyandrie est liée à la vie pastorale , là où une partie
des hommes sont toujours absents pendant plusieurs mois, soit
qu'ils cherchent des pâturages nouveaux pour les troupeaux, soit s'occupent de la vente du bétail, tandis que les autres de
meurent auprès du reste du troupeau et de la femme et des
enfants; en d'autres lieux, les femmes sont vendues très cher, et un
homme seul ne peut pas réunir le prix nécessaire. Et les rapports
de la femme avec ses différents maris sont de nature diverse : tantôt
elle appartient également à tousses maris, tantôt elle n'appartient
proprement qu'à un seul. Les enfants peuvent de même appartenir
à tous les maris, ou bien l'on ne considère comme le père que le
plus âgé des maris (le frère aîné) , ou bien celui que la femme dé
signe comme le père, et les autres maris sont les oncles des enfants(1).
W Voir E. Westermarck , Thehittory of human marriage, London, i gat, vol. III,
pp. 107-993.
Revue des Etudet slave», tome IV, fasc. 1-3. 102 TIHOMIR B. »ORfrEVlĆ.
Cette polyandrie, au sens propre du mot, où une femme a deux
ou plusieurs maris reconnus, n'existe pas actuellement chez les
Slaves du Sud, et, autant qu'il m'est connu, elle n'est pas non
plus attestée dans le passé. Les vers de la chanson populaire :
« Si je peux être la servante de tous, je ne peux pas être ľépouse de
tous, mais d'un seul que j'aime M», parlent nettement contre la
polyandrie. Cependant nous y trouvons quelques faits qui sont très
analogues à la polyandrie : c'est pourquoi je leur donne ce nom,
bien qu'il ne s'agisse pas de polyandrie véritable.
J'ai montré dans un article précédent № qu'une des causes prin
cipales de la bigamie chez les Slaves du Sud était l'absence
d'enfants dans le mariage : le mari introduit dans sa maison , à
côté de sa femme légitime, une autre femme qui lui donnera des
enfants. Mais ces faits de polygamie supposent que le mariage est
infécond parce que la femme est stérile. Or, il peut être aussi in
fécond par suite de l'inaptitude du mari. Dans ce cas, selon les
conceptions populaires, le plus naturel est que la femme abandonne
son mari impuissant et en prenne un autre. Le prince Miloš Obre-
novié (1815-18З9), qui avait sur la famille les mêmes idées que
la masse du peuple serbe dont il sortait, approuvait les femmes
qui quittaient leurs maris incapables pour se remarier. L'exemple
que je vais donner en est une preuve évidente.
Une certaine Jerosima, du village d'Oplanié (nahija du Rudn
ik), était mariée à Vučić Vianac, du même village. Etant sans
enfants, elle le quitte et s'enfuit chez JoksimRadojevié, de Nadrlje
[nahija de Jagodina), et a deux enfants avec lui. Trois ans après,
Vučić découvre sa femme et réclame qu'elle lui soit rendue. Mais
le prince Miloš, par arrêt n° 709 du 3 juin 1820, prononce la sépa
ration entre Vučić Vianac et sa femme Jerosima , et décide qu'elle
restera chez Joksim Radojević, « attendu que ce dernier mari lui a
donné des enfants». «Cependant, lit-on dans la suite de l'arrêt,
Vučić recevra de Joksim cinquante-cinq piastres (groš) pour les
M Vuk St. Karadžič, Српске народне пјесме, државно издање, I (1891).
p. 329;IV (1896), Ç.1U3.
(*) Tih. R. Borđević, «Бигамија и полигамија код Срба», Српски Кньижевни
Гласннк, numéro du t" novembre 1907, pp. 662 -67a. LA POLYANDRIE CHEZ LES SLAVES DU SUD. 103
dépenses qu'il vient de faire en venant réclamer sa femme (1)».
