La Pudeur (Genèse de ce sentiment chez l homme) - article ; n°5 ; vol.5, pg 404-417
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1914 - Volume 5 - Numéro 5 - Pages 404-417
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1914
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Maupetit
La Pudeur (Genèse de ce sentiment chez l'homme)
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 5 fascicule 5-6, 1914. pp. 404-417.
Citer ce document / Cite this document :
Maupetit Georges. La Pudeur (Genèse de ce sentiment chez l'homme). In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie
de Paris, VI° Série, tome 5 fascicule 5-6, 1914. pp. 404-417.
doi : 10.3406/bmsap.1914.8693
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1914_num_5_5_86933 décembrk 1914 404
prennent pas les mêmes maladies en même temps. Je mets des Hongrois
en Italie et des Italiens en Hongrie. Ils ne se comprennent pas, ils se
détestent. De leurs antipathies nait l'ordre et de leur haine réciproque la
paix générale. » '
Seulement il y a les Serbo- Croates d'un coté de la frontière, il y a des
Serbes de l'autre côté, il .y a contigus aux uns et aux autres, des Bosnia
ques et des Herzégoviens, la pression de l'Autriche-Hongrie les unit.
Le 13 mai 1848 quand les Serbes se constituèrent en nation indépen
dante, ils demandèrent l'union avec la Croatie.
Je sais qu'on répète: « Deux aspirations sont en conflit: une grande
Serbie et une grande Croatie : entre les deux, la Bosnie, l'Herzégovine
et la Dalmatie ».
Ces deux groupes ,slaves sont-ils capables d'imposer silence à leur
amour-propre national, de faire coexister les unes auprès des autres leurs
différences religieuses et linguistiques? sont-ils capables de proclamer et
de pratiquer l'égalité entre tous les groupes qui comprennent tous les
Slaves du sud, du nord de l'Istrie, de la région d'Udine, de la Carniole,
Slovènes, Serbo-croates, Serbes, Dalmates? Si de longues et douloureuses
expériences peuvent instruire les peuples, la réponse est affirmative.
1108e SEANCE. — 3 Décembre 1914.
Présidence de M. Variot
M. Manouvrier, secrétaire général, donne lecture des deux communicat
ions suivantes :
LA PUDEUR
(Genèse de ce sentiment chez l'homme)
Par le Dr Georges Maupetit.
Le mot pudeur, dans le langage des peuples civilisés,, désigne un
sentiment que tout le monde croit connaître et que bien peu de per
sonnes sont capables de définir d'une façon complète et satisfaisante. Les
différentes définitions qu'en ont données les philosophes,* les religions,
les littérateurs ont le grave tort de ne pas avoir cherché la nature ori
ginelle de ce sentiment, de ne pas en avoir connu l'évolution, de l'homme
primitif a nos ultra-civilisés ; la conséquence de ces lacunes est que ces
définitions de la pudeur, comprenant chacune quelques cas particuliers,
ne donnent pas du sentiment étudié la nature vraie, totale, essentielle. MAUPETIT. — LA PCDEUR 405 GEORGES
Ces erreurs viennent de ce que trop souvent, surtout dans la philoso
phie religieuse, on a voulu faire de la pudeur un sentiment existant
en soi dans l'âme humaine, depuis l'origine, depuis la création de l'hom
me et de son âme par une divinité qui le fit a son image.
J'ai souvent pensé que ce sentiment était né chez l'homme, de la même
façon que tous les autres, grâce à une évolution dont les différents stades
sont les suivants : la manifestation de l'activité instinctive a déterminé
au début, chez l'homme primitif, une série d'états de conscience qui lui
ont permis de prendre connaissance de la relativité des phénomènes
extérieurs ; de ces états de conscience le primitif a déduit des jugements
qui lui ont permis de concevoir la possibilité d'apporter à son activité
instinctive des modifications dans le sens de son intérêt personnel ;
puisil a conçu des idées capables de faire naître cette activité nouvelle,
et le sentiment est né de tout le mécanisme sensitif qui a accompagné
cette modification, c'est-à-dire de ce jugement qui a créé l'idée, de .l'acte
qu'a provoqué cette idée, de la conscience que l'homme a prise de l'acte
et de ses rapports avec son système sensitif et ses organes de relation;
Je crois qu'on peut retrouver cette évolution du sentiment de pudeur
en l'étudiant chez les races aux différents stades de leur évolution vers
la civilisation.
