La prison républicaine et son environnement économique. Population en prison et marché du travail (1870-1914) - article ; n°1 ; vol.14, pg 39-58
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La prison républicaine et son environnement économique. Population en prison et marché du travail (1870-1914) - article ; n°1 ; vol.14, pg 39-58

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Déviance et société - Année 1990 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 39-58
L'interrogation sur les liens entre modes de production et répression pénale initiée par l'œuvre de Rusche concerne à la fois les liens structurels entre le marché de l'emploi et l'économie des peines, notamment la place de l'emprisonnement, et les effets des fluctuations économiques et du chômage sur les populations détenues. Par une analyse de régression multiple sur des séries économiques et pénitentiaires, on peut établir l'existence d'une relation significative entre chômage et incarcération entre 1875 et 1913 en France. On a par ailleurs essayé de resituer les grandes réformes pénales des années 80 dans leur contexte socio-économique. Sans conclure à un lien de causalité directe entre les mutations dans la classe ouvrière, la naissance d'un Etat Providence et les transformations de la répression pénale, on ne peut être que frappé par la construction, au cours de cette période, d'un discours homothétique quoique inverse autour du « vrai » chômeur et du «vrai» délinquant sur lequel s'appuie la mise en place de nouvelles politiques sociales et pénales.
An examination of the links between production methods and penal repression that was started by Rusche focuses both on the structural connections between the jobs market and the economy of punishments, above all on the role of imprisonment and the effects of economic fluctuations and unemployment on prison populations. A multiple regression analysis on economic and penitentiary series enables to establish a significant relationship between unemployment and imprisonment in France between 1875 and 1913. An attempt is also made to place the major penal reforms of the eighties in their socio-economic context. Although one cannot establish a direct causal link between changes in the working class and the birth of the Welfare State on the one hand and changes in penal repression on the other, one cannot help but be struck by the emergence — over this period — of a homothetic discussion, albeit inverse, of the «real» jobless and the «real» délinquant, on which the creation of new social and penal policies is based.
Die Frage, welcher Art die Bindungen seien, die zwischen den Produktions- verhältnissen und den Strafvollzug bestehen, und die zum ersten Mai durch das Werk Rusches gestellt wurde, wird betrifft die strukturellen Bindungen zwischen dem Arbeitsmarkt undder Ökonomie der Strafen, insbesondere der Stellung der Freiheitsstrafe, ebenso wie die Wirkungen, welche die wirtschaftlichen Konjunkturverlaufe und die Arbeitslosigkeit auf die Gefangenenpopulation ausüben. Durch eine Analyse multipler Regression wirtschaftlicher Linien mit denen des Strafvollzugs können wir eine signifikante Beziehung zwischen Arbeitslosigkeit und Inhaftierung fur die Zeit von 1875 und 1913 in Frankreich nachweisen. Daruberhinaus haben wir versucht, die grofien Strafvollzugsreformen der achtziger Jahre in ihren sozio-okonomischen Kontext zu riicken. Natiirlich haben wir hieraus nicht folgern wollen, es bestehe eine direkte Kausalität zwischen den Wandlungen in der Arbeiterklasse, der Geburt eiens Wohlfahrtsstaates und den Veränderungen des Strafvollzugs. Gleichwohl hat uns, fur diesen Zeitraum, die Bildung eines gleichförmigen, wiewohl verdrehten Diskurses über den « wahren » Arbeitslosen und den «wahren» Delinquenten, auf den sich die Durchsetzung neuer Sozial-und Strafpolitik stütz, überrascht.
De vraag naar de verbanden tussen de productiewijzen en de strafrechtelijke repressie, gesteld door het werk van Rusche, heeft zowel betrekking op de struc- turele verbanden tussen de arbeidsmarkt en de économie van de straffen, met name de plaats van de gevangenisstraf, als op de effecten van economische en werkloosheidsfluctuaties op de gedetineerde bevolkingsgroepen. Op basis van een multipele regressieanalyse op economische en pénitentiaire reeksen kan het bestaan van een significant verband vastgesteld worden tussen werkloosheid en gevangenisstraf tussen 1875 en 1913 in Frankrijk. Bovendien werd gepood de grote strafrechtshervormingen van de tachtiger jaren in hun socio-economische context te plaatsen. Zonder tot een rechtstreeks causaal verband tussen de verdanderingen van de arbeidersklasse, het ontstaan van de Verzorgingsstaat en de transformatie van de strafrechtelijke repressie te besluiten, valt gedurende deze période de constructie van een, zij het omge- keerd, homothetisch betoog rond de «echte» werkloze en de «echte» delink- went sterk op, waarop de uitbouw van nieuwe sociale of strafrechtelijke politie- ken steunt.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Laffargue
Thierry Godefroy
La prison républicaine et son environnement économique.