M. B. Miliéevic décrit un cas où une femme a été jusqu'à tuer son
mari impuissant pour se séparer de lui. « C'était un bon homme,
déclara -t-elle au tribunal, mais il ne savait pas ce que c'était que
l'amour, et n'avait pas la force virile (na srdašcu bilje) qu'ont les
autres hommes . . . (2) ».
Si la femme, pour quelque raison que ce soit, ne peut pas se
séparer de son mari incapable, elle reste dans sa maison, mais
s'ingénie par tous les moyens possibles à obtenir des enfants : elle
fait appel aux pratiques magiques et aux médications. Des cas de
ce genre sont très fréquents dans le peuple (3l
Enfin, si aucun de ces moyens n'agit, la femme se donne alors à
un autre homme, « souvent au su de son propre mari » ^\ soit tem
porairement, aussi longtemps qu'il est nécessaire pour qu'elle
obtienne un enfant, soit de façon durable, à la connaissance ou à
l'insu de son mari. Quand la femme, au su de son mari, a des
rapports temporaires avec un autre homme, cela est considéré
comme un acte de nécessité , et, si les autres viennent à le connaître ,
malgré toutes les précautions que l'on prend pour le cacher, cela
n'est pas estimé comme une honte grave, encore moins comme un
péché. Les enfants nés dans ces conditions sont considérés à tout
point de vue comme enfants légitimes^. Si la femme continue les
rapports quand il n'y a plus nécessité, et de façon durable, elle est
W Archives d'Etat, Chancellerie du Prince, Dossier» des Affaires courantes, Corres
pondance intérieure, 1820, n°* 709 et 710. Des cas identiques ou analogues se
rencontrent en grand nombre dans lus Archives d'État de l'époque du Prince Miloš :
n° Chanc. 168; duPr., 1" mai Aff. 182З, Cour., n° 7З5 Corr. ; — int., Chanc. 12 du mars Pr., 1820, Nahija n° de 298; buprija, 5 février 6oct. 1826 182З, ;
— Tribunal national, 19 janv., 3 noy. , 20 nov., 2З nov. 18ЗЗ; etc.
M M. £>. Milićević, Летнье вечери, Београд, 1879» P- ai3.
P) J. Miodragović, Народна педагогија j Срба, Београд, 191i, pp. 2І-27;
M. В. Milićević , « Живот Срба сељака » (La vie des paysans serbe») , Српски Етио-
графски Зборник, I, p. 188; V. Nikolić, Срп. Етн. Сборник, XVI, pp. 161-16З;
S. M. Milosavljević , Срп. Ети. Зборник, XIX , p. 84.
W S. M. Milosavljevi 6, « Српски народни обичаји из среза омољског » ( Coutumes
nationales serbes de l'arrondissement d'Omolje), Срп. Етн. Зборник, XIX, p. 86.
W Je rapporterai le cas intéressant suivant, qui a été jugé récemment par le
tribunal de district de Belgrade, et qui montre bien avec quelle facilité on re
connaît les, enfants pour légitimes. Le 21 février 192З, ce tribunal a eu à juger un
procès entre un mari et sa femme qu'il avait chassée, parce qu'en dix ans elle ne
lui avait pas donné d'enfanls. L'homme avait ensuite pris chez lui une autre femme,
avec laquelle il vivait maritalement , mais également sans enfants. Sa femme, de son
côté, était allée vivre avec un autre homme, et lui avait donné un enfant mâle. Le
mari, voyant que la stérilité n'était pas imputable à sa femme, mais à lui-même,
déclara au tribunal qu'il désirait reprendre sa femme, et qu'il acceptait l'enfant
avec elle (journal Politika du 2З février 192З). ХОП TIHOMIR В. 0OBBEV1Ć.
jugée comme femme impudique, et encourt le blâme public.
Gomme les femmes stériles ont dans certaines régions la réputation
d'être dépravées, le peuple leur donne le nom de vrajle^K
Gette coutume qu'une femme qui n'a pas d'enfants se donne à un
autre homme au su de son mari, ou même sur son désir, est connue
chez de nombreux peuples primitifs. Dans beauc

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