Je voudrais ici expliquer mon idée en disant ce qu'est ce sentiment
chez les peuples où j'ai eu l'occasion de l'étudier : les nègres du Lobi,
sur la Volta noire, au Soudan français, peuplades où hommes et femmes
vont nus, les indigènes du Laos, un peu plus civilisés que les nègres,
enfin les Annamites et Chinois encore plus avancés.
Les prêtres des religions chrétiennes et certaines personnes, qui ne
voient qu'en gros, ont coutume d'affirmer que les races qui vont nues n'ont
aucune notion de pudeur et en apparence cette affirmation paraît fo
rmellement exacte. races" Je pense cependant pouvoir démontrer que non seulement, ces
de la pudeur, mais que ce sentiment est originellement le même que ont
celui que nous retrouvons à un stade plus avancé de.son évolution chez
les races civilisées.
Il ne me paraît pas paradoxal d'affirmer qu'une négresse qui va .
complètement nue connaît la pudeur et se conduit d'après les données
de ce sentiment.
D'après la dissection que j'ai faite plus haut, des formes embryolo
giques d'un sentiment quelconque, nous devons pouvoir trouver l'instinct
qui a déterminé la naissance de la pudeur dans la race humaine.
C'est à n'en pas douter l'un des plus impérieux chez l'homme
primitif, comme chez l'animal, l'instinct de la défense individuelle. Nous
le prouverons et nous verrons que ce sentiment est né d'abord chez la
femme parce qu'elle représentait la partie la plus faible de l'association
sexuée.
La pudeur est née chez la femme et, même à notre époque, dans notre 406 . 3 DÉCEMBRE 1914
société civilisée et policée, c'est encore chez la femme qu'elle a gardé sa-
sa plus -grande force et sa plus formelle signification.
Voyons donc ce qu'est ce sentiment chez les races différentes que nous
pouvons rencontrer aujourd'hui sur la surface du globe et qui s'éche
lonnent de bas en haut sur les degrés du développement cérébral.
Je commence d'abord par une définition du sentiment de pudeur, ce
qui nous permettra dans la suite de constater que cette définition se
rapporte bien à tous les cas et les explique.
La pudeur est un sentiment qui pousse la femme à cacher au mâle
les organes, quels qu'ils soient, dont la.vue peut faire naître le désir sen- -
suel.
Elle s'est réservée ainsi, dès le début, la possibilité de ne dévoiler ces
mêmes organes que volontairement, lorsqu'elle a intérêt à faire naître
ce désir et elle s'est défendue contre les entreprises brutales et imprévues
des hommes.
Quelles sont les raisons qui ont fait naître la pudeur chez la femme?
Je réponds qu'elle a agi sous la poussée de son instinct de défense indi
viduelle..
L'état spécial de son organisme et les particularités anatomiques que
la nature lui a imposées en faisaient une victime formelle du rut brutal
des hommes, parce que sa constitution intime la rend propre à pratiquer
le geste d'amour, même si, personnellement, elle n'en ressent aucun désir.
Ayant très vite compris que cet état de choses diminuait sa sécurité
dans la vie et la mettait dans une situation très inférieure vis-à-vis de
l'homme, qui pouvait ainsi en faire un instrument, elle a analysé son cas
avec le bon sens pratique que, déjà à cette époque, elle devait apporter
aux choses de la vie et elle a conçu l'idée de garder à l'abri des regards
du mâle les organes qui excitent-son désir : elle venait, ce faisant, d'in
venter la pudeur.
L'évolution de- la société, qui devenait une agglomération de plus en
plus complexe, lui démontra d'ailleurs bien vite qu'un autre avantage
très important avait succédé à la naissance de ce sentiment; elle fut
vite en état de réglementer, pour ainsi dire, les poussées de désir et de les
faire naître, comme au commandement, puisqu'elle avait la possibilité
de dévoiler, au moment qu'elle avait choisi ell

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