Population en prison et marché du travail (1870-1914)
In: Déviance et société. 1990 - Vol. 14 - N°1. pp. 39-58.
Citer ce document / Cite this document :
Laffargue Bernard, Godefroy Thierry. La prison républicaine et son environnement économique. Population en prison et marché
du travail (1870-1914). In: Déviance et société. 1990 - Vol. 14 - N°1. pp. 39-58.
doi : 10.3406/ds.1990.1169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1990_num_14_1_1169Résumé
L'interrogation sur les liens entre modes de production et répression pénale initiée par l'œuvre de
Rusche concerne à la fois les liens structurels entre le marché de l'emploi et l'économie des peines,
notamment la place de l'emprisonnement, et les effets des fluctuations économiques et du chômage sur
les populations détenues. Par une analyse de régression multiple sur des séries économiques et
pénitentiaires, on peut établir l'existence d'une relation significative entre chômage et incarcération entre
1875 et 1913 en France. On a par ailleurs essayé de resituer les grandes réformes pénales des années
80 dans leur contexte socio-économique. Sans conclure à un lien de causalité directe entre les
mutations dans la classe ouvrière, la naissance d'un Etat Providence et les transformations de la
répression pénale, on ne peut être que frappé par la construction, au cours de cette période, d'un
discours homothétique quoique inverse autour du « vrai » chômeur et du «vrai» délinquant sur lequel
s'appuie la mise en place de nouvelles politiques sociales et pénales.
Abstract
An examination of the links between production methods and penal repression that was started by
Rusche focuses both on the structural connections between the jobs market and the economy of
punishments, above all on the role of imprisonment and the effects of economic fluctuations and
unemployment on prison populations. A multiple regression analysis on and penitentiary
series enables to establish a significant relationship between unemployment and imprisonment in
France between 1875 and 1913. An attempt is also made to place the major penal reforms of the
eighties in their socio-economic context. Although one cannot establish a direct causal link between
changes in the working class and the birth of the Welfare State on the one hand and changes in penal
repression on the other, one cannot help but be struck by the emergence — over this period — of a
homothetic discussion, albeit inverse, of the «real» jobless and the «real» délinquant, on which the
creation of new social and penal policies is based.
Zusammenfassung
Die Frage, welcher Art die Bindungen seien, die zwischen den Produktions- verhältnissen und den
Strafvollzug bestehen, und die zum ersten Mai durch das Werk Rusches gestellt wurde, wird betrifft die
strukturellen Bindungen zwischen dem Arbeitsmarkt undder Ökonomie der Strafen, insbesondere der
Stellung der Freiheitsstrafe, ebenso wie die Wirkungen, welche die wirtschaftlichen Konjunkturverlaufe
und die Arbeitslosigkeit auf die Gefangenenpopulation ausüben. Durch eine Analyse multipler
Regression wirtschaftlicher Linien mit denen des Strafvollzugs können wir eine signifikante Beziehung
zwischen und Inhaftierung fur die Zeit von 1875 und 1913 in Frankreich nachweisen.
Daruberhinaus haben wir versucht, die grofien Strafvollzugsreformen der achtziger Jahre in ihren sozio-
okonomischen Kontext zu riicken. Natiirlich haben wir hieraus nicht folgern wollen, es bestehe eine
direkte Kausalität zwischen den Wandlungen in der Arbeiterklasse, der Geburt eiens Wohlfahrtsstaates
und den Veränderungen des Strafvollzugs. Gleichwohl hat uns, fur diesen Zeitraum, die Bildung eines
gleichförmigen, wiewohl verdrehten Diskurses über den « wahren » Arbeitslosen und den «wahren»
Delinquenten, auf den sich die Durchsetzung neuer Sozial-und Strafpolitik stütz, überrascht.
De vraag naar de verbanden tussen de productiewijzen en de strafrechtelijke repressie, gesteld door
het werk van Rusche, heeft zowel betrekking op de struc- turele verbanden tussen de arbeidsmarkt en
de économie van de straffen, met name de plaats van de gevangenisstraf, als op de effecten van
economische en werkloosheidsfluctuaties op de gedetineerde bevolkingsgroepen. Op basis van een
multipele regressieanalyse op economische en pénitentiaire reeksen kan het bestaan van een
significant verband vastgesteld worden tussen werkloosheid en gevangenisstraf tussen 1875 en 1913 in
Frankrijk. Bovendien werd gepood de grote strafrechtshervormingen van de tachtiger jaren in hun socio-
economische context te plaatsen. Zonder tot een rechtstreeks causaal verband tussen de
verdanderingen van de arbeidersklasse, het ontstaan van de Verzorgingsstaat en de transformatie van
de strafrechtelijke repressie te besluiten, valt gedurende deze période de constructie van een, zij het
omge- keerd, homothetisch betoog rond de «echte» werkloze en de «echte» delink- went sterk op,
waarop de uitbouw van nieuwe sociale of strafrechtelijke politie- ken steunt.Déviance et Société , 1990, Vol. 14, No 1, pp. 39-58
LA PRISON RÉPUBLICAINE
ET SON ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE
Population en prison (1870-1914)* et marché du travail
B. LAFFARGUE** et Th. GODEFROY**
Notre propos est de tenter de resituer la prison républicaine et son évolution
dans son contexte socio-économique. Il s'agit de reprendre l'interrogation sur
les relations entre l'économie (essentiellement au travers des structures et de
l'évolution du marché du travail) et les modes de répression pénale.
L'œuvre de Rusche1 est à l'origine de cette problématique. Elle ouvre un
champ de recherche s 'organisant schématiquement selon deux pôles:
• les relations entre les modes de production et l'économie des peines, qui pro
pose une lecture de l'histoire des peines au travers de celle des modes de pro
duction;
• l'influence des fluctuations économiques (et singulièrement du marché du
travail) sur la répression pénale.
Dans cette seconde perspective, nous avons analysé l'évolution de la démog
raphie carcérale entre 1920 et 1985 2 et avancé quelques hypothèses sur les
mécanismes sociaux et pénaux permettant de comprendre l'interrelation entre
marché de l'emploi et populations pénitentiaires.
Nous nous proposons, en reprenant cette problématique, d'analyser les
variations des effectifs carcéraux à la fin du siècle dernier (1870-1914) et d'ouvrir
quelques pistes sur la recomposition de l'économie de la répression à cette
époque.
Loin de nous la prétention d'établir un lien de causalité directe entre l'évolu
tion économique et celle des institutions dans une démarche qui ferait preuve
d'un économisme très réducteur. Notre seule ambition est de mettre en évidence
Cet article reprend une communication faite dans le cadre du séminaire de R. Badinter et M.
Perrot sur le thème de la «Prison Républicaine» (1870-1914), EHESS, 1987-1988.
CE.S.D.I.P./C.N.R.S.
Rusche (1939) et Rusche (1933). On peut se référer aussi aux analyses de l'œuvre de Rusche:
Mélossi (1978) et Zander (1980).
Le modèle théorique et les résultats sont présentés dans Laffargue et Godefroy (1987 et 1989).
39 une dimension économique et sociale permettant d'interpréter l'évolution de la
justice et de la répression pénale sans se limiter aux seuls déterminants polit
iques ou internes à l'institution.
I. Le chômage, le crime et l'emprisonnement
La controverse sur les conditions économiques comme source du crime naît
dès l'émergence d'un savoir et d'un discours criminologique au cours du XIXe
siècle.
Depuis de très nombreux travaux empiriques s'inscrivant dans des appro
ches théoriques diverses, parfois opposées, ont tenté de tester cette relation. Des
résultats parfois peu probants et surtout contradictoires, laissent le débat ouvert
sur le lien relevant surtout du sens commun3.
Les recherches entreprises dans la lignée de la pensée de Rusche ont conduit
à reformuler la question en d'autres termes. Il ne s'agit plus de tester un hypo
thétique lien entre pauvreté et criminalité mais d'examiner l'influence de la
structure et l'évolution du marché de l'emploi sur la place que prend l'emprison
nement dans la répression pénale. L'hypothèse est alors celle d'une relation
entre chômage et incarcérations, toute chose étant égale par ailleurs, notam